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#81 12-08-2017 16:58:00

tyeo30
Mosasaurus badass
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Je t'avais envoyé un mail, mais je ne sais pas si tu l'as reçu du coup ^^


Winter is coming.

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#82 12-08-2017 17:48:44

The Geeky Zoologist
"La Grande"
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Je ne savais pas que tu m'avais envoyé un mail et je viens de regarder sur ma boîte, je ne crois pas l'avoir reçu.


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#83 12-08-2017 18:18:59

tyeo30
Mosasaurus badass
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Hum, en fait je te demandais si il y avait moyen que tu me passes un PDF de ce que tu écris, car même si je n'aime pas d'ordinaire les réécritures d'oeuvres, il me semble que tu écris assez bien pour que je puisse m'y attarder, or, j'ai assez peu de temps à moi en ce moment et j'aimerais pouvoir avoir de quoi le lire tranquillement et parce que je suis très chiant, mais je n'aime pas lire de longs paragraphes sur le forum, rien ne vaut une bonne feuille blanche ^^.

Voilà à toi de me dire si cela est possible, envoie moi un mail si tu veux, ça évitera de polluer ton topic.


Winter is coming.

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#84 13-08-2017 12:17:31

The Geeky Zoologist
"La Grande"
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonjour à tous,

Voici la troisième et dernière partie de Sur les Traces.


                                                                           Sur les Traces
                                                                               (Partie 3/3)

- Qu’est- ce que c’est ? Se demanda Grady.
Dans l’obscurité, son pied avait buté dans un objet fin et un bruit de papier froissé s’en était suivi. Il éclaira ses pieds et se pencha pour ramasser ce qui était un magazine Playboy.
- Octobre 2002. Lut-il sur la couverture. D’où est-ce que tu sors toi ? Quoiqu’il en soit, t’as pas l’air en trop mauvais état. Tu vas rejoindre ma collection…
Derrière lui, Grady sentit le regard pesant de Dearing.
- Ben quoi ? Je n’allais pas le laisser pourrir là. Et entre nous, tu n’es pas très bien placée pour critiquer vu ce qu’on peut trouver dans certains dossiers sur ton ordi planqués entre deux bilans budgétaires.
- Si on s’arrête pour que tu puisses ramasser toute les curiosités qui traînent sur le sol, on va encore être là demain. Tu n’es pas dans un jeu de rôle. Grommela Dearing.
Ils virent les squelettes devant eux.
- Ah, tes neveux se sont improvisés détrousseurs de cadavres… Ils n’ont pris que ce qu’ils jugeaient utile. Observa Grady en inspectant les objets laissés sur le sol. Débrouillards et malins comme ils ont l’air d’être, ils ont peut-être une chance de s’en sortir à travers la réserve.
- C’est un employé de la division sécurité. Dit Dearing, agenouillée près du squelette éclairé par le faisceau de la lampe torche. Surement l’un de ceux qui disparurent pendant la construction.
Ils se relevèrent et Owen braqua la lampe en direction du tunnel emprunté par les neveux de Claire plus tôt.
- J’ai toujours trouvé cette partie de l’histoire de Jurassic World assez trouble. Dit-il. T’as des infos à me faire part à ce sujet ?
- J’ai voulu accéder une fois aux dossiers à propos des activités de la division sécurité à cette époque, par curiosité tu vois, mais même avec mon statut de directrice de parc, l’accès m’a été refusé. Raconta Dearing.
- Curieux.
Ils sortirent de la grotte un quart d’heure plus tard.
- Une carte. Dommage qu’ils ne l’aient pas terminée et qu’ils n’aient pas tracé leur trajectoire. Dit Grady lorsqu’il remarqua la paroi sur laquelle elle était dessinée. A partir d’ici, il devient bien plus difficile de les traquer. Et plus dangereux aussi… Nous aurons de fortes chances de rencontrer des dinosaures dans la vallée. Ajouta-il en jetant un regard méfiant vers la jungle plus bas que Dearing regardait d’un air songeur.
- Dire qu’il me suffit d’appeler la salle de contrôle pour savoir où se trouve n’importe lequel des dinosaures de la Réserve mais que l’on est incapable de retrouver des personnes perdues à l’intérieur. Se dit-elle à elle-même. A moins que…
Ses yeux s’écarquillèrent.
- Je viens d’avoir une idée pour nous aider à les pister. Il faut juste que je passe un coup de fil.
Elle sortit son portable et chercha du réseau mais n’en trouvant pas dans le val, elle regarda derrière eux pour chercher un point en hauteur d’où son téléphone pourrait recevoir du signal.
A côté de la caverne d’où ils étaient venus et juste entre les deux contreforts de la montagne dans l’ombre de laquelle ils se trouvaient, se dressait au milieu des éboulis un grand rocher au sommet aplati et qui dominait le val.
En regardant Dearing se diriger vers sa base, Grady remarqua que le rocher avait quelque chose de particulier. Quelqu’un y avait taillé une série des marches, formant un escalier en colimaçon jusqu’au sommet.
- Claire, j’ai une radio. Si tu pouvais me…
Elle ne l’entendit pas car elle avait déjà commencé à gravir les marches à toute vitesse.
- Comme tu veux… Dit Grady entre ses dents alors qu’il se dirigeait à son tour vers l’escalier qu’il se dépêcha de gravir pour réduire la distance entre lui et Dearing.
Vers le milieu de l’escalier, un morceau de l’une des marches s’effrita lorsque Claire posa le pied dessus et elle serait tombée en arrière si Owen n’était pas parvenu à la rattraper à temps. Avec son aide, elle parvint à retrouver l’équilibre et elle se retourna pour lui adresser un regard reconnaissant.
- Merci.
- De rien. Fais attention ! Cet escalier doit avoir des siècles.
- Je n’en ai jamais entendu parler. Qui l’a bâti ? Les Tun-Si ?
- C’était ma première hypothèse mais plus j’y réfléchis, moins ça me semble probable. Les Tun-Si sont de simples pêcheurs et cultivateurs. Ils ne sont pas aussi bon tailleurs de pierre que l’étaient les Olmèques dont on a trouvé des traces dans la province de Guanacaste. J’ignore qui a aménagé ces marches et je crois que nous sommes les premiers à les emprunter depuis longtemps.
Quand ils arrivèrent au sommet, alors que le Soleil était haut dans le ciel au milieu des éclaircies, Grady sortit une radio de son sac, l’alluma et la passa à Dearing qui se mit à tourner les boutons pour trouver la fréquence lui permettant d’entrer en contact avec la salle de contrôle. Lorsqu’elle la trouva, elle porta la radio à sa bouche.
- Contrôle, ici Dearing. Me recevez-vous ?
Il se passa quelques secondes avant que quelqu’un ne lui réponde.
- Claire ! On commençait à s’inquiéter. Où êtes-vous ? Demanda Krill.
- Je suis dans les montagnes de la cordillère occidentale, quelque part au nord de la combe.
- Vous êtes dans la Réserve et loin de toute infrastructure ? Mais vous êtes folle ! S’écria Lowery d’une voix affolée. Il serait judicieux que vous rentriez. Hoskins est là et il n’est pas très content ! Il a même cru que vous vous apprêtiez à vous enfuir !
- Qu’il patiente ! Répondit Dearing. Je ne viens pas de faire tout ce chemin pour faire demi-tour maintenant. J’ai une chose à faire et j’y parviendrais ! Ne vous souciez pas de moi ! Je ne suis pas seule. Ajouta-elle en regardant Grady qui observa une lueur de complicité dans ses yeux à ce moment-là.
- Vous êtes avec Grady, c’est ça ? Vous l’avez jeté hors de la salle de contrôle comme si c’était un clochard il n’y a même pas quelques heures et de toutes les personnes présentes sur l’île, c’est vers lui que vous vous tournez ? Ça ne va pas faire taire les rumeurs sur vous deux vous savez.
- Je les emmerde ! Si je vous appelle c’est pour vous dire que mes neveux sont vivants, Zara a du surement déjà vous informer à ce sujet, mais le problème est qu’on a perdu leur trace. A partir du point où nous nous trouvons, ils ont pu prendre n’importe quel chemin à travers la réserve et j’aimerais savoir si il y aurait-il moyen d’utiliser les capteurs de mouvements et la reconnaissance photo pour déterminer où ils sont ?
Il eut une pause le temps que Lowery réfléchisse.
- La difficulté est que partant du constat que personne n’irait se perdre dans la Réserve, l’algorithme de reconnaissance photo n’as pas été conçu pour reconnaître les formes humaines et ainsi, ils ont dû être comptabilisés comme autres, à l’instar de tout animal ne faisant pas partie de la faune préhistorique de la réserve et d’une taille égale ou supérieure à celle d’un raton-laveur. Pour trouver vos neveux, il faudrait défiler les images prises par les pièges photos associé aux capteurs ayant comptabilisé les animaux notifiés comme autres une par une manuellement. On parle de centaines de photos à regarder. Ça prendra du temps et à si jamais nous les retrouvons via ce processus, vous pouvez être sûr qu’ils auront une longueur d’avance sur vous.
- Nous devons essayer. A chaque fois que vous trouverez Zach et Gray, transmettez-nous les coordonnées des capteurs à côté desquels ils seront passés afin que nous les reportions sur la carte d’Owen, nous guidant ainsi vers eux.
- C’est la meilleure solution que nous avons de toute manière. Je profite également de vous avoir pour vous informer qu’un gros orage arrive de l’ouest.  Il restera au-dessus de l’île pendant la majorité de l’après-midi. J’espère que vous avez pris un imperméable…
- Merde. Jura Grady. Je savais que j’avais oublié un truc en partant.
- Un peu tard mais merci quand même pour l’info. Dit Dearing. On fait comme prévu. Merci.
Dearing tourna la radio et se retourna vers Grady qui semblait avoir le regard perdu au loin, admirant la vue depuis le sommet du rocher.
- Quelle vue… Fit-elle, émerveillée, lorsqu’elle le rejoignit.
Du haut du rocher, ils avaient un vue incroyable non seulement sur le val mais aussi sur la longue vallée et le plateau où les camions safaris circulaient encore il y a peu. Le panorama auxquels ils avaient droit comprenait également le Mont Sibo, la terre noire et aride de La Colère de la Mère ainsi que le col menant à une autre vallée à l’Est et dénommée L’Etreinte à cause des deux arcs montagneux qui l’enserraient en décrivant une anse. Encore plus loin à l’Est, de l’autre côté de l’île, se dressaient les Monts Brumeux, lointains et inquiétants.
Aucune construction ou infrastructure humaine n’était visible à des lieues à la ronde, comme si l’île était restée sauvage et indomptée toute ces années, que Jurassic World n’avait jamais existé et que les évènements de la matinée n’avaient jamais eu lieu, impression renforcée par les chants mélodieux des dinosaures résonnant au loin. Dearing avait l’impression d’être en face d’un monde perdu qui avait été préservé depuis la fin de l’ère Mésozoïque, presque soixante-six millions d’années plus tôt,  et tout à coup, elle se sentit toute petite face à cette terre sauvage, dominée par les montagnes et isolée avec Grady sur le sommet du roc. La Nature l’avait submergée par sa grandeur et sa beauté.
- Ceci est la vraie Nublar. Déclara Grady.
Ils restèrent là quelques instants à observer le paysage, tels deux explorateurs au sommet d’un mur gigantesque surplombant des terres inexplorées et inhospitalières ayant toujours résisté à la Civilisation.
- Comme tu l’as dit, tu ne peux plus faire demi-tour. Reprit-il alors qu’ils longeaient le ruisseau dans le val. La seule chose que tu peux faire c’est avancer, et ce même si cela implique d’aller en avant du danger. Ici, tu n’as pas le contrôle sur quoi que ce soit et tu dois l’accepter. Le monde n’est pas dans les classeurs ou l’ordinateur que tu as laissés, non. Le monde est devant et tu te tiens à sa merci. C’est à toi de d’adapter à la Nature et non l’inverse. Écoutes mes conseils et tu devrais t’en sortir. Si tu survis à ce périple, tu seras une femme totalement différente à la fin…
Alors qu’ils étaient sur le point d’entrer à leur tour dans la jungle, un coup de tonnerre retentit loin derrière eux, au-delà des pics qui devinrent comme menaçant tout à coup. Cruthers les avait prévenus qu’il y allait avoir un orage durant l’après-midi.  Celui-ci était pour l’instant au-dessus de l’océan et à en juger par la puissance du bruit et la vitesse du vent, Grady sut qu’il allait être au-dessus d’eux d’ici peu.

Loin devant, Zach et Gray avaient commencé leur traversée de la plaine et étaient presque arrivés à la rivière. L’herbe était si haute que Zach en avait jusqu’à la taille et que Gray devait se hisser sur ses talons pour mieux voir autour de lui. A une trentaine de mètres, des dryosaures paissaient la tête baissée, ne la relevant que de temps à autre pour surveiller les deux jeunes humains tout en mâchonnant.
Au sud, une demi-douzaine de dinosaures gris à marbrures bleues en faisait tout autant. Bipèdes eux aussi mais de constitution beaucoup plus robuste, ils mesuraient dans les quatre mètres cinquante de long et un mètre cinquante de haut. Ce qui attirait l’œil chez ces animaux était leur crâne, dont le sommet chez les adultes était surmonté d’un dôme épais tandis que le dessus de leur bec corné était décoré de petites pointes osseuses.
Ils regardaient les deux jeunes humains voyager à travers la plaine et par leur regard fixe rappelant celui d’un taureau regardant d’un œil mauvais des intrus dans sa pâture, ils mettaient mal à l’aise Zach et celui-ci referma sa poigne autour de son bout de bois.  Bien qu’il ne fût pas aussi calé sur les dinosaures que son frère, Zach avait quand même reconnu ces dinosaures, des Pachycephalosaurus, où les dinos-moines comme beaucoup les surnommaient car le dôme et la couronne de cornes petites et épaisses le ceignant évoquaient une tonsure. Il savait que c’était des animaux au tempérament comparable à celui des buffles ou des bisons et par conséquent, il emmenait Gray le plus loin possible de ces animaux. 
Avant que des études sur le comportement de ces dinosaures n’aient été rendues publiques, les pachycephalosaures avaient pour habitude d’être représentés dans les livres se fonçant dessus tête la première, à l’instar des bœufs musqués ou des mouflons. Mais malgré le fait qu’ils se servaient en effet de leur crâne comme moyen défensif, ils cherchaient plutôt à foncer sur les flancs et à donner des coups latéraux, blessant leurs rivaux lors des combats rituels ou les prédateurs à l’aide de la couronne de cornes, particulièrement usées chez les individus âgés.
En évitant de faire des mouvements brusques susceptibles de déclencher une réaction indésirable chez les pachycephalosaures, Zach et Gray continuèrent leur route en direction des falaises au-delà de la rivière et qu’ils comptaient contourner pour tomber sur une piste leur permettant de monter sur le plateau.
Au nord-est, ils virent quelques grands oiseaux noirs, des urubus, tourner en cercle au-dessus des falaises et ils se demandèrent ce qui avait attiré leur attention avant qu’ils ne se rappellent qu’ils avaient vus des passagers du camion, ainsi qu’un Parasaurolophus et un ranger monté chuter des mêmes falaises que les urubus survolaient. Lorsqu’ils s’imaginèrent les urubus se posant sur les corps désarticulés au pied des falaises pour les dévorer, ils détournèrent leur regard de celles-ci pour regarder droit devant.
Quand les frères Mitchell arrivèrent au bord de la rivière, ils remarquèrent quelque chose d’inquiétant y était survenu depuis qu’ils l’avaient traversé en camion au niveau d’un gué plus en amont : Le niveau de l’eau avait drastiquement baissé et il était si bas qu’il atteignait à peine leurs chevilles.
Zach songea que dans le cas où la rivière était naturelle, la source s’était subitement tarie tandis que si elle était artificielle, le mécanisme permettant d’acheminer l’eau jusqu’à la source avait dû être stoppé, probablement suite à l’évacuation du secteur.
En traversant la rivière, ils virent que les poissons peinaient à s’y mouvoir et la plupart qu’ils virent s’étaient retrouvés piégés entre les rochers au fond du lit, frétillants en vain pour tenter de se dépêtrer.
Lors de leur traversée, seuls leurs chaussures et chaussettes furent mouillées à nouveau, ce qui n’était pas pour les déplaire car ils avaient eu leur compte d’eau pour la semaine entière après leur baignade dans La Bruyante.
Après cet obstacle dont le franchissement s’était révélé plus facile que prévu, ils bifurquèrent plein sud, vers l’endroit où les falaises laissaient place à un relief plus adouci, recouvert par la jungle. Ils passèrent à l’endroit même où ils avaient vus la harde de Bucéphale se nourrir et revinrent sous les arbres.
A chaque fois qu’ils tombaient sur des traces, ou qu’ils entendaient des cris et autres bruits renseignant sur la présence proche de gros animaux, Zach emmenait son frère dans la direction opposée afin d’éviter au maximum les mauvaises rencontres, ce qui les poussa à faire quelques détours durant leur ascension au milieu des sous-bois.
Quand ils terminèrent celle-ci, ils remarquèrent en se retournant que le ciel d’occident était devenu sombre et que les montagnes de la cordillère occidentale et leurs pentes boisées ainsi qu’une partie de la plaine étaient déjà passés dans l’ombre.

    Agenouillée dans l’herbe carte en main, Dearing y reportait les coordonnées que Krill venait de leur communiquer par radio. Celle-ci lui avait également appris que Young était arrivée à la salle de contrôle et qu’elle les aidait actuellement dans leur tâche. C’était Zara qui, en défilant sur son ordinateur portable les photos prises par les capteurs, avait vu sur l’une d’entre elles deux formes humaines floues derrière un buisson qu’elle avait reconnut comme étant les neveux de Claire et en avait tout de suite informé Vivian qui transmis les coordonnées du capteur à sa supérieure ainsi que l’heure à laquelle la photo a été prise.
Dearing regarda sa montre. Zach et Gray étaient passés devant le piège photo dix minutes plus tôt. Claire se releva et fit signe à Owen qu’ils pouvaient poursuivre.
- Dépêchons-nous de traverser la vallée. Pressa celui-ci après avoir regardé les nuages  passer au-dessus d’eux tandis que le tonnerre se faisait de plus en plus proche. Les dinos se sont déjà mis à l’abri. Constata-il en remarquant que la plaine était vide, à part un héron chassant au loin.
Marchant à pas rapide, ils arrivèrent au bord de la rivière.
Entre le moment où les neveux de Claire l’avaient traversé et où Grady et Dearing arrivèrent, l’eau avait disparu, ne laissant que des flaques éparses dans le fond du lit de la rivière où des poissons gigotaient faiblement, agonisants la bouche ouverte.
Ainsi exposés, ils faisaient le bonheur des piscivores et des nécrophages. En plus d’un héron et de quelques aigrettes, il y avait également deux Unenlagia qui parcouraient le lit en marchant de manière saccadée, de la même manière que les oiseaux avec lesquels ils étaient en concurrence. Dès qu’ils passaient à proximité d’un poisson, ils se jetaient subitement sur celui-ci pour les maintenir sur place à l’aide de leur griffe en forme de faucille enfoncée dans les chairs du poisson, puis ils refermaient leurs fines mâchoires sur celui-ci et arquaient le cou en arrière pour l’avaler goulûment.
Quand ils virent les deux humains descendre la berge, ils les regardèrent avec curiosité et décidèrent de les approcher précautionneusement, attiré par les reflets brillants de la montre de Dearing.
- Ouste ! Ouste ! Fit Grady à leur encontre en effectuant de grands gestes dès qu’il vit l’un des théropodes au plumage cendré vouloir se jeter sur le poignet de Claire pour lui ravir sa montre, quitte à la mordre.
Dearing sursauta, tout comme les Unenlagia, effrayés, qui n’insistèrent pas et décampèrent en battant vainement des ailes, comme pour évacuer leur frustration.
- Aucun des camions passés par ici ce matin ne nous a informés que la rivière était à sec. Comment cela se fait que l’eau ait disparut subitement ? Même quand la pluie vient à tarder, il y en a toujours au moins vingt centimètres. Dit-elle lorsqu’ils furent de l’autre côté.
- La réponse à ta question est à chercher au niveau de la source. Quelque chose l’a bloquée.
Grady ne poussa pas plus loin sa réponse et se contenta de regarder le volcan.
Au nord-est, les urubus tournaient toujours au-dessus des falaises et avec ces oiseaux tournant dans les cieux, l’orage sur le point d’éclater au-dessus de la plaine et la rivière asséchée et ses poissons mourants derrière eux, Dearing et Grady n’eurent plus l’impression d’être dans la même vallée paradisiaque telle qu’ils l’avaient toujours connue et qui avait encore conservé cet aspect lorsqu’ils l’avaient contemplée du haut du rocher. Ils sentirent que tout un temps était révolu.


