Warning: Undefined variable $ezbbc_config in /homepages/41/d391060533/htdocs/jp/forum/plugins/ezbbc/ezbbc_head.php on line 410

Warning: Trying to access array offset on value of type null in /homepages/41/d391060533/htdocs/jp/forum/plugins/ezbbc/ezbbc_head.php on line 410

Jurassic-Park.fr | Le Forum

Bienvenue sur le forum Jurassic-Park.fr

Vous n'êtes pas identifié(e).

#61 27-05-2017 14:10:11

JurassicOne
"La Grande"
Lieu : Jurassic World
Inscription : 24-03-2016
Messages : 1 058
Site Web

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Ah ouais...cool ! yikes smile Merci ! wink


tumblr_nvml24WdVO1u5tn07o3_400.gif

Hors ligne

#62 04-06-2017 12:22:21

Monsieur ADN
Mothafuckin' T.rex
Lieu : Dans ton sang
Inscription : 02-01-2014
Messages : 17 963

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Toujours un cran de retard ! devil

L'iguanodon Éméché

Très bon comme depuis le début.

J'aime l'approche de la relation Owen/Claire mieux travaillée que celle du film.

Avec les différents passages du bar, on apprend mieux les relations qui unissent les personnages et cela renforce leur attachement.

J'ai aimé ce petit aparté sur les cinq morts. On y apprend que les dinos ont proliféré et que cela commence à poser problème.
Une piste pour une suite peut-être ?

En tout un petit aparté de ce style ne m'aurait pas déplu.

J'ai apprécié le clin d'oeil à Mondwest, référence assez subtile et méta à JP et JW.

Spoiler: Cliquer pour lire

Mon petit doigt me dit que le Mont Sibo va être à l'origine de la débandade dans le parc. Je me trompe ?


"Dans d'autres siècles, les êtres humains voulaient êtres sauvés, ou améliorés, ou libérés, ou éduqués. Mais dans le nôtre, ils veulent êtres divertis. La grande peur de notre siècle n'est pas la maladie ou la mort, mais l'ennui. Un sentiment de temps libre entre nos mains. Un sentiment de ne rien faire. Le sentiment de ne pas être divertis."
Michael Crichton

Hors ligne

#63 04-06-2017 14:33:56

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Monsieur ADN a écrit :

J'ai apprécié le clin d'oeil à Mondwest, référence assez subtile et méta à JP et JW.

Je ne sais pas si tu l'as remarqué en lisant ce chapitre mais il y a aussi un clin d'oeil à une autre oeuvre de Crichton. Sauras-tu déterminer laquelle ?

Monsieur ADN a écrit :

Spoiler: Cliquer pour lire

Mon petit doigt me dit que le Mont Sibo va être à l'origine de la débandade dans le parc. Je me trompe ?

Spoiler: Cliquer pour lire

Afin d'éviter de trop te spoiler, je vais te répondre par indirectement.


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#64 14-06-2017 18:14:59

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonsoir à tous,

C'est avec plaisir que je vous annonce la publication en entier du Chapitre 8 : Le Calme avant la Tempête, consultable à partir du lien ci dessous :
https://www.fanfiction.net/s/12210007/9 … lternative

Il s'agit d'un chapitre long, très long car il fait plus de trente-deux pages (si si no fake, c'est vérifiable).

Je peux d'or et déjà vous annoncer que vous aurez droit à la première grosse scène d'action du récit dans le prochain chapitre, une scène qui je l'espère sera aussi anthologique à vos yeux que celles des films et en attendant impatiemment vos retours sur le chapitre 8, je vous souhaite une agréable lecture.

A ciao, bonsoir !


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#65 03-07-2017 10:54:48

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonjour à tous,

J'ai l'honneur aujourd'hui de vous offrir le premier tiers du chapitre 9 intitulé Bataille sur le Plateau. Ce tiers de chapitre se termine juste avant le début de la séquence teasée dans mon dernier post et servira à faire monter la sauce avant que je ne révèle cette fameuse scène.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une agréable découverte du morceau de chapitre ci-dessous en attendant que je publie le reste.
Enjoy  wink



                                                                          Bataille sur le Plateau
                                                                                    (partie 1/4)


Une patte énorme, aussi droite et épaisse qu’un tronc, apparut devant le camion. Elle fut suivie d’une deuxième puis d’un corps caverneux recouvert d’écailles brunes et si volumineux qu’il bouchait la vue des passagers. A chacun de ses pas, le propriétaire des pattes martelait le sol avec la même puissance qu’un pilon frappant le fer chaud et les visiteurs retenaient leur souffle face au géant qui se mouvait devant eux.
Grâce au long cou qui partait du corps pour s’élever et disparaître au-dessus de la cime des arbres, ils reconnurent en la créature gargantuesque un Mamenchisaurus, comme ceux qu’ils avaient vus plus tôt dans la vallée.
Tel un souverain suivit de sa suite, un cortège d’animaux de petite taille accompagnait le dinosaure. Glanant les débris de végétation laissés dans le sillage du sauropode, il y avait une petite troupe de dryosaures et des petits oiseaux voletaient autour du titan, s’y posant parfois pour y picorer des parasites, tandis que juchés sur le dos, il y avait une famille de hurleurs à manteau ou Alouatta palliata dont les jeunes s’amusaient à grimper le long du cou tentaculaire du mamenchisaure.
- Eux aussi font leur petit safari. Commenta l’un des touristes, amusé.
Une fois le mamenchisaure passé, Walter remit la clé sur le contact et en entendant le bruit du moteur, les dryosaures s’écartèrent de la piste et les touristes reprirent le cours de leur safari.

Sur l’une des pistes traversant la réserve, Niall roulait à tombeau ouvert vers le sud tandis qu’à l’arrière de la jeep, Velasquez était au chevet de l’ouvrier inconscient dont les pieds reposaient sur les genoux du ranger costaricain.
Lorsqu’il appliqua un morceau de coton imbibé d’alcool sur l’une des plaies du blessé, celui-ci se réveilla en geignant. Voyant que quelqu’un était à son chevet, l’ouvrier agrippa aussi fermement le bras de Julio qu’il pouvait et fixa le ranger droit dans les yeux avant de commencer à murmurer en espagnol.
- Qu’est-ce qu’il dit ? Demanda Niall.
- Vos collègues à la barrière, il faut les prévenir. Traduisit Julio.
- Ils savent déjà qu’elle est dans les parages. Qu’elle tente d’attaquer la clôture ! Elle se prendra une châtaigne de dix mille volts et repartira dans la jungle en couinant tel un chiot. 
L’ouvrier s’arrêta momentanément de parler à cause d’une quinte de toux puis repris tandis que Julio continuait de traduire.
- Le monstre blanc. Ni un dinosaure, pas même un animal. Un fléau venu d’un autre monde. Ses yeux ! Ses yeux plein de malice et de cruauté. Il m’a capturé au pied du volcan avant de me relâcher dans la jungle en chemin et de me suivre. J’étais presque arrivé au portail lorsqu’il a décidé de me reprendre et de m’infliger ça avant de me laisser errer jusqu’à vous.
- Je ne mets pas en doute la véracité du récit de notre ami mais ça ne fait aucun sens ! Pourquoi relâcher une proie capturée après tant d’efforts si c’est juste pour lui griffer le bide et la laisser repartir vers ses congénères ?
- Par sadisme ou par jeu ? Comme un chat avec une souris.
- Peut-être mais ça n’explique pas pourquoi elle ne vous pas attaqué alors que vous étiez à sa merci. Elle aurait pu vous charger, forcer le portail et pénétrer dans la réserve mais elle ne l’a pas fait. Pourquoi ?
- Je ne suis pas plus avancé que toi là-dessus et j’avoue que ça me fait peur… Répondit Velasquez.
L’ouvrier se mit alors à lui reparler mais sa respiration se faisait de plus en plus sifflante et son teint était devenu livide.
- Jamais vous n’auriez dû venir me sauver car en faisant cela, vous venez de condamner bien d’autres vies. 
Velasquez lui demanda pourquoi et repris sa traduction.
- C’est le Diable en personne. Il va faire de cette île son royaume sur Terre et la tromperie et la ruse seront les moyens par lequel il arrivera à ses fins. Prenez-garde, il… Es la selva ? Répéta-il mais l’ouvrier ne lui répondit rien et son abdomen ne s’élevait plus au gré de sa respiration.
Julio chercha un pouls et n’en trouva pas et quand il tendit l’oreille au-dessus de la bouche de l’ouvrier, le bruit de sa respiration était absente. La vie avait quitté son corps.
En voyant Niall jeter un regard concerné derrière son siège, Velasquez se contenta de secouer la tête, la mine abattue avant de faire un signe de croix puis de refermer les yeux de l’ouvrier.
- Merde ! Jura Niall en frappant le tableau de bord.
Bien qu’ils s’étaient aperçus du grand nombre de plaies et de bleus parsemant le corps de l’ouvrier lorsqu’ils l’installèrent sur la banquette arrière ou quand Julio lui administra les premiers soins, ils avaient quand même gardés espoir de le garder en vie au moins jusqu’à leur arrivée à l’hôpital vétérinaire.
Mais en raison de la brutalité avec laquelle l’Indominus avait dû transporter puis malmené Elias, elle a dû lui provoquer une ou plusieurs hémorragies internes qui venaient sûrement d’avoir eu raison du blessé.
Malgré le fait qu’il était un parfait inconnu aux yeux des deux rangers, la mort d’Elias leur mina quand même le moral car ils avaient l’impression d’avoir échoué à leur tâche et ils le vivaient comme une défaite, leur devoir ayant été toujours de sauver des vies et ce même avant de faire partie de la Garde.
Regardant devant lui, il soupira un bon coup avant de prendre la radio du véhicule dans sa main droite pour informer Hamada du décès d’Elias Escarcéga.
- Capitaine ? L’ouvrier vient de clamser. Déclara-il gravement.
- Vous aviez fait ce que vous pouviez. Répondit Hamada. Ramenez quand même son corps au secteur un puis revenez à la trouée. Les lieutenants Glenmore et Brunet, l’adjudant Laurence et moi-même nous sommes rassemblés là-bas.
- Bien reçu. Forrester terminé.
Niall reposa la radio dans son support et se focalisa sur la piste qui traversait les champs s’étendant autour d’eux.
- Selva ça veut bien dire forêt ? Demanda-il.
- Oui, ou jungle également. Il disait Il est la jungle. Je ne sais pas ce qu’il voulait entendre par là.
- Enfin elle plutôt. Elle est la jungle ? Il ne manquait plus à ce que l’on doive résoudre une énigme…
Niall se tritura l’esprit à trouver un sens à cette phrase courte mais abstraite. Au bout de quelques instants cependant, Velasquez vit au travers du rétroviseur central, une brève lueur apparaître dans les yeux de Niall, comme s’il avait trouvé la réponse.
- Niall ?
- Non rien. Je croyais avoir une réponse mais c’est trop gros pour être vrai en plus d’être complètement perché. Le genre de trucs que l’on voit que dans les films de SF.
Ils rejoignirent la route de service longeant la corniche et le resort apparut à plusieurs kilomètres au sud, au-delà de la rivière, telle une cité perdue au milieu de la jungle dont les habitants n’avaient aucune idée de ce qui se tramait au nord.

Après avoir traversé la piste devant le camion conduit par Walter, le mamenchisaure avait rejoint une petite clairière non loin et au milieu de laquelle se trouvait une petite mare. 
Il ne semblait nullement importuné par le jeune singe hurleur qui était agrippé à l’arrière de son crâne où il devait profiter d’une vue imprenable sur les environs, pouvant même voir au-dessus de la canopée.
Lorsque le mamenchisaure abaissa son cou pour boire, il rejoignit ses congénères qui étaient occupés à s’épouiller et les dryosaures qui fermaient la marche se dispersèrent autour du sauropode pour fouiller le sol de la clairière à la recherche de tubercules et même d’insectes qui complétaient leur alimentation, relevant la tête par intermittence pour surveiller la jungle autour.
Ils étaient déjà venus à cet endroit plusieurs fois et ils savaient qu’ils étaient tout près d’un repaire de prédateurs car lorsque le vent soufflait d’ouest en est, il en apportait l’odeur jusqu’à la clairière. A chaque fois qu’ils venaient ici, les dryosaures se montraient nerveux et ils eurent tôt fait d’apprendre à suivre les longs-cous pour bénéficier non seulement de leur protection mais aussi des restes de leur repas. En vérité, c’était également une association bénéfique pour les mamenchisaures car ceux-ci n’ayant pas très bonne vue, ils pouvaient bénéficier des sens aiguisés des dryosaures qui pouvaient donner l’alerte rapidement en cas de nécessité. Jusque-là, jamais ils n’avaient été attaqués.
Était-ce parce que le long-cou effrayait les prédateurs ou car les Hommes avait dressé une barrière les empêchant de les atteindre comme les dryosaures les plus téméraires s’en était aperçu en s’aventurant vers l’ouest ? Il semblait qu’il s’agissait de la deuxième solution car une fois, l’un d’eux vit les métriacanthosaures l’observer derrière leur clôture en poussant des glapissements de frustration sans chercher à la contourner, comme s’ils se savaient enfermés.
Malgré cela, l’instinct des dryosaures leur dictait toujours d’être aux aguets et en ce jour funeste, il les aida à repérer à temps la menace qui s’était tapie dans l’ombre de la jungle.
Lorsqu’elle orienta sa tête face au nord-est, l’une des sentinelles sentit une odeur âcre de chair pourrie, similaire à celle des métriacanthosaures mais plus forte : Il y avait un autre type de prédateur dans les parages. C’était la première fois que la sentinelle sentit une odeur pareille mais le plus inquiétant était la direction d’où il provenait : Le vent soufflant du nord-est, il devait être quelque part par-là, soit du même côté de la barrière qu’eux.
Sur le qui-vive, elle regarda vers les arbres ceignant la clairière au nord-est et de ses yeux perçants, la sentinelle vit, à moitié dissimulé derrière le feuillage, un œil rouge à la pupille ovale les observer et derechef, elle lança un son aigu et fort sonnant comme le mélange entre le cri nasillard d’une oie et le bêlement alarmé d’une chèvre. Lorsqu’ils entendirent ce cri d’alerte, tous les dryosaures bondirent d’un seul élan pour aller se réfugier sous les pattes du mamenchisaure tandis que les singes cessèrent leur toilette pour regarder eux-aussi vers les arbres que fixaient le dryosaure sentinelle quelques fractions de seconde plus tôt.
Quand ils virent une bête titanesque à la peau écailleuse pâle, aux longues griffes acérées et aux grandes mâchoires surgir de la jungle, ils poussèrent un concert de cris paniqués et les mères appelèrent leurs petits qui vinrent s’accrocher sur leur ventre ou leur dos tout en poussant de petits cris apeurés.
Se demandant qu’est-ce qui était à l’origine de ce vacarme, le mamenchisaure tourna la tête et en s’apercevant à son tour de ce qui venait de faire son entrée dans la clairière, la panique le gagna lui aussi puisqu’il n’avait jamais vu une créature aussi effrayante et agressive que celle qui était en train de lui rugir dessus de façon menaçante et dont l’aspect disait à tout animal croisant son chemin une seule chose : Fuyez, fuyez tant que vous le pouvez. 
Tandis que les singes cherchaient à descendre du dinosaure à tout prix, celui-ci releva son cou pour le mettre hors de portée du prédateur et lança un barrissement qui s’étendit à plusieurs kilomètres à la ronde avant de s’apprêter à fuir.
Voyant même le puissant mamenchisaure prendre peur,  les dryosaures l’abandonnèrent aussitôt pour aller se disperser dans la jungle mais dans leur fuite, l’un d’eux tomba dans la mare et il eut beau se débattre en poussant des sortes de bêlements effrayés, il ne faisait que davantage s’embourber, menaçant même de se noyer s’il s’enfonçait davantage. Lorsqu’il vit les pattes du mamenchisaure se rapprocher rapidement de lui, il eut un sursaut d’adrénaline et lutta pour se dépêtrer mais ce faisant, il sombra sous la surface de l’eau et c’est alors qu’un poids incommensurable s’abattit sur son corps, brisa ses os en mille morceaux et réduisit ses organes internes en bouillie.
En relevant la patte avant qui s’était abattu sur le malheureux dryosaure, le mamenchisaure ne révéla qu’un amas désarticulé et sanguinolent de chair et d’os à moitié enseveli sous la boue dans une eau trouble et rougeâtre. Le dryosaure n’était désormais plus que bon à nourrir les charognards les moins difficiles, pas un prédateur géant ayant eu l’habitude d’être nourri avec de la viande ou des carcasses relativement propres et non pas souillée par la crasse qui se trouvait en abondance au-delà des murs entre lesquels il avait toujours vécu.
Lorsque le prédateur se présenta à la mare pour inspecter la carcasse, il émit un grognement de frustration et de dégoût avant de quitter les lieux, en quête d’autres proies.

- C’était quoi ce bruit ? Demanda l’un des rangers quand ils entendirent le barrissement au portail.
En plus de Tian, Turner et du groupe d’Hamada qui avait suivi la trace de l’I.rex jusqu’à l’orée de la clairière située devant le portail, il y avait également Glenmore et une partie des cavaliers ainsi que l’adjudant Laurence dont l’hélicoptère était posé non loin, au milieu d’une zone où l’herbe avait été couchée lors de l’atterrissage de l’appareil.
- A l’oreille, je dirais un mamenchi mais je ne les jamais entendu produire un tel son. Répondit Drekanson.
- C’est parce qu’ils ne l’ont jamais fait auparavant, du moins pas sur cette île. Si j’en crois mes souvenirs de Sorna, je crains fortement que ce soit un cri d’alerte.  Se rappela Hamada.  Erin, prends Darbinian et allez-voir de quoi il en retourne.
La pilote et la rôdeuse coururent vers le Pegasus et prirent place à bord de l’hélicoptère. Tandis que Laurence faisait décoller l’hélicoptère, Darbinian saisit un baudrier rangé en dessous des sièges et l’installa par-dessus son uniforme avant de le fixer à l’appareil via un mousqueton et d’aller d’asseoir sur le rebord de l’habitacle, les pieds reposant sur le marche-pied.
Sans plus attendre, l’hélicoptère s’envola vers l’ouest, d’où le barrissement semblait être provenu. La rôdeuse saisit une paire de jumelles et scruta l’horizon à la recherche d’un éventuel cou de mamenchisaure dépassant de la cime des arbres.
- Là ! s’écria Darbinian lorsqu’elle aperçut l’animal recherché. A treize heures ! Environ huit cent mètres au nord-ouest du portail. On dirait qu’il fuit quelque chose.
Au travers des objectifs de la paire de jumelles, elle vit les arbres se coucher sur la route du sauropode qui ne laissait que de la végétation couchée dans son sillage mais lorsque la rôdeuse reconnut les contours d’un enclos pentu plus loin devant, elle écarquilla les yeux de stupeur.
- Il se dirige vers l’enclos des metris….
- Darbinian ? Préparez-votre fusil et mettez-le en joue. S’il maintient ce cap et cette allure et qu’il n’est pas arrêté, apprêtez-vous à faire feu dès que j’en donnerais l’ordre. Commanda Hamada.
- Entendu. Acquiesça-elle.
Cependant, Darbinian et Laurence étaient si concentrées sur leur poursuite du mamenchisaure que lorsqu’elles survolèrent la clairière qu’il fuyait, elles ne virent pas la grande créature bipède blanche disparaître à l’ombre des arbres car surprise et effrayée par les bruits de l’aéronef.

- Contrôle. Je demande l’autorisation d’abattre l’un des animaux. Et ce n’est pas l’Indominus...
Cette requête de la part du lieutenant Brunet surprit tout le monde au sein de la salle de contrôle en particulier Masrani dont l’idée le déplaisait fortement à en juger par son regard froncé.
Quelques instants plus tôt, la technicienne en charge de le gestion et de la surveillance informatique de la réserve, une jeune femme aux cheveux bouclés bruns et portant des lunettes, avait vu le message d’alerte « DRYO 42 – SIGNAL PERDU » apparaître sur l’écran de son poste, lui informant que le signal émis par la biopuce du dryosaure numéro quarante-deux n’était plus capté par le satellite de Mascom Network dédié à la surveillance d’Isla Nublar et de l’archipel des Cinq Morts et qui par conséquent, ne pouvait pas être retransmis à la salle de contrôle. Cela ne pouvait signifier que deux choses, soit que le dryosaure en question était allé dans un endroit où le signal n’arrivait pas à émettre, ce qui était la solution la plus concevable et probable, soit que sa puce avait été détruite.
Etant donné que la cavale de l’Indominus était, à raison, une affaire plus préoccupante, la technicienne ne s’était pas laissée alarmée plus que ça par le message et elle ne prit même pas la peine de vérifier la dernière localisation de la puce mais si elle l’avait fait, la technicienne aurait remarqué grâce aux coordonnées GPS enregistrées par la puce que le dryosaure numéro quarante-deux se trouvait au beau milieu d’une clairière, quelque part dans le nord de la réserve, soit un milieu dans lequel le signal pouvait émettre sans problèmes et elle se serait rapidement rendue compte que quelque chose de grave avait dû arriver au dinosaure pour que sa puce ait été détruite.
- Pour quelle raison ? Demanda Lowery, la voix hésitante.
- Regardez-donc sur la carte en temps réel au niveau des marches septentrionales de la Réserve et plus particulièrement la zone entre le portail de la trouée et les metris. Lui dit Brunet sur un ton pressant.
Après que Lowery lui ait adressé un bref signe de tête, la technicienne en charge du secteur quatre fit apparaître sur le grand écran une carte en temps réel de ce secteur et où figuraient des centaines de points brillants éparpillés dans l’enceinte de la réserve, délimitée sur la carte par un épais trait noir. Elle suivit les indications du lieutenant et zooma au niveau de la zone décrite.
Ils y virent un point brillant allant vers le nord-ouest, progressant inexorablement en direction de lLa colline des métriacanthosaures.
- Vous voyez le point qui va vers eux, poursuivit Brunet,  c’est cinquante putain de tonnes de mamenchi qui fonce droit vers leur clôture !
La technicienne appuya sur une touche de son clavier et un code intitulé « MAMENCH 03 » apparut au-dessus du point pour l’accompagner au fil de sa trajectoire, confirmant les dires de Brunet et plusieurs poussèrent des exclamations de stupeur.
- Seigneur… Fit Claire, peinant à réaliser la situation.
- Monsieur Masrani, Claire ? Quel est votre ordre ? Demanda Lowery.
Aucun des deux ne répondit dans l’immédiat et suite aux remontrances que lui avait faites Masrani plus tôt, Claire n’osait pas prendre l’initiative d’abattre l’animal par peur de s’attirer encore plus la colère de l’indien, le sachant particulièrement sensible sur le sujet et par conséquent elle le regardait désespérément dans l’attente de son avis.
- Bon je ne vais pas attendre cent sept ans à attendre que vous vous décidiez donc autorisation ou non, nous allons prendre la mesure nécessaire à votre place s’il le faut avant qu’on ait sept carnivores de plus en liberté ! Menaça Brunet au bout de même pas trois secondes.
Voyant Masrani ruminer dans son coin en se caressant nerveusement la barbe, Claire décida de prendre les devants avant que le point de non-retour ne soit atteint et après avoir pris une profonde inspiration, elle donna enfin une réponse :
- Autorisation accordée. Déclara-elle d’une voix forte bien qu’hésitante.
- Reçu. Répondit Brunet froidement. A vous de jouer, Darbinian. 
Les rangers mirent fin à la transmission et la retransmission des caméras embarquées du Pegasus apparurent à leur tour sur l’écran principal, montrant la rôdeuse russe se pencher à l’extérieur de la cabine pour pouvoir viser tandis que la distance séparant l’hélicoptère du long cou émergeant au-dessus des arbres tel un aileron de requin fendant la surface de l’eau se réduisait.
Tandis que les techniciens retenaient leur souffle, Claire osa hasarder un regard en direction de Masrani. Il avait la mâchoire crispée et son visage s’était empourpré mais sur le moment, le plus intimidant chez lui furent ses yeux lançant des éclairs de furie à la directrice.
Il la toisa ainsi longuement avant de dire, d’une manière étonnamment calme :
- Claire. J’avais fait une promesse à Hammond. Je lui ai promis de n’abattre aucun des animaux vivants à Jurassic World quand cela pouvait être évité, une promesse que vous venez juste de balayer d’un revers de la main.
- Si j’ai été engagée, c’est pour assurer la bonne gestion de ce parc et cela inclut sa sécurité qui est maintenant en partie menacée par ce mamenchisaure paniqué, se justifia Claire, donc sauf votre respect monsieur, excusez-moi de vouloir faire mon travail correctement et de ne pas ressasser par nostalgie des promesses faîtes il y a vingt ans à un vieux gâteux sur son lit de mort.
Autant la première partie de sa phrase avait été réfléchie de manière à être aussi polie que possible, autant la seconde fut dite dans l’agacement et la précipitation et Claire ne se rendit compte qu’après coup de son effronterie et de la cruauté de ses mots à propos du regretté John Hammond. Tous furent choqués par cette déclaration irrévérencieuse de la part de la directrice de Jurassic World qui installa un sentiment de malaise profond dans la salle et on entendit même quelqu’un lâcher dans un murmure d’incrédulité « Je dois faire un mauvais trip c’est pas possible ».
S’étant sentit insulté, Masrani fumait et son poing était serré fermement tandis que comme les traits déformés de son visage le laissait suggérer, il luttait pour ne pas se mettre à hurler de colère comme un forcené.
- Si vous n’avez que si peu de considérations pour celui qui fut comme un deuxième père pour moi et dont le fruit de sa vision est la raison pour laquelle vous vous tenez-là aujourd’hui, pourquoi vous ne prendriez pas directement un vol pour l’Ecosse pour aller uriner sur sa tombe ? Rétorqua-il de manière cinglante.
Claire, se tenant raide comme un piquet, rougissait de honte et elle avait détourné le regard pour ne pas subir le courroux de Masrani de face.
- Cette réponse vous a-elle mit mal à l’aise ou avez-vous déjà perdu votre éclat de témérité ? Oui, je suis en train de vous humilier, à mon grand regret, mais ne faîtes pas comme si vous n’avez pas été prévenue et sachez que votre insulte ne restera pas impunie. Vous avez déjà eu deux manquements ce matin, il n’y en aura pas de troisième ! La mit-il en garde en prenant un air impérieux.
                     