Sachant où Dearing était grâce à la conversation que celle-ci avait eu avec Cruthers, Hoskins avait rappelé les agents qu’il avait envoyé à sa recherche.  Cependant, il était toujours furieux à son égard car en s’étant lancé à la recherche de ses neveux, elle avait laissé les techniciens de la salle de contrôle se débrouiller seul et ne supervisait pas la gestion de la crise. Dearing avait beau être accompagnée de Grady, le fait qu’elle se promenait au milieu de la Réserve relevait de l’inconscience.
- Les gars ? Il y a un truc bizarre qui arrive aux animaux de la réserve. Déclara la technicienne Adamson.
Hoskins vit Cruthers se lever pour aller auprès d’elle et curieux, il fit de même.
- Quoi donc ? Demanda Cruthers, penché sur la console d’Adamson.
Celle-ci afficha sur son écran une carte où figuraient des centaines de points brillants correspondant aux dinosaures du secteur quatre, répartis de manière relativement homogène au sein des limites de la réserve.
- Il n’y a rien d’anormal, constata Lowery, il me semble que l’on a toujours eu ce genre de répartition.
- Elle date de onze heures, juste avant la débandade du troupeau. Lui précisa sa collègue qui afficha d’autres cartes, montrant chacune une répartition différente des points. Si je la compare avec celle de midi puis celle de treize heures et enfin celle de quatorze heures, que remarques-tu ?
En défilant les cartes dans l’ordre chronologique, Cruthers remarqua que la répartition des points de moins en moins homogène, ceux-ci se concentrant alors de plus en plus dans le sud du secteur. Sur celle de quatorze heures, les trois quarts des parts étaient concentrés dans les champs centraux ainsi qu’aux alentours du village safari, ne laissant que des petits groupes de points épars dans la vallée occidentale, le plateau et l’Etreinte.
- Ils migrent vers le sud, pourquoi ?
Puis Cruthers se souvint de la secousse qu’ils avaient ressentie peu après treize heures et de celle survenue la veille.
- Les animaux sentent en avance les catastrophes naturelles, même les dinos nés en laboratoire alors qu’on est en incapable. Ça a probablement un lien avec le regain d’activité du Sibo. La secousse survenue tout à l’heure était de magnitude 5,2 ; plus que celle de hier soir.
- Jetez un œil sur les dernières images satellites. Leur dit un autre technicien qui afficha les dites images sur l’écran principal.
Il zooma au niveau de la vallée occidentale et ce qu’ils remarquèrent tous fut que l’eau de la rivière avait disparu, ne laissant qu’un sillon brunâtre au milieu de la vallée.
- Elle s’est asséchée en moins de deux heures. Leur informa-il.
- L’assèchement des sources est l’un des signes avant-coureurs d’une éruption volcanique. Fit Hoskins. Ils avaient dit ça dans un documentaire sur la destruction de Pompéi.
- C’est ce que les derniers relevés pris à la centrale géothermique indiqueraient aussi. Ajouta le technicien, consultant son écran.
- Son éruption est imminente. Dit Cruthers gravement. Il ne s’agit plus que d’une question de quelques jours voir d’heures. Comme si on avait besoin de ça…
- Raison de plus pour régler la situation vis-à-vis de l’Indominus le plus vite possible, quitte à employer tous les moyens en notre possession.  Sinon, nous risquerons fort de nous battre sur deux fronts différents. Dit Hoskins.
C’est à ce moment-là que Masrani revint dans la salle de contrôle et le directeur de la division sécurité le salua d’un signe de tête et d’un « Monsieur ».
- J’ignorais que vous étiez ici, Victor.
- Vous savez très probablement pourquoi je suis là.
- Je n’ai pas été informé de votre venue mais franchement c’est une bonne chose que vous soyez là. Vos conseils m’ont déjà été précieux par le passé. Si vous en avez, faites-moi en part.
- J’ai bien une idée mais elle n’est pas des plus communes.
- Dîtes toujours.
Hoskins emmena Masrani dans un coin de la pièce pour qu’ils puissent converser à voix basse sans que les techniciens les entendent.
- Comme vous le savez peut-être, ma division finance le programme de recherche I.B.R.I.S, celui dirigé par monsieur Grady et qui concerne les Achillobators. Cela fait trois ans que le surveille. Nous pourrions utiliser les Achillobators pour retrouver l’I.rex.
Masrani fronça les sourcils, n’étant pas sûr de où Hoskins voulait en venir.
- Celui-ci aura beau se terrer dans la jungle et échapper à tous nos moyens de détections technologiques, reprit le directeur de la division sécurité, il ne pourra pas faire de même face à l’odorat développé des raptors.
- Le programme I.B.R.I.S a pour but d’étudier leur intelligence, pas d’en faire des chiens renifleurs. Rétorqua Masrani avec dédain.
- En effet et c’est ce qui a été fait. Mais nous avons également appris qu’ils pouvaient obéir à des ordres. Il suffirait de leur présenter le morceau de chair que les rangers ont trouvé pour qu’ils retrouvent sa trace et le traquent.
- Laissez-moi être clair. Aucun raptor ne sera lâché sur cette île, nous avons déjà assez de prédateurs hors confinement.
- La solution à cette crise se tient à portée de main. Il vous suffit de la tendre vers elle. Plaida Hoskins avant de continuer ses explications. Une fois que les raptors auront trouvé l’I.rex, nous l’aurons en visuel et nous pourrons nous en occuper. A ce propos, quel est votre décision à ce sujet.
- Je ne sais pas encore.
- Vous ignorez quoi faire de l’I.rex ? Sauf votre respect monsieur, et sans vouloir vous brusquer, il vous faut décider et vite car il peut tomber dessus sur les rangers en train de pister les metris à tout moment. L’un de mes amis est mort suite à une embuscade en Afghanistan parce que le commandement avait tardé à leur donner des ordres clairs et l’environnement dans lequel les rangers progressent est très favorable aux embuscades. Même des forces armées aussi entraînées et disciplinées que les légions romaines ou les GI’s ont été décimées en milieu forestier. Et comme vous le savez, j’en sais quelque chose puisque le même genre de situations est arrivé quatorze ans plus tôt à certains de mes hommes, sur cette même île. Le sort des rangers dépend de votre décision.
Masrani prit un air songeur.
- C’est difficile à décider. J’aimerais croire que l’on peut encore la capturer et la remettre dans son enclos. Il suffirait de faire passer l’incident des métriacanthosaures pour une simple évasion pour que tout rentre dans l’ordre. Avec de la chance, nous pouvons regagner le contrôle. Le chaos n’est survenu que dans la Réserve après tout.
Du point de vue d’Hoskins, Masrani se berçait d’illusions or il était nécessaire de le lui faire comprendre.
- La réserve a été évacuée, c’est une bonne chose. Mais concernant le reste du parc, on fait quoi ? Lui demanda Hoskins en pointant les secteurs encore en activité sur la carte en temps réel. Nous avons des milliers de gens qui ne se doutent actuellement de rien. L’I.rex a déjà déjoué la surveillance établie pour semer le chaos. Même si il est à des kilomètres des attractions les plus proches encore en activité, il nous faut nous préparer.
- Si on s’aperçoit qu’il se rapproche trop de la frontière orientale de la réserve, que l’on évacue le secteur se trouvant au-delà. Concernant votre projet concernant les raptors, je vais étudier sa viabilité selon les principes éthiques de cette entreprise.
- Entendu, Monsieur. Venez me parler dès que vous aurez pris votre décision.


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#85 14-08-2017 12:12:42

JurassicOne
"La Grande"
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Coucou !  smile
Après avoir lu ces deux dernières parties de chapitre, je ne peux dire qu'une chose : c'est de l'excellent travail ! wink  monkey
Vraiment, j’attends toujours avec impatience de lire la suite ! Continue dans cette bonne voie !
Seuls points négatifs (de mon point de vue) : présenter Claire comme quelqu'un d'alcoolique, bof bof... hmm
Et aussi, la possible éruption du Mont Sibo, me dérange un peu. Il y a trop d'éléments dans l'intrigue.
Personnellement je trouve que la traque de l'I.rex et des métriacanthosaures suffit.
Bref, cela reste mon avis et je ne t'oblige à rien.
Merci encore pour ton excellent boulot !

PS: Sobek, le Spinosaure que tu décris dans l'avant dernière partie de ce chapitre...ce ne serait pas, par hasard, ce très cher Spino de JPIII ?  wink


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#86 15-08-2017 09:35:06

The Geeky Zoologist
"La Grande"
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Merci pour ton commentaire et tes critiques, JurassicOne.

JurassicOne a écrit :

PS: Sobek, le Spinosaure que tu décris dans l'avant dernière partie de ce chapitre...ce ne serait pas, par hasard, ce très cher Spino de JPIII ?  wink

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C'est bien lui


Concernant la publication des prochains chapitres, je dois vous informer qu'étant pris pour un job d'été durant les trois semaines qui viennent, j'aurais moins de temps et d'énergie pour poursuivre ma fic durant ce laps de temps mais rassurez-vous, après cette pause l'écriture reprendra vers début septembre.


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

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#87 09-12-2017 18:16:12

The Geeky Zoologist
"La Grande"
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonsoir, bonsoir...

Je sais que ça fait un petit bout de temps que je n'ai pas publié quoique ce soit à propos de ma fic (occupé entre-temps par les cours tout ça...) mais j'ai le plaisir de vous partager la première partie du chapitre à venir nommé Un Festin pour les Urubus.

Bonne lecture


                                                                      Un Festin pour les Urubus
                                                                                (partie 1/3)

Très peu de temps après la discussion entre Drekanson et Durant à propos du passé d’Hamada sur Sorna, les gardes furent surpris de trouver une créature singulière se tenant debout au sommet d’un rocher bordant le sentier qu’ils empruntaient.
La créature en question était Spectre, un dryosaure femelle ayant la particularité d’être leucistique et qui avait été ostracisée de sa harde lorsqu’elle était plus jeune.
Elle avait beau être connue des gardes et des employés, elle n’était que rarement vue et la dernière fois qu’elle fut aperçue remontait à plusieurs semaines. Sans sa balise sous-cutanée qui renseignait ses coordonnées géographiques à intervalles réguliers, beaucoup auraient pu la croire morte et son apparition soudaine eut un côté non seulement quasi-magique pour la compagnie mais aussi dérangeant. A l’évidence et pour des raisons inconnues, elle ne déguerpit pas à leur venue et elle se contenta de rester sur ses positions et de tourner son regard vers eux. C’était comme si elle les avait attendus.
Bien que Spectre n’étant qu’un dryosaure, une espèce herbivore que plus d’un aurait trouvé banale et inoffensive au premier abord, une aura inquiétante émanait d’elle avec ses membres frêles et pâles et ses yeux sombres et perçants qui avaient regardé les gardes approcher sans ciller.
Alors qu’il dépassait Spectre, Hamada s’était arrêtée pour la regarder. Sans faire attention, il plongea son regard dans celui du dryosaure qui le dominait du haut de son rocher. Brunet qui suivit Hamada de près avait juré qu’en réaction, Spectre n’avait fait qu’intensifier son regard et qu’elle avait même parue menaçante sur le moment. 
Au bout de quelques secondes, Hamada détourna son regard et rentra les épaules tout en marchant les yeux rivés en direction du sol, l’air lugubre.
Lorsque ce fut au tour de Brunet de subir le regard de Spectre, il se contenta de la regarder d’un air blasé et de lui dire en français sur un ton désinvolte avant de poursuivre son chemin :
- Tu veux ma photo ?
Un par un, elle les regarda passer en file indienne à côté de son rocher, soulevant diverses réactions à chaque fois, allant d’un regard en coin de la part de Rahim, d’une ignorance totale de la part de Darbinian et d’un « Allez ! Fous le camp, la zarbi ! » vain de Baker.
Quand Drekanson se retourna pour voir si Spectre était toujours sur son rocher après qu’ils aient laissés quelques mètres entre eux et elle, il s’aperçut qu’elle avait disparue. Les dryosaures ayant le pied léger, il ne fut pas surpris qu’il ne l’ait pas entendue disparaître derrière un quelconque fourré et Leif se contenta de hausser les épaules avant de ramener son regard au niveau de ses collègues et de continuer à balayer les environs du regard.
Hamada lui, n’était ressortit de cette rencontre que davantage troublé. Il avait ses raisons : Au Japon, le blanc est une couleur liée à la mort et croiser Spectre au beau milieu de la jungle le même jour de l’évasion de l’I.rex ne pouvait relever de la coïncidence de son point de vue. Par la suite, il eut l’air d’un condamné vivant son dernier jour.
Durant les quarante minutes suivantes, ils ne croisèrent aucun autre dinosaure et tout au long de leur progression, la jungle n’était devenue que de plus en plus silencieuse et inquiétante tandis que l’air se faisait plus vicié et qu’au-dessus de la canopée, le ciel devint de plus en plus gris. Comme prévu, les équipes déployées en amont les contactèrent par radio à treize heures cinq pour faire leur rapport.
A treize heures trente, la radio d’Hamada commença à grésiller de nouveau :
- Cole au rapport. RAS au défilé central. Fit la voix de Maleko en premier.
- Rössler au rapport. RAS au défilé sud. Fit une voix de femme avec un accent allemand en second.
Hamada attendit quelques secondes le temps d’attendre une communication de la part de Sandros, dont l’équipe était déployée au passage nord. Il n’en eut pas. Hamada saisit sa radio et contacta Sandros :
- Sandros. Ici Hamada. Quel est votre rapport ?
La radio ne produisit que des parasites.
- Répondez Sandros !
Hamada tenta une troisième tentative de communication mais n’eut toujours pas de réponse. Il raccrocha sa radio.
- Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Grogna Brunet.
- Je me pose la même question. Répondit Hamada. Si l’on passe à proximité du défilé nord, il faudrait que l’on en profite pour voir ce qu’ils font. 
- En tout cas, ça fait vingt minutes que j’ai perdu leurs signaux vitaux. Intervint Bradford à la radio. J’ai cru que c’était dû à un bug ou un défaut de transmission mais le fait qu’ils ne répondent pas à la radio m’inquiète en tout haut point.
- De même. Je crains que le pire ne soit à envisager. Dit Hamada
Un peu plus loin, il s’arrêta soudainement devant une troupe de Compsognathus qui déboulèrent sur leur gauche. Ceux-ci se regroupèrent en travers de leur chemin, puis ils se dressèrent sur leurs pattes postérieures pour regarder les gardes, gazouillèrent brièvement, avant de disparaître derechef dans les fourrés à la droite des gardes et de descendre la pente, en faisant bouger les fougères sur leur passage.
- Regarde-les. Ils sont tout excités, ils ont dû flairer quelque chose d’intéressant. Pointa Bellamy, derrière l’épaule d’Hamada.
- Un animal mourant. Ou déjà mort. Compléta Brunet.
- Ou peut-être l’un des touristes qui s’est foulé la cheville ou je ne sais quoi ? S’ils le trouvent avant nous, ils ne lui laisseront aucune chance. Ajouta Rahim en bout de file.
- Possible. Fit Hamada.
- Ils vont dans la même direction que nous. Observa Brunet en regardant les Compsognathus longer le ruisseau.
- Alors suivons-les. Décida Hamada. Avec de la chance, ils nous mèneront aux métriacanthosaures.
Les gardes dévalèrent la pente et entreprirent de suivre les Compsognathus.
A un furlong plus loin, alors qu’ils étaient presque arrivés en vue de l’entrée du défilé nord,  quelque uns entendirent des bruissements provenant d’en haut d’une pente sur leur droite.
- Quelque chose nous observe. Fit l’un des membres de la compagnie.
- Ça ne peut être les metris. Dit Drekanson après avoir regardé sa smartwatch. Ni l’I.rex, c’est trop petit.
- Rien qui mérite à ce que l’on s’attarde en gros, on ferait mieux de continuer. Pressa Bellamy.
Ils poursuivirent leur chemin mais à peine eurent-ils parcourus quelques mètres que l’oreille attentive de Darbinian entendit un bourdonnement derrière eux. Elle se retourna vivement et vit une petite boule noire finir de traverser le vallon en flottant dans les airs.
- Drone espion ! S’écria-elle.
- Prenez-le en chasse ! Ordonna immédiatement Brunet qui l’entraperçut au dernier moment.
Les gardes furent contraints de lancer leur dernier drone restant à la poursuite de l’appareil espion. Le Farfadet ayant rapidement disparu derrière la végétation, Hamada et Brunet vinrent auprès de Verplancke pour suivre la poursuite sur son écran tandis que Rahim était aussi concentré sur le sien qu’un pilote de rallye lors d’une course. Il jouait frénétiquement avec le joystick alors que le Farfadet slalomait entre les arbres.
- Tu es sûre au moins que c’est un appareil espion ? Demanda Turner à Darbinian.
- Je crois qu’elle a vu juste. Ce n’est ni l’un des nôtres, ni de ceux utilisés par les employés. Répondit à la place Verplancke. Je me demande à qui il appartient.
- Peut-être un touriste farceur ou un journaliste trop curieux. Supposa Durant.
- Et ben qui que soit l’enfant de putain qui s’amuse à jouer avec nos nerfs, je jure que ça va barder pour sa gueule si on le trouve.  Grommela Brunet.
Le Farfadet avait retrouvé le drone mystérieux mais celui-ci étant plus agile et plus maniable, il peinait à la suivre. Cependant ils parvinrent à l’avoir en visuel pendant un moment et Verplancke en profita pour l’étudier.
- Du peu que j’en vois, le modèle ne me dit rien du tout. Déclara-il. On dirait une sorte de prototype militaire encore au stade expérimental. Notre espion a l’air de disposer de pas mal de moyens et de contacts.
Il ne restait plus qu’une quinzaine de mètres entre les deux drones. Rahim pensa que le Farfadet pourrait être en mesure de rattraper le drone espion s’il donnait un bon coup d’accélération, quitte à user davantage la batterie.
- Allez Rahim ! Chopes-nous cet enculé ! L’encouragea Baker.
Le Farfadet accéléra brutalement et la distance le séparant de l’autre drone se réduisit considérablement au point qu’il ne restait que moins de six mètres mais soudain le chassé s’éleva vers la canopée, gagnant rapidement en hauteur et disparut au-delà du feuillage.
Rahim réprima un grognement et redoubla en dextérité dans sa manipulation du joystick. Le Farfadet s’éleva dans les airs et sortit de l’ombre de la jungle en passant par une trouée dans le feuillage.
Au-dessus d’une grande partie de la moitié nord d’Isla Nublar, le ciel était devenu si sombre que sous les arbres, il y avait à peine plus de lumière qu’aux heures du crépuscule. Ils retrouvèrent le drone inconnu plus loin, flottant au-dessus de la canopée telle une bouée au milieu d’une mer verte. Le Farfadet fonça vers lui, passant au-dessus des cimes en bourdonnant. Soudain, Rahim vit l’autre drone disparaître sous la canopée alors que les ailes d’un grand oiseau gris battaient l’air. Le volatile, une harpie féroce, volait rapidement en direction du Farfadet et en à peine quelques secondes, il fut sur le Farfadet et le drone des gardes n’eut pas le temps de s’échapper. Les grandes serres noires se rapprochèrent de la caméra et l’image retransmise sur l’écran devint saccadée alors que le rapace malmenait le drone. Les gardes entendirent le Farfadet chuter à travers le feuillage et lorsqu’il atterrit avec fracas sur le sol forestier, la caméra ne montra plus qu’un tapis de feuilles mortes dans la pénombre d’un sous-bois.
- Putain de Harpie ! Gronda Rahim.
- Fantastique ! Fit Bellamy sarcastiquement. C’était notre dernier drone. Nous ne pouvons compter que sur nos yeux maintenant.
Profondément ennuyés par la perte de leur drone, la compagnie repartit en suivant le ruisseau, trottinant pour rattraper les Compsognathus.
Ils en retrouvèrent certains un peu plus loin à l’entrée d’un défilé, plus intéressés par les insectes qui volaient bas que par la piste que le gros de la troupe suivait dans le fond nu du défilé aux parois couvertes de plantes grimpantes. Il s’agissait du défilé nord où l’équipe de Sandros avait été affectée.
- Sandros et les trois zigotos envoyés avec lui devraient être postés sur ces rochers pour bien voir quiconque arriver depuis l’aval. Dit Brunet en désignant du regard l’entrée du défilé.
- Ils ne sont pas à leur poste. Observa Hamada. Où sont-ils ?
En avançant, ils virent qu’il y avait une radio cassée au pied d’un rocher maculé de sang.
- Bon sang. J’aurais dû envoyer plus d’hommes avec eux. Dit Hamada.
Lui et Brunet se retournèrent vers leurs collègues. Ceux-ci chuchotaient entre eux, inquiets à propos du sort de l’équipe de Sandros et regardant le défilé avec méfiance. Au-dessus, le tonnerre roulait bruyamment et ils commencèrent à sentir des gouttelettes d’eau atterrir sur leur peau.
- Avançons ! Nous en saurons peut-être plus en amont. Déclara Hamada à ses hommes. Que l’on contacte Cole et Rössler. Dîtes-leur de nous retrouver à la Chaise du Diable.
Face à l’averse qui s’annonçait, les gardes enfilèrent des capes grises-vertes avant de s’engager dans le défilé, poussant dans leur approche les compies à rejoindre leur troupe plus en avant.
Les gouttelettes devinrent des gouttes et les membres de la compagnie durent rabattre leurs capuchons sur leur tête alors qu’ils s’enfonçaient silencieusement dans le défilé.
Ils en ressortirent une soixantaine de mètres plus loin et retrouvèrent des arbres des deux côtés du ruisseau. La compagnie vit les Compsognathus en train de slalomer au milieu des rochers alors qu’ils remontaient le cours d’eau. Près d’eux, Hamada vit une traînée rougeâtre suivre le courant et lorsqu’elle arriva à son niveau, il remarqua que c’était du sang et fit signe à la compagnie de s’arrêter.
Il regarda sa smartwatch et vit que deux des trois signaux associés aux métriacanthosaures clignotaient rapidement sur l’écran : Ils étaient proches.
D’autres gardes notèrent également ceci et les officiers se rapprochèrent d’Hamada pour discuter brièvement avec lui de la stratégie qu’ils allaient adopter. Etant donné que le vent soufflait vers l’est, ils convinrent de passer par les sous-bois à droite et de se séparer plus loin en deux groupes afin que l’un d’eux traverse le ruisseau en amont d’où se trouvaient les métriacanthosaures, de manière à les contourner en étant sous le vent et ainsi, les prendre à revers sans qu’ils ne se doutent de rien.
Progressant au milieu de la végétation dense en tendant une oreille en direction des gazouillis excités des compies, la compagnie coupa à travers les sous-bois alors que le bruit de la pluie et du tonnerre masquait celui de leurs pas. Quand ils furent non loin de la localisation présumée des métriacanthosaures, la compagnie s’arrêta comme prévu pour constituer les deux groupes d’attaque : Hamada et Drekanson prirent la moitié des hommes et continuèrent tandis que Brunet, Bellamy et le reste de la compagnie, incluant Darbinian, Verplancke, Turner, Tian et Velasquez, allèrent en direction des signaux.
Un peu en avant des autres avec Darbinian, Turner sentit soudainement les phalanges de celle-ci frapper son gilet.
- N’avance plus ! Lui ordonna-elle dans un murmure. Si on continue comme ça, ils vont nous entendre.
Elle se retourna et fit signe aux autres de s’arrêter et ne pas faire de bruit. Brunet fit signe à tous de s’accroupir et ils le suivirent en rampant jusqu’au sommet d’un talus non loin duquel Darbinian s’était arrêtée. Au travers d’une petite trouée dans le feuillage des fourrés, ils virent les deux derniers métriacanthosaures subadultes en train de dévorer leur proie, un homme, étendu sur le dos. Ce n’était pas l’un des touristes et les gardes remarquèrent tout de suite avec horreur que le cadavre portait un uniforme gris-vert, le leur. Ils reconnurent aussi les cheveux roux de la victime : Il s’agissait de McKormick, l’un des hommes supposés garder le défilé avec Sandros.
- Oh mon Dieu, ils ont tué McKormick. Fit Turner, sous le choc.
- Espèce d’enfoirés… Grogna Velasquez.
- Je crains que Sandros et les autres n’ait subit un sort similaire mais je ne les vois pas. Ajouta Verplancke d’une voix blanche.
- Silence ! Commanda Brunet.
Ils se turent et analysèrent la situation alors que les Compsognathus arrivèrent sur les lieux.
Les petits dinosaures verts sautillaient d’excitation en regardant la corps de McKormick avec appétit. Leur concert de piaillements aigus attira l’attention des métriacanthosaures qui agacés, relevèrent leurs museaux rouges de sang. L’un des carnosaures fit quelques pas vers les Compsognathus et leur lança un petit rugissement de mise en garde.
Il campa devant le corps en grognant à leur encontre mais certains des compies se montrèrent bien téméraires, trop même au goût des gardes, et foncèrent vers McKormick pour venir picorer des bouts de chairs juste devant l’autre métriacanthosaure. Voyant les Compsognathus aller se servir juste sous son museau, il releva la tête et leur rugit dessus. L’un des Compsognathus fut tellement surpris qu’il chancela et perdit l’équilibre.
Las de l’effronterie perpétrée par les petits dinosaures nécrophages, les métriacanthosaures s’énervèrent et entreprirent de les chasser loin de leur proie.
Celui qui faisait barrage devant le gros des Compsognathus fondit au milieu de leur troupe et en saisit un dans sa gueule, lui soulevant des petits cris de douleur et de terreur. Il referma son emprise et le petit corps frêle fut broyé entre ses mâchoires.
Tandis qu’il avalait goulûment ce qui ne relevait que d’amuse-gueules pour un métriacanthosaure, l’autre se repencha au-dessus de McKormick et quand il ressortit le bout de son museau de l’intérieur de la cage thoracique, les gardes virent que l’estomac pendait de sa gueule. 
Quand il commença à le secouer dans l’air, éclaboussant les pierres alentour de son contenu, Turner devint livide et mit son poing devant la bouche et Tian se retourna vivement sur le dos pour regarder vers la cime des arbres en respirant rapidement.
- Mettez-vous en position. Ordonna Brunet. Turner, restez-ici et tenez les en joue. Vous saurez quand il faudra tirer.
Turner acquiesça et posa son fusil à côté de lui avant de scruter avec attention les métriacanthosaures, étudiant leurs faits et gestes, tandis que les autres descendirent discrètement le talus à reculons pour ne se remettre debout que plus loin en arrière.
Là ils attendirent, cachés derrière les arbres, observant au travers du feuillage les métriacanthosaures poursuivre leur repas tandis que les Compsognathus, calmés par la mort de leur congénère, attendaient silencieusement à distance respectable, attendant qu’ils se soient repus.
La densité de la végétation bordant le ruisseau empêchait les rôdeurs de viser avec aisance les carnosaures depuis l’ombre des sous-bois et la seule fenêtre sûre qu’ils avaient était le talus sur lequel Turner avait pris position. Au moment où celui-ci allait tirer, leur présence allait être révélée et la manière dont l’escarmouche allait se dérouler dépendait de l’habilité de l’anglais. S’il parvenait à abattre l’un des animaux, les quelques hoplomaques de la compagnie seraient en mesure de contenir l’autre suffisamment longtemps pour que les tireurs puissent le mettre en joue et le tuer lui aussi.
Quand le long roucoulement d’un oiseau parvint aux oreilles de Brunet, celui-ci sortit un appeau de l’une de ses poches de gilet et souffla dedans, produisant un son pareil à celui qu’il venait d’entendre et quelques instants plus tard, le français reçut une réponse en la forme d’un roucoulement interrompu d’un cri strident, provenant des bois au-delà de la rive opposée du ruisseau.
Brunet souffla à nouveau dans son appeau mais cette fois-ci, il fit d’abord un cri strident avant de le faire suivre par un roucoulement.
Le son fut si fort que tous, gardes et dinosaures confondus, l’entendirent. Intrigués, les métriacanthosaures relevèrent la tête et regardèrent durant quelques secondes en direction des arbres où le groupe de Brunet était tapi avant de reprendre leur repas.
Alors que la pluie lui battait les épaules, Brunet regarda autour de lui. Ses hommes étaient silencieux et même s’ils avaient l’air nerveux, ils étaient prêts à en découdre et tenaient fermement leurs armes en main. Ils étaient prêts et n’attendaient plus que son ordre.
Une série de puissants cris stridents répétés emplit soudain l’air du vallon.
Les métriacanthosaures se redressèrent et regardèrent tout autour d’eux, aux aguets.
Tout à coup, le corps de l’un d’eux se raidit et s’effondra sur le flanc au milieu des pierres et les Compsognathus , surpris, firent un bond en arrière.
- Joli tir, Turner. Complimenta Brunet à voix basse.
L’autre métricanthosaure fit quelque pas en direction du corps de son frère, le renifla longuement et le poussa du bout du museau.
Ce fut à ce moment que les gardes refermèrent leur piège autour de lui.
S’étant débarrassés juste avant de leurs capes afin que celles-ci ne gênent pas leurs mouvements, les hoplomaques chargèrent les premiers au milieu de la pluie et des éclairs, aiguillons en avant. Le métriacanthosaure leur rugit dessus mais au moment où il allait les charger, d’autres hoplomaques émergèrent des sous-bois derrière lui. Effrayés, les Compsognathus se dispersèrent aussitôt dans toutes les directions dans une cacophonie et ne se préoccupant guère d'eux, passant pour certains même au milieu des compies en fuite, les hoplomaques allèrent encercler le métriacanthosaure tandis que le reste des gardes surgissaient à leur tour.
Derrière leurs boucliers, les hoplomaques pointèrent leurs armes sur le métricanthosaure et refermèrent leur étau autour du lui alors qu’il grognait sans relâche. Quand il voulut donner des coups des mâchoires en direction de l’un des gardes, celui-ci eut tôt fait de le darder avec son aiguillon en criant. Submergé par le nombre de ses assaillants, le métriacanthosaure haletait d’affolement et balayait du regard les hoplomaques ainsi que les tireurs derrière eux qui s’apprêtaient à le mettre en joue mais soudain, l’un de ceux les plus proche des fourrés fut soulevé au-dessus du sol.
Quelque chose de puissant s’était accroché à l’arrière de son gilet et secouait frénétiquement le garde qui battait des jambes et hurlait au milieu des grognements de l’animal qui l’attaquait, ceux d’un métriacanthosaure adulte. Profitant de l’irruption soudaine de son père qui avait surpris la compagnie, le subadulte chargea ceux qui faisaient face à lui. Les hoplomaques ne réorientèrent leurs aiguillons sur lui que trop tard et à l’aide de violents coups de tête, il les fit chanceler et parvint à se dégager hors de la mêlée.
- Eh ! Lâche-le ! Cria Baker à Boomer lui jetant une grosse pierre sur le coin du crâne de l’adulte.
Boomer lâcha sa proie dans le lit du ruisseau et certains hoplomaques allèrent aussitôt le piquer pour le faire reculer le temps que leur camarade se relève. Mais le métriacanthosaure adulte était plus féroce que sa progéniture et fonça sur eux en même temps que Philippe revenait dans la bataille pour aider son géniteur, slalomant pour éviter les tirs. Chacun d’un côté, ils avaient cerné les soldats et le combat prit rapidement une tournure chaotique alors que les deux carnosaures se jetaient sur eux, donnant de nombreux coups de griffes et de mâchoires et ceux à qui étaient destinés ces attaques durent faire preuve de bien d’agilité pour les éviter.
En raison du fait que les deux métriacanthosaures n’arrêtaient pas de se déplacer, les fusiliers peinaient à les viser et parfois se retenaient de tirer, craignant de toucher leurs camarades. Quant aux rôdeurs, leurs fusils sniper ne leur servaient à rien dans une situation pareille et ils décidèrent de prendre plutôt leurs arcs. C’est ce que fit Darbinian.
Elle se déplaçait de manière latérale sur la périphérie de la zone de combat, ne quittant pas les deux prédateurs des yeux et attendant d’avoir un champ de tir dégagé.
Un observateur extérieur aurait été particulièrement captivé par la manière dont les hoplomaques en particulier luttaient contre les métriacanthosaures, pivotant pour éviter leurs assauts avant de répliquer en un éclair tout en restant en mouvement, dans un style s’apparentant presque à une danse.
Mais les carnivores ne semblaient pas vouloir laisser de terrain. Dans le cas présent, ils ne semblaient pas considérer les gardes comme des proies mais plutôt comme des prédateurs rivaux et ils leur livraient bataille avec la même férocité et détermination que deux lions aux prises avec une troupe de hyènes pour une carcasse.
Au cœur de la bataille, Philippe abattit sa patte antérieure vers Bellamy et si celle-ci n’eut pas levé son bouclier à temps pour se protéger la tête, les griffes lui auraient fendu la face. Celles-ci frappèrent le métal avec une telle force que Bellamy ploya sous le choc et tomba en arrière. Le métriacanthosaure se dressa au-dessus d’elle la gueule ouverte, se préparant à l’achever au sol.
Une flèche noire, tirée par Darbinian, vint se ficher dans le thorax du dinosaure et celui-ci poussa un grognement avant de recevoir une autre flèche, cette fois-ci au niveau de l’épaule. Il recula et Bellamy se releva derechef, brandissant son arme. Une troisième flèche vint siffler au-dessus de la tête du dinosaure. Celui-ci fit volte-face et prit la fuite, disparaissant derrière la végétation.
Il ne restait plus que Boomer.
Alors que le métriacanthosaure adulte s’apprêtait à saisir dans sa gueule l’un des gardes à proximité de lui, Drekanson saisit son Coda NetGun et appuya sur la détente. Un filet sortit du canon de l’arme et fut projeté sur la tête du carnivore. Incommodé, celui-ci secoua la tête, mais malgré cela, il continua ses attaques. D’un puissant coup de queue, il balaya les gardes qui étaient derrière lui, les projetant à terre et assommant certains, et donna des coups des griffes de plus belle adressés à ceux devant lui.
Boomer parvint à se débarrasser du filet et se jeta aussitôt vers Hamada qui lui avait momentanément tourné le dos. Ayant entraperçu Brunet s’engouffrer dans la jungle à la poursuite du carnivore subadulte, il s’était brièvement retourné pour ordonner à certains des soldats se tenant en arrière d’aller l’aider.
Hamada entendit les pas du carnivore et à peine eut le temps de se retourner qu’il vit que Boomer était presque sur lui. Dans un seul mouvement, le capitaine des gardes dégaina son sabre, pivota sur lui-même, recula d’un pas en arrière pour éviter la charge du métriacanthosaure, et abattit la lame sur son bras gauche. Le coup fut donné avec suffisamment de précision et de force que le bras fut sectionné et tomba dans le lit du ruisseau. Boomer lança un rugissement furieux mais il ne s’interrompit pas dans sa course et accéléra plutôt pour s’échapper, s’élançant vers le sud, poursuivit par une partie des gardes.
    Brunet courait entre les arbres, à la recherche de Philippe. Il était plein de ressentiments à l’égard de l’animal qui avait décapité Glenmore plus tôt sur le Plateau et pour venger son ami écossais, le français avait décidé de se lancer à sa poursuite.
Quand il entendit des fourrés bouger à quelques mètres de lui au sommet d’un talus, Brunet se tourna vers ceux-ci et vit qu’il y avait un gros animal caché parmi eux. Pour lui, il n’y avait aucun doute. Il s’agissait du métriacanthosaure subadulte.
- Philippe ! Je sais où tu te caches ! Viens-ici que je te butes, enculé ! Lança Brunet avec colère.
Philippe, qui avait toujours les deux flèches fichées dans son corps, émergea des fourrés en grognant à l’encontre du garde. Celui-ci toisa d’un air hargneux l’animal qui le dominait du haut du talus. Brunet pointa son fusil à pompe sur lui.
- Allez approches, saleté ! Ton daron ne pourra pas t’aider cette fois-ci.
Le métriacanthosaure s’avança vers Brunet qui le tenait en joue, descendant prudemment le talus. Envers contre toute attente, Brunet ne tira pas et laissa l’animal s’approcher. Au moment où celui-ci s’apprêta à foncer vers le garde, il fut pris d’une quinte de toux sévère et en écoutant son souffle rauque, Brunet s’aperçut que Philippe commençait à avoir de sérieuses difficultés à respirer. Le dinosaure eut un autre accès de toux et abaissa la tête vers le sol, la gueule grande ouverte alors que son cou tressaillait, et il vomit.
Brunet savait très bien ce qui était en train d’arriver. Lors de missions impliquant l’abattage d’animaux, les rôdeurs de la garde grise enduisaient les pointes de leurs flèches d’un neurotoxique dérivé du venin de pieuvre à anneaux bleus ou Hapalochlaena maculosa, un céphalopode des côtes australiennes, et les symptômes observés chez le métriacanthosaure étaient les mêmes que ceux relevés chez des personnes mordues par cette pieuvre. Sans antidote, l’individu mourrait en l’espace de quelques minutes.
Ainsi, ayant vu durant le combat les flèches de Darbinian atteindre Philippe, Brunet avait anticipé que le neurotoxique allait faire effet d’une minute à l’autre et comptait abattre le métriacanthosaure tandis qu’il serait incommodé par les symptômes. Mais sur le moment, Brunet avait délaissé deux facteurs importants : la météo et la topographie.
Le sol sur lequel le carnosaure se déplaçait avait été rendu glissant par la pluie et à chacun de ses pas, des mottes de terre dévalait la pente jusqu’à Brunet.
Quand ses yeux se révulsèrent, le dinosaure sembla perdre le contrôle de ses fonctions motrices et dévala la pente en de grandes enjambées, menaçant de rentrer droit dans Brunet. Le français écarquilla les yeux et, sachant que la collision était inévitable, jura.
- Et merde !
Lorsque le métriacanthosaure atteignit le bas du talus, l’animal s’effondra en avant et le haut de son corps alla s’écraser sur Brunet qui perdit son fusil. Le garde tomba en arrière et eut le souffle coupé lorsque l’encolure du dinosaure le plaqua au sol et en atterrissant à son tour, la tête éclaboussa de boue le visage de Brunet. Elle s’était retrouvée à quelques centimètres de celle de Brunet et terrifié, celui-ci tenta de la repousser violemment, en vain, pour se dégager.
Cependant, le métriacanthosaure ne cherchait pas à le mordre et se contentait de garder la tête levée, en poussant un râle d’agonie. Ce qui effrayait davantage Brunet, c’était le fait que le corps du dinosaure était pris de tremblements, qu’il enfonçait ses griffes dans la terre et surtout qu’il claquait des mâchoires en l’air.
Ne pouvant atteindre son fusil, Brunet attrapa du bout des doigts le pommeau de son sabre et tira l’arme du fourreau. Il agrippa fermement la poignée et enfonça la lame droit dans le cœur du dinosaure.
Le métriacanthosaure s’arrêta de trembler, ses membres se figèrent et son râle s’interrompit. Puis sa tête alla doucement se poser par terre, pour ne plus jamais se relever.
Encore sous l’effet de l’adrénaline, Brunet respirait bruyamment et resta allongé là quelques instants avant de décider à se relever.
Alors qu’il se dégageait, Brunet vit Verplancke et quelques autres arriver sur les lieux.
- Oufti ! Il a failli vous avoir mon Lieutenant. Dit Verplancke, s’adressant à Brunet en français.
- Ah, Luc ! Fit Brunet avec soulagement. Soyez gentil et aidez-moi à me relever.
Verplancke vint auprès de Brunet et le saisit par le bras pour le relever tandis qu’un autre garde s’assurait que Philippe était bel et bien mort.
Ils regagnèrent le ruisseau peu après et y retrouvèrent le reste de la compagnie. Fort heureusement, aucun garde n’avait été tué pendant le combat et grâce à leurs protections, les quelques blessures que les métriacanthosaures leur avaient infligées n’étaient pas mortelles, consistant en des égratignures et des bleus. Pendant que les blessés étaient pansés, certains recouvrirent la dépouille de McKormick d’une cape et l’installèrent avec précaution sous une souche creuse non loin pour la mettre à l’abri des charognards en attendant qu’ils envoient quelqu’un aller la chercher plus tard.
Brunet alla vers Hamada, qui était assis sur un rocher en train de nettoyer sa lame.
- Qu’en est-il de Boomer ? S’enquit-il.
- Il vivra. S’il y a une chose que je lui accorde, c’est que c’est un dur à cuire. Nous aurions pu continuer à la poursuivre s’il n’y avait pas des affaires plus urgentes.
Hamada rangea le sabre dans son fourreau et se leva. Lui et Brunet rassemblèrent les hommes et la compagnie reprit sa marche vers l’amont du ruisseau.
Soudain l’un des gardes à l’avant du groupe s’arrêta pour pointer une zone terreuse le long de la berge sur leur gauche.
- Il y a des traces de nu-pieds et de souliers d’enfants par ici ! Dit-il.
- Les touristes ! S’exclama Tian. Enfin nous allons pouvoir connaître le fin mot de cette histoire.
Une partie de la compagnie se rapprocha des empreintes pour les étudier.
- Ils ont dû franchir le défilé alors qu’il n’était plus gardé par l’équipe de Sandros. Ils nous auraient prévenus tout de suite s’ils les avaient vus arriver. Dit celui qui avait trouvé les traces.
- Combien de jeux d’empreintes ?
- En excluant les deux neveux de Dearing, il y a l’ensemble des survivants. Elles suivent le ruisseau. Normalement, ils sont tombés sur le lac et ont entrepris de le contourner. En faisant cela, ils devraient retrouver la piste. Avec de la chance, peut-être bien que Cole ou Rössler les croiseront sur la route et on pourra enfin tous rentrer.
Brunet se tourna vers les recrues.
- Durant, Velasquez. Passez en avant. Ordonna-il.
Les deux recrues obéirent et entreprirent de suivre les empreintes, prenant de l’avance par rapport au reste de la compagnie. Brunet et Drekanson fermèrent la marche.
- C’est drôle mais j’ai une de ces envies de chocolat chaud. Avoua ce dernier. Ça doit être cette pluie qui me glace les membres. Qu’est-ce que j’aimerais être de retour dans le chalet familial en Norvège, assis au coin du feu alors que la neige tombe dehors.
- Je vois ce que tu veux dire. La neige me manque aussi, tout comme les journées au ski et les raclettes… Je dois avouer qu’après toutes ces années, j’ai un peu envie de retourner dans mon Haut-Doubs natal. Dit Brunet avec une certaine nostalgie. Il faut bien que je finisse par me poser, je commence à devenir vieux pour ces conneries. Oh que je n’aime pas être dans la jungle par ce temps et ce jour merdique !
Depuis qu’ils avaient passé le défilé, l’orage n’avait fait que gagner en intensité et la jungle entière semblait vibrer sous les coups de tonnerre. Certains d’entre eux étaient si assourdissants que les gardes relevaient la tête pour regarder les cieux d’un air très inquiet, comme s’ils craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête.
Soudain, ils entendirent un cri de terreur venant de la tête de file. Un cri de femme. Celui du deuxième classe Durant.
- Tamara ! S’écria Drekanson.
Toute la compagnie accourra auprès de Durant, craignant qu’elle se soit fait attaquée, ou pire.
Ils furent momentanément soulagés quand ils la virent en vie et debout, serrée dans les bras de Velasquez en train de sangloter. Elle et Velasquez s’étaient arrêtés au pied d’un arbre et derrière celui-ci, on pouvait apercevoir la surface sombre du lac.
- Qu’il y a-il ? Demanda Hamada.
La compagnie regarda tout autour d’elle, à l’affût du moindre mouvement dans les fourrés. Puis ils regardèrent en haut et lorsque leur regard se porta au niveau des branches de l’arbre devant eux, ils réprimèrent un cri et certains, horrifiés par ce qu’ils avaient devant les yeux, se laissèrent tomber à genou au sol pour pleurer.
Ils avaient retrouvés Sandros et les deux autres gardes disparus. Des urubus noirs étaient juchés sur eux et se disputaient leurs dépouilles, déchirant de leurs becs acérés la peau et les chairs. Les visages défigurés et sanguinolents des macchabées s’étaient figés dans des expressions de terreur et l’œil de l’un d’eux avait même été énucléé, ne laissant qu’une orbite vide dans laquelle l’un des oiseaux charognard plongeait son bec régulièrement pour en sortir des petits morceaux de chair. Mais le plus horrible dans cette vision était la manière dont les soldats pendaient au-dessus du sol : Empalés sur des branches de l’aine jusqu’à la gorge ou à la bouche et dans le cas de Sandros, l’être qui les avait mis là avait procédé de manière si brutale qu’il ne restait presque plus rien de son cou réduit en morceaux.
- Ce n’est pas un animal qui a fait ça ! Ceci est l’œuvre d’un putain de psychopathe ! Déclara Turner sur un ton affolé en pointant les cadavres du doigt.
- Partons ! Pressa Brunet. Ils n’en ont que trop vu pour conserver le moral. Souffla-il à Hamada.
A contrecœur, les gardes atterrés laissèrent derrière eux les restes de leurs collègues en proie aux urubus et atteignirent le bord du lac.