Dès que Claire eut donné son autorisation, Darbinian s’était mis en position en tir et avait braqué son fusil en direction du sauropode.
- Faîtes ça humainement. Un tir à la tête. Lui avait demandé Hamada laconiquement quelques secondes plus tôt.
- En même temps je n’ai pas le choix. Si je tire ailleurs, il ne ressentira que dalle car ce serait l’équivalent d’envoyer un cure-dent sur un crocodile. Ah… Pourquoi on n’a pas pris le fusil anti-char ? Avait-elle marmonné tandis que le Pegasus couvrait la distance les séparant de leur cible.
Celle-ci se réduisit rapidement et lorsque l’hélicoptère fut au niveau du mamenchisaure, survolant la canopée en rase-mottes, la rôdeuse cala le fusil contre son épaule, ajusta son angle de tir et visa le crâne du sauropode avant de prendre une longue inspiration puis de déclarer avec une pointe d’amertume :
- Je suis désolée mon vieux…
Tout en expirant, elle appuya sur la détente puis un coup de feu retentit et la rôdeuse sentit le recul brusque du fusil frapper son épaule alors que le sifflement de la balle se perdit presque instantanément dans l’air. Darbinian attendit quelques secondes et en remarquant que le mamenchisaure continuait sa route comme si de rien n’était, elle s’exclama :
- Par la verge turgescente de Perun ! Il a la tête dure ou quoi ?
- Ou peut-être juste qu’elle l’a loupé ? J’en viens peut-être à croire que cette histoire de trois terroristes abattus d’une seule balle n’est rien que du pipeau. Entendit-elle Durant dire avec dédain à la radio dans le fond.
- Ta gueule pom pom girl !  Vociféra Darbinian. J’essaie d’être concentrée !
Mais alors qu’elle s’apprêtait à tirer à nouveau, une série de cris rauques se fit entendre depuis la jungle en contrebas.  C’était ceux d’un Ornitholestes et Darbinian pensa qu’il avait dû être effrayé par le mamenchisaure ou l’hélicoptère mais en poussant ainsi ces cris, le petit carnivore effraya à son tour d’autres animaux et plus particulièrement une nuée d’oiseaux blancs qui prirent leur envol subitement devant le Pegasus, ce qui poussa Laurence à effectuer une manœuvre brutale sur le côté.
Grâce à son expérience acquise au cours de ses années de service dans la Royal Australian Air Force, la pilote parvint à éviter d’entrer en collision avec les volatiles mais durant le processus, Darbinian loupa son tir, perdit l’équilibre et tomba en laissant échapper un juron en russe.
Sans le baudrier qui la retenait suspendue, elle serait tombée dans le vide avant de disparaître à travers le feuillage, d’aller se briser le dos ou la nuque sur une quelconque branche puis s’écraser sur le sol de la jungle de manière non cérémonieuse et de servir de repas aux nécrophages avant que ses collègues ne retrouvent son corps à temps.  Ce fut de justesse qu’elle rattrapa son fusil par la crosse et lorsqu’elle parvint à remonter dans l’habitacle de l’hélicoptère, elle se mit à engueuler la pilote en omettant totalement le fait qu’elle était plus gradée qu’elle.
- Bordel, Erin ! Qu’est-ce t’as branlé ? Tu veux me faire gerber ou quoi ? Tu sais très bien que j’aime ne pas être secouée.
- Oh, c’est pas la peine de m’engueuler putain ! C’est la faute de ces maudits piafs qui ont failli se prendre dans les pales !
- Ils n’avaient qu’à s’écarter !
- Caporal ! S’impatienta Hamada à la radio. A la vitesse où il se rapproche de la clôture vous risquez de ne pas avoir droit à une troisième chance !
- Je l’aurais eu à coup sûr si notre cher oiseau du bush ne s’était pas cru aux commandes d’un F-16 en plein combat aérien ! Grommela Darbinian en se repositionnant. En me dépêchant de réajuster mon angle de tir, je suis sûre que je peux l’avoir à temps. Que je sois maudite si j’échoue !
Elle visa à nouveau le crâne du mamenchisaure et tira une troisième fois, croisant mentalement les doigts pour que ce tir soit le bon.
Quand le dinosaure émit un mugissement de douleur, Nataliya commença à émettre un soupir de soulagement avant qu’elle ne se rappelle tout de suite du fait que si la balle avait atteint le cerveau comme il le fallait, l’animal aurait dû tomber raide mort sans avoir le temps d’émettre le moindre son, ce qui signifiait que dans le cas présent, la balle était allée se loger dans le crâne mais que le cerveau n’avait pas été touché, déclenchant une douleur atroce chez le mamenchisaure au lieu d’une mort si instantanée qu’elle en était indolore.
Lorsque Nataliya se rendit compte de tout cela, le mamenchisaure était arrivé juste devant la clôture des métriacanthosaures et elle le regarda se dresser brièvement sur ses pattes arrières pour pouvoir abattre celles de devant sur l’obstacle dressé en travers de son chemin.  Les énormes pattes percutèrent la clôture avec force et sous la forte pression exercée, les poteaux d’acier se brisèrent comme si ce n’étaient que de misérables planches de bois et un pan entier de la clôture se coucha sous le poids gigantesque du sauropode.
La rôdeuse avait assistée impuissante à la scène car même si elle aurait voulu lui tirer dessus une quatrième fois, elle n’aurait été pas assez rapide pour le faire et ça aurait été prendre le risque à ce que le mamenchisaure s’effondre sur la clôture dans sa chute, rendant vaine son action.
Alors que le mamenchisaure pénétrait dans l’enclos des carnivores, Darbinian frappa avec colère et frustration la paroi de l’hélicoptère, se maudissant limite elle-même en hurlant proklyatiye, comme si elle voulait évacuer la sensation amère qu’elle avait dans la bouche. Ce goût était celui de l’échec et de toute sa vie, jamais elle ne l’avait connu comme l’attestaient ses résultats excellents obtenus à l’académie militaire et lorsqu’elle faisait encore partie de l’unité anti-terroriste russe, rares étaient les cibles qui parvenaient à esquiver ses balles et Nataliya s’était toujours débrouillée pour qu’aucune d’autre elle ne puisse lui échapper, allant même jusqu’à leur tirer à répétition de manière gratuite dans les jambes pour être sûre de les immobiliser, une pratique qu’elle ne mentionna jamais cependant à ses collègues et amis de la Garde, craignant des réactions de dégoût à son égard de leur part.
La mamenchisaure ne traversa même pas la moitié de l’enclos qu’il lança un autre mugissement paniqué avant de commencer à faire demi-tour aussi rapidement qu’il pouvait, c’est-à-dire plutôt lentement à cause de la grande longueur de son cou et de sa queue qui limitaient sa manœuvre. S’étant réveillés subitement lorsqu’ils entendirent le tapage ayant eu lieu à proximité de leur enclos, les métriacanthosaures étaient en train de s’approcher lentement du sauropode, se demandant ce que le long-cou faisait à l’intérieur de leur enclos.
A en juger par leur attitude peu assurée envers le sauropode, on aurait dit que les carnosaures étaient davantage animés par une curiosité prudente que par le faim et ils étaient dotés d’un instinct de préservation suffisamment développé pour savoir que la créature qui avait fait irruption chez eux était une proie beaucoup trop grosse et puissante pour qu’ils tentent de l’attaquer.
Bien qu’ils cherchaient plutôt à le contourner, le sauropode avait quand même pris peur et il redoubla de panique lorsqu’ils le contournèrent, croyant que les métriacanthosaures allait l’attaquer sur ses flancs. Lorsque les prédateurs remarquèrent la brèche béante créée par le passage de l’intrus, ils coururent s’y mettre hors de portée du sauropode et s’arrêtèrent brièvement à l’ancienne limite de leur enclos, comme s’ils hésitaient à quitter le confort de celui-ci et à laisser leur train de pacha derrière eux.
Cependant, pris en étau entre le long-cou apeuré et le monstre volant qui crachait des cailloux sifflants, ils durent s’élancer bon gré mal gré vers les arbres touffus qui marquait le début de l’inconnu et du vaste monde, évitant à la fois les pattes du colosse et les balles avant de s’échapper dans la jungle.

Dernière modification par The Geeky Zoologist (16-07-2017 17:53:11)


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#66 03-07-2017 11:02:12

tyeo30
Mosasaurus badass
Inscription : 21-05-2017
Messages : 5 074

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

C'est la première fois que je te lis. Alors c'est intéressant mais il y a des comparaisons et des expressions employées qui ne vont pas du tout dans la définition des mots qu'ils suivent ou précèdent, du coup ça tique un peu quand je lis, par exemple "tentaculaire" qui signifie: qui tend à se développer dans toutes les direction, ne va pas du tout avec la représentation d'un cou de Mamenchisaurus. Mais sinon ça va.

Pense à la majuscule des noms d'espèces.

Dernière modification par tyeo30 (03-07-2017 11:06:03)


Winter is coming.

Hors ligne

#67 04-07-2017 10:30:17

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

@tyeo30

Je te remercie pour ton commentaire et je prends note de ta remarque concernant les adjectifs mal utilisés.

Par contre concernant les majuscules aux noms d'espèces, il me semble pourtant avoir pris soin d'en mettre, du moins quand je donne le nom scientifique de l'animal (ex : Mamenchisaurus) alors qu'il me semble que quand on francise le nom, il ne faut pas en mettre comme ça été le cas pour Iguana et Agama qui en français sont devenus respectivement iguane et agame. Ainsi pour les noms de dinosaures francisés, on devrait avoir normalement des trucs du genre mamenchisaure, métriacanthosaure, compsognathe... 
Que l'on me corrige si je me trompe.

Si jamais tu vois des Trex, Irex sur le site dans les chapitres mis sur fanfiction.net, ne soit pas étonné car à chaque fois que je veux mettre par exemple T.rex comme il le faut, le mot ne passe pas lors de la publication et je me retrouve avec des blancs à la place, me poussant à passer outre la norme scientifique si je veux mon texte au complet.

Et n'hésite pas ton plus à me faire part de tes autres critiques, remarques, conseils etc... si tu en as, je t'en serais reconnaissant.

Dernière modification par The Geeky Zoologist (04-07-2017 20:09:53)


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#68 04-07-2017 10:34:27

tyeo30
Mosasaurus badass
Inscription : 21-05-2017
Messages : 5 074

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Pour les noms d'espèce je n'ai pas fait gaffe à la francisation, et honnêtement je ne sais pas tout à fait comment ça se passe à ce niveau car dans mes écrits je ne francise que très rarement les noms d'espèces.

Ah bizarre que T. rex ne soit pas accepté, j'arrive à le poser partout où j'écris, ce doit être spécial sur fanfiction.net alors et ce n'est point net si je peux me permettre un jeu de mot pourri.

Je relirai tout ça et te dirai plus en détail ce que j'en pense si tu veux.


Winter is coming.

Hors ligne

#69 16-07-2017 18:44:39

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonsoir à tous,

Ayant avancé dans le chapitre Bataille sur le Plateau, je suis en mesure de publier la deuxième partie de ce chapitre où vous pourrez découvrir la première moitié de la séquence que je vous tease depuis quelque posts.
Sur ce, je ne vais pas vous laisser attendre davantage donc voici la deuxième partie de Bataille sur le Plateau :


                                                                         Bataille sur le Plateau
                                                                                   (Partie 2/4)

Le camion était stoppé dans une clairière, au milieu d’un troupeau de Parasaurolophus auxquels s’étaient mélangés un groupe d’une douzaine de Triceratops ainsi que des Dryosaurus qui comme les visiteurs avaient pu le voir à plusieurs reprises plus tôt, gambadaient autour des herbivores plus gros.
Cela faisait plus d’une heure qu’ils avaient laissé le village safari loin derrière eux et malgré le fait que voir des dinosaures vivre leur vie dans un état de semi-liberté était quelque chose d’assez excitant, Zach et quelques autres passagers, commençaient à s’ennuyer.
Walter était un guide fort sympathique et une grande partie de son audience, et plus spécialement Gray, s’était laissée charmée par son allure de vieux cowboy à la retraite, sa voix profonde et son accent issu du fin fond de l’Ouest américain, ses pointes d’humour et la passion contagieuse que l’homme avait pour son travail mais lors de certaines explications, il avait un peu tendance parfois à s’étendre sur son sujet comme actuellement où il expliquait aux passagers ce qu’était la zoopharmacognosie en utilisant comme exemple certains des Parasaurolophus qui étaient en train de consommer de l’argile aux abords d’un petit point d’eau. Cependant le regard d’une bonne partie des touristes était soit focalisé sur les jeunes tricératops, pas plus gros qu’un poney shetland, qui jouaient à côté des adultes à l’orée est, soit sur les deux Parasaurolophus adolescents mâles qui se battaient au loin, dressés sur leurs pattes arrière et se donnant des coups à l’aide de celles de devant tout en mugissant.
- La géophagie, où l’action de manger de la terre ou de l’argile, est un type de zoopharmacognosie. Leur apprit Walter. Si vous voyez ces Parasaurolophus consommer de l’argile, c’est car on pense qu’ils le font de manière à ce que l’argile, une fois dans le système digestif, absorbe les toxines contenues dans les feuilles qu’ils mangent. C’est un comportement qui a été déjà absorbé chez plusieurs espèces animales contemporaines, en particulier chez plusieurs espèces de mammifères des forêts d’Afrique centrale…
Il fut coupé en plein milieu de son explication par le grésillement soudain de la radio où la voix d’une femme passa un message.
- Ici contrôle. A tous les camions se trouvant entre la vallée occidentale et les ruines du vieux centre, nous avons un code 15 pour cette zone. Si vous vous y trouvez, apprêtez-vous à partir. Des rangers sont en route pour vous escorter.
Walter s’excusa auprès de ses passagers et enleva la radio de son support pour répondre.
- Bien reçu, contrôle.
A la mention de code 15, la mine enjouée de Walter s’était décomposée. Dans le jargon du parc, un code 15 était synonyme d’évasion d’animaux dangereux et tous les visiteurs et les employés non habilités étaient priés d’évacuer la zone où les animaux en question étaient en cavale.
Le guide expira puis inspira, força un sourire et se tourna vers les visiteurs pour les informer de la situation sans chercher à les effrayer pour autant, quitte à cacher des informations voir à mentir pour leur propre bien.
- Votre attention, chers visiteurs. Suite à un petit contretemps d’ordre technique, nous devons quitter ce coin de la réserve pour aller au sud, ce qui fait que nous ne passerons pas à côté du vieux centre des visiteurs comme initialement prévu. Je m’en excuse mais rassurez-vous, la visite n’en est pas terminée pour autant et il reste beaucoup de choses à voir…  Avait-il dit en ayant repris son air enjoué.
Les visiteurs poussèrent des exclamations de déception avant de reprendre leur observation des animaux en attendant les rangers. A l’arrière, deux des jeunes était en train de pointer des Parasaurolophus derrière le camion.
- Ils sont chous ces becs de canard ! S’exclama la fille aux cheveux auburn, celle qui avait parlé de Bucéphale dans la file. Allez, on prend un selfie avec eux ! Dit-elle avec entrain à son amie blonde assise à côté d’elle.
- Ouais. Approuva son amie.
L’une d’elles sortit son portable et le positionna de manière à prendre un selfie les comprenant, elles et les Parasaurolophus derrière, mais au moment de prendre la photo, une idée lui traversa l’esprit.
- Attends tu penses à ce que je pense ?
La blonde lui répondit avec un hochement de tête puis tous les deux serrèrent et avancèrent simultanément les lèvres tout en creusant légèrement les joues, faisant ressembler leurs bouches à des becs de canard, et se photographièrent.
- Un duckface avec des becs de canards, personne ne pourra nous dire que cette photo n’est pas dans le thème de la visite. Fit la fille aux cheveux auburn avec fierté.
- Ouais, c’est trop original en plus ! Ajouta la blonde.
Embarrassé, leur compagnon frisé assis à l’autre bout de la rangée se couvra le visage avec la paume de sa main mais lorsqu’il entrevit au travers de ses doigts un trio de cavaliers sortir de la jungle, il la baissa et regarda les rangers montés avec intérêt tandis que ceux-ci trottaient dans leur direction au milieu des Parasaurolophus tout en prenant soin de passer à distance respectable des Triceratops, les seconds étant connus pour leur comportement imprévisible, surtout en présence de jeunes.
Les autres passagers les remarquèrent aussi et leur venue lança quelques discussions à voix basse et un enfant lança à sa mère « Maman, tu as vu les chevaliers ? », ce à quoi celle-ci lui répondit que les cavaliers approchant n’étaient pas vraiment des chevaliers, bien qu’aux yeux d’un enfant, les rangers montés pouvaient être confondus avec des cavaliers d’un film d’époque à cause de leur apparence et de leur équipement.
Lorsqu’ils furent à leur niveau, l’un des cavaliers se présenta au niveau de la cabine et Walter abaissa la vitre de sa portière pour lui parler. Curieux, Gray tendit l’oreille pour essayer d’écouter la conversation mais en vain car les deux hommes parlaient si bas que Gray ne comprit pas un mot de ce qu’ils disaient, bien qu’il crut entendre « Metris » à un moment. Leur guide releva la vitre de sa portière et son interlocuteur alla se placer devant le camion tandis que les deux autres cavaliers s’étaient déjà placés de part et d’autre du véhicule.
Walter redémarra le camion et ils quittèrent la clairière, escortés par les rangers montés.
Lorsqu’ils revinrent sous l’ombre des arbres, un craquement de branche au niveau des arbres de la lisière ouest alerta quelque uns des Parasaurolophus en train de brouter qui relevèrent la tête pour regarder en direction du bruit quelques secondes avant de retourner à leurs occupations.
Alors que la piste devant eux les emmenait en direction du sud en serpentant à travers la jungle, les filles au dernier rang voulurent vérifier le selfie qu’elles ont prises quelques instants plus tôt avec les Parasaurolophus. En apercevant une tâche blanche au niveau du feuillage des arbres en arrière-plan de la photo, elles crurent d’abord à une impureté sur la photo mais en s'attardant dessus, elles remarquèrent que c'en était pas une.
- C’est quoi ce truc ? Demanda la blonde en pointant la tâche. On dirait une tête de dino. Avança-elle lorsqu’elles firent un premier zoom.
- Je crois bien que c’en est une, confirma son amie, toute blanche mais je ne sais pas qu’est-ce ça peut être.
- T’as qu’à jeter un œil à au panneau. Lui glissa le frisé.
- Mais je l’ai fait ! Rétorqua-elle. Il n’y est pas.
La fille aux cheveux auburn avait regardé la frise accrochée au-dessus de la rangée de devant mais aucune des espèces qui y figuraient ne pouvait correspondre à l’animal mystérieux sur la photo, que ce soit à cause de la couleur, de la taille ou de la forme du crâne.
- Passe-moi ton portable, je vais regarder ça. Dit le frisé.
Elle lui passa son smartphone.
- Ouais dis-nous ça, monsieur le spécialiste.
Tandis que le frisé étudiait la photo, le quatrième membre du groupe de jeunes, un blond musclé aux airs de surfeur, regarda le cavalier trottant à leur droite. Il vit que des œillères recouvraient partiellement la vision du cheval et que le cavalier avait une carabine rangé dans un fourreau accroché à la selle ainsi qu’un cor similaire en apparence à un olifant en bandoulière. Le jeune se demanda alors à quoi pouvait servir un instrument si moyenâgeux dans un parc à dinosaures réputé pour être à la pointe de la technologie.
Le camion suivit un virage, franchit un ruisseau et passa devant des ficus. La piste devant avait l’air de continuer en ligne droite, flanquée des deux côtés par un rideau de végétation en apparence impénétrable. On pouvait entendre ce qui était surement un gros animal en train de se déplacer plus loin derrière le dit rideau.
- Les gars, je crois savoir pourquoi on est escortés. Déclara gravement le frisé après avoir étudié sur la photo les contours de la tête qui les observait depuis le feuillage.
- Dis-nous le donc. Fit l’un de ses compagnons alors que les bruits derrière la végétation semblaient se rapprocher.
En zoomant au maximum sur la photo et malgré le fait que la tête était floutée à cause de la résolution, le frisé avait pu tout de même voir que la tête en question appartenait à celle d’un dinosaure théropode carnivore et un de grande taille à en juger par la hauteur à laquelle elles se trouvait, au moins plus de quatre mètre cinquante de haut avait-il déduit en comparant avec les arbres autour. Son amie avait raison, le dinosaure en question ne figurait pas sur la frise et il en déduisit que ce n’était pas un animal de la réserve, pas même un vivant dans un enclos attenant comme les métriacanthosaures et encore plus inquiétant, il ne figurait même pas dans le guide du parc.
Mais le plus effrayant sur la photo était qu’il semblait les observer...
- A cause de ça ! S’écria-t-il en haussant brusquement d’un ton à la fin de sa phrase en pointant une masse blanche se déplaçant rapidement derrière le rideau de végétation dense bordant le côté droit de la piste.
En l’espace d’un instant, l’Indominus fendit la végétation, ouvrit grand les mâchoires pour les refermer sur le cavalier de tête avant de balancer le corps du cheval droit sur le pare-brise du camion qui se fissura au niveau du point d’impact.
Walter freina brusquement et les visiteurs hurlèrent en entendant les hennissements paniqués, les coups de feu et les grognements du monstre dont seule l’apparence générale pouvait être distinguée derrière la traînée de sang laissée par le glissement du corps à moitié dévoré du cheval le long du pare-brise.
Le ranger à leur droite prit son cor et souffla dedans une première fois, puis une deuxième en produisant un son pouvant aisément se confondre avec le cri d’un dinosaure à bec de canard.