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#88 26-12-2017 18:11:31

The Geeky Zoologist
"La Grande"
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonsoir,

Tout d'abord j'espère que vous avez tous passé un joyeux Noël et que le reste de vos vacances se déroulera tout aussi bien.
Depuis la dernière fois, j'ai avancé dans l'écriture du chapitre Un Festin pour les Urubus et je suis ce soir en mesure de vous dévoiler la deuxième partie de celui-ci.
La voici.

Bonne lecture.


                                                                Un Festin pour les Urubus
                                                                           (partie 2/3)


- Si on la trouve, on la fera payer, dit Baker, et nous ramènerons sa tête en tant que trophée !
- Ouais ! Approuva un autre. Elle ira orner l’entrée de la caserne !
- Est-ce que Masrani nous a donné son ordre la concernant ? Demanda Darbinian.
- Non, toujours pas. Répondit Hamada.
- Et ben, qu’il soit d’accord ou pas, je la criblerai de balles sans retenue. Dit Baker.
- Je doute que Monsieur Masrani et Dearing apprécient… Murmura Rahim.
- C’est elle ou nous ! S’emporta Baker. Je l’emmerde le gratin. Non, je l’encule même !
- Les radios sont allumées, Percy ! L’avertit Darbinian. Fermes-là !
- Je le sais et je ne me tairais pas pour autant ! Tu m’entends, Masrani ? Si jamais ton petit animal prodige nous massacre, je jure de revenir de l’au-delà pour venir fourrer ma grosse…
Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, Hamada vint agripper Baker brutalement par le bras avant de le pousser par terre. Surpris, les membres de la compagnie s’arrêtèrent. Hamada se dressa au-dessus d’un Baker couché sur le dos  pour l’admonester :
- Ressaisissez-vous, Baker ! Je comprends le fait que vous ayez peur et que vous soyez en colère mais ça n’excuse en rien vos propos et je ne peux tolérer que l’un de mes hommes se montre aussi irrespectueux ! Dès que nous en aurons fini, vous irez présentez vos excuses à Monsieur Masrani mais pour le moment, tâchez de rester silencieux jusqu’à la fin de la mission. Nous nous sommes compris ?
Baker, les coudes reposant dans la boue, avait l’air honteux.
- Compris, Capitaine. Je suis désolé. S’excusa-il.
Hamada ne dit rien et tourna les talons pour revenir en tête de compagnie.
Baker se releva et ils continuèrent de marcher le long de la berge du lac.
En largeur celui-ci ne paraissait pas mesurer plus de trois cent mètres mais à cause de la brume le recouvrant, il était impossible de distinguer la rive opposée. La compagnie connaissait les lieux cependant et savait que le lac avait une forme presque parfaitement circulaire qui trahissait son origine : il s’agissait d’un maar, un cratère d’explosion volcanique s’étant rempli d’eau. En son point le plus profond, une soixantaine de mètres séparait le fond de la surface, ce qui faisait que ses eaux étaient sombres par temps couvert et inquiétés par cela lorsqu’ils le découvrirent, les conquistadors de l’expédition de Diego Fernandez l’avaient surnommé Le Lac Epouvantable.
Les grands-parents paternels de Julio Velasquez, des Tun-Si, avait raconté à leur petit-fils toute sortes d’histoires à propos d’Isla Nublar quand il était petit, et certaines d’entre elles concernait le même lac qu’il était en train de contourner.
Selon une légende de leur peuple, un village se trouvait jadis dans ce qui est maintenant le fond du lac. Épris par une villageoise, un esprit réputé malfaisant et sournois se transformait chaque nuit en un bel homme afin de tenter de séduire la belle lors des fêtes nocturnes en lui offrant des cadeaux, mais à chaque fois ils étaient refusés. Triste, il s’assit sur un rocher et pleura longuement mais ses larmes coulèrent en si grande quantité qu’ils finirent par inonder le village, et pensant qu’il avait noyé la femme qu’il aimait, il se laissa dépérir et s’évanouit du monde.
Les colons espagnols de San Fernandez avaient eux aussi créer une légende en rapport avec le lac mais selon eux, ce fut Dieu qui inonda le village pour punir ses habitants de leurs mœurs légères. Mais les espagnols eurent beau se comporter pour la plupart selon la rigueur catholique du XVIème siècle, cela ne les avaient pas sauvé de la colère du Sibo, que les Tun-Si érigèrent au statut de dieu volcan après avoir fuis les ruines fumantes de la colonie.
En tête de file, Brunet et Darbinian marchaient côte à côte. Brunet balayait les environs du regard. Ils étaient arrivés au niveau du lac par l’ouest or de ce côté, la rive était étroite et bordée de pentes abruptes, formant ainsi une souricière.
- Je n’aime pas le contexte auquel nous avons affaire. Il me rappelle trop celui de la bataille du Lac Trasimène. Dit Brunet.
Darbinian regarda le sommet des pentes noyées dans la brume puis le lac.
- Celle où les carthaginois, tapis dans les collines et masqués par le brouillard, ont fondus sur les romains alors qu’ils longeaient les berges ? Une des branlées les plus fameuses que Rome s’est prise. Je me souviens l’avoir étudiée à l’académie. Dit-elle.
- Celle-là même, oui. Espérons pour qu’il ne nous arrive pas la même chose.
Ils arrivèrent rapidement à un endroit où la rive s’interrompait, laissant l’eau lécher le bas des rebords abrupts et les gardes durent progresser dans une eau qui parfois montait jusqu’au bas-ventre des plus petits des soldats et afin de ne pas mouiller leurs armes, ceux-ci les tenaient de leurs bras tendus au-dessus de leurs têtes.
Au détour d’un rocher si gros qu’il leur masquait la vue, la rive réapparut et s’élargit. Les gardes furent satisfaits de pouvoir marcher à nouveau sur un sol sec car déjà que leurs uniformes étaient trempés à cause de la pluie malgré les capes les recouvrant, le bas de leurs uniformes, leurs chaussures et chaussettes étaient imbibés après avoir marché les pieds dans l’eau.
Devant, la rive était interrompue en certains endroits par des chenaux larges et peu profonds s’enfonçant dans la jungle, disparaissant sous l’ombre des arbres. Quant au relief, il était plus adouci à ce niveau bien qu’il fût suffisamment prononcé pour empêcher les chenaux de s’étirer bien loin.
La compagnie réfléchit au chemin emprunté par les touristes. Le lac n’était pas un lieu inconnu de ceux-ci puisque la piste du safari en longeait la rive nord au sommet d’une crête, passant à côté de La Chaise du Diable, deux grandes pierres planes semblant former un siège orienté plein ouest et que Hamada avait défini en tant que point de ralliement. Par conséquent, les gardes pensèrent que les touristes avaient voulu regagner la piste dès que ce fut possible afin de la suivre jusqu’au village, espérant même être retrouvés sur le chemin. Ainsi, tout comme la compagnie comptait le faire, ils avaient dû longer le premier chenal leur barrant la route pour ensuite gagner la crête.
- Cole ? Rössler ? Vous me recevez ? Demanda Hamada dans sa radio.
- Cinq sur cinq.
- Quelle est votre position ?
- On a La Chaise du Diable en vue au bout de la route. On s’apprête à se garer. 
Hamada regarda vers l’est. Il vit le trône de pierre à moins d’une centaine de mètres de là où ils étaient.
- Avez-vous vu quelqu’un sur la route ? Demanda-il.
- Négatif. Et pas une seule trace de chaussure.
Hamada blêmit en entendant cette réponse. Si les touristes n’avaient été retrouvés ni sur la piste, ni sur les rives du lac, où étaient-ils ?
- Vous voyez la crique avec les cyprès à l’ouest ? Leur demanda-il. On se retrouve là-bas.
- Entendu.
Hamada raccrocha sa radio et emmena la compagnie le long du chenal. Ils firent rapidement face à un mur de végétation dense qui rendaient toute progression difficile, que ce soit en passant par l’une des deux berges ou par le chenal lui-même où l’eau passait au milieu d’un amas de branches basses. Derrière, le chenal s’élargissait un peu pour donner naissance à une crique bordée de cyprès s’étendant au pied de la crête.
L’un des gardes ayant particulièrement une vue perçante remarqua qu’à un endroit au milieu du rideau vert, un animal de taille moyenne ou une personne s’était frayée un chemin en direction de la crête. Il pointa l’étroit sentier à ses collègues et ceux-ci s’y dirigèrent, dégainant pour certains leurs sabres afin de l’élargir et de couper toute végétation qui allait les gêner.
Alors que la crique n’était plus qu’à une douzaine de mètres d’eux, Turner, qui était en tête de file en train de couper des branches, se figea soudainement et derrière lui, Darbinian l’entendit déglutir. Elle le dépassa et l’observa avec attention. Il regardait droit devant lui, le visage blême et la main qui tenait le sabre fut prise de tremblements. Darbinian tourna la tête vers ce qu’il regardait ainsi.
Ceux derrière eux l’entendirent souffler un juron en russe puis elle disparut dans les fourrés pour aller vomir.
Avec appréhension, le reste de la compagnie contourna Turner et alors que leur vue sur la crique était dégagée, une vision d’horreur s’offrit à eux, aussi pire voir plus que celle de leurs collègues empalés qu’ils avaient vu en arrivant au lac.
- Devrait-on couper les caméras ? Demanda-on.
Hamada saisit sa radio.
- Bradford ? Est-ce que Masrani est avec vous ?
- Oui. Répondit le technicien.
- Laissez-les allumées. Indiqua Hamada à ses hommes. Je sais que ce qu’il y a devant nous est difficile à regarder mais il doit voir ce que l’I.rex a fait. Dit-il à Bradford. Cela l’aidera à prendre une décision.
Les touristes gisaient là, flottant dans l’eau de la crique rougie par leur sang ou étendus sur la berge entre les pneumatophores des cyprès, empalés sur ceux-ci pour certains.
La plupart étaient horriblement mutilés et méconnaissables et nombreux étaient ceux qui avaient sauvagement éventrés, démembrés ou décapités, le membre manquant ou la tête ayant été jetée parfois à plusieurs mètres du corps.
Ils faisaient le bonheur des charognards. Il y avait des urubus noirs et à tête rouge, festoyant silencieusement, mais aussi une troupe de Compsognathus dont quelque uns des individus se disputaient l’un des corps avec un urubu à tête rouge malgré le fait qu’il y avait assez de nourriture pour tous, et même un Ornitholestes, assis sur l’un des cadavres flottants en train de dévorer un bout de viscère tenu entre ses longs doigts.
En voyant la compagnie arriver, l’animal malingre releva la tête, laissa échapper un petit cri à peine audible et détala en direction des fourrés, bondissant d’un corps flottant à l’autre jusqu’à la berge.
Dans le but de faire fuir les autres charognards, Brunet courut vers eux en faisant de grands mouvements de ses bras.
- Allez, foutez le camp ! Foutez-tous le camp, bande de sales bêtes ! Hurla-il.
Là où les urubus s’envolèrent tous en même temps vers le ciel orageux, les Compsognathus eux n’interrompirent pas leurs repas pour le moins du monde et les gardes durent pousser des cris ou jeter des cailloux dans leur direction pour les chasser et encore, certains des Compies osèrent répliquer par des sifflements de colère avant de partir.
Une fois ceux-ci dispersés, Hamada regarda les corps et ordonna :
- Essayer de les identifier et de trouver des traces d’éventuels survivants.
La mine blafarde et nauséeuse,  les membres de la compagnie s’exécutèrent, regardant avec effroi en direction de l’autre côté de la crique, où l’I.rex avait créé une percée dans la végétation. Hamada la vit également et chargea Rahim et deux autres gardes de s’y engouffrer pour savoir où elle était allée.
- Les pauvres âmes… Dit Drekanson d’une voix basse et choquée alors qu’ils marchaient entre les cadavres, tombant çà et là sur les grandes empreintes tridactyles de l'Indominus, fichées dans la boue et remplies d'eau.
- La dernière fois que j’ai vu une telle boucherie, c’était au Rwanda en 1994. Tout un village passé à la machette… Raconta Brunet laconiquement.
- Moi c’était en Afghanistan. Un tir de Predator avait fauché tout un groupe de civils. Une erreur regrettable selon le commandement américain. Intervint Laurence à la radio.
Drekanson s’agenouilla près des restes d’un homme de grande taille dont il ne restait plus qu’une partie du bassin et les jambes. Le norvégien fouilla les poches du pantalon de la victime pour y trouver un passeport danois qu’il ouvrit. Il lut le nom de la victime.
- J’ai un Sven Jorgensen ici.
A quelque mètres de là, Hamada retourna l’un des corps surnageant, celui d’une femme, et ne trouvant ni passeport ni carte d’identité dans ses poches, il pensa qu’il avait dû glisser et couler au fond de la crique. Quelques instants plus tard, il sortit de l’eau un passeport britannique tout détrempé et tâché de rouge.
- Jemma Thomson. Lut-il.
- Un Kenneth Thomson de mon côté. Probablement son mari.  Dit Verplancke, debout parmi les pneumatophores près d’un corps empalé sur ceux-ci.
- Chris Elliot. Cria Brunet depuis le bas de la crête, penché au-dessus d’une chevelure frisée.
Le jeune homme étendu sur le ventre devant Brunet présentait un trou sanguinolent béant à l’arrière du crâne et en mettant le macchabée sur le dos, le français en remarqua un autre au niveau du front entre les deux yeux grands ouverts dans une expression horrifiée. Brunet ne s’attarda pas sur les causes de la mort et son regard fut davantage attiré par la terre sous les ongles et sur le bout des doigts de la victime. Le pauvre bougre avait tenté de gravir la pente avant d’avoir le crâne transpercé de part en part par une griffe.
Il parcourra les lieux du regard, passant de la percée à la crique et enfin à la ligne de crêtes enserrant celle-ci, au sommet de laquelle il vit Cole, Rössler et leurs équipes respectives s’apprêtant à descendre vers eux. Le lieu entier formait un piège dont il était difficile de s’en réchapper et dont l’I.rex avait tiré profit en attendant les touristes, cachée derrière les arbres.
Elle avait dû frapper lorsque le groupe était arrivé au pied de la crête, se demandant s’ils allaient pouvoir la gravir malgré les éléments, et avant qu’ils n’aient eu le temps de réagir, l’Indominus était surement déjà au milieu du groupe, massacrant les touristes tel un renard parmi les poules et paralysant de terreur ceux qui tenaient encore debout.
- Seigneur, il est toujours en vie… Entendit-il soudain l’un des gardes murmurer.
Non loin de la percée, Brunet vit deux gardes et Hamada debout quelque pas derrière Bellamy qui était de dos et agenouillée près d’un petit corps étendu sur le dos, celui d’un enfant. Bien qu’il ne pouvait voir la tête et le corps de celui-ci à cause de sa collègue, il remarqua en regardant attentivement que les pieds de l’enfant bougeottaient.
Alors que lui et le reste de la compagnie se rapprochait de la scène, l’un des deux gardes se tourna vers eux pour leur faire signe de ne pas s’avancer davantage. Quand Brunet lui demanda pourquoi, il lui répondit gravement dans un murmure qui fut entendu de tous :
- Les Compies lui ont bouffé le visage…
Par respect envers le blessé, les gardes éteignirent leurs caméras frontales et devinrent silencieux. Soudain, l’enfant, le fils des Thomson en vérité, se mit à parler :
- J’ai mal…partout…Dit-il d’une voix plaintive. Où est…ma maman et…et mon papa ?
- Tu les retrouveras bientôt mais pour l’instant, essaye de ne pas bouger. Fermes les yeux et détends-toi, on va bientôt t’emmener à l’hôpital. Lui dit Bellamy d’une voix douce et bienveillante.
Le garçon fit ce qu’elle lui demanda et Bellamy commença à chantonner une comptine, la même avec laquelle sa mère la berçait jadis et avec laquelle elle avait bercé ses propres enfants. Quand elle entonna le premier couplet, elle prit délicatement l’enfant dans ses bras pour le bercer d’une manière très maternelle tout en chantonnant.
Un peu en retrait, les recrues l’observaient avec fascination puisqu’ils n’avaient jamais vu le Sergent Bellamy sous ce jour-là.
Mais quelques instants plus tard, cette fascination laissa place à de l’horreur lorsqu’ils la virent dégainer lentement son poignard de sa main libre.
Réalisant qu’elle se préparait à tuer le garçon, Durant voulut se jeter sur Bellamy pour l’en empêcher mais Hamada tendit le bras juste devant elle et la stoppa dans sa lancée et quand Durant s’apprêta à hurler, il lui plaqua la main devant la bouche avant de l’intimer à parler plus doucement une fois qu’il l’eut pris à part.
- Il a besoin de soins… Capitaine, arrêtez-là ! Elle va tuer ce garçon. Implora-elle.
- Vous n’avez pas vu son visage, Durant. Il est au-delà de la guérison. Dit-il.  Ses parents ont été tués sauvagement devant ses yeux. Même s’il survivrait au transport jusqu’à l’hôpital et aux opérations, les séquelles physiques et psychologiques seraient si graves qu’il ne pourra plus avoir une vie normale.
- Et il y aurait eu fort à parier qu’il aurait mis fin à ses jours dès que le désespoir et la peine l’y auraient poussés. Ajouta Brunet.
- Vous êtes cruel, Lieutenant. Et si vous faisiez preuve d’un peu de miséricorde ? Lui rétorqua Durant.
- Qu’est-ce qu’il y a de plus cruel ? Lui demanda Brunet. Le laisser souffrir ainsi pour un espoir illusoire de rétablissement ou le soulager de toute cette peine et lui permettre de retrouver ses parents dans l’au-delà ? La deuxième solution semble être la chose la plus proche du concept de miséricorde en vérité.
- Croyez-moi, la mort sera une délivrance pour lui. Dit Hamada.
Durant regarda l’ensemble de la compagnie pour étudier leurs réactions. Aucun ne semblait vouloir intervenir et ils avaient l’air d’accord avec les deux officiers. De son côté, Bellamy avait déjà positionné le poignard sous l’aisselle gauche du garçon, s’apprêtant à l’enfoncer droit dans le cœur.
- Si jamais l’un de nous venait à connaître un sort pareil ou aussi funeste, vous serez amené à lui faire la même chose. Dit Hamada, en s’adressant aux quatre recrues présentes.
A en juger par leur regard, elles étaient terrifiées à cette idée.
- J’en serais incapable, je le crains… Avoua Velasquez.
- Vous devez être prêt à le faire. Insista leur capitaine.
Hamada, Brunet et les recrues tournèrent leur regard vers Bellamy. Elle chantonnait toujours mais elle venait de serrer l’enfant un peu plus fort contre elle.
- Pardonnes-moi. Implora Bellamy les yeux levés vers le ciel d’une voix sur le point de se briser.
Sa poigne se referma autour du manche du poignard et d’un coup rapide et brusque entre les côtes, la lame disparut dans le flanc du garçon. Celui-ci émit un court râle avant que ses bras écorchés ne se relâchent et ne se laissent tomber au sol. Bellamy, qui avait cessé de chantonner au moment même où elle avait poignardé le garçon, retira l’arme pour la poser à côté, coucha le corps sans vie avec douceur et se releva, essuyant ses yeux d’un revers de la main.
- Nous avons compté les victimes. Informa l’un des gardes à Hamada. C’était le seul survivant. Ajouta-il en désignant le garçon du regard.
- D’abord l’ouvrier, ensuite l’équipe de Sandros, et enfin ces pauvres gens… Récapitula Hamada, peiné. Cela doit prendre fin !
Il regarda le visage des membres de la compagnie et vit que leur moral était au plus bas et que tout comme lui, ils semblaient être en colère contre eux-mêmes pour ne pas avoir su trouver les visiteurs disparus à temps et les sauver. Trouver les corps empalés de Sandros et de ses deux compagnons les avait durement éprouvés mais la vision du charnier et le fait qu’ils avaient dû abréger les souffrances d’un enfant leur avait porté le coup de grâce. En cas de rencontre inopinée avec l’I.rex au milieu des bois obscurs, Hamada n’aurait pas été surpris si certains de ses hommes se mettaient à soudainement jeter leurs armes avant de courir grimper dans les arbres ou se terrer dans des trous.
- Une fois tout ceci terminé, je pense que je vais quitter la Garde pour retourner au Kansas mettre des amendes et régler des bagarres de supermarchés. Tout me file les jetons ici. Entendit-il Durant avouer à l’un des gardes.
Hamada fut tiré de ses pensées par un appel radio de Bradford.
- Capitaine ? Masrani souhaite vous parler.
- Passez-le-moi.
Il entendit Bradford passer le micro à Masrani.
- Je vous écoute, Monsieur. Dit Hamada lorsque le propriétaire du parc fut prêt.
- Katashi. Tout d’abord, il faut que je vous dise que je suis désolé pour tous les gardes qui ont été tués. J’ai vu les images du charnier… Une atrocité sans nom… Comme vous l’avez dit, cela doit prendre fin. Ainsi je…
Masrani s’interrompit momentanément avant de reprendre sa respiration.
- Je vous autorise à abattre l’Indominus. Finit-il par dire. Bonne chance, vous en aurez besoin. Puissiez-vous tous rentrer sain et sauf.
- Merci. Répondit Hamada.
Une autre voix s’empara du micro, celle d’Hoskins.
- Capitaine Hamada ? Si jamais vous voulez l’aide de mes pourfendeurs, demandez le moi. Je serais ravi de vous la procurer.  Ils pourraient être là dans moins d’une heure et demie.
Écoutant la conservation comme tous les gardes proches d’Hamada, Tian vit celui-ci échanger un regard inquiet avec Bellamy. Ils semblaient appréhender fortement l’idée de collaborer avec ces pourfendeurs. Hamada déclina :
- Je vous remercie pour cette proposition, Vic. Mais ça se passe entre elle et nous.
- Comme vous voudrez. Fit Hoskins avec une pointe de déception. Adieu. Hoskins, terminé.
La radio se tut et Hamada la rangea.
Il s’apprêtait à se diriger vers la percée quand tout à coup, il entendit un léger vrombissement électronique au milieu du bruit de la pluie et du tonnerre. Hamada regarda les fourrés autour de la crique à l’affût du moindre mouvement.
Soudain, un objet tomba dans la boue derrière lui. Il était long d’une trentaine de centimètres, de forme tubulaire et en métal gris clair. Près de l’une de ses extrémités, une diode rouge clignotait. En l’observant durant quelques microsecondes, Hamada remarqua que la diode clignotait de plus en plus vite.
Sur le moment, il crut qu’il s’agissait d’une bombe mais il n’eut même pas le temps de crier à ses hommes de se mettre à couvert que des fentes ne s’ouvrent aux extrémités de l’appareil qui produisait un bruit d’air pressurisé. Ils se rendirent compte qu’il ne s’agissait pas d’une bombe mais d’un réceptacle duquel sortait via les fentes, un gaz rougeâtre qui se diffusa si rapidement autour qu’il atteignit les gardes avant qu’ils ne puissent réagir. D’instinct, ceux-ci se couvrirent le nez et les yeux, craignant ses effets mais l’odeur était forte et beaucoup se mirent à tousser. Entre deux quintes de toux, Tian respira par mégarde un peu de gaz et à sa surprise, celui-ci ne lui brûla pas la trachée ou les poumons et se contentait juste d’être très désagréable pour ses narines et à lui soulever un léger haut de cœur. Le gaz avait la même odeur que celle d’os et de morceaux de viande laissés pourrir à l’air libre.
- Ça pue la charogne ! Dit-elle, reconnaissant l’odeur.
- Elle a raison. Dit Brunet. Ce n’est pas un gaz de combat. Nous serions déjà à terre si c’était le cas.
Plusieurs des gardes s’échangèrent des regards dubitatifs quant à la provenance du réceptacle.
- Il y avait un vrombissement électronique dans l’air avant qu’il ne tombe. Leur informa Hamada.
- Je l’ai entendu aussi. Dit Verplancke. Vous croyez que ça a un lien avec le drone espion de tout à l’heure ? Quelqu’un semble après nous.
- Qu’il se montre au lieu de nous soumettre à ses tours de farces et attrapes ! Fit Brunet excédé en donnant un coup de pied dans le réceptacle, l’envoyant plusieurs mètres plus loin.
Le vent soufflant toujours de l’ouest, les volutes du gaz furent transportées en direction des berges du lac où se tenaient Rahim et ses deux compagnons, ayant remontés la trace de l’Indominus jusqu’au bord de l’eau.
- Tu crois qu’elle peut tenir combien de temps sa respiration là-dessous ? Demanda Snow, une jeune britannique rondelette aux cheveux bruns coupés en carré court.
- J’en sais rien. Plusieurs minutes probablement… Elle a un peu de croco dans son ADN après tout… Répondit le troisième membre du trio, un colombien grand et bien bâti du nom d’Hector Castillo. Ou peut-être qu’elle est sur l’autre rive…Ajouta-il en tentant de percer le brouillard recouvrant le lac.
Un vrombissement passa au-dessus d’eux et en levant les yeux, ils virent le drone mystérieux que leur Farfadet avait pourchassé. Il venait de l’ouest et allait vers le milieu du lac.
- Regardez qui voilà…Fit Castillo. C’est ce petit bâtard d’espion qui nous a échappés tout à l’heure.
Comme si il avait entendu le colombien, le drone tourna sur lui-même pour faire face au trio et resta de manière stationnaire au-dessus de la surface de l’eau, à une vingtaine de mètres des gardes, sa caméra les fixant.
- On dirait qu’il n’a pas peur de nous…Dit Castillo en faisant un doigt d’honneur au drone.
Il s’avança de quelque pas en direction du bord et braqua son arme sur l’appareil. Celui-ci ne sembla pas réagir.
- Ce misérable tas de ferraille est en train de nous narguer. Je vais l’abattre comme un cerf. Déclara Hector. Son proprio n’aura pas l’air con quand il faudra qu’il le récupère au fond du lac.
Il posa un pied dans l’eau, puis l’autre.
- Hector, ressort de l’eau ! Lui aboya Snow d’un ton alarmé. Elle peut être n’importe où.
- Les traces sortent et ne rentrent pas dans le lac. Rétorqua-il. Elle est ailleurs. J’en ai pas pour long de toute manière.
Il mit en joue le drone et ajusta sa visée. Voyant qu’elle n’était pas optimale, Castillo avança davantage dans l’eau qui lui arriva jusqu’au bas-ventre mais alors qu’il fit un pas en avant, son pied s’enfonça subitement dans la vase. Castillo tenta bien de le dégager mais il eut beau se débattre, rien n’y faisait. Il était coincé et remarquant cela, ses deux compagnons vinrent à lui.
- Imbécile ! Par ta faute, nous aussi risquons de nous faire boulotter à tout moment. L’engueula Snow.
- Tires-moi de là veux-tu !
Alors qu’ils aidaient Castillo à dégager sa jambe, Rahim ne put s’empêcher de regarder le lac avec appréhension et dont la surface n’était perturbée que par les ondulations crées par l’impact des gouttes de pluie.
- Ah ça y est. Fit le colombien quand sa jambe fut libérée.
Il lança un regard haineux au drone et s’en détourna en grognant de frustration.
Mais alors que Rahim et Snow étaient presque déjà revenus sur la berge, Castillo sentit quelque chose de long et charnu s’enrouler soudainement autour de sa jambe avant de lui entailler le mollet et il tomba avec un cri.
Les deux autres se retournèrent vivement et remarquèrent que du sang se répandait au niveau de la jambe. Ils accoururent derechef à son secours mais quand ils voulurent le tirer vers la berge, ils s’aperçurent que la chose qui avait attrapé la jambe d’Hector la tirait avec bien plus de force qu’eux. En observant des bulles remonter en abondance à la surface à une demi-douzaine de mètres d’eux, ils surent quel était l’animal caché dans le lac et la panique les gagna.
Rahim voulut sortir son sabre pour l’abattre sur la langue de l’Indominus mais il hésita. L’eau était si trouble qu’il risquait de blesser Castillo en donnant des coups à l’aveugle et en lâchant son collègue momentanément pour procéder ainsi, Snow se serait retrouvée seule à empêcher Hector d’être emporté. Ils eurent beau lutter avec toute leur force disponible mais la langue de l’Indominus était un muscle puissant et elle leur ravit Castillo, le tirant sous l’eau alors qu’il hurlait de terreur.
Impuissants, Rahim et Snow durent se résoudre à l’abandonner et s’élancèrent vers la rive en hurlant à l’aide. Derrière eux, ils entendirent l’eau bouillonner puis quelque chose en sortir subitement en les éclaboussant. Un puissant claquement de mâchoires, un cri de douleur de la part de Snow et un bruit d’os brisés parvinrent succinctement aux oreilles de Rahim, alors parvenu sur la rive.
L’Indominus jeta le corps sans vie de Snow plus loin et émit un puissant vagissement sourd qui fit sursauter Rahim. Celui-ci, pris de tressaillements incontrôlables, se retourna et vit l’Indominus recouverte de vase en train de se redresser, son corps illuminé par la lueur d’un éclair qui venait d’embraser le ciel juste au-dessus du lac.
Quand son regard croisa celui de la bête, il fut comme figé sur place, pétrifié par la terreur mais aussi captivé par les yeux braqués sur lui.
Tout comme chez le tyrannosaure, les rapaces, de nombreux autres prédateurs et l’Homme, les yeux de l’Indominus étaient sur le devant la tête, lui permettant de jouir d’une vision binoculaire et ainsi de pouvoir évaluer les distances avec précision. Mais ce n’était pas ça qui avait captivité Rahim, malgré que cela permettait un échange de regard entre les deux. Quiconque ayant vu les yeux de l’Indominus avaient été frappés par le fait qu’ils étaient vairons : Là où l’œil gauche était rouge sang, l’œil droit était vert. Sur le moment, Rahim trouva qu’ils avaient quelque chose d’envoûtant et il ne remarqua pas alors la griffe qui vint s’abattre vers lui.
Il ressentit d’abord une douleur fulgurante au niveau de son cou durant un bref moment puis il vit le ciel tournoyer avant que sa tête ne vienne se heurter contre le sol. Étonnamment, l’impact ne lui fit pas mal, il ne ressentait plus aucune douleur d’ailleurs, mais au même moment, son esprit réalisa l’horreur de la situation. Avant que sa vue ne s’obscurcisse pour toujours, Rahim eut droit à une dernière vision : Celle de son propre corps, décapité, en train de s’affaisser aux pieds du grand dinosaure blanc qui se dirigeait vers la jungle tandis qu’au-dessus du lac, le drone observait la scène avec attention.
    Lorsque le gros de la compagnie accourut sur les lieux peu après, ils furent horrifiés non seulement par la présence des corps fraîchement tués de Rahim et de Snow mais aussi par le fait que les traces de l’Indominus s’estompaient dans la jungle pour s’y évanouir. Elle avait disparu, à nouveau.
- Préparez-vous à partir ! Nous rentrons à la base. Commanda Hamada d’un ton alarmé. Il nous faut davantage d’armement létal.
Brunet chargea deux gardes particulièrement costauds de transporter les dépouilles de leurs camarades tombés. Ceux-ci ramenèrent les corps sur leurs épaules et on ramassa la tête de Rahim pour la mettre dans un sac.
La compagnie fit ensuite demi-tour, comptant gagner la route en empruntant le chemin le plus court, passant par la crique et son charnier. Ils savaient qu’ils ne pourraient pas tous monter à bord des Jeep amenées par Cole et Rössler et ainsi Hamada avait ordonné à Laurence de les attendre avec le Pegasus dans une clairière non loin, au nord de la route.
Ils progressaient en file au milieu de la végétation dense. Hamada regarda la jungle tout autour, tendant l’oreille pour entendre le moindre bruit de pas lourd mais le bruit de la pluie et du tonnerre le gênaient. Ils ne pouvaient compter que sur leur vue pour anticiper la moindre attaque. Les gardes avaient beau avoir quelques fusils d’assauts, mitrailleurs, à pompe et des flèches enduites de venin avec eux, Hamada était fortement dubitatif quant à leur efficacité contre les ostéodermes et le cuir épais de l’Indominus. Les seules armes capables de venir à bout rapidement de la chimère, acquises après d’âpres luttes avec la direction du parc, étaient entreposées à la caserne. Il leur suffisait juste d’y aller les chercher pour pouvoir mettre à terme à ce cauchemar.
- Hâtez-vous ! Pressa-il la compagnie dans un murmure.
L’odeur de mort du charnier leur revint dans les narines et d’une part voyant la crique au bout du sentier et d’autre part poussés par Hamada à avancer plus vite, les gardes voulurent se précipiter pour gagner leur voie d’échappatoire au plus vite mais en faisant cela, l’un d’eux fut poussé sur le côté par mégarde et trébucha sur une racine.
Du moins, quiconque à sa place aurait cru qu’il se serait agi d’une racine mais en l’observant plus attentivement, il fut interpellé par son allure étrange, épaisse et plutôt courte, mais surtout par le fait que sa partie terminale, de couleur noire et d’aspect lisse, s’allongeait en rétrécissant pour former une pointe tranchante.
Il réalisa avec horreur que ce n’était pas une racine mais un orteil de dinosaure. Un orteil de grand théropode. Le garde vit les deux autres orteils appartenant au même pied et réprima un cri.
Au même moment, un éclair frappa un arbre non loin dans une explosion lumineuse aveuglante.
Brunet, qui se tenait à quelque pas du garde tombé, s’était figé soudainement et son visage avait blêmit. Pendant l’instant très bref où l’éclair avait illuminé de sa lueur les bois entourant la compagnie, il crut voir la forme sinistre et familière de l’Indominus, parfaitement immobile devant les arbres. Mais dans sa vision, il y avait quelque chose d’étrange et d’incohérent par rapport à la manière dont il l’avait toujours vue : la peau de l’Indominus était non pas en majorité blanche mais constituée d’un patchwork de différentes nuances de vert, mimant le sous-bois derrière elle. Brunet crut momentanément qu’il avait halluciné et tint l’air vicié de la jungle responsable de cela et comme pour aller dans ce sens, l’Indominus avait disparu à nouveau, comme si elle n’eut été qu’un fantôme, puis il se rappela que l’orteil sur lequel son subordonné avait trébuché était bel et bien réel et alors que son esprit confrontait les différentes informations, une petite fente noire se dessina sur le feuillage à plusieurs mètres au-dessus du sol, la pupille d’un œil reptilien les fixant sans ciller. Quand une rangée de dents recourbées et tranchantes apparut à son tour en plein air comme par magie, Brunet n’en crut pas ses yeux.
- Quelle est cette nouvelle diablerie ? Demanda-il à voix haute d’une voix absente.
Puis reprenant enfin ses esprits, il hurla pour avertir la compagnie du piège dans lequel elle venait de tomber :
- Embuscade !
Se sachant découverte, l’Indominus leur révéla sa présence par un grognement puis se dévoila subitement en fondant au milieu de la compagnie alors que sa peau retrouvait peu à peu sa couleur naturelle. D’une bouchée elle engloutit celui qui se tenait devant Brunet avant de, toujours sa victime dans la gueule, donner un coup de tête à celui-ci mais il évita l’attaque en plongeant latéralement sur le côté.
La compagnie, désemparée face au caractère soudain et quasi surnaturel de l’attaque, fut ainsi séparée en deux, l’affaiblissant et la rendant plus facile à neutraliser.
Avant qu’ils ne puissent réagir, l’Indominus jeta la moitié de celui qu’elle avait dans la gueule sur ceux à l’arrière de la file et en piétina un autre puis se tourna vers l’arrière de la compagnie, en proie à un effroi tel qu’ils n’en avaient jamais connu, mais avant qu’elle ne puisse les charger, on lui tira dessus depuis l’avant de la file.
Ils ne tiraient non pas pour la tuer mais pour gagner du temps afin que les autres puissent s’échapper. Parmi ceux à l’arrière, Baker prit les devants :
- Ne restez pas planté là ! A travers les buissons !
Mais en se retournant vers ceux qui avaient attiré son attention, l’I.rex abattit un arbre qui en tombant, écrasa l’un des soldats et barra la route aux fuyards menés par Baker et Darbinian qui durent faire un détour plus grand pour rejoindre la crique, abandonnant derrière eux les dépouilles de Snow et de Rahim.
Alors que l’air étant empli de cris, de grognements et de coups de feu, ils rampaient sous d’épais buissons aussi vite qu’ils pouvaient en ahanant de panique, jetant de brefs regards au travers du feuillage pour apercevoir la grande forme blanchâtre qu’était l’I.rex se mouvoir vers les tireurs avec rapidité et agilité.
Ils finirent par déboucher dans la zone plus ouverte comprenant la crique mais en sortant, ils arrivèrent juste au bord de l’eau alors que la crête était de l’autre côté. Ce fut limite si ceux devant furent poussés dans la crique par leurs camarades et tous se jetèrent à l’eau, se frayant un chemin en repoussant les cadavres des touristes.
Pendant ce temps, la bataille faisait rage sur les bords. L’un des tireurs gisait déjà mort, empalé sur un pneumatophore et ils virent un autre de leurs camarades être projeté contre un tronc avant de recevoir un coup de queue en pleine face, lui fracassant le crâne. Sous les fourrés plus loin, les Compsognathus gazouillaient d’excitation à la vue du massacre, tel le public euphorique d’une arène romaine de jadis regardant des condamnés être mis en pièces par des lions.
- Cet adversaire nous dépasse ! Repli ! Hurla Hamada.
Tandis que quelques gardes commençaient déjà à gravir la pente en direction des jeeps, l’Indominus attrapa soudain l’hoplomaque qui la tenait en respect et jeta son corps vers le groupe de Baker alors qu’ils en étaient encore à traverser la crique et ce fut Darbinian sur qui il atterrit. Elle tomba en arrière et le temps qu’elle se débatte avec le cadavre, elle resta coincée sous l’eau quelques secondes, buvant la tasse. Quand elle sortit en vomissant de l’eau souillée de la crique, elle s’aperçut qu’elle avait été distancée par les autres et Darbinian s’élança pour les rattraper mais alors qu’elle faisait cela, elle vit Hamada s’effondrer sur le sol, les mains tenant son ventre ensanglanté. Bellamy se précipita pour porter secours à son capitaine mais l’I.rex la repoussa violemment d’un revers de la patte. Elle fut projetée au loin contre une branche avant de s’écraser brutalement contre le sol et ses collègues virent qu’elle ne bougeait plus.
Tous les gardes lui ayant opposé une quelconque résistance étant hors d’état de nuire, l’I.rex se dirigea vers les fuyards, marchant sur le bras gauche d’Hamada au passage. Celui-ci n’émettant pas le moindre son, ses hommes en déduisirent qu’il était mort.
- Darbinian ! Héla Brunet.
Darbinian regarda en haut de la crête et y vit Brunet. Sans plus se faire attendre, elle gravit debout la pente par grandes foulées et bondit pour attraper la main que lui tendait son lieutenant. Quand elle l’attrapa, il la tira en arrière avec tant de force qu’il la jeta derrière lui.  Alors qu’il l’aidait à se relever, ils virent les autres foncer vers les deux jeeps garées sur le bord de la piste.
Cole, Rössler ainsi que deux autres s’étaient montrés les plus rapides et par conséquent, étaient déjà en train de s’installer dans la première jeep tandis que Baker et Turner, suivis de Verplancke et de Tian, fonçaient vers la deuxième, laissant derrière eux Durant, Velasquez, Drekanson et un quatrième soldat, un mexicain dénommé Ramirez, qui s’arrêtèrent dans leur course, réalisant qu’ils ne pourraient pas monter à bord. C’était la règle du premier arrivé, premier servi. La chose en était sordide.
- Au Pegasus, vite ! Leur cria Brunet.
Alors qu’ils s’apprêtaient à le suivre dans la pente douce située du côté nord de la route, ils entendirent un arbre tomber. Celui-ci tomba juste devant la deuxième Jeep, l’empêchant de quitter les lieux et ses passagers sortirent immédiatement en se précipitant dans les bois alors que l’I.rex, ayant gravit la pente tout comme eux, émergeait des fourrés de l’autre côté en trottant à leur poursuite.
D’un puissant coup de tête, elle envoya la voiture voler sur plusieurs mètres et celle-ci, après avoir atterrit en haut de la pente à distance respectable des passagers en fuite, commença à faire des tonneaux dans leur direction. Ils eurent beau accélérer en direction d’un épais bosquet de bambous situé en contrebas, la jeep dévalait la pente plus rapidement qu’eux. Turner, qui était un peu à la traîne avec Tian, se rendit compte qu’il était trop tard pour qu’il puisse éviter le véhicule en bondissant sur le côté. Il saisit soudainement sa collègue par la taille et la plaqua contre le sol et juste après, la jeep passa très près au-dessus d’eux.
Contrairement à eux, Baker put se déporter à temps sur le côté mais Verplancke, qui était en tête, réagit trop tard et la jeep vint s’écraser sur lui avant de continuer sa course et de finalement stoppée par les bambous. Baker hasarda un regard derrière lui et vit ses deux autres collègues se relever rapidement pour le rejoindre mais en portant son regard vers le haut de la pente, il y vit l’Indominus. Quand il la vit commencer à descendre la pente à son tour, il laissa échapper un juron et lui, Tian et Turner détalèrent vers les bambous où ils comptaient semer le dinosaure.
Ils n’osaient pas regarder derrière eux mais ils entendaient la terre glisser en abondance et à peine s’enfoncèrent-ils d’une douzaine de mètres dans le bosquet que le dinosaure vint percuter de plein fouet les premières rangées de bambous en un grand fracas et des éclats volèrent jusqu’à eux. En très peu de temps, elle fut pratiquement sur eux et sans les bambous à travers lesquels elle devait forcer son passage, elle les aurait déjà rattrapés.
Ils évitèrent in-extremis un coup de langue et le trio se sépara pour maximiser leurs chances, Tian et Turner d’un côté et Baker de l’autre. Slalomant pour éviter les attaques, ils continuèrent ainsi jusqu’à l’autre côté du bosquet mais là, Baker regarda autour de lui pour voir où étaient ses deux camarades mais l’inquiétude le gagna plus encore quand il ne les vit pas.
Derrière lui, il entendait l’I.rex grogner avec fureur alors que les bambous se faisait de étaient de plus en plus rapprochés à mesure que la pente s’adoucissait, jusqu’à former une véritable palissade qui allait entraver le dinosaure pendant quelques instants, laissant Baker creuser une distance considérable entre elle et lui.
Baker se faufila entre les derniers bambous et fonça droit devant sans se retourner.
A sa gauche plus loin, il vit le groupe de Brunet et redoubla d’effort pour les rattraper. Sur son chemin, les troncs, racines et rochers qui jonchaient ça et là le sol le soumirent à un véritable parcours d’obstacle, le forçant à sauter par-dessus eux en de nombreuses occasions ou à passer dessous dans certains cas.
Derrière, l’I.rex venait de percer la muraille de bambous et s’efforçait de gagner en vitesse.
A deux douzaines de mètres de Baker, Brunet et les autres passèrent sous un tronc couché en oblique au-dessus de leur chemin et parvinrent en vue de la lisière, située au-delà d’un rideau de fourrés. Sur leur passage, ils dispersèrent quelques Yinlong qui jusque-là, étaient occupés à remuer tranquillement les feuilles mortes à la recherche de nourriture.
Baker arriva au tronc, courut le long de celui-ci, bondit sur le chemin et sprinta pour rattraper ses collègues.
Il vit Ramirez s’arrêter pour savoir quelle distance les séparait de l’I.rex et entendant celle-ci se rapprocher rapidement, il sut qu’elle serait sur eux avant qu’ils puissent tous monter dans l’hélicoptère. Un air résolu se dessina sur son visage et il saisit son fusil d’assaut, le braquant en direction des arbres en train de se coucher.
- Casses-toi, pauvre fou ! Casses-toi ! Sauves ta peau, merde ! Lui hurla Baker.
Mais Ramirez ne l’écouta pas et tint fermement sa position, prêt à en découdre.
Baker le dépassa sans insister davantage et réussit à rejoindre les autres alors qu’ils traversaient les fourrés. Un bruit de pales en train de tourner de plus en plus vite leur parvint.
Ils virent le Pegasus, posé au milieu de clairière et se préparant à décoller. A côté de l’hélicoptère, il y avait Benedek, un rôdeur hongrois affecté en tant que tireur embarqué, en train de leur faire de grands signes, les enjoignant à se dépêcher.
Les survivants se lancèrent dans une dernière course effrénée vers l’hélicoptère à travers de hautes herbes mouillées tandis que l’orage battait son plein.
- Où sont Mei et Gareth ? Demanda Velasquez.
- Je les ais perdus ! Répondit Baker.
- On ne peut pas…
De puissants coups de feu retentirent dans la jungle derrière eux, avant d’être suivis de grognements furieux.
- Magnez-vous ! Rugit Brunet.
A contrecœur, ils durent se résoudre à abandonner les deux gardes manquants. D’autres coups de feu se firent entendre.
Drekanson arriva le premier à l’hélicoptère mais il ne monta pas tout de suite et aida ceux qui le suivirent à monter dans l’appareil tandis que les derniers arrivaient.
- Où sont les autres ? Demanda Laurence depuis le cockpit.
Dans la jungle, les coups de feu se turent tout à coup. Ramirez venait de tomber.
- C’est tout ce qu’il reste. Lui cria Drekanson. Sors-nous de là !
- Alors accrochez-vous ! Ça risque de secouer !
Lorsqu’il n’eut plus un autre survivant en dehors de l’hélicoptère, Brunet monta à son tour mais ce fut à ce même moment que l’I.rex émergea de la jungle, chargeant à toute vitesse vers l’hélicoptère.
- Oh putain ! S’exclama Laurence complètement terrifiée.
L’appareil décolla soudainement du sol, laissant les jambes de Brunet ballotter dans le vide, et entreprit de tourner le plus vite possible. Pendant ce temps, l’Indominus couvrait la distance la séparant de ses proies à une vitesse effroyable.
On tira Brunet vers l’intérieur de l’habitacle et ce fut de justesse que ses pieds échappèrent aux mâchoires du monstre mais l’I.rex ne comptait pas les laisser s’enfuir de la sorte et elle frappa avec force le Pegasus de sa tête, déstabilisant ses passagers qui, n’ayant pas eu le temps de mettre leurs ceintures, s’accrochèrent à tout ce qu’il pouvaient. Ils n’avaient pas eu non plus le temps de fermer la porte de l’habitacle, ce qui faisait que leur poursuivante pouvait très bien introduire sa tête dans l’appareil. Darbinian, à l’opposé de la porte, s’en rendit compte :
- Fermez la porte ! Cria-elle d’une voix paniquée.
Baker étant le plus proche de la poignée, ce fut naturellement qu’il se jeta vers celle-ci pour la coulisser mais alors qu’elle était fermée à trois quarts, il se raidit : L’I.rex venait de transpercer son ventre de sa langue.
Baker s’affaissa et avant qu’on puisse le rattraper, son corps tomba de l’hélicoptère par la porte entrouverte, et chuta dans l’herbe de la clairière sous les yeux impuissants de ses collègues alors que le Pegasus gagnait en hauteur.
Benedek vint refermer la porte et les survivants en état de choc se laissèrent tomber dans les sièges.
En voyant l’hélicoptère lui échapper, l’Indominus lança un rugissement de défiance si puissant que, selon plusieurs témoignages recueillis par la suite, qu’il fut entendu jusqu’au village des employés ainsi qu’à la croisière de la jungle, pourtant à plusieurs kilomètres de là. Puis, sans prêter la moindre attention au corps de Baker, elle se détourna pour s’évanouir dans la jungle embrumée.
Le Pegasus, volant vers le sud pour retourner à la caserne, passa au-dessus du Lac Épouvantable. Laurence se retourna brièvement pour voir qui était parvenu à monter à bord. En ne voyant pas Hamada parmi les survivants, elle demanda :
- Où est Katashi ?
- Il est tombé. Répondit Drekanson.
Laurence n’en demanda pas davantage et préféra se contenter sur le pilotage de l’appareil mais ceux assis le plus près du cockpit virent au travers du reflet dans le pare-brise que des larmes coulaient de ses joues.
Ils passèrent entre le village safari désert et les champs centraux. Là, les dinosaures de la réserve s’étaient regroupés en grand nombre, beaucoup pour certains à la lisière de la jungle pour aller s’abriter de la pluie si besoin tandis que du nord, quelques hardes continuaient d’affluer, abandonnant leurs territoires et zones de nourrissages habituelles dans la verte vallée de l’Etreinte ou sur le Plateau pour se lancer dans un exode vers le sud.
La radio de Brunet reçut un appel.
- Lieutenant ? Vous me recevez Lieutenant ? C’est Rössler.
- Je vous reçois Rössler. Répondit Brunet. Où êtes-vous ?
- Sur la route. Répondit l’allemande. Cole, Holmund et Maathai sont avec moi. Combien de survivants de votre côté ?
- Seulement Leif, Nataliya, Durant et Velasquez ont réussi à remonter bord.
- Cela fait…
- Seize morts, en incluant Hamada et l’équipe de Sandros. Confirma Bradford dans l’intercom de l’appareil.
Les survivants se regardèrent les uns les autres d’un air atterré.
- Tian et Turner sont toujours en vie. Ainsi que le sergent Bellamy... Leur apprit le technicien.
Les yeux de Velasquez s’illuminèrent d’une mince lueur d’espoir en entendant cette nouvelle.
- Il faut faire demi-tour ! Supplia-il ses collègues.
- Si on y retourne maintenant, l’I.rex nous aura. Aussi sûr que la Mort. Dissuada Drekanson.
- Patience est en vie ? Réalisa Darbinian d’un coup. Le coup qu’elle s’est pris aurait dû lui briser le dos.
- Oui, mais ses signes vitaux sont faibles. Lui précisa Bradford.
- Combien de temps pour rassembler une expédition de sauvetage lourdement armée et revenir sur les lieux ? Demanda Brunet.
- Plus d’une demi-heure dans tous les cas. Répondit le technicien. Peut-être plus car il faut rappeler des hommes occupés avec l’évacuation ou les patrouilles. Et les véhicules laissés au-dessus de la combe doivent être récupérés d’abord.
- J’y emmènerais ceux qui se porteront volontaires. Déclara Laurence entre deux reniflements.
- Que ces efforts ne soient pas vains…Marmonna Brunet.
Devant eux, au-delà du Long Lac, les toits du village des employés commençaient à se dessiner au milieu de la jungle et la caserne en vue un peu en retrait, Laurence commença à amorcer la descente.
L’hélicoptère se posa sur le tarmac et ils en sortirent l’air abattu, traînant leurs armes et marchant lentement en direction des garages d’où quelques gardes sortirent pour accourir vers eux.
Mais à peine les survivants eurent-ils fait quelque pas que le chagrin les accabla complètement, et ils pleurèrent longuement : les uns debout et silencieux, les autres assis ou couchés par terre.
Brunet se tenait à l’écart, immobile et regardant en direction du nord. Parmi tout ce qu'il avait vu dans la jungle, une seule chose le hantait : L'image de l'Indominus camouflée dans le sous-bois, les regardant passer avant d'attaquer au moment opportun. Par un moyen inconnu, elle avait pu changer la couleur de sa peau pendant un temps de manière à se fondre dans la jungle. Du camouflage.
Personne ne leur avait dit que l'Indominus était capable de se camoufler et Dearing elle-même avait conviée les gardes pour les mettre au courant des capacités extraordinaires de la créature alors que celle-ci venait juste de naître.
Alors pourquoi ne leur avait-elle pas mentionné le camouflage ?
Dearing étant quelque part dans la réserve avec Grady selon les dernières nouvelles qu'ils avaient reçus, Brunet songea à l'autre personne fortement impliquée dans sa création. Wu.
Il avait promis plus tôt en plaisantant à moitié qu'ils allaient lui rendre visite. Brunet comptait désormais accomplir cette promesse et sans prendre le moindre gant. Il était hors de question qu'un autre garde ne meurt parce que ce maudit généticien aux faux airs de Dr No leur cachait des choses. L'usage de la force était à envisager.
Brunet se retourna et ses collègues le virent marcher avec détermination en direction des garages, l’air plus furieux qu’attristé. Laurence, assise jusque-là dans le cockpit en train de sangloter la tête contre le tableau de bord, releva la tête et l’interpella :
- Gilbert ?
Il ne répondit pas et elle descendit de l’appareil, marchant d’un pas rapide pour le rattraper.
- Gilbert ! Où vas-tu ?
- Obtenir des réponses !
Laurence ne le retint pas davantage et alla plutôt aider Drekanson à relever Durant qui était couchée en position fœtale pour l’emmener à l’intérieur.
Brunet alla d’abord à l’armurerie pour déposer son fusil à pompe et son sabre. Alors qu’il posait ses armes sur une table dans un coin sans compter les nettoyer pour le moment, Darbinian entra à son tour en reniflant pour faire de même avec les siennes.
- Je vous accompagne. Dit-elle, se doutant de ses intentions.
Alors qu’elle s’apprêtait à déposer son poignard et son semi-automatique, Brunet vint poser sa main sur son épaule.
- Gardez-les. Lui dit-il à voix basse.
En regardant au niveau de sa ceinture, Darbinian vit que Brunet avait gardé son pistolet.
Brunet alla chercher la clé de l’une des Jeep et ils retournèrent dans le garage pour monter en voiture.
Quand la jeep dans laquelle Brunet et Darbinian se trouvaient descendit la route menant à la porte de la caserne, Laurence et Drekanson ne purent s’empêcher de lui jeter un regard concerné, appréhendant ce que leurs deux collègues s’apprêtaient à faire.