- Ils ont un problème sur la route du Plateau. Déclara Glenmore lorsqu’ils entendirent le second coup de cor provenir depuis la jungle au sud du limes. 
Mais lorsque le cor sonna une troisième fois, leur mine devint grave. Jamais il ne l’avait été plus de deux fois sur Isla Nublar mais dans l’Archipel des Cinq Morts en revanche, cela été déjà arrivé à plusieurs reprises par le passé en raison du danger inhérent à l’exercice de leurs fonctions dans cet endroit.
En cas d’attaque ou d’échauffourée avec la faune préhistorique de ces îles ou des braconniers et autres intrus armés, la Garde avait mis au point un protocole d’alerte permettant d’appeler des renforts de façon quasi immédiate sans avoir recours cependant aux ondes radios, celles-ci pouvant être perturbées par des interférences, ou téléphoniques, le réseau étant quasi inexistant dans cette région isolée. Ainsi, elle adopta l’usage de cors dont chaque patrouille en possédait un exemplaire et fabriqués de manière à ce que le son produit par l’instrument sonne comme le cri d’un hadrosaure, permettant au coup de cor de passer relativement inaperçu au milieu des sons habituels de la jungle  et de n’être reconnu que par les rangers.
En entendant ce troisième coup, Glenmore bondit puis courra sans tarder vers ses hommes en leur faisant des signes.
- En selle ! Ils sont attaqués ! Hurla-il à plein poumons.
Tandis qu’Hamada rappelait le Pegasus pour qu’il prenne des rangers du peloton de Brunet à lesquels il commanda d’aller chercher les véhicules, les cavaliers du peloton de Glenmore qui avaient mis pied à terre remontèrent aussitôt à cheval et l’écossais sauta limite sur sa selle avant de prendre la tête de son groupe et de le mener vers la jungle. Ils donnèrent un coup d’éperon à leurs montures et celles-ci s’élancèrent au galop vers les arbres.