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#89 26-12-2017 18:56:37

Spyrex
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Je n'ai pas tout lu (pas eu le temps) mais c'est vachement gore dis donc, le coup de la langue qui transperce le ventre, toussa. glasses
Attention aux quelques erreurs de conjugaison, c'est "il parcourut" au passé simple et non "il parcourra", attention aussi aux "malgré que". ^^


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#90 26-12-2017 23:21:03

JurassicOne
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Spyrex a écrit :

c'est vachement gore dis donc, le coup de la langue qui transperce le ventre, toussa. glasses

Il avait prévenu que ça serait vachement gore !  yikes
Mais p****n, qu'est-ce qu'elle est émouvante la partie où le groupe découvrent les touristes morts. 
Et p****n qu'elle est triste la partie avec le gamin gravement blessé. cry
En fait c'est tout le chapitre qui provoque une foule d'émotions. Tu décris les évènements d'une manière si réaliste ! Pour ma part, j'étais complètement dedans, comme si j'étais réellement à la place des personnages.

Dernière modification par JurassicOne (27-12-2017 11:06:55)


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#91 03-01-2018 11:32:27

The Geeky Zoologist
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Salutations chers lecteurs,

Tout d'abord, laissez-moi vous souhaitez mes meilleurs vœux pour l'année 2018 et j'espère que vous avez passé un bon nouvel an.
Aujourd'hui, je mets en ligne la troisième et dernière partie d'Un Festin pour les Urubus et vous donne quelques informations sur la suite de la fic.
Le prochain chapitre, dans lequel vous découvrirez enfin à quoi ressemble ma version de l'Indominus, marquera la fin de ce que j’appellerai le Livre I. En gros, j'ai décidé de prendre exemple sur le système que Tolkien a adopté sur le SDA et ainsi, j'ai divisé ma fic en deux "Livres" numérotés, le premier s'arrêtant à un moment charnier du récit où la situation sur Isla Nublar bascule définitivement.
Après avoir terminé ce dernier chapitre du Livre I auquel je n'ai pas encore trouvé de nom, je retravaillerais mes premiers chapitres pour les harmoniser avec le reste et effectuer des ajouts, corriger des incohérences... (tyeo 30 a déjà pu découvrir la nouvelle version du Prologue et du premier chapitre, je peux les envoyer à qui le souhaite) et une fois cela terminé, je mettrais en ligne l'ensemble du Livre I sous forme de PDF pour une lecture facilitée.
Quant à cette troisième partie du chapitre Un Festin pour les Urubus, elle contient ce qui est moi la scène la plus choquante de tout le chapitre, voir de tout le récit jusque-là de par son caractère inédit et brutal dans la saga. Je ne vous en dit pas plus et vous laisse découvrir ça par vous-même.

Bonne lecture,

                                                                   Un Festin pour les Urubus
                                                                               (partie 3/3)

Henry Wu avait quitté la salle de contrôle dès lors que les gardes avaient retrouvés leurs collègues empalés dans l’arbre. Les images retransmises lui étaient si difficiles à supporter qu’il avait immédiatement détourné le regard. Les pauvres techniciens contraints de regarder ces images atroces furent si chamboulés que l’un d’eux avait saisi la poubelle la plus proche pour vomir, ce qui donna à Wu l’envie de partir précipitamment et Hoskins et Masrani crurent qu’il était parti aux toilettes.
Vingt-trois ans plus tôt, Wu avait quitté Nublar avec la plupart des employés de Jurassic Park le jour même de l’incident et lors de l’époque de la construction, alors que les dinosaures carnivores attaquaient de manière répétée les chantiers et les équipes d’InGen, il travaillait à l’usine de San Diego, occupé à recréer de nouvelles espèces pour Jurassic World. Ainsi il n’avait pas connu les évènements survenus sur l’île en ces temps-là mais la vue des corps dans l’arbre en proie aux urubus sur le grand écran de la salle de contrôle avait ramené d’autres terribles souvenirs, datant eux de novembre 1994.
Peter Ludlow l’avait envoyé, lui et une expédition, dans les installations abandonnées de Jurassic Park pour récupérer tout ce qu’il y avait de valeur, le matériel des laboratoires et de la salle de contrôle plus en particulier, ainsi que pour faire un état des lieux des animaux survivants, de déterminer les raisons de l’échec de la solution lysine, de compter les nids et de prélever des œufs. Mais à peine deux jours après leur arrivée que les carnivores revenus à l'état sauvage, y compris la même T.rex qui coulait ses vieux jours entre les murs du T.rex Kingdom, les attaquèrent et les traquèrent dans toute l’île. L’expédition tourna au fiasco et perdit bien des membres et Wu avait échappé à la mort de près plusieurs fois, provoquant chez lui peu après des troubles de stress post-traumatique qu’il ne parvint à vaincre qu'au bout de plusieurs années de thérapie chez une psychologue que Ludlow lui avait recommandé. Wu était toujours en contact avec elle d’ailleurs, lui ayant même souhaité des joyeuses fêtes de fin d’année quelques jours plus tôt.
Mais là, la veille de Noël 2017, le cauchemar avait recommencé, cette fois-ci sous la forme de l’Indominus qui ne laissait que cadavres et chaos dans son sillage. Même en sécurité dans le bâtiment administratif à des kilomètres de la zone écumée par la chimère, Wu ne s’était pas totalement sentit en sécurité et il comprit alors ce que ses collègues de Jurassic Park, Ray Arnold et Robert Muldoon, ainsi que John Hammond avait ressenti en regardant impuissant le parc échapper à leur contrôle sur les écrans de la salle de contrôle alors que le groupe sensé avaliser le parc était dehors, livré aux dinosaures. Il se demanda ce qui lui serait arrivé s’il était resté avec eux. Aurait-il connu le même sort horrible que les deux premiers, c’est-à-dire dévoré par le raptor surnommé La Grande et ses deux congénères ?
Les enjeux étaient également plus importants qu’à l’époque. Il y avait plus de vingt-mille personnes sur l’île et non plus une poignée tandis que les animaux étaient encore plus nombreux qu’alors, sans compter que le volcan, à la source de leur principale source d’énergie, était en train de se réveiller. Si le sort décidait de se liguer contre eux dans le pire concours de circonstances qui soit, alors la situation pouvait dégénérer en une catastrophe telle que l’île n’en avait jamais connu, surpassant même en terme d'impacts la ruine de la colonie de San Fernandez à la fin du XVIème siècle.
Wu avait préféré de ne pas trop tenter le Diable et au lieu de rester sur l’île plus longtemps, il avait foncé directement à son domicile de fonction, une maison située dans la même rue que celle de Dearing et semblable à celle-ci, bien que plus petite, pour faire ses bagages. Il comptait partir le plus vite possible et prendre le prochain bateau pour le continent.
Alors qu’il était en train de faire sa valise, quelqu’un vint frapper à la porte. Il sursauta.
- Oui ?
On ne lui répondit pas et se contenta de continuer à frapper. 
- J’arrive !
Circonspect, Wu se leva et se dirigea vers la porte.
- Que voulez-vous ?
On avait arrêté de frapper mais l’autre côté de la porte était silencieux, comme si le visiteur était partit. Wu sortit la clé de sa poche et commença à ouvrir fébrilement et lentement la porte. Au travers de la porte entrouverte, il vit le lieutenant Brunet le caporal Darbinian se tenant fermement sous le porche, les habits détrempés et sales,  la mine hargneuse et le visage couvert de boue, de sang et de sueur. Il ne pouvait y avoir qu’une seule raison à leur venue soudaine : ses collègues venaient de se faire massacrer par sa dernière création et ils étaient directement venus le voir pour lui soutirer des informations.
Il craignit alors pour sa sécurité et sans perdre un instant de plus, il voulut leur refermer la porte au visage mais le pied du français vint s’interposer entre le battant et le cadre. Brunet repoussa la porte et il entra sans prononcer un mot, suivi de Darbinian.
- Arrière ou j’appelle la sécurité ! Menaça Wu, effrayé.
- Essayez-donc ! Lui lança Darbinian.
Tout en reculant en direction de la cuisine, Wu sortit son portable pour composer le numéro de la sécurité mais il eut à peine baissé le regard une seconde pour regarder son écran que Darbinian bondit vers lui avec l’agilité d’un félin pour lui ravir son téléphone des mains. Wu n’eut pas le temps de lutter et à l’ instant où il reprit ses esprits, la russe fouillait déjà les poches de son jean à la recherche de la clé de la maison. Il la repoussa violemment mais il abandonna tout espoir de fuite lorsqu’il vit qu’elle avait sa clé dans la main. Darbinian la jeta à Brunet qui referma la porte derrière lui avant de poser un regard noir sur le généticien :
- Professeur Wu, vous allez avoir une petite discussion avec nous ! Annonça-il.
Tandis que Brunet marchait vers la cuisine, Darbinian intima Wu de s’asseoir à la table du salon avant qu’elle ne s’asseye à côté de lui, ne le quittant pas du regard. Wu observa que bien qu’ils aient laissés leurs armes principales à la caserne, le caporal Darbinian avait toujours son semi-automatique et son poignard. S’il arrivait à saisir l’un ou l’autre, il serait peut-être…
- Ne tentez rien de stupide, professeur ! Le dissuada le français derrière lui, comme s’il avait deviné ses pensées.
Wu jeta un coup d’œil derrière son épaule. Il vit Brunet penché au-dessus de la cafetière automatique sur laquelle il avait posé deux tasses. Non seulement, ils étaient entrés de force chez lui mais ils avaient le culot de se servir en café.
- Le caporal Darbinian pourrait aisément vous assommer avant que votre cul n’ait décollé de cette chaise. Ajouta-il au milieu du bruit produit par la cafetière. Mais rassurez-vous, nous sommes entre êtres civilisés. Votre joli parquet devrait rester tel quel d’ici la fin de notre conversation.
Wu regarda son parquet. Il constata que les rangers avaient laissé des traces de boues sur leur passage.
- Mon parquet n’est plus si joli depuis que vos bottes ont ramené de la boue. Rétorqua le généticien.
- Oui, en effet. Dit Darbinian. Issue tout droit de la jungle que vous tenez visiblement à éloigner de vous. Qu’est-ce qui vous effraie chez elle ? L’humidité ? La saleté ? Les bêtes rampant sur le sol, courant dans les fourrés ou volant dans les airs ? Vos propres créations ? Le chaos qu’elle vous inspire ? Ou tout cela à la fois ?
Elle avait constaté que hormis quelques petites plantes en pot et un jardin bonsaï, la maison de Wu était dépourvue d’éléments naturels. Son jardin n’était qu’un gazon ras et l’intérieur de la maison était impeccablement nettoyé, comme si le but avait été d’enlever toute les impuretés.
Soudain, Wu entendit deux « Ploc » derrière lui : Brunet venait de mettre deux sucres dans son café.
- Nous sommes justes là pour vous poser quelques questions. Dit-celui en venant s’installer en bout de table. De grande importance mais auxquelles il vous suffit juste de nous répondre par des mots.
Brunet  passa la tasse sans sucre à Darbinian.
- Rien de compliqué pour un orateur comme vous. Ajouta-elle.
- Vous jouez à quoi ? Bon flic, mauvais flic ? Demanda Wu.
- Quelque chose comme ça mais manque de bol, vous êtes tombés sur deux mauvais flics. Nous sommes juste différemment mauvais. Répondit Darbinian après avoir avalé une gorgée de café.  Le Lieutenant Brunet a recours à la force brute pour arriver à ses fins, moi je suis plus douce au premier abord mais si de mésaventure, il se trouve que notre entretien soit amené à se prolonger dans des conditions plus déplaisantes, vous découvrirez que je peux me montrer plus insidieuse…
Elle posa sa tasse et s’approcha de l’oreille du généticien.
- et plus cruelle aussi… Lui susurra-elle doucement avant de ramener sa tête en arrière dans un mouvement lent évoquant celui d’un serpent.
- Bon, première question. Fit Brunet. Avez-vous divulgué à la sécurité du parc, incluant la garnison nublarienne de la Garde Grise, la liste de l’intégralité des espèces dont le génome a été utilisé pour fabriquer l’Indominus ?
- Non. Comme je l’avais annoncé dans une interview, je ne divulguerais la liste que dans un article de la revue Nature qui sortira dans quelques mois. Vous étiez censé le savoir, non ? Leur rappela Wu.
- Oui nous le savions ! Rétorqua Brunet sèchement. Mais c’était juste pour voir si vous alliez nous prendre pour des jambons ou non.  Deuxième question. Les espèces que vous ne nous avez pas révélées, quelles sont-elles ? Et pourquoi avez utilisé des parties de leurs génomes respectifs ?
Wu réfléchit un instant, hésitant momentanément à leur donner une réponse.
- Je suppose que vous voulez parler des espèces modernes. Alors nous avons utilisé de l’ADN de Boa constrictor, de cordyle géant, de lézard cornu du Texas, de Gonocephalus liogaster, de gorfou sauteur et de pic à ventre roux. Cita le généticien.
Brunet reposa sa tasse, se cala dans sa chaise et le regarda d’un air stupéfait.
- Autant je peux comprendre le choix du boa constrictor, une sacrée bestiole qui peux avaler de grosses proies en écartant ses mâchoires, ou encore celui du lézard cornu pour l’apparence… mais un gorfou et un pic ?!  C’est une mauvaise blague ? En quoi deux putains de piafs inoffensifs et sans intérêt vous ont servi pour créer l’animal le plus dangereux qu’ai jamais connu l’Homme ?   Et le cordyle et le Gonocephalus, c’est quoi ces trucs ?
A côté de Wu, Darbinian avait pris le portable pour rechercher des photos des animaux mentionnés sur un moteur de recherche.
- Tout comme le lézard cornu du Texas, le gonocéphale a été choisi pour des raisons purement esthétiques, pour améliorer le physique de l’I.rex. Expliqua Wu. C’est également le cas du cordyle géant, ou Smaug giganteus, une espèce de lézard du Kwazulu-Natal dont les écailles épineuses sont remarquables.
Darbinian montra une photo de cordyle géant à Brunet.
- Ça à surtout donné chez elle une queue faisant office de masse d’armes géante capable de réduire un homme en bouillie…Ajouta le français. Passons aux oiseaux.
- Le gorfou a été également en partie sélectionné pour répondre à des besoins esthétiques. Vous conviendrez que ses yeux, rouges comme le sang, ont un petit côté méchant. Dit Wu en gloussant nerveusement.
- Vous avez dit en partie. Quelle est l’autre raison ?
- Comme vous avez dû déjà l’observer par le passé, la gueule de l’I.rex est garnie de structures épineuses dirigées vers l’arrière qui lui aide à avaler ses proies. C’est un héritage du gorfou. Le pic à ventre roux quant à lui, a comme les autres pics, une longue langue munie d’une pointe barbelée lui permettant d’attraper les insectes sous l’écorce.
- Et dans l’histoire, c’est nous qui sommes les insectes…Qu’aviez-vous en tête lorsque vous avez créé ce monstre ? Lui demanda Darbinian sur un ton dégouté.
- Un monstre ? Monstre est un terme relatif. Pour un canari par exemple, un chat est un monstre. L’I.rex n’est pas plus monstrueuse que n’importe quel autre prédateur.
- Pas plus monstrueuse que n’importe quel autre prédateur ? Répéta Darbinian, choquée par ces propos. Allez dire ça aux proches de la quarantaine de personnes qu’elle a tuées aujourd’hui, la plupart massacrés sauvagement !
Wu blêmit en entendant ce nombre élevé. Aucune de ses créations ne s’était montrée aussi mortelle jusqu’à ce jour à échelle individuelle.
- Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’en a même pas dévoré la plupart. Ajouta Brunet. On eut dit davantage l’œuvre d’un seigneur de guerre particulièrement cruel que celle d’un quelconque animal prédateur. Quel genre de créature fait cela ? Les seules à avoisiner des niveaux de barbarie similaires sont les Quetzal. Dieu merci qu’ils soient toujours dans leur volière ceux-là !
- On a déjà observé des chiens errants massacrer tout un poulailler pour le « plaisir ». Dit Wu. La seule chose différencie l’I.rex des autres dinosaures carnivores est que son espèce est totalement artificielle. Je l’ai conçue de A à Z et je peux vous certifier que ce n’est qu’un animal, pas une sorte de dragon tout droit sorti du rêve enfiévré d’un auteur d’héroic-fantasy. Sa physiologie et son comportement peuvent être intégralement expliqué par la science.
- Si c’est le cas, comment expliquez-vous ses capacités de camouflage ?
- Du camouflage vous dîtes ? Cela ne fait aucun sens. Aucune des espèces que je vous ai citées n’en est capable.
- Nous l’avons vu changer de couleur de nos propres yeux. Dans tous les cas, cela expliquerait comment elle a pu franchir sans se faire voir le Limes au travers du portail qu’on a ouvert pour ramener l’ouvrier blessé. Il y a une autre liste n’est-ce pas ? Plus complète et comprenant un animal possédant cette capacité.
- Non. Répondit derechef Wu. Il doit s’agir d’un malheureux effet secondaire…
Darbinian plongea ses yeux dans les siens et le fixa avec le même regard perçant que celui d’un rapace.
- Il ment, j’en suis certaine.
- Nous allons le faire parler. Dit Brunet.
Pris d’effroi par les deux gardes qui n’avaient cessé de le menacer depuis leur irruption chez lui, Wu se leva subitement de sa chaise. Il parvint à échapper à la poigne de Darbinian mais il eut à peine le temps de parcourir quelques mètres que Brunet l’agrippa pour le plaquer violemment contre un mur, une main serrée autour de la gorge du généticien.
- J’ai déjà brisé des hommes bien plus coriaces que vous par le passé, professeur. Ne jouez pas avec moi.
- Il y a d’autres espèces mais je ne peux vous les révéler. C’est un secret industriel d’une compagnie américaine. En le révélant à des étrangers comme vous, je suis passible de passer pour un traître. A la fois aux yeux d’InGen mais aussi à ceux de mon pays. Dit Wu d’une voix étranglée.
Il sentit Brunet relâcher légèrement son étreinte.
- Des étrangers ? Mais Monsieur Wu, nous sommes tous trois des étrangers sur ce sol. Dit-il Ah ces foutus amerloques ! Toujours à se croire au-dessus des autres ! Ajouta-il en français.
Wu entendit Darbinian renchérir quelque chose en russe sur un ton approbateur.
- Vous avez dit aux yeux de votre pays. En quoi une attraction de zoo ayant mal tournée concerne-il les intérêts américains ? Lui demanda-elle. Je suis toute ouïe, cela semble intéressant.
Un tintement de clés se fit entendre à ce moment derrière la porte. Quelqu’un introduisit une copie de la clé de la maison et la porte s’ouvrit brutalement en grand, laissant deux agents de sécurité entrer.
- Lâcher-le immédiatement ! Sommèrent-ils les gardes.
- Sinon quoi ? Rétorqua Brunet sans daigner les regarder.
- Nous utiliserons la force si vous refusez d’obtempérez. 
Les deux agents dégainèrent leurs tasers et les pointèrent sur eux.
- Qu’est-ce que c’est que ce cirque ?! Gronda la voix de Masrani depuis la rue.
Masrani entra dans la maison et fut choqué de voir Wu plaqué contre un mur par Brunet.
- Veuillez lâcher Henry s’il vous plaît ! Pria-il les gardes. Ne m’obligez pas à appeler le commandant Störmer pour qu’il vous fasse mettre aux arrêts.
Brunet lâcha Wu et Darbinian prit la direction de la porte, bousculant de l’épaule l’un des agents.
- Ce n’est que partie remise, Professeur ! Lança-elle au généticien par-dessus son épaule avant de sortir.
Avant de la suivre, Brunet agrippa le bras de Wu et lui murmura :
- Monsieur Wu, un petit conseil. Prenez garde aux dragons, il y en a sur cette île. Et leur fureur couve. Craignez-là.
Masrani regarda les deux soldats passer devant lui et quitter la maison. L’un des agents les suivit jusqu’à leur jeep pour s’assurer à ce qu’ils s’en aillent.
- Ils vous ont blessé ? Demanda Masrani en posant une main sur l’épaule de son ami.
- Heureusement non. Mais ils étaient prêts à le faire. Répondit Wu alors qu’il avait les mains sur les genoux et qu’il reprenait son souffle.
Wu se redressa, repris les tasses sur la table et se dirigea lentement vers l’évier pour y vider leur contenu avant de mettre en marche la théière et de préparer deux nouvelles tasses ainsi que la boîte de sachets de thé.
- Je prends le relai. Dit Masrani à l’agent restant. Merci pour votre intervention.
L’agent prit congé et lorsqu’il quitta la maison, Masrani referma la porte derrière lui.
Après l’embuscade, Masrani avait remarqué que Wu n’était pas revenu à la salle de contrôle et il passa alors aux toilettes pour voir s’il n’y était pas. Trouvant les toilettes vides, il avait alors téléphoné aux laboratoires pour savoir si les laborantins ne l’avaient pas vu depuis. Quand il eut reçu une réponse négative, Masrani avait commencé à s’inquiéter fortement pour son ami.
En revenant à la salle de contrôle, l’un des techniciens l’avait hélé pour lui montrer des images de surveillance sur son écran. Des images provenant du quartier des employés et plus en particulier de la rue où résidaient les cadres du parc, montrant une Jeep de la garde grise garée depuis peu devant le domicile de fonction d’Henry Wu.
Par mesure de prudence, il avait envoyé immédiatement deux agents de sécurité sur les lieux avant de lui-même y aller.
- Je suppose que j’ai intérêt à faire attention à qui j’ouvre la porte après cet incident. S’il faut également se méfier des gens dorénavant sur cette île, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Déclara Wu
Alors qu’il rejoignait la cuisine, Masrani remarqua dans le coin de son regard que la valise de Wu était ouverte au pied de la penderie.
- Quand comptiez-vous partir ?
- A la base, je voulais partir à la fin de la semaine mais je crains que les récents événements m’aient poussé à écourter mon séjour. De toute manière, l’évacuation de l’île semble hautement envisageable et je ne suis d’aucune utilité à la traque de l’Indominus.
- Vous l’avez créé, Henry. Je suis persuadé que vous pouvez réfléchir à un moyen de l’arrêter.
- Et comment ? Si j’avais été physiologiste ou éthologue, j’aurais pu le faire certes mais je suis généticien, Simon. Mon travail la concernant s’est arrêté au moment même où on a pu la mettre au monde, elle et sa sœur. Quand un bâtiment prend feu, son architecte ne peut rien y faire.
- Pourtant l’architecte est convoqué quand c’est le cas, ou du moins après l’incendie, pour voir si la manière dont le bâtiment a été bâtit ou si les matériaux utilisés ont favorisés la propagation de l’incendie ou sa création.  Il arrive aussi parfois que l’architecte dissimule des secrets dans son œuvre.
Wu se retourna et regarda Masrani en écarquillant légèrement les yeux de surprise.
- Insinuerez-vous que je vous ais caché des choses ?
- Pas nécessairement, répondit Masrani, pas de votre plein gré en tout cas. Mais si vous nous révéliez tout au sujet de l’Indominus, comme l’intégralité de sa composition, cela pourrait nous être bien utile.
- Et en quoi ça va faire avancer les choses ? Connaître son génome ne vas pas l’arrêter.
- Non en effet, mais les personnes chargées de la stopper pourront être mieux préparées en ayant connaissance de ces informations. C’est à cause de ce manque de communication que de braves soldats sont tombés aujourd’hui. Vous ne pouvez les ramener de l’au-delà mais en nous aidant, vous contribuerez à sauver d’autres vies.
- J’ai conscience des conséquences de mes actes et j’essaie de les assumer au mieux mais je regrette, malgré tout le respect que je vous dois, je ne peux révéler vous révéler ces informations comme ça.
Wu se retourna et parcourrut la maison du regard d’un air méfiant.
- Au sein de nos propres murs, des petits oiseaux ne cessent de murmurer à l’oreille de nos concurrents des détails concernant cet endroit et sur ce que nous faisons. Ajouta-il. Vous avez vu les problèmes que provoque cet animal : Imaginez un instant que la carte de son génome tombe entre de mauvaises mains.  C’est pour ça que je dois protéger mes travaux à tout prix.
- Je le sais mais des vies sont en jeu ! Insista Masrani. Rien ne vous oblige à nous montrer l’intégralité de vos travaux. J’ai juste besoin de la liste complète des espèces.
- Très bien.
Wu retourna dans la cuisine et rouvrit le même placard où il avait pris la boîte de thé. Il en sortit une autre pour en fouiller le fond et quand il eut fini de faire cela, Masrani vit qu’il avait une clé en main. Le généticien s’avança jusqu’à son bureau et s’accroupit pour ouvrir le tiroir du haut avec sa clé. Quelques secondes plus tard, il en sortit une feuille qu’il tendit à Masrani. Celui-ci la saisit et l’inspecta avec intérêt.