    Une fois qu’il eut sonné par trois dans son cor, le ranger dégaina sa carabine et hurla à Walter de foutre le camp avant de se mettre à tirer lui aussi sur l’Indominus tout en luttant pour garder le contrôle de son cheval. Ses compagnons et leurs chevaux gisaient déjà morts au milieu des feuilles recouvrant la piste et il savait que s’attaquer ainsi seul au monstre était une entreprise vouée à l’échec mais il devait gagner du temps pour laisser une chance au camion de s’échapper.
Walter s’exécuta et le camion se mit à faire demi-tour tandis que les coups de feu retentèrent, provoquant à chaque fois des sursauts de la part des passagers paniqués et en sanglots. Puis ils cessèrent dès qu’on entendit les os du dernier ranger êtres broyées par les mâchoires du monstre.
Le véhicule eut à peine terminé son demi-tour qu’il se mit à faire du surplace. Ses roues avaient beau tourner et décroché la terre de la piste, il ne bougeait pas.
En se retournant, le groupe de jeunes assis au fond sursautèrent lorsqu’ils virent que l’Indominus se tenait derrière le véhicule et le maintenait à l’aide de ses grandes mains terminées par des griffes semblables à des serres.  La main droite était agrippée au niveau des portières des deux derniers rangs tandis que celle de gauche l’était sur la grille derrière la dernière banquette et en les observant avec effroi, certains des passagers constatèrent que chacune d’elle était dotée de quatre doigts et que le doigt le plus interne ressemblait fortement à un pouce tandis que la griffe la plus longue devait faire dans les soixante centimètres.
Les doigts de la main gauche se resserrèrent autour des barreaux, le dinosaure tira sur la grille et l’arracha brutalement avant de la jeter à côté mais profitant du fait que leur attaquant ne maintenait plus le véhicule qu’avec une seule main, Walter actionna la marche arrière et fit reculer le camion d’un coup.
Ils heurtèrent le dinosaure blanc et celui-ci, surpris, perdit l’équilibre et lâcha prise. Le guide safari mit alors la première vitesse, appuya à fond sur l’accélérateur, et les roues tournèrent à toute vitesse, projetant de la terre et des feuilles mortes à la face du dinosaure étendu, puis le camion avança et Walter enclencha la deuxième.
Il avait l’impression d’être le capitaine d’un navire naviguant en pleine tempête. Son cerveau tournait à cent à l’heure et il sentait que tous les regards étaient tournés vers lui.  En jetant un bref coup d’œil dans le rétroviseur central, il vit une petite lueur d’espoir apparaître dans les yeux des passagers. Ces gens-là comptaient sur lui pour sortir de cette embuscade en vie et il ne devait en aucun cas les laissait tomber.
Ils parcoururent une quarantaine de mètres avant qu’une masse énorme ne vienne les charger de manière latérale : L’Indominus les avait rattrapés.
La grille des portières se déforma sous l’impact et le camion dévia de sa trajectoire, menaçant de rentrer droit dans un ficus situé sur le bord de la piste. In extremis, Walter freina et tourna le volant vers la droite mais les racines noueuses et épaisses du ficus s’étendaient à même le sol tout autour de l’arbre et le capot se leva subitement lorsque les roues avant passèrent sur l’une d’elles. Le châssis rebondit alors, secouant méchamment les visiteurs au passage, et quand les roues arrière tentèrent de franchir l’obstacle à leur tour, elles restèrent coincées derrière.
L’Indominus s’avança lentement vers la cabine où Walter, qui avait réalisé que le camion était bloqué, venait de céder finalement lui aussi à la panique. Voyant que les rangers appelés via les trois coups de cors tardaient à arriver, il saisit sa radio et les mains tremblantes, en tourna les boutons dans le but de trouver la fréquence d’appel d’urgence.   Lorsque le grésillement de la radio cessa et que l’on y entendit quelqu’un y parler de manière audible, Walter porta la radio au niveau de sa bouche mais au moment où il appuya sur le bouton pour communiquer, quelque chose vint frapper le pare-brise au-dessus du siège conducteur. Les fissures crées suite à la projection du corps du cheval sur la vitre s’élargirent et tout un réseau d’autres fissures de plus petite taille apparut autour du lieu de l’impact avant que le pare-brise n’éclate en un millier de petits morceaux.
Les passagers virent Walter mettre les bras devant ses yeux pour se protéger des débris de verre mais aussitôt que le tintement du verre atterrissant dans toute la cabine cessa, une gueule énorme y entra d’un coup, ouvrit en grand ses mâchoires avant de les refermer sur le pauvre Walter puis de sortir aussi subitement qu’elle était entrée. En un battement de cil, leur guide avait disparu, et la seule radio du véhicule avec.
Sans chauffeur pour manœuvrer le bolide dans lequel ils étaient enfermés, les passagers redoublèrent de panique et en voyant les pattes musclées et le bas du ventre du dinosaure contourner le capot puis longer le véhicule de très près, le frôlant limite, avec la même patience qu’un requin tournant autour d’une proie, certains se mirent à crier. 
Intriguée par les cris, l’Indominus abaissa un tout petit sa tête, ne révélant aux passagers que son museau et ses mâchoires encore rouges du sang de ceux qu’elle venait de tuer, puis renifla et entrouvrit ses mâchoires, comme si elle voulait sentir et goûter leur peur.
En la voyant se diriger vers l’arrière du véhicule où les jeunes n’étaient plus protégés par la grille arrière, les autres passagers leur hurlèrent de ne pas rester là. Les jeunes se levèrent et entreprirent de franchir la banquette devant eux, bousculant les passagers assis devant eux. Alors qu’il avait les mains posées sur le haut de la huitième banquette, le blond aux airs de surfeur se mit à hurler et à enfoncer ses ongles dans le rembourrage de la banquette lorsqu’il sentit un poids immense lui broyer les jambes. Les mâchoires dans lesquelles elles avaient disparu le tirèrent si violemment en dehors du véhicule qu’un des passagers du neuvième rang fut assommé lorsque le coude du jeune percuta sa tempe. Les compagnons de la victime la regardèrent impuissamment être jetée tel un hochet au loin et en remarquant que le dinosaure n’alla même pas auprès du corps sans vie de leur ami, ils réalisèrent qu’il n’attaquait pas parce qu’il avait faim, mais parce que cela le défoulait. Il allait se mettre à massacrer les passagers jusqu’à ce qu’il en soit lassé.
Les mâchoires réapparurent dans l’espace vide laissé par la grille et s’ouvrirent avant de se refermer dans la banquette du fond et de l’arracher hors du véhicule, agrandissant le trou par lequel il pouvait désormais aller chercher ses proies. Celles-ci n’étaient pas dupes et allèrent se réfugier vers l’avant du véhicule en n’hésitant pas à se monter dessus les uns sur les autres tels des porcs dans le couloir étroit d’un abattoir pour tenter d’échapper aux mâchoires qui obstruaient le trou à l’arrière du camion.
Derrière la nuée de membres gesticulant des autres passagers, Gray crut voir un bref instant les yeux de la bête les fixer.  Ayant vu ses proies déserter les derniers rangées du véhicule, le dinosaure en sortit sa tête et longea le côté droit du camion avant d’attraper avec sa main droite la portière de la cinquième rangée et de l’arracher. Puis en mordant le toit du camion et en le maintenant avec ses pattes, il le fit basculer légèrement vers lui. A l’intérieur du camion, les touristes se mirent à tous glisser le long de leurs banquettes respectives et ceux assis le plus droite sentirent le poids de tous les autres presser leur corps contre la portière. Par contre les passagers assis au cinquième rang glissèrent en dehors du véhicule et tombèrent aux pieds du dinosaure ; l’un d’eux faillit même emporter avec lui le passager du rang de derrière qui l’avait rattrapé par le col.
L'Indominus lâcha le camion et entreprit de tuer un par un les quatre passagers qu’il avait réussi à faire sortir. Il piétina celui qui rampait le plus près de sa patte, donna un coup de griffe dans le dos d’un autre et lorsqu’il vit les deux autres s’enfuir, une scène perturbante eu lieu : Le fuyard le plus lent fut stoppé net dans sa course alors qu’il était hors de portée des griffes et des mâchoires du monstre. Il s’agenouilla sur le sol, du sang sortit de sa bouche et lorsqu’il regarda au niveau de son torse, il vit un appendice long, rigide, charnu et à la pointe barbelée fichée en travers de son abdomen tel un javelot. Dans son agonie, le passager se sentit être soulevé et sa dernière vision fut celle de ses jambes flottant au-dessus du sol et de l’autre fuyard continuant à courir.
Ceux à l’intérieur du camion regardèrent avec stupéfaction l’appendice ramener le corps du fuyard vers le haut, en direction de l’endroit où se trouvait la gueule du monstre. Le dinosaure avala sa victime puis entreprit de répéter l’opération effectuée sur la portière du cinquième rang sur celle du quatrième rang, mais gagné par la frénésie, il se montra encore plus violent qu’auparavant.
Une fois la portière arrachée, il n’hésita pas à faire basculer davantage le camion et à introduire sa main à l’intérieur à la manière d’un enfant glouton tentant de saisir des bonbons au fond d’un bocal pour aller cueillir les passagers du quatrième rang, une famille de chinois, ainsi que quelques autres et les expulser avec force du véhicule.  Le père et sa fille de huit ans furent tués sous les yeux de la mère et de leur autre enfant, un garçon d’environ cinq ans. La mère prit alors leur fils dans ses bras et suivit les autres fuyards vers les fourrés situés loin devant le camion.
Quand ils surent que leur tour était venu, Zach tira Gray par le bras pour l’emmener de l’autre côté du véhicule. Tandis que la bête arrachait la portière et enfonçait ses dents dans le toit, ils passèrent au-dessus des passagers assis à leur gauche mais à peine l’aîné hurla à son frère cadet de s’accrocher aux barreaux que le camion bascula.
Gray n’eut pas le temps de s’accrocher et il aurait glissé lui aussi hors du véhicule si Zach, la main droite empoignée fermement autour de l’un des barreaux, ne l’avait pas retenu contre lui à l’aide de son bras gauche. Le jeune homme vit les passagers des rangées ayant encore leurs portières droites glisser pour s’empiler comme des sardines en boite contre les barreaux tandis que la main géante avait enfoncé ses griffes dans le dos d’un des passagers de leur rangée qui tentait d’attraper la jambe de Zach pour pouvoir aller s’accrocher lui aussi au niveau des barreaux. Le passager en question n’émit qu’un cri étouffé lorsque la pointe des griffes lui perfora les poumons, puis il se laissa traîner contre l’allée et être tiré d’abord hors du véhicule puis vers le haut où l’on entendit ses os se briser entre les mâchoires du dinosaure.
Toujours suspendu à son barreau, Zach sentit la douleur gagner rapidement les muscles de son bras tendu et le fait qu’il tenait désespérément Gray contre lui ne contribuait pas du tout à la calmer, c’était presque même le contraire. Quand elle arriva à la limite du supportable, il grimaça en serrant les dents mais rien n’y faisait, elle devint si forte qu’il sentit avec horreur ses doigts desserrer peu à peu leur emprise autour du barreau.
D’ici quelques instants, ceux-ci allaient lâcher prise et lui et son frère glisseraient tout droit vers l’extérieur. Le jeune homme pensa brièvement qu’ils pourraient se relever et courir pour échapper aux griffes, aux mâchoires ainsi qu’à l’étrange appendice puis il vit les corps de ceux que le monstre avait déjà tué et remarqua que les rares qui avaient pu lui échapper étaient déjà loin. Leurs chances de s’échapper étaient proches du néant.
Alors qu’il fut sur le point de lâcher prise, un puissant coup de cor prolongé retentit et le monstre, distrait, remit le véhicule droit sur ses roues, lâcha prise et se détourna de ses proies, le temps de s’occuper de ce qui arrivait du nord. En entendant des coups de feu tirés en l’air, il grogna puis écarta les bras en piétinant sur place et battant l'air avec sa longue queue dotée d'écailles épineuses similaires à celles présentes chez les lézards du genre Cordylus.