INGEN : Liste des espèces donneuses pour le projet I.rex 
-    Giganotosaurus carolinii
-    Megaraptor namunhuaiquii
-    Carnotaurus sastrei

-    Majungasaurus crenatissimus
-     Proceratosaurus bradleyi
-    Tyrannosaurus rex
-    Eudyptes chrysocome
-    Melanerpes carolinus

-    Kaprosuchus saharicus
-    Boa constrictor
-    Smaug giganteus
-    Phrynosoma cornutum
-    Gonocephalus liogaster

- Cette liste me dit quelque chose. Fit Masrani, songeur. Ne me l’auriez-vous pas déjà envoyée il y a un ou deux ans de cela ?
- Exact. Pour que vous nous donniez votre feu vert avant que l’on se mette à créer des embryons. C’est cette même liste qui figurera, du moins qui aurait dû figurer dans le communiqué officiel de l’inauguration et l’article de Nature.  Tout à l’heure, j’ai été contraint d’en révéler le contenu aux deux gardes qui m’ont agressé. Par chance, cela m’a permis de gagner un peu de temps.
Ils revinrent s’asseoir dans le salon.
- Les techniciens ont analysé les images de surveillance provenant du seul portail du Limes qui a été ouvert durant le temps que l’I.rex cavalait dans le secteur sept. Ils n’ont rien vu sur la bande alors que tout indiquerait qu’elle serait passée par là. Puis l’embuscade de tout à l’heure a confirmé nos craintes les plus folles : elle est capable de se camoufler. Je ne suis pas zoologiste mais serait-il possible que l’une des espèces de la liste soit dotée de capacités de camouflage, capacité dont l’I.rex aurait héritée ?
- Ils m’ont posé la même question tout à l’heure. Je peux déjà vous certifier qu’aucune des espèces contemporaines citées n’en est capable. Ni le tyrannosaure, le carnotaure ou le kaprosuchus puisque nous élevons ces espèces. Par contre, autant nous possédons du matériel génétique et des embryons des trois espèces préhistoriques restantes mais jamais nous n’en avons mis au monde. On ignore bien des choses sur elles. Il n’est pas impossible par exemple que le majungasaure ait été doté de capacités de camouflage similaires à celle du caméléon puisque rien dans le registre fossile ne nous indique le contraire. Les chromatophores ne se fossilisent pas après tout.
Wu vit que Masrani le regardait d’un air dubitatif.
- Ça semble difficile à concevoir je sais mais que voulez-vous, la nature est pleine de surprises comme je l’ai appris à mes dépens avec cette vieille histoire de grenouille africaine. Dit-il en lâchant un petit rire.  Le choix du giganotosaure, du majungasaure et du megaraptor s’est effectué principalement à partir de ce que nous savons d’eux du registre fossile, c’est-à-dire leur taille pour le premier et les particularités anatomiques pour les deux autres. J’aurais aimé à ce qu’on en élève en coulisses pour s’assurer à ce qu’on n’ait pas de mauvaises surprises mais les délais imposés ne nous ont pas permis cela.
- Ainsi donc vous insinuez que ce serait de ma faute ? Demanda Masrani sur un ton déçu. Déjà que j’ai la mauvaise impression que vous me menez en bateau avec votre histoire de majungasaure caméléon…
- Je dois me montrer franc mais vous avez votre part de responsabilité oui, puisque vous vouliez absolument une attraction totalement inédite pour les treize ans du parc. Vous étiez prêts à dépenser sans compter pour celle-ci mais ce n’était pas les moyens qui nous manquaient, non, c’était le temps. Vous ne nous avez donné que trois ans pour concevoir l’Indominus, la mettre au monde et la faire grandir de manière à ce qu’elle ait été adulte lors de l’ouverture du Colisée.  A cause du temps limité dont nous disposions, nous avons été forcés à négliger certains protocoles de sécurité et à brûler les étapes que j’ai citées. Si vous vouliez tant avoir une chimère, vous auriez pu commencer par nous demander de concevoir un herbivore ou un prédateur de taille plus modeste qui auraient été plus faciles à gérer mais non vous m’avez demandé quelque chose de plus gros, plus bruyant, plus de dents, plus cool pour citer votre mémo résumant le maudit cahier des charges que vous et Dearing m’avez imposé et contre lequel j’ai dû ruser pour faire les choses comme je l’entendais. Ne soyez pas surpris de mon emportement à ce sujet car vous ignorez à quel point c’est insultant pour un créateur chevronné avec des décennies d’expérience à ce qu’une cadre d’à peine plus de trente ans vienne lui dire comment faire son travail.
- Claire a dépassé les bornes aujourd’hui mais ce n’est pas d’elle dont il est question !
- Mais bien sûr que si ! C’est elle qui a fait basculer le destin de Jurassic World en embrassant votre folie des grandeurs au lieu de la freiner et de la diriger vers des objectifs plus réalistes, qui nous a poussés à faire de l’I.rex le prédateur le plus redoutable ayant existé et dans quel but ? Pour ne combler que durant un temps son ambition insatiable. Tout ce qui arrive en ce moment est de sa faute. Elle a semé le vent, qu’elle récolte la tempête !
- Cessez de me prendre pour un imbécile ! Répliqua Masrani sèchement. Je vois bien que vous essayiez de vous donner bonne conscience en tentant de persuader vous-même que ce n’est pas votre faute mais la mienne et celle de Claire.
- Tout ce que j’ai fait c’est répondre à votre commande. Regardez-vous ! Vous vous comportez comme un enfant qui, à peine quelques jours après Noël, ne veut plus de son nouveau jouet pour lequel il avait harcelé ses parents.
Masrani, accablé par l’attitude de Wu, secoua la tête.
- Que dirais John s’il vous voyait maintenant ?
- Non que dirait-il s’il vous voyait ? Le prétendu gardien de son rêve. Il vous a accordé sa confiance pour en prendre soin et qu’en avez-vous fait ? Vous l’avez vendu ! Vendu comme s’il s’agissait d’une catin que l’on envoie faire le tapin sur la place publique. Vendu à tous les requins corporatistes passant à portée tout en s’enrichissant en son nom et en rassurant le public avec des discours de bonimenteur. J’en viens même à repenser à la véritable valeur du testament que vous m’avez montré. Après tout, John était au seuil de la mort quand il l’a fait écrire. Je crains que son esprit n’ait plus été des plus lucides à ce moment.
Masrani frappa violemment la table de la paume de sa main.
- Silence ! J’en ai plus qu’assez de vos affronts !
Il se renfonça dans sa chaise et reprit, d’une voix plus calme mais toujours menaçante.
- Quand nous aurons repris le contrôle, je vais convoquer le Conseil d’Administration d’InGen pour leur proposer votre licenciement. Annonça-il.
La tête baissée, Wu prit une profonde inspiration avant de lever les yeux vers Masrani et de le défier du regard.
- Vous souhaitez vous débarrasser de moi ? Le choix vous appartient. Après tout il y a une demi-douzaine de compagnies rivales qui se battraient pour s’arracher mes services. Dit-il. Mais je suis loyal envers InGen, je l’ai toujours été. Proposez donc mon licenciement, je n’ai pas peur car le Conseil me soutiendra.
- Je vous rappelle que c’est moi qui ait sortit InGen de la crise, rappela Masrani, et je peux très bien l’y replonger. Mon empire est vaste, elle n’est qu’un vassal parmi tant d’autres. Si j’ai acquis cette compagnie, je ne l’ai fait que pour Hammond et si je me soucie de ce parc, c’est par respect envers son rêve et pour ne pas rendre vains les efforts accomplis par beaucoup, y compris moi-même. Je doute que le Conseil souhaite qu’InGen soit privée des avantages qu’il y à être dans le giron de Masrani Global. Il agira dans ses intérêts, quitte à faire certains sacrifices difficiles. Vous serez mis au courant en temps et en heure de leur décision. Pour le moment, je vous interdit de quitter l'île tant que la situation n'est pas réglée !
Sur ce, Masrani se leva et sortit de la maison en claquant la porte, laissant Wu seul avec deux tasses de thé entières sur la table.
Il laissa tomber sa tête entre ses mains, la secouant pendant un petit moment, puis, dans un accès de colère, envoya voler les deux tasses par terre d’un brusque revers du bras. Les tasses se brisèrent en heurtant le sol et leur contenu se répandit sur le parquet, soulevant un soupir de frustration de la part de Wu.
Quelques instants plus tard, il se leva pour ouvrir les fenêtres afin d’évacuer l’odeur de mort que les gardes avaient apportés avec eux.

Hamada fut réveillé par des pépiements. Il ne sentait plus les gouttes de pluie lui frapper le visage et le concert lancinant des grenouilles et des cigales avait repris tandis que les buissons bruissaient.
En ouvrant lentement les yeux, il sut qu’il était allongé sur le dos et vit qu’entre les cimes des cyprès, le ciel était toujours sombre et de grands oiseaux au plumage sombre y tournaient en cercle. Le tonnerre continuant à gronder, Hamada pensa qu’il ne devait s’agir que d’une accalmie et l’orage devait être en train de tourner.
Il se sentait épuisé, terriblement épuisé, et ne parvint qu’à relever légèrement la tête avec difficulté pour balayer les environs du regard.
Tout autour de lui, les charognards étaient revenus pour se repaître des corps, touristes et gardes confondus. Les pépiements étaient ceux de Compsognathus, les mêmes qui les avaient regardé se faire massacrer. Il y en avait à quelques mètres devant, déchiquetant le visage de l’un de ses collègues tandis qu’à sa droite, un urubu lui montrait son dos et avait introduit sa tête et une partie de son cou dans l’abdomen de l’un des touristes.
Il pensa alors à ses propres blessures. Il se souvint que l’une des griffes de l’I.rex lui avait tailladé le ventre, lui provoquant une douleur si brûlante que cela l’avait mis à terre et fait évanouir alors qu’il tenait son ventre de la main droite. Il retira lentement celle-ci de la plaie. Son gant était maculé de sang mais il fut relativement soulagé de ne pas voir ses entrailles émerger de la plaie. La blessure semblait plus superficielle qu’il ne l’eut cru mais elle était tout de même étendue et s’était surement déjà infectée. Hors, en pleine jungle, personne ne survivait à une infection non traitée.
Ne sachant pas quand les secours allaient arriver, à la condition qu’il y en ait d’envoyés, Hamada songea à se mettre à l’abri, quitte à ramper s’il était trop faible pour marcher.
Il tenta de lever les bras pour s’accouder mais en s’appuyant sur son coude gauche, il sentit une douleur vive mêlée à une sensation de fort engourdissement de l’avant-bras jusqu’aux bouts des doigts. Elle fut telle qu’il retomba en arrière en haletant.
Hamada regarda son bras gauche et fut horrifié de voir que l’avant-bras et la main avait été complètement broyés et réduits à un amas de tissus, d’os brisés et de chair sanguinolente dans laquelle s’étaient mêlés les composants électroniques de la smartwatch. L’Indominus avait dû lui marcher dessus alors qu’il était inconscient.
Le pire dans tout ça était la destruction de la smartwatch. Celle-ci ne pouvait plus capter ses signes vitaux et les gardes avaient vu leur capitaine tomber. A leurs yeux et à ceux de la salle de contrôle, il avait été tué. S’il n’y avait pas d’autres survivants dans les parages, il n’avait aucune chance de voir les secours. Ne pouvant pas se déplacer, il ne lui restait plus qu’à attendre la mort.
Au-delà de la crique, il vit une créature bipède blanche à l’allure fantomatique le regarder. Elle n’était pas plus grande qu’un cerf et son cou long était surmonté d’une petite tête terminée par un bec : Spectre, la dryosaure leucistique.
Hamada fut surpris de la voir en ce lieu maudit.  Ils ne l’avaient pas vu les suivre depuis leur rencontre au bord du sentier. Pourquoi l’avait-elle fait ?
Sous la fatigue, ses yeux se refermèrent momentanément mais quand il les rouvrit, Spectre avait disparu. Elle s’était évanouie sans un bruit et il se demanda même si elle avait été vraiment là.
Hamada perçut un bruit étrange dans l’air, comme un vrombissement électronique, et une ombre passa au-dessus de lui. Il la suivit du regard et vit le drone noir, celui que le Farfadet avait poursuivi, survoler le charnier lentement, braquant sa caméra sur les corps.
Pourquoi filme-il les corps ?
C’est en pensant à la caméra du drone qu’un espoir jaillit dans son esprit.
Il palpa son casque de la main droite et au toucher, se rendit compte que la caméra semblait intacte. Il bougea alors sa main devant l’objectif et de cette manière, si il y avait quelqu’un en train de regarder la retransmission de sa caméra, celui-ci se rendrait compte qu’Hamada était en vie.
Soudain, les Compsognathus cessèrent de pépier et les charognards autour de lui s’écartèrent de plusieurs mètres, tout comme le drone qui alla se positionner à l’endroit où Spectre se tenait à peine quelques instants plus tôt.
Puis, venant de derrière lui, comme pour annoncer son entrée, l’I.rex émit un petit rugissement dissuasif à l’encontre de tout ce qui se tenait au bord de la crique.
Il sentit le sol vibrer, trembler dans son dos, mais il était trop faible pour réagir, même pour se redresser.
Il eut le temps d’entendre un pied énorme se poser derrière lui, faisant gicler la boue, et l’Indominus émettre une sorte de grognement étouffé. D’un seul coup, l’épuisement eut raison de Katashi Hamada. Ses yeux roulèrent dans ses orbites, il perdit connaissance et un souffle chaud, humide et nauséabond vint l’envelopper.

Tian et Turner se relevèrent en frissonnant et nettoyèrent leurs mains et leurs visages couverts de boue. Ils venaient de passer un long quart d’heure extrêmement pénible, dissimulés entre de gros rochers à flanc de colline, en contrebas des bambous. Cette cachette ne valait pas grand-chose, mais ils avaient cédé à la panique et perdu leurs clarté d’esprit. Ils étaient restés longtemps allongés dans la boue froide en essayant de recouvrer leur sang-froid, mais sans pouvoir chasser de leur esprit l’image de l’Indominus. D’elle massacrant le peloton. Tentant de les attraper au milieu des bambous…
Ils ne se souvenaient plus très bien de ce qui s’était passé ensuite. Ils se rappelèrent seulement que l’I.rex avait cessé de les poursuivre eux, s’étant probablement concentrée sur Baker.
Mais incapables de s’arrêter, ils avaient continué de courir à toutes jambes et Turner perdit son casque lors de leur course effrénée. De l’autre côté du bosquet de bambous, à cent trente mètres de l’endroit où avaient surgit Baker puis l’Indominus, ils avaient perdu l’équilibre et dévalé la pente avant de se retrouver assis par terre, au milieu des gros rochers. Leur première pensée avait été de se glisser entre les rochers pour se mettre à l’abri et c’est ce qu’ils avaient faits, haletant, terrifiés, obsédés par l’idée d’échapper au dinosaure. Et quand, après être restés un moment coincés comme des rats entre les blocs de pierre, ils avaient réussis à se calmer un peu, ils s’étaient demandés si Baker avait pu rejoindre le Pegasus. Ils avaient vu l’hélicoptère passer au-dessus d’eux et quand l’I.rex s’était mis à rugir, ils s’étaient bouchés les oreilles tellement que le rugissement était assourdissant. Le cri était si terrible et angoissant qu’il avait semblé provenir d’un autre monde et que c’était un dragon très puissant ou un Kaijū tel que Godzilla qui l’avait poussé. Dans leur état de panique, les deux gardes avaient cru voir les arbres fléchir et sentir la terre gronder, comme si l’île elle-même avait tremblé face à la fureur de l’Indominus.
Après avoir rugit, la chimère avait prit la direction de la crique, en prenant soin cependant de contourner les bambous, ce qui fit qu’ils n’avaient qu’entendu ses pas sur le sol mouillé et vu une vague forme blanchâtre au loin monter la pente. Un peu moins de dix minutes plus tard, ils l’avaient entendu revenir mais pour cette fois-ci continuer plein nord sans s’arrêter. Les gardes ne se posèrent pas de question sur les raisons de cet aller-retour. Pour eux, l’essentiel était qu’elle s’en aille pour qu’ils puissent enfin sortir de leur cachette inconfortable.
La caméra frontale du casque de Tian fonctionnait toujours, ce qui faisait que les techniciens de la salle de contrôle pouvaient avoir une idée d’où ils se trouvaient. Elle et Turner convinrent de revenir vers la piste et de trouver un lieu sûr à proximité d’où ils pourraient attendre les secours.
Ils commencèrent à remonter la pente, se dirigeant vers les bambous et alors qu’ils traversaient ceux-ci, la pluie, suspendue pendant une douzaine de minutes, retomba avec un redoublement de violence.
Au bout de plus de cinq minutes de progression laborieuse dans le bosquet en se tenant fermement aux cannes des bambous pour ne pas glisser, les deux gardes sortirent du bosquet à un jet de pierre de la Jeep accidentée. Ils s’attendaient à trouver le corps de Verplancke étendu devant eux mais à leur grande surprise, tout ce qu’ils virent furent deux grandes empreintes tridactyles parallèles à quelque mètres de l’endroit où Verplancke devait giser. Ils en arrivèrent à la conclusion que l’I.rex était revenue pour emporter la dépouille du belge et le dévorer plus loin.
Alors qu’ils s’apprêtaient à traverser la piste, Turner se figea sur place soudainement et tendit l’oreille. Il avait entendu des bruits provenant des abords de la crique et Tian s’arrêta aussi.
En écoutant, ils parvinrent à discerner leur nature et reconnurent des voix, des voix humaines.
Par mesure de prudence, ils décidèrent d’échanger en chuchotant.
- Tu crois que c’est des secours ? Demanda Turner.
- Je le souhaiterais mais je ne sais pas, il y a un truc qui cloche. Répondit-elle. Ils ont été rapides je trouve, trop même.  Et je ne vois pas de véhicules…
Turner regarda la piste et remarqua que sa collègue avait raison.
- On ne sait pas qui c’est alors faisons profil-bas. Proposa-il.
Tian désigna du regard des buissons plus loin, de l’autre côté de la piste, et suggéra de ramper jusqu’au bord de la crête en étant dissimulés par eux. Turner approuva cette idée.
Ils traversèrent la piste rapidement en balayant les environs d’un regard méfiant et rampèrent comme prévu sous les buissons, jusqu’au bord de la crête.
De là, ils virent neuf individus armés vêtus de tenues de camouflage militaires déambulant au milieu des corps. Leurs visages étaient masqués par des cache-nez semblables à ceux que portent les motards, ne laissant apparaître que leurs yeux. Ils parlaient anglais, dans un accent américain pour la plupart tandis que d’autres avaient des accents plus hispaniques.
Certains des soldats portaient des tenues Ghillie, leur conférant un camouflage hors pair dans un milieu forestier tel que les jungles d’Isla Nublar.
L’un d’eux avait le réceptacle de gaz dans les mains, semblant l’étudier.
- Qui sont ces gars ? Se demanda Tian.
- Je l’ignore.
Au milieu de ces soldats mystérieux, Turner vit une boule noire de la taille d’un ballon de basket voler dans l’air. C’était le drone qu’ils avaient aperçus dans la Combe et qui selon Verplancke, avait peut-être largué le gaz sur eux.
- Regardes, le drone. Fit-il remarquer à sa collègue en pointant l’appareil.
Non loin, l’un des soldats se tenait debout et immobile, le capuchon de sa cape ramené par-dessus de sa tête. A l’approche du drone, il tendit le bras et ouvrit le creux de sa main vers le haut.
Le drone vint se poser dans le gant noir du soldat qui le tint quelques instants de cette manière, l’observant, avant de retirer une carte mémoire de l’appareil et de la confier à l’un de ses compagnons. Tandis qu’il rangeait le drone dans un sac, son collègue inséra la carte dans une tablette tactile.
- Luc avait vu juste. Dit Tian. Ces mecs n’ont pas l’air d’être des amateurs.
Quelques secondes plus tard, on donna la tablette au soldat encapuchonné. Il regarda l’écran, semblant totalement absorbé par ce qu’il voyait.
- Malgré sa nature improvisée, l’essai s’est révélé concluant. L’entendirent-ils dire malgré la distance. Et nous avons ces images pour le prouver. Des images d’une nature épouvantable rarement égalée… Ils seront contents de l’apprendre et dès qu’ils les recevront, alors on aura droit à une belle prime. Notre mission ici est terminée.
Tian et Turner n’en croyaient pas leurs oreilles. Cet homme avait qualifié l’attaque de l’I.rex d’ « essai ». Quel était le sens de ces paroles ?
Puis, Turner fit le lien entre l’attaque, le gaz et le drone. Le gaz ayant une forte odeur de charogne avait imprégné leurs vêtements et ainsi attiré l’Indominus droit sur eux et tandis qu’elle les avait massacré, le drone avait filmé la scène. Le tout constituait une expérience sinistre dont ils venaient d’être les cobayes, mise en place par ces mercenaires. Mais dans quel but ? Et qui en était le commanditaire ?
Davantage de questions lui venaient à l’esprit mais Tian ne souhaitait pas rester là à tenter de comprendre l’intégralité de la situation alors qu’il y avait un risque à ce qu’il se fasse surprendre tôt ou tard.
- On s’est attardés ici trop longtemps. Viens, Gareth.
Alors qu’elle s’apprêtait à ramper en arrière, l’un des mercenaires, masqués à leur vue par un fourré, s’exclama soudain.
- Celle-là vit encore !
Les deux gardes échangèrent un regard surpris. Qui était leur collègue qui vivait encore ?
- Elle est consciente. Ajouta le mercenaire, un jeune homme, guère plus âgé d’une vingtaine d’années songea Turner en entendant le timbre de sa voix.
- Amenez-là. Ordonna le chef.
Deux mercenaires vinrent vers lui en traînant un corps par les bras. Tian et Turner reconnurent les cheveux coupés à ras et la peau d’ébène de la garde.
- Bellamy. Nous ne pouvons pas l’abandonner à ces hommes. Dit Tian.
- Ils nous surpassent en nombre. Lui rappela Turner. La discrétion est notre seule option. Je me démerde sur Assassin’s Creed et Metal Gear mais là, en vrai, ça va être une autre paire de manches. Tu as un plan ?
Le regard de Tian fut attiré par l’un des mercenaires les plus proches d’eux. Il était debout près du pied de la crête près de quelques buissons et il leur tournait le dos.
- Tu vois le gars en bas de la pente qui a le dos tourné. On commence par lui. Il y a quelques années, j’ai été chargée de m’infiltrer dans un bâtiment pour prendre à revers des preneurs d’otages. Je suis toujours là pour en parler alors soyons silencieux et suis mon exemple.
Tian adressa un regard rassurant envers son compagnon.
- On peut le faire. Ajouta-elle d’un ton confiant.
Ils reculèrent de quelques mètres avant de se relever le plus discrètement possible mais en sortant des buissons, Tian alla se jeter droit dans une paire de bras, ceux d’un homme la dépassant d’une tête ou deux et portant une tenue Ghillie, et avant qu’elle ne puisse bondir en arrière, les bras la saisirent.
Turner émergea à son tour en grognant et tira son sabre mais un autre mercenaire, une femme se rendit-il compte quelques instants plus tard en regardant ses yeux, surgit à ce moment dans son dos et le poussa au sol avant de l’y plaquer avec son pied et d’empoigner fermement la main qui tenait le sabre, l’empêchant de bouger. Tian fut jetée à terre et tandis qu’on les maintenait fermement au sol, un troisième mercenaire apparut et vint saisir leurs armes et les fouiller à la recherche de radios, micros et autres moyens de transmission qu’il leur arracha pour les détruire. Même si elle était cassée, il saisit la caméra frontale de Tian et l’écrasa sous sa botte mais étonnamment, il ne leur prit pas leurs smartwatch alors qu'elles étaient toujours fonctionnelles et transmettaient des données à la salle de contrôle.
Une fois la fouille terminée, on les releva brutalement et les trois mercenaires les firent descendre la crête.
A peine quelques secondes s’eurent écoulé depuis que les mercenaires et leurs prisonniers avaient disparus dans la pente que Zach et Gray apparurent à un tournant de la piste à une centaine de mètres de là.
   