Une douzaine de rangers montés armés de carabines et de sortes de lances à extrémité fourchue apparut en déboulant au tournant de la piste. Lorsqu’ils virent le prédateur géant après avoir traversé le ruisseau, les chevaux freinèrent d’un coup et hennirent de panique en se cabrant pour certains. Malgré la distance les séparant des cavaliers, les passagers pouvaient voir qu’ils semblaient être pris d’effroi et qu’ils regardaient d’un air choqué l'Indominus qui leur feulait dessus tel un fauve en colère.
Lorsque le dinosaure arqua la tête en arrière comme pour se préparer à charger, l’un des cavaliers au centre du groupe le mit en joue et hurla :
- Feu !
A l’instant même où les carabines se mirent à cracher à l’unisson, les passagers s’aplatirent derrière les banquettes situées devant eux ou tout autre paroi dure pour se mettre à couvert des balles qui sifflèrent. Certaines ricochèrent contre les montants du véhicule mais on en entendit la plupart atteindre la peau du dinosaure. Cependant, celle-ci avait un aspect dur et rugueux, comme celle d’un crocodile, et agissait comme une armure sur laquelle les balles soit ne s’enfonçaient que de quelques millimètres. Au lieu de rugir de douleur, le dinosaure continua de feuler comme pour les dissuader d’avancer puis il leva soudainement la tête avant de faire volte-face et de battre en retraite pour disparaître derrière le mur de végétation via lequel il avait fait irruption sur la piste.
Quand le ranger ayant ordonné l’ordre de tirer sur le dinosaure, un moustachu semblant tout droit sorti d’un roman de Kipling que les passagers présumèrent comme étant le chef des cavaliers, vit les corps démembrés de ses collègues plus loin sur la piste, son visage s’empourpra et il passa à côté du camion au galop. Tout le monde cru pendant un instant qu’il allait se lancer seul à la poursuite du dinosaure mais une fois arrivé près de la trouée dans lequel le monstre avait disparu, le moustachu tira sur les rennes de son cheval puis se mit à déclamer des insultes et des menaces en gaélique écossais à l’encontre de la créature qui avait tué ses collègues.
Lorsque Duncan Glenmore revint auprès de ses hommes, un grondement commença à parcourir la terre et une trentaine de petits dinosaures verts au dos rayé de marron sortirent en piaillant des fourrés dans lesquels les fuyards avaient disparu lors de l'attaque de l'Indominus.
C’étaient des animaux vifs et graciles de la taille d’un poulet, au museau effilé et à la longue queue en forme de balancier. Il s’agissait de Compsognathus, une espèce de petit dinosaure carnivore ayant vécu à la fin du Jurassique dans l’archipel tropical qui devint plus tard l’Europe. Les clones d’Ingen étaient particulièrement connus pour être voraces lorsqu’ils chassaient en meute, n’hésitant pas à s’attaquer à des proies de la taille d’un être humain si celles-ci étaient affaiblies pour cause de blessure ou de maladie ainsi qu’à mordre s’ils se sentaient menacé. Mais les individus qui courraient actuellement en direction des chevaux n’étaient pas en train de chasser, ils fuyaient quelque chose. Derrière-eux, des coatis à nez blanc émergèrent à leur tour des sous-bois en galopant tandis que des singes-araignées de Geoffroy se balançaient d’arbre en arbre en aboyant et qu’une nuée d’oiseaux divers survola le site de l’attaque en poussant des cris.
On crut d’abord à une nouvelle manifestation de la part du volcan, tout le monde ayant ressenti le séisme de magnitude 4,5 sur l’échelle de Richter qui avait frappé l’île la nuit dernière aux alentours de vingt-et-une heures, mais lorsqu’on entendit quelque chose de volumineux ballotter et coucher les arbres et piétiner la végétation à grande vitesse au nord, on aurait dit qu’un tsunami déferlait sur l’île. Or ils étaient dans les terres à une altitude d’environ cent cinquante mètres, cela ne pouvait en être un à moins qu’il ne s’agissait d’un déluge aux proportions bibliques capable de submerger la majeure partie de l’île sous les flots et de faire subir à Jurassic World le même sort que la légendaire Atlantide.
Les chevaux, encore énervés suite à leur confrontation avec l’Indominus, s’affolèrent à nouveau lorsque les Compsognathus slalomèrent entre leurs jambes et l’une des juments, ayant tendance à être facilement effrayée, paniqua. Dans sa ruade, elle faillit donner un coup au cheval voisin et à son cavalier et lorsqu’elle tua dans la foulée l’un des Compsognathus, balançant son corps à la face de l’un des rangers qui le jeta directement au sol,  les piaillements des dinosaures gagnèrent en intensité mais ils furent aussitôt couverts par des cris humains alors que le grondement gagnait de plus en plus en intensité.
A la surprise de tous, les fuyards sortirent eux aussi des fourrés en courant comme des dératés vers le camion pour remonter à bord, hurlant aux rangers de foutre le camp. Derrière, la chinoise tenait toujours son fils dans ses bras mais elle était essoufflée et à la traîne. Quand les autres fuyards étaient pratiquement arrivés au niveau du camion, elle venait juste de sortir des fourrés et chacune de ses foulées semblaient lui faire mal. L’un des rangers, un jeune américain dénommé Jenkins, donna un coup d’éperon à son cheval et chevaucha vers eux. Ses collègues tentèrent de le dissuader mais il ne les écouta pas. Il ne se rendit compte que trop tard de son erreur.
La touriste avait parcouru une vingtaine de mètres lorsqu’un tsunami de chair roula derrière elle en aplatissant les arbres et les buissons sur son passage. Face à la vague dinosaurienne de Parasaurolophus, de Triceratops et de Dryosaurus qui fonçait droit vers eux, les cavaliers s’écartèrent mais Jenkins était toujours dans sa lancée, le bras droit tendu prêt à saisir la mère et son fils. Elle savait qu’il n’arriverait jamais à les sauver à temps et c’est pourquoi elle s’arrêta, demanda à son fils de la serrer très fort et de fermer les yeux. Les larmes aux yeux, elle les ferma à son tour et serra son fils contre elle et attendit. Jenkins vit au ralenti le troupeau les engloutir en son sein et la mère et le fils disparurent de sa vue, au milieu des cris et des jappements des dinosaures.
Lorsque le ranger tourna bride pour faire demi-tour, quelque chose de gros chargea de plein fouet son destrier et Jenkins sentit une corne lui transpercer la cuisse au travers du cheval. En étant soulevé par le tricératops qui venait de l’encorner au niveau du ventre et de l’encolure, l’équidé poussa un long râle à moitié étouffé. Lui et son cavalier gênant la vision du cératopsien, celui-ci donna un violent coup de tête sur le côté pour se débarrasser d’eux. Toujours sur sa monture, Jenkins vola en l’air avec elle sur plusieurs mètres en décrivant une cloche. Au moment où ils allaient s’écraser dans la poussière, un autre dinosaure vint les heurter en plein vol et les dévia de leur trajectoire avant qu’ils n’atterrissent et qu’ils fussent piétinés.
Les collègues de Jenkins n’eurent pas le temps de réagir à sa mort qu’un mugissement en hauteur attira leur attention. En levant la tête, ils virent le long cou d’un Mamenchisaurus émerger du feuillage touffu d’un arbre immense. Les lianes pendant sous les branches avaient beau avoir l’épaisseur d’une corde, c’est à peine si elles freinèrent le sauropode et elles se rompirent aussi facilement que du fil dentaire sur son passage. En ramenant son regard au niveau du sol, l’un des cavaliers vit que le corps du mamenchisaure allait heurter le tronc de l’arbre.
- Attention ! Cria-il à ses collègues.
Mais à peine eurent-ils l’entendu qu’ils virent l’arbre être déraciné sur le passage du titan au long cou puis plier. Les cavaliers se trouvant dans l’axe de sa chute firent un effort supplémentaire pour maîtriser les chevaux rendus limite incontrôlables à cause des dinosaures en fuite mais la plupart purent s’écarter à temps quand l’arbre s’abattit tel un gourdin manié par un géant.
Seuls deux des cavaliers ne se montrèrent pas assez rapide et disparurent sous l’arbre, l’un sous le tronc et l’autre au niveau de la cime, juste à côté du camion. Dans sa chute, le géant végétal scinda les rangers montés en deux groupes : Là où le Lieutenant Glenmore, Selma Forrester et quatre autre rangers purent s’éloigner de la route des dinosaures, le reste de leurs collègues avaient fini de l’autre côté de l’arbre tombé.
Dans le camion, les visiteurs eurent l’impression d’être tomber de Charybde en Scylla car aussitôt que les rangers avaient fait fuir le dinosaure blanc et que les passagers s’étaient remis à leur place croyant qu’ils allaient enfin pouvoir laisser ce cauchemar derrière eux, voilà que tous ces herbivores avaient surgit en plein galop. Quand le mamenchisaure ayant déraciné le gros arbre passa à quelques centimètres du camion, les passagers tremblèrent à chacun de ses pas sourds et si personne ne faisait rien pour les sortir de là, ils allaient mourir écrasés dans le camion si jamais un autre de ces animaux surgissait à son tour et venait à considérer le véhicule comme un simple obstacle en travers de son chemin. En voyant certains des rangers fuir les lieux en chevauchant parmi le troupeau, quelqu’un s’écria « Ils nous abandonnent ! Ils nous  abandonnent !» et les sanglots fusèrent de nouveau.
Paradoxalement, leur salut résida dans l’un des dinosaures en fuite qui les menaçait. En heurtant le camion, un tricératops le souleva et les roues arrière passèrent au-dessus de la racine qui les coinçait.
Réalisant qu’ils n’étaient plus bloqués, l’un des passagers du premier rang, un homme petit et sec, prit sur lui, bondit dans la cabine et s’installa sur le siège du conducteur. Les clés étant toujours sur le contact,  il les tourna pour démarrer le moteur, enclencha la première vitesse et tourna le volant vers la droite. Alors que le camion était parvenu jusqu’au milieu de la piste, un arbre, aussi gros que celui tombé plus tôt et également déraciné sur le passage d’un Mamenchisaurus, vint s’abattre devant eux et le conducteur freina. Le camion s’arrêta devant l’obstacle et fut bousculé au passage par les derniers dinosaures du troupeau dont le grondement commença à s’estomper.
Quand ils entendirent une succession de mugissement apeurés, ils comprirent rapidement la raison derrière la panique des herbivores.
Harassant un Parasaurolophus traînard comportant des traces de griffures sanguinolentes sur ses flancs, vint une demi-douzaine de théropodes bruns rayés et de taille moyenne : la meute de Metriacanthosaurus.
Les prédateurs remarquèrent les touristes hurlants dans le camion et hésitèrent brièvement entre continuer la poursuite d’un hadrosaure de trois tonnes capable d’infliger des coups de patte potentiellement mortels ou aller se servir dans un buffet sur roues de plus d’une trentaine d’humains sans défense apparente. Ils choisirent la facilité et abandonnèrent la poursuite du Parasaurolophus.
Ce fut à ce moment-là que l’un des rangers ayant disparu sous l’arbre tombé émergea du feuillage tout groggy. L’un des métriacanthosaures adultes, le mâle dénommé Boomer, le repéra et n’ayant pas le temps de rejoindre ses collègues de l’autre côté du tronc, il sprinta vers le seul échappatoire qu’il pouvait atteindre à temps : le camion en train de reculer. Il passa juste devant l’hadrosaure blessé et sauta sur l’une des portières au moment même où le véhicule partit. Laissant sa main droite agrippée aux barreaux, il utilisa l’autre pour dégainer son pistolet, se retourna vers son poursuivant et lui tira dessus.
Les premières balles atterrirent aux pieds du prédateur qui continuait de charger mais lorsqu’une balle atteignit sa cuisse, il grogna de douleur et recula. Voyant l’un de ses rejetons vouloir s’élancer vers le ranger, Boomer claqua des mâchoires en sa direction pour le dissuader de foncer tête baissée et d’être abattu.
Les humains n’allaient pas être aussi faciles à chasser que prévu et pour arriver à leurs fins, les métriacanthosaures allaient devoir, malgré leur maigre expérience dans la chasse de proies vivantes, agir ensemble de manière efficace et coordonnée, non seulement en tant que meute mais en tant que famille aussi.
Après ce bref arrêt, Boomer repris la chasse, suivit de sa meute, courant cette fois-ci vers la gauche du camion, là où l’humain au pistolet ne pourrait pas les atteindre.