    Les deux frères avaient retrouvés la piste deux kilomètres plus tôt et avaient dès lors entrepris de la longer en direction du village, pointé par une petite pancarte fléchée en bois. Tout au long de leur marche, ils étaient restés aux aguets. Un puissant et terrifiant rugissement au nord-est les avait surpris. Ils avaient également entendu peu après le bruit d’un hélicoptère au loin mais celui-ci s’était rapidement évanoui. Qui que c’étaient, ils étaient déjà loin.
En voyant la cime des cyprès à une centaine de mètres devant, Gray reconnut le lieu.
- Je me souviens de cet endroit, on n’est pas loin du rocher en forme de siège. Il doit y avoir encore entre quatre et cinq kilomètres de piste avant de rejoindre le village.
Au bout, un arbre s’était couché en travers de la route mais cela n’inquiéta pas beaucoup les garçons qui continuèrent sur une soixantaine de mètres avant que des bruits rassurants d’un premier abord ne leur parviennent, ceux d’hommes en train de discuter.
- Des secours ! S’exclama Gray d’une petite voix pleine d’espoir.
Zach s’immobilisa sur place, l’air incertain. Quelque chose ne tournait pas rond dans cette partie du parc.
Un silence de mort s’était abattu sur la forêt. Le chant lancinant des cigales et des grenouilles avait brusquement cessé. Seuls des bruissements de feuilles et la plainte du vent dans les arbres étaient perceptibles au milieu du tonnerre.
Gray voulut dire quelque chose, Zach posa un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence, puis il avança lentement la tête pour regarder.
Mais son frère s’élança en avant en direction des voix.
- Viens, Zach. On est enf…
Zach le fit taire en plaquant une main sur sa bouche et l’entraîna vers le tronc le plus proche et le força à s’accroupir au milieu d’épaisses racines aux formes torturées. Gray protesta en se débattant, mais il secoua la tête et tendit le bras pour lui montrer quelque chose.
Il vit une dizaine d’hommes armés en contrebas mais leurs uniformes n’étaient ni ceux de la Garde Grise, ni ceux des agents de sécurité du parc. Ils venaient de l’extérieur de l’île.
Ils se tenaient au bord d’une crique parmi une quinzaine de cadavres, ceux de gardes gris mais aussi de personnes plus familières aux deux garçons : Les passagers du camion qui avaient pu sortir du camion avant que celui-ci ne tombe dans la cuvette.
A en juger par l’état des corps, ils avaient dû tomber sur un dinosaure particulièrement vicieux qui les avait alors mis en pièces et les individus armés n’étaient arrivés qu’après coup. Etre séparés du groupe et emportés en aval par la Bruyante avait sauvé la vie de Zach et Gray.
Descendant la crête, ils virent trois autres personnes en tenues de camouflage, poussant en avant deux gardes en ayant leurs fusils braqués sur eux. 
- Lâchez-nous bande de bâtards ! Vociféra l’un des captifs.
Les deux frères pensèrent d’abord que les individus mystérieux devaient être des braconniers, l’archipel des Cinq Morts ayant connu un phénomène important de braconnage par le passé. Or ils n’avaient jamais entendu parler de cas de braconnage sur Isla Nublar. Les braconniers qu’ils avaient devant eux auraient-ils profité du chaos induit par l’évasion des métriacanthosaures et du grand dinosaure blanc pour agir sans être vus ? Ou, auraient-ils eux-mêmes fait évader les prédateurs pour semer la confusion ?
Les deux gardes qu’ils tenaient en joue avaient dû les surprendre dans leurs méfaits et ils les emmenaient à leurs complices pour décider de ce qu’ils allaient faire d’eux.
Zach étudia les environs. Sur une grande portion de l’endroit où la piste longeait de près le rebord de la crête, il n’y avait aucun obstacle visuel empêchant les braconniers de voir ce qui se passait au niveau de la piste et depuis la capture des deux gardes, ils semblaient être davantage aux aguets.
Ils allaient devoir attendre que les braconniers ne bougent avant de poursuivre leur chemin. Tout en appréhendant fortement ce qu’il risquait d’advenir des deux prisonniers, ils observèrent et écoutèrent la scène.

- Chef ! Nous venons de surprendre ces deux petits dragonnets en train de nous espionner. Annonça celui qui avait saisi Tian en s’adressant à l’homme qui avait récupéré le drone.
Le chef des mercenaires, alors en train de contempler le sabre de Bellamy, se tourna vers eux. Au-dessus de son cache-nez, les recrues virent deux yeux bleus les dévisager d’un air impassible, sans haine apparente. L’homme en question parla d’une voix basse, rauque et tranquille à la fois.
- Vous avez bien pris soin de détruire leurs micros et caméras s’ils en avaient ?
- Affirmatif.
Tian regarda les corps de ses camarades tombés et plus particulièrement les casques. Elle remarqua que les mercenaires avaient arrachés les caméras frontales sur chacun d’entre eux. Elle vit aussi que les corps d’Hamada et de l’une des touristes avaient disparus. Comme pour Verplancke, l’I.rex avait dû les emporter.
L’un des mercenaires, large d’épaules, pourvu d’un petit peu d’embondpoint et le teint basané, s’approcha des deux gardes pour les dévisager. Rangée derrière son dos, ils virent une massue, semblable d’aspect à celles utilisées pendant la première guerre mondiale lors de raids nocturnes dans les tranchées. Il regarda les drapeaux sur leurs épaulières.
- Un rosbif et une chinetoque. Nota-il sur un ton dédaigneux. Je parie que la deuxième est une espionne. Les chinois ne savent faire que ça de toute manière tellement que c’est un peuple de petits sournois.
- Hé ! Mes grands-parents sont nés en Chine je te rappelle alors surveilles ta langue la prochaine fois que tu fais preuve de mépris envers mes origines ! Le mit en garde l’un de ses compagnons que Tian remarqua comme étant bel et bien d’origine asiatique.
- Je ne t’ai pas sonné, Leng. Répliqua sèchement l’autre dans un grognement. 
- Taisez-vous ! Gronda leur chef. Le prochain qui révèle le moindre indice sur son identité ou celle d’un autre de la sorte, je lui saisirais sa prime. Menaça-il.
Bellamy regagnait conscience peu à peu. La chamaillerie entre celui nommé Leng et l’autre mercenaire l’avait réveillée.
Les deux recrues remarquèrent qu’elle avait quelques écorchures et plaies au niveau du visage, très probablement infligées par un ou des Compies qui avaient dû la croire morte.
- Qui êtes-vous ? Demanda Turner aux mercenaires.
- Pas tes oignons mon gars. Répliqua l’un d’eux.
Le regard de Bellamy croisa celui du mercenaire à l’embonpoint.
- Toi… Dit-elle avec hargne.
Le mercenaire en question la regarda en serrant des poings et émit un grognement. Les recrues auraient jurés qu’il se serait jeté sur Bellamy si son chef ne l’avait pas enjoint à se tenir tranquille.
Bellamy parcourra les mercenaires des yeux et à la regarder, les deux recrues la virent en reconnaître quelque uns.
- Que faîtes-vous ici ? Demanda-elle aux mercenaires.
- Qui sont ces gens, Sergent ? C’est à eux qu’appartiennent le drone noir et le réceptacle de gaz. Ils parlaient d’un test. Lui appartient Tian.
Le chef des mercenaires soupira.
- Vous n’en avez que trop entendu. Regrettable. Dit-il. Mes compagnons et moi avons reçus des consignes on ne peut plus claires : personne ne doit savoir que nous sommes ici. Nous savons tous ce que ça implique.
Il marqua une pause.
- Mettez-les à genoux ! Ordonna-il.
Tian et Turner furent chacun agenouillés de force par deux mercenaires qui les maintinrent fermement.
- Laisse-les partir ! Ce ne sont que des recrues. Ils n’ont aucune idée de qui vous pouvez être.
- Hors de question que l’on vous laisse entre leurs mains, Sergent. Protesta Turner.
- Pauvres fous ! Il aurait fallu songer à sauver vos propres peaux et non la mienne ! Gronda Bellamy avec amertume.
- Peut-être qu’ils ont aucune idée de qui nous sommes mais certains de vos collègues si, Sergent Bellamy. Dit le chef des mercenaires. Si jamais ils reviennent jusqu’à eux et qu’ils leur rapportent ce qu’ils ont vu et entendu, ça ne leur prendra pas long de démasquer notre identité. Dire qu’il vous aurait suffi de vous taire et de feindre ne pas nous reconnaître...Nous vous aurions juste laissés là et avec de la chance, des secours seraient arrivés un peu plus tard pour vous ramener tous les trois en sécurité.  Vous avez scellé leur sort, et le vôtre par l’occasion. Vous ne pouvez-vous en vouloir qu’à vous-même…
Les mercenaires tirèrent la tête des deux recrues en arrière pour leur exposer la gorge. Leur chef s’approcha d’eux, le sabre de Bellamy à la main.
- Veuillez me pardonner. Leur dit-il.
Réalisant ce qu’il comptait faire d’eux, les deux recrues se débattirent avec acharnement tout en demandant grâce mais en vain.
Le chef des mercenaires commença à psalmodier en latin et vint en premier vers Turner. Il passa lentement la pointe de la lame sur la gorge de Gareth, le faisant grimacer de douleur.
- Non ! Lança Tian dans un hurlement déchirant.
Ceux qui la tenaient la maintinrent plus fermement et elle dut regarder impuissamment un filet de sang couler le long de la gorge de son collègue par l’entaille crée sur le passage de la lame. Quand le chef en eut finit avec lui, les deux qui tenaient Turner le laissèrent effondrer sur le côté alors qu’il s’étouffait dans son propre sang et regardait désespérément Tian. Dans un dernier effort, il voulut tendre la main vers elle mais elle retomba dans la boue et le visage de Turner se figea.
Alors que leur bourreau s’approchait d’elle, Tian balaya la jungle du regard une dernière fois. En son for intérieur, elle souhaita même que Boomer ou l’Indominus elle-même vienne surgir tout à coup pour attaquer les mercenaires, les distrayant et permettant au Sergent Bellamy et à elle de s’échapper.
Il s’accroupit devant elle et avec une douceur des plus perturbantes, il lui releva le menton avant de passer le tranchant de la lame au niveau de son cou dans un mouvement rapide et précis. Tian émit un petit cri et du sang jaillit de sa gorge tranchée puis ceux qui la tenaient la laissèrent tomber en avant face contre terre.
C’en fut trop pour Bellamy, elle donna un violent coup de coude dans l’entrejambe du mercenaire le plus proche d’elle et saisit son poignard avant de bondir en avant et s’élança vers l’assassin des deux recrues. Alors qu’elle s’apprêtait à enfoncer le poignard entre les deux omoplates tout en hurlant telle une furie, il se retourna vivement et la lame rencontra son avant-bras, le tailladant sur plusieurs centimètres. Le chef fit un croche-pied à Bellamy et celle-ci tomba au sol. Elle tenta bien de se relever mais l’homme à la massue vint abattre son arme sur la main qui tenait le poignard. Sous l’impact, elle sentit les os de ses doigts éclater en plusieurs morceaux, lui soulevant un cri de douleur. A bout de forces et cédant au désespoir, celle-ci se recroquevilla sur elle-même en sanglotant.
- Ah la garce ! Gémit le chef en tenant son avant-bras ensanglanté.
Il se tourna vers celui qui avait brisé la main de Bellamy.
- Je te la laisse mais dépêche-toi ! Nous ne sommes pas là pour que tu puisses violer son cadavre.  Fais-en sorte que ça ressemble à l’œuvre d’un animal. Les Compies et les urubus finiront le travail…
D’un signe de tête, il ordonna à deux des mercenaires de relever Bellamy et de la maintenir sur ses genoux, puis il jeta le sabre de la garde dans la crique avant qu’il ne parte avec le reste des mercenaires, se dirigeant vers les rives du lac en empruntant le chemin par lequel les gardes étaient arrivés.
L’homme à la massue tourna autour de Bellamy tout en balançant son arme dans l’air puis, quand il fut face à elle, il se mit à la dévisager pendant quelques instants mais dans un ultime geste de résistance, Bellamy lui cracha à la figure.
Il essuya son cache-nez du revers de sa main et referma sa poigne sur le manche de son arme, la tenant fermement, avant de déclarer :
- Œil pour œil.
Puis il donna un coup dans le menton de Bellamy. Il repoussa son corps du pied et s’entreprit de la frapper, encore et encore, sur tout le corps, fracassant ses os en morceaux.

Le bruit d’os en train d’être fracassés cessa et, quand le mercenaire se détourna du corps, Zach distingua des tâches de sang maculant sa massue.
Lui et son frère avaient détournés le regard au moment juste avant que la garde ne reçoive le premier coup. Ils tremblaient, terrifiés par ces mercenaires masqués et épouvantés par les mises à mort dont ils venaient être témoins.
Avec le bourreau marmonnant en latin, ses hommes regardant la scène dans un silence religieux et l’exécution effectuée au sabre, celle des deux recrues avait eu des airs de sacrifice rituel, tandis que celle du Sergent fut faite dans une sauvagerie des plus absolues et des plus gratuites qui soient.
Submergé par l’horreur de la scène, Gray se mit à sangloter. Zach hasarda un regard par-dessus la racine pour voir où était le gros des mercenaires.
Il les vit en train d’avancer en file, juste en contrebas de la pente au sommet de laquelle ils se trouvaient. Ils étaient suffisamment près pour qu’ils les entendent s’ils venaient à élever la voix ne serait-ce qu’un cran au-dessus du murmure.
Zach mit alors tout de suite sa main sur la bouche de son frère pour étouffer le bruit de ses pleurs car s’ils venaient à les attraper, il craignait qu’eux aussi ne soient assassinés de la sorte.
L’un des mercenaires, celui qui avait remarqué que Bellamy vivait encore, tourna brusquement la tête et dirigea son regard vers le haut de la pente, vers leur cachette.
Quand Zach le vit faire quelque pas dans leur direction, il sut que le mercenaire avait dû entendre quelque chose et le jeune homme se mit à réfléchir à une échappatoire alors que la panique le gagnait. Ils pouvaient très bien se mettre à courir vers l’autre côté de la piste mais le mercenaire les verraient aussitôt quitter leur cachette et lui et le reste de la troupe se lanceraient à leur poursuite, les pourchassant comme des animaux. Les trois mercenaires ayant exécuté le Sergent trottinèrent pour rejoindre leur troupe.
Puis, il regarda à ses pieds et vit plusieurs bouts de bois de longueur et d’épaisseur variable. N’utilisant que ses yeux et sa main libre, Zach intima à Gray de se calmer et lui fit comprendre qu’ils pouvaient s’échapper mais qu’il devait être prêt à foncer. Il enleva sa main de la bouche de son frère et l’utilisa pour saisir un morceau de bois court et épais qu’il jeta avec toute sa force au loin. Ils entendirent le morceau de bois atterrir dans un fourré avant de glisser dans les feuilles.
Sur le qui-vive, le mercenaire qui s’était approché se tourna vers le bruit. Ses compagnons l’avaient entendu eux aussi.
- Je vais voir ce que c’est. Leur dit-il en allant s’enquérir de l’origine du bruit.
Comme prévu, il se détourna de l’arbre derrière lequel ils étaient cachés et Zach prit son frère par la main et ils s’enfuirent à toutes jambes, traversant la piste avant de fuir de manière éperdue à travers les bois de l’autre côté. Sur l’instant, ils ne se préoccupèrent même de la direction dans laquelle ils allaient, du moment que ça les éloignait le plus possible des mercenaires.

    Le jeune mercenaire voulut aller fouiller le fourré mais l’un des membres de la troupe, celle qui avait neutralisé Turner en haut de la crête, vint le rejoindre.
- Laisse tomber, fiston. Lui dit-elle sur un ton désinvolte. Ça devait être juste un animal. Il y a tout un tas de bestioles en tout genres dans ces bois…
- J’ai cru entendre comme un bruit de sanglots étouffés, à peine perceptibles de là où je me tenais. Lui apprit-il.
Ils rejoignirent la troupe.
- Tu croyais que c’était quelqu’un ? Ne sois pas ridicule. Tu as du entendre une chouette se plaindre du raffut qu’on a fait, rien de plus. Tu as écouté l’enregistrement ? Le gosse était le seul survivant et ils l’ont achevé. Quant aux gardes, les survivants sont tous rentrés à la base. Nous sommes désormais les seuls êtres humains à respirer dans cette partie de l’île. Dépêchons-nous de partir cependant, les secours ne tarderont pas à arriver. Bien que trop tard…
Une fois les mercenaires partis, les Compsognathus qui avaient décampés à leur arrivée pour se terrer dans les fourrés avoisinant la crique sortirent de leur cachette et s’avancèrent à découvert et les Urubus perchés alors dans les arbres les plus hauts s’élancèrent dans l’air et vinrent se poser au milieu du charnier, se précipitant aux côtés des Compies sur les corps fraîchement tués.


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#92 03-01-2018 14:29:51

JurassicOne
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Je viens de finir de lire cette dernière partie et, mon dieu, c'est de pire en pire le côté gore !  yikes  yikes  yikes


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#93 04-01-2018 10:26:01

Monsieur ADN
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Il va falloir que je m'y remette un de ses quatre, ça fait un bail que j'ai pas rattrapé mon retard.


"Dans d'autres siècles, les êtres humains voulaient êtres sauvés, ou améliorés, ou libérés, ou éduqués. Mais dans le nôtre, ils veulent êtres divertis. La grande peur de notre siècle n'est pas la maladie ou la mort, mais l'ennui. Un sentiment de temps libre entre nos mains. Un sentiment de ne rien faire. Le sentiment de ne pas être divertis."
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#94 03-02-2018 17:16:06

Monsieur ADN
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Le réveil d'un Dragon

Evasion de la créature plus intéressante et plus violente que celle du film.

L'échange entre Owen et Claire à propos des caractéristiques de la bestiole, bien plus détaillé aussi, renforce l’intérêt de ce passage.

Un Lowery qui m'a l'air plus sur de lui que dans le film aussi.

Enfin, je trouve ça plus logique que la créature soit directement logée dans sa future attraction et pas un bunker isolé.

Par contre attention des fois sur le site où tu publie ton récit, le mot Indominus Rex disparaît.

EDIT :

J'aime bien l'idée du cheval en panique dans Le calme avant la tempête.

Par contre dans ces deux derniers chapitre le défaut que je pourrait pointer du doigt c'est les conversations des rangers dont parfois les répliques peuvent faire clichées , sans que je le dise en mal évidemment.

Dernière modification par Monsieur ADN (04-02-2018 20:31:28)


"Dans d'autres siècles, les êtres humains voulaient êtres sauvés, ou améliorés, ou libérés, ou éduqués. Mais dans le nôtre, ils veulent êtres divertis. La grande peur de notre siècle n'est pas la maladie ou la mort, mais l'ennui. Un sentiment de temps libre entre nos mains. Un sentiment de ne rien faire. Le sentiment de ne pas être divertis."
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#95 07-02-2018 17:10:28

Monsieur ADN
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

J'aime bien le premier paragraphe de Bataille sur le Plateau.

J'aurait juré que les touristes était tombé direct sur l'I.rex alors qu'en fait non.
Tu m'as eu.  hmm

J'aime ce Masrani beaucoup moins cool quand la situation dérape. smile

Intéressante l'idée du cor pour alerter les renforts sans risquer des problèmes liés au manque de réseau sur l'île.

Et quelle débandade !
Des herbivores qui montrent qu'ils peuvent êtres dangereux pour l'homme !
J'adore !  big_smile

Excellente remarque sur le non manichéisme du vivant. Tout est dit : il n'y a ni bien ni mal dans la nature, juste des espèces qui vivent et qui agiront avec violence si nécessaire peut importe leur régime alimentaire.

Et aussi une réaction très humaine de la part de Claire quant à la disparition de ses neveux.

Dernière modification par Monsieur ADN (07-02-2018 19:39:50)


"Dans d'autres siècles, les êtres humains voulaient êtres sauvés, ou améliorés, ou libérés, ou éduqués. Mais dans le nôtre, ils veulent êtres divertis. La grande peur de notre siècle n'est pas la maladie ou la mort, mais l'ennui. Un sentiment de temps libre entre nos mains. Un sentiment de ne rien faire. Le sentiment de ne pas être divertis."
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#96 08-02-2018 13:06:13

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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Heureux de voir que tu as repris la lecture Monsieur ADN  smile

Monsieur ADN a écrit :

Par contre attention des fois sur le site où tu publie ton récit, le mot Indominus Rex disparaît.

Oui, j'avais déjà noté ce bug étrange où T.rex ou I.rex sautent sans aucune raison.


Monsieur ADN a écrit :

J'aime bien l'idée du cheval en panique dans Le calme avant la tempête.

J'espère que la scène t'as procuré son lot de suspense, ainsi que celle de l'attaque du camion. Quel est ton avis sur cette dernière ?


Monsieur ADN a écrit :

Par contre dans ces deux derniers chapitre le défaut que je pourrait pointer du doigt c'est les conversations des rangers dont parfois les répliques peuvent faire clichées , sans que je le dise en mal évidemment.

En relisant, il n'est pas impossible que je m'en rende compte moi-même. A voir à fonction d'autres critiques et après réflexion sur le sujet.


Monsieur ADN a écrit :

J'aurait juré que les touristes était tombé direct sur l'I.rex alors qu'en fait non.
Tu m'as eu.  hmm

devil

Monsieur ADN a écrit :

J'aime ce Masrani beaucoup moins cool quand la situation dérape. smile

Il n'est pas aussi buté que celui de ta version et reste un individu décent mais il a sa part d'ombre, comme plusieurs autres protagonistes d'ailleurs.


Monsieur ADN a écrit :

Et quelle débandade !
Des herbivores qui montrent qu'ils peuvent êtres dangereux pour l'homme !
J'adore !  big_smile

Je me suis fais bien plaisir lors de l'écriture de cette scène à laquelle j'ai voulu donner un parfum à la Uncharted.


Sinon qu'as tu pensé des lieux traversés près du Mont Sibo ? Du Safari ? Des espèces introduites dans ces derniers chapitres ?

Dernière modification par The Geeky Zoologist (08-02-2018 13:07:40)


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#97 08-02-2018 19:05:53

Monsieur ADN
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

The Geeky Zoologist a écrit :
Monsieur ADN a écrit :

J'aime bien l'idée du cheval en panique dans Le calme avant la tempête.

J'espère que la scène t'as procuré son lot de suspense, ainsi que celle de l'attaque du camion. Quel est ton avis sur cette dernière ?

De la pure adrénaline.
Le coté horrifique est bien amené avec les touristes qui se font prendre un par un, peu de répit du moment de l'attaque jusqu'à la chute dans la rivière. Limite quand on pense qu'il va y avoir du répit, bah finalement ça ne dure pas et c'est génial.

J'ai bien aimé tous ces épisodes d'effet domino avec la panique du mamenchisaure qui fonce dans l'enclos des métriacanthosaures, qui du coup s'évadent puis servent d’élément de tension une fois l'I.rex parti.


Monsieur ADN a écrit :

Par contre dans ces deux derniers chapitre le défaut que je pourrait pointer du doigt c'est les conversations des rangers dont parfois les répliques peuvent faire clichées , sans que je le dise en mal évidemment.

En relisant, il n'est pas impossible que je m'en rende compte moi-même. A voir à fonction d'autres critiques et après réflexion sur le sujet.

C'est surtout le vocabulaire un peu grossier et employé à la dure qui me donne cette impression.


Monsieur ADN a écrit :

J'aime ce Masrani beaucoup moins cool quand la situation dérape. smile

Il n'est pas aussi buté que celui de ta version et reste un individu décent mais il a sa part d'ombre, comme plusieurs autres protagonistes d'ailleurs.

Sinon qu'as tu pensé des lieux traversés près du Mont Sibo ? Du Safari ? Des espèces introduites dans ces derniers chapitres ?

Le safari est très bon, j'aime toutes les espèces qui y figurent avec une nette préférence pour le Shantungosaurus.
J'aime aussi le coté descriptif des espèces actuelles qui forment une sorte de symbiose avec les dinos.
J'ai bien aimé le coup des singes hurleurs qui s'agrippent au mamenchisaure. ^^


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#98 12-03-2018 18:56:22

Monsieur ADN
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Je suis en train de lire le chapitre 11 - Sur les traces et je trouve que la situation où Claire va dans la nature avec Owen est moins caricaturale que dans le film.

L'échange de dialogues avec les références sur les films où des aventuriers amènent des femmes avec eux dans leur expédition, est tout simplement géniale, cela fait un parallèle avec cette même situation et renvoie indirectement avec ce qu'il se passe dans le film (la mention à Willie Scott qui crie notamment).
Heureusement que tu as mentionné "A la poursuite du Diamant Vert", on aurait eu affaire à un oubli impardonnable. wink
Merci de mentionner que le Royaume du Crane de Cristal n'est pas si nul que ça.

Spoiler: Cliquer pour lire

"La nuit est sombre et pleine de terreur".

Allusion aux Troodons aperçus dans JP The Game ?

Chapitre sympa dans l'ensemble dont le plus se ressent dans une lecture qui nous livre dans l'intimité des personnages, délaissant temporairement les dinosaures.


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#99 12-03-2018 19:44:07

Owen Grady
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Heureusement que tu as mentionné "A la poursuite du Diamant Vert", on aurait eu affaire à un oubli impardonnable.

C'est sur qu'on pouvait pas le louper celui là ! Quand on parle d'un aventurier qui emmène une femme avec lui dans son expédition, ça doit être le premier truc qui nous vient en tete. Surtout si cette femme porte des talons ! XD  wink


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#100 12-03-2018 20:55:08

JurassicOne
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Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Elle commence à me manquer ta fan fic, The Geeky. Sans vouloir te presser  angel , quand compte-tu publier la suite ?
C'est vrai qu'elle est très plaisante à lire. J'aime beaucoup ta manière d'écrire. Je suis totalement d'accord avec Monsieur ADN.


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