A suivre...



Alors que pensez-vous de ce passage ?

Dernière modification par The Geeky Zoologist (16-07-2017 21:04:40)


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#70 21-07-2017 20:04:21

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonsoir,

Voici la troisième partie de Bataille sur le Plateau.
La première grosse scène d'action du récit s'y terminant, j'ai hâte de savoir ce que vous en pensez.

En attendant, il ne me reste qu'à vous souhaiter une bonne lecture.

                                                                    Bataille sur le Plateau
                                                                                (Partie 3/4)

- Forrester ! Hélà Glenmore lorsque Selma voulut se lancer à la poursuite des métriacanthosaures. Par-là ! Nous les rattraperons au Plateau ! Dit-il en pointant une trouée dans la jungle au sud créé par le passage des Mamenchisaurus ayant pris un autre chemin que les autres herbivores. La route prise par le camion longe les falaises, ce serait du suicide de s’y engager vu les circonstances actuelles. Lui expliqua-il un peu plus loin.
Le groupe de Glenmore avait quitté la piste et galopait au milieu de la végétation dense, coupant à travers la jungle en suivant le sillage des sauropodes afin de rejoindre le plateau mentionné par Duncan.
Ils rejoignirent les deux Mamenchisaurus au milieu d’une parcelle de forêt moins dense constituée en majorité de palmiers. Bien que les mamenchisaures semblaient s’être calmés par rapport à plus tôt mais ils n’avaient pas ralenti pour autant et trottaient à une vitesse avoisinant celle d’un Homme au pas de course, piétinant les buissons sur leur passage mais aussi quelques petits animaux qui eurent le malheur de ne pas se montrer assez rapide en s’écartant de leur route.
- N’allez pas entre les deux ! Contournez-les ! Cria Glenmore à deux des cavaliers qui avaient chevauché plus rapidement que le reste du groupe et qui allaient se retrouver entre les mamenchisaures s’ils ne tournaient pas bride.
Mais ils ne l’entendirent pas par-dessus les bruits des sauropodes et de la végétation piétinée et alors qu’ils étaient en vue de la lisière ensoleillée de la jungle, un vagissement similaire à celui d’un crocodile arriva aux oreilles de Glenmore et en jetant un regard par-dessus son épaule et vit un gros animal blanc se mouvoir plus loin derrière eux, partiellement dissimulé par la végétation.
L’Indominus était sur leurs talons et lorsqu’il entendit lui-aussi son vagissement, l’un des mamenchisaure s’affola et fit un écart sur la droite, rentrant dans son congénère et leurs deux corps énormes se heurtèrent alors que les deux cavaliers de tête étaient toujours entre eux. L’un d’eux parvint à quitter cet étau gigantesque en tournant bride à gauche, passant sous le ventre du Mamenchisaurus en évitant ses pattes de justesse avant que le sauropode de droite ne repousse violemment son congénère mais lorsque celui-ci fit cela, l’une de ses pattes avant entra en collision avec l’autre cavalier, faisant tomber son cheval sur le flanc. Coincé sous sa monture, le ranger n’eut le temps d’émettre qu’un bref cri avant qu’une patte arrière de la taille d’une colonne ne vienne s’abattre sur lui et le réduire en bouillie.
Quand ils dépassèrent les sauropodes par la droite, les autres rangers montés durent sauter par-dessus un palmier couché en travers de leur route avant de sortir de la jungle et de quitter le fracas de la jungle pour l’air libre et le silence relatif des champs. Ils y furent rejoints par leur compagnon qui avait disparu derrière les Mamenchisaurus et bifurquèrent légèrement sur leur droite tandis que les sauropodes, quand ils sortirent à leur tour de la jungle, continuèrent en ligne droite.
Glenmore se retourna pour s’apercevoir que l’I.rex s’était arrêtée juste à la ligne des arbres derrière lesquels elle était en grande partie cachée. Malgré la distance, il vit qu’elle semblait regarder vers le haut mais Glenmore ignorait si elle ne voulait pas avancer parce qu’elle n’aimait pas la lumière du Soleil comme il a été plusieurs fois observé au Colisée ou car elle était méfiante vis-à-vis du ballon à air chaud survolant les champs qu’elle devait peut être voir comme une sorte d’être volant monstrueux.
Alors qu’ils chevauchaient en direction des montagnes au loin à l’ouest, au-delà des arbres par-dessus lesquels s’élevaient les volutes de poussière soulevées par le passage du troupeau en pleine débandade, Glenmore se retourna de nouveau et vit qu’elle avait disparu dans l’ombre de la jungle de la Réserve où des heures, voir des jours entiers pouvaient s’écouler avant qu’ils ne la retrouvent.
    Pendant que le groupe de Glenmore coupait à travers la jungle aux côtés des Mamenchisaurus, les métriacanthosaures avait réduits la distance les séparant du camion d’à peine quelques mètres alors que le véhicule avait lui-même quasiment rattrapé le nuage de poussière jaunâtre volant autour du troupeau et qui gêna rapidement la vision du conducteur. Le bruit du troupeau était aussi assourdissant que les rugissements de réacteurs sur la piste d’un aéroport et les herbivores chargeaient à une vitesse étonnante en grondant ou en poussant des cris d’effroi.
En ayant vu les prédateurs tenter de les contourner par la gauche, le ranger accroché à la portière avait escaladé celle-ci pour monter sur le toit du véhicule et progresser en rampant dessus, la main droite agrippée à l’une des barres de toit latérales et l’autre tenant fermement le pistolet.
Cependant, profitant du fait que le ranger ne les avait plus en joue, l’un des métriacanthosaures subadultes dépassa le camion par la droite avant de bondir latéralement sur le côté au niveau de l’espace laissé par l’une des portières arrachées et d’aller saisir l’un des passagers de ce rang puis de repartir en emportant sa proie dans les fourrés pour aller la dévorer tranquillement plus loin, à l’abri de tout ce raffut. Le ranger rampa alors vers l’autre côté du camion pour s’agripper à l’autre barre mais ce fut à ce moment que l’un des adultes bondit à l’arrière du véhicule avec une agilité si irréaliste pour un animal pesant autant qu’une voiture qu’elle en devint effrayante. Lorsque ses griffes s’enfoncèrent dans la neuvième banquette et que les mâchoires se refermèrent sur l’un des passagers de la neuvième rangée,  le camion se dressa pendant quelque secondes sur ses roues arrière et le ranger rampant sur le toit bascula par-dessus la barre de toit et se retrouva suspendu par une main au-dessus de la piste défilant à toute vitesse en étant frôlé par des dinosaures herbivores de plusieurs tonnes.
Autre conséquence du dressement soudain du camion, les herbivores furent davantage effrayés qu’ils ne l’étaient déjà, se croyant attaqués par le véhicule lui-même dont le moteur rugissait à la manière d’un animal en colère. Dans leur affolement, deux des Parasaurolophus prirent en tenaille l’un des rangers montés qui chevauchaient parmi le troupeau et le compressèrent entre eux tandis que plus loin, un autre des cavaliers fut renversé d’un coup de collerette par un Triceratops avant d’être piétiné.
Quand le camion fut de nouveau sur ses quatre roues, le métriacanthosaure se laissa tomber du camion et disparut lui aussi dans la végétation avec sa proie et quand le conducteur entendit un « crac » sous les roues, il sut qu’ils venaient de passer sur le corps du ranger renversé par le tricératops.
Alors que le camion se frayait ainsi un chemin au milieu du troupeau, un autre des subadultes voulut copier l’exemple de son frère en allant lui aussi à droite du camion mais il tomba sur le ranger qui, toujours accroché que par une main, tentait de remonter. N’attendant pas que le métriacanthosaure n’arrive à son niveau, le ranger jeta son pistolet à l’intérieur du camion afin de libérer son autre main puis il s’élança, saisit des deux mains la barre et passa une jambe par-dessus puis remonta l’autre au moment même où les mâchoires allaient se refermer sur celle-ci. Le prédateur adolescent émit un grognement et se déporta encore plus à droite avant de charger puis de bondir sur le camion qui fit un brusque écart sur la gauche en percutant un des cavaliers qui était en train de tirer sur le métriacanthosaure qui s’était lancé à sa poursuite. Le ranger rampa à reculons vers l’avant du camion tandis que le métriacanthosaure, les griffes fichées dans la tôle du toit, grimpait sur celui-ci en s’appuyant à l’aide de ses pattes arrières sur les barreaux de deux des portières qui se tordirent sous le poids de l’animal. Du coin de l’œil, il vit que la piste décrivait un virage avant de longer sur plusieurs centaines de mètres, le bord d’une falaise.
En raison de l’étroitesse de la piste à ce niveau, les animaux n’hésitèrent pas à presser leurs corps gigantesques les uns contre les autres, à se bousculer entre eux ainsi que le camion. Quand les passagers virent l’un des Parasaurolophus être bousculé par un tricératops puis chuter du rebord en poussant un mugissement plaintif, ils ne purent s’empêcher d’avoir un pincement au cœur.
Sur le toit du véhicule, le ranger avait rampé en arrière jusqu’au niveau de la cabine et étant acculé par le métriacanthosaure qui avançait prudemment sur le toit, se couchant limite à chaque heurt de la part d’un animal du troupeau, il se releva et dégaina son sabre en pointant la lame vers le métriacanthosaure qui répondit en feulant.
Tels deux duellistes, ils se toisèrent quelques instants alors que la poussière volait autour d’eux, que les mugissements emplissaient l’air et que le camion tanguait sous leurs pieds, tel le pont d’un navire en pleine tempête. Derrière lui, le ranger entendit un bruit d’éboulis suivit d’un hennissement qui se perdit rapidement en contrebas : Le dernier des cavaliers encore en vie venait de tomber de la falaise, probablement poussé par l’un des dinosaures.
Voyant sa proie et adversaire être momentanément déconcentrée, le métriacanthosaure avança et ouvrit les mâchoires pour mordre mais lorsqu’il sentit la lame du sabre lui entailler le museau, il recula et quand un Parasaurolophus vint bousculer le véhicule par la gauche, il s’aplatit sur le toit. Le véhicule se rapprocha dangereusement du bord et de temps à autre, les roues de droite vinrent à rouler dans le vide alors que le camion menaçait de tomber de la falaise. A l’intérieur, les visiteurs s’accrochaient désespérément à tout ce qu’ils pouvaient en hurlant mais certains des passagers des rangées dont les portières avaient été arrachées glissèrent et chutèrent dans le vide.
Dans la cabine, le conducteur donna un violent coup de volant sur la gauche et bouscula à son tour l’un des animaux. C’était cruel mais il n’avait pas le choix car dans cette situation, chaque être vivant ne se préoccupait que de sa propre survie et non pas de celle d’animaux qui n’étaient même pas ses congénères et encore, même ceux-ci pouvaient constituer des obstacles dont il était parfois amené à se débarrasser.
Au-dessus de leurs têtes, les passagers entendirent le métriacanthosaure griffer le toit en se relevant puis se lancer en direction de la cabine puis un hurlement de la part du ranger mais alors qu’ils crurent que c’en était fini de celui-ci, le dinosaure glissa du toit et le temps d’un clin d’œil, ceux assis dans les premières rangées virent une entaille au niveau du cou de l’animal d’où jaillissait du sang. Le métriacanthosaure mordit la poussière mais il n’était pas mort pour autant et en relevant la tête, il émit un rugissement furieux avant d’être subitement tu par un tricératops qui lui écrasa le crâne en passant sur son corps.
Le ranger quant à lui se tenait debout sur le toit, haletant et du sang coulant de sa lame, regardant le corps de son adversaire dinosaurien être piétiné. Mais il eut à peine le temps de réaliser sa victoire qu’il tomba à son tour du véhicule lorsqu’ils furent heurtés une énième fois mais il n’atterrit pas immédiatement au sol. A la place, il alla s’embrocher sur la corne d’un tricératops, le même qui avait achevé le métriacanthosaure quelques secondes plus tôt.
La piste bifurqua et ils laissèrent enfin le rebord des falaises derrière eux. Ils repassèrent sous l’ombre des arbres le temps de quelques instants mais quand ils ressortirent, ce fut au beau milieu d’un groupe de Corythosaurus qui paniquèrent à la vue des Metriacanthosaurus et piétinèrent un touriste tombé du camion.
Le troupeau lui gênant la vue, le conducteur ne remarqua pas tout de suite le Stegosaurus qui déambulait nonchalamment plus loin devant. Il s’agissait d’un spécimen de taille exceptionnelle, long d’environ douze mètres et dont la pointe des plaques dorsales culminait à près de cinq mètres de hauteur là où les stégosaures étaient d’ordinaire d’une longueur inférieure ou égale à neuf mètres. Ainsi, il était encore plus gros que le camion et quant à savoir si sa taille était du à l’âge ou à des modifications génétiques, les visiteurs n’en savaient rien et s’en moquaient car s’ils ne changeaient pas de direction, ils allaient rentrer dedans.
Malgré le troupeau approchant, le gros animal ne semblait pas vouloir bouger et quand les passagers virent sa queue garnie d’épines se balancer dangereusement dans leur direction, ils réalisèrent qu’il était au courant de leur présence et qui les intimait à ne pas s’approcher.  Les tricératops et les hadrosaures virent eux aussi ce signal et le troupeau se scinda en deux au niveau du stégosaure, tel les flots autour d’un gros rocher, et d’instinct, les métriacanthosaures contournèrent prudemment eux aussi l’herbivore à plaques.
Le camion suivit également le mouvement mais ils tournèrent trop tard au goût du stégosaure qui, lorsque le véhicule fut à portée de sa queue, donna un puissant coup avec. L’une des épines passa entre les barreaux et transperça de part en part l’un des touristes et lorsqu’elle se retira, une gerbe de sang sortit de la blessure et éclaboussa la banquette.
Quand les métriacanthosaures virent cela, ils devinrent comme fous et ils se jetèrent à toute vitesse vers le camion en grognant alors qu’un cri de bec de canard différent de celui des Parasaurolophus et des Corythosaurus retentit. Lorsqu’ils reconnurent le son du cor des rangers, les passagers désemparés se tournèrent vers l’autre côté de la prairie. Derrière les corps en mouvement des herbivores, ils virent cinq cavaliers arriver à plein galop.
Le lieutenant Glenmore et ceux qui chevauchaient avec lui fonçaient à toute vitesse pour rattraper le camion et porter secours aux passagers mais ceux-ci étaient toujours piégés au milieu d’une dizaine de dinosaures pesant pour la plupart chacun au moins plusieurs tonnes, sans compter les quatre métriacanthosaures, deux des adultes et deux des subadultes, qui les harcelaient avec le même acharnement qu’une meute de chiens de chasse courant après un cerf.
L’écossais parcourra le troupeau du regard, à la recherche de ses autres subordonnées mais il n’en trouva aucun. Craignant fortement ce qui leur était arrivé en empruntant la piste bordant les falaises et voyant le nombre de dinosaures se trouvant entre eux et le camion, Glenmore fut en proie au doute et ce qui restait de ses hommes le regardait impatiemment, en attente de ses ordres.
- Dispersons-les ! Finit-il par ordonner. Nous devons sortir ces gens de là !
Les cavaliers braquèrent leurs carabines vers le haut et tirèrent à plusieurs reprises en l’air à la manière des amérindiens dans les Western.
Effrayés, les herbivores se dispersèrent dans toutes les directions dans un gros nuage de poussière mais en regardant au-delà de celui-ci, les rangers virent que le camion était toujours harcelé par les métriacanthosaures.
- Locatelli, envoyons-leur un message ! Commanda Glenmore par-dessus son épaule au ranger italien qui chevauchait à côté de Selma.
Celui-ci porta le cor à sa bouche et souffla dedans mais alors qu’il le remettait en bandoulière autour de lui, il vit que Glenmore et les deux cavaliers de devant, Singh, un indien et Martel, une française, s’étaient déjà lancés et avaient laissés une douzaine de mètres entre eux et Locatelli et Forrester.
Alors que ces deux derniers s’apprêtaient à donner un coup d’éperon pour les rattraper, une longue colonne de Gallimimus et de Dryosaurus, affolés par le raffut provoqué par la débandade et les coups de feu, surgit de leur droite et passa entre les rangers dont les chevaux freinèrent en se cabrant un peu. Le temps que ces herbivores bipèdes passent, Selma vit leurs trois collègues les distancer jusqu’à ce qu’ils soient hors de portée de voix, chevauchant vers le nuage de poussière d’où émergèrent les Metriacanthosaurus.
Les théropodes les chargeant et croyant que Forrester et Locatelli les suivaient toujours, Glenmore sortit sa carabine tandis que Singh et Martel abaissèrent leurs lances à embout fourchu, des aiguillons électriques en vérité.
On aurait dit des lanciers d’une autre époque s’apprêtant à charger les rangs ennemis. Pour se donner du courage, les trois se mirent à hurler et comme en guise de réponse, les métriacanthosaures leur adressèrent des feulements et grognements et les menant, Boomer lança même un rugissement. Une main tenant fermement la lance et l’autre enserrée autour des rennes de leurs chevaux, Singh et Martel les sentirent mordre leurs mords sous le stress alors qu’à moins d’une centaine de mètres devant, précédant le nuage de poussière poussé par un léger vent du sud, les théropodes avaient leurs bras écartés et leurs gueules entrouvertes, faisant découvrir leurs rangées de dents tranchantes.
Lorsqu’il fut à portée, Glenmore tira sur l’un des adultes, le touchant sur le flanc gauche, mais en n’entendant qu’il n’y avait que lui qui tirait, Forrester et Locatelli possédant également des fusils, il hasarda un regard en arrière : Des Gallis et des Dryos leur coupent la route
Il eut à peine le temps de murmurer merde que les métriacanthosaures fondirent sur lui et ses deux compagnons pour les mettre en pièce, juste avant que le nuage de poussière ne vienne les avaler et masquer la bataille aux yeux de leurs deux collègues impuissants.
La dite bataille fut aussi brève que sanglante.
Bien que Singh et Martel parvinrent à tenir momentanément les métriacanthosaures en respect à l’aide de leurs aiguillons, ils furent rapidement submergés sous leur assauts. Singh fut saisi à même sa monture par Boomer qui l’emporta plus loin tandis que les deux subadultes se jetèrent sur le cheval de Martel. Lorsque la française donna un coup d’aiguillon à l’un des carnivores, celui-ci fit un bond sur le côté sous l’effet de la décharge électrique mais l’autre vint aussitôt mordre le cheval à la jugulaire, le soulever et enfoncer ses griffes au niveau de l’encolure. Martel tomba en arrière et en se relevant, elle vit le prédateur plaquer sa monture au sol tout en l’égorgeant, maculant l’herbe autour de sang. Sans perdre un instant, la ranger dégaina son pistolet mais alors qu’elle s’apprêtait à tirer, l’autre subadulte surgit à sa gauche et referma ses mâchoires sur elle. 
Glenmore, quant à lui, avait dégainé son sabre et était aux prises avec Sheala, l’une des femelles adultes. Le dinosaure harcelait sa monture et à chaque fois qu’il tentait de la mordre, Glenmore lui donnait un coup de sabre sur le museau, soulevant à chaque fois des grognements de douleur et de colère de la part de Sheala. Celle-ci changea alors de tactique et au lieu de continuer à vouloir attaquer le cheval, elle ouvrit grand les mâchoires pour saisir le cavalier. Au dernier moment, il se retourna, enfonça le canon de son fusil dans la gueule du métriacanthosaure et appuya sur la détente. Sheala s’effondra raide sur le sol tête la première en griffant la croupe du cheval dans sa chute. En passant près du corps de sa mère, l’un des subadultes vit le trou ensanglanté à l’arrière du crâne laissé par la balle du ranger et tourna son regard vers celui-ci.
Ayant vu que ses deux compagnons n’étaient plus de ce monde, Glenmore s’élança pour prendre la fuite mais un rugissement furieux vint d’un des côtés, au delà de l’écran de poussière. C’était Boomer et Glenmore écarquilla les yeux quand il le vit charger son cheval tête la première. Le haut du crâne du théropode percuta la cage thoracique du cheval avec une telle force qu’ils furent projetés plusieurs mètres en arrière et quand il sentit le corps de son destrier lui écraser le bassin et les jambes lorsqu’ils rencontrèrent le sol, Duncan ne put émettre qu’un râle alors qu’il voulut crier. Il entendit Boomer émettre un bref roucoulement puis il le vit s’approcher et malgré le fait qu’il se savait condamner, Duncan comptait au moins emporter l’un des Metris avec lui dans la tombe.
Il chercha à atteindre son fusil rangé à l’arrière de la selle en tendant le bras mais quand le carnivore fut à son niveau, ses doigts n’avaient réussi qu’à effleurer la crosse. Boomer posa ses pattes avant sur le corps du cheval et s’appuya dessus, ce qui eut pour effet de broyer davantage les os de Duncan qui gémissait face au supplice qu’on lui infligeait. Le dinosaure pencha la tête vers Duncan et ouvrit sa gueule, laissant un filet de bave couler sur le visage du ranger avant de la refermer et à la surprise de sa proie de l’éloigner un peu. Puis sa vision s’obscurcit et il sentit une vive douleur tout autour du cou alors qu’une odeur fétide lui envahissait les narines.
Sous l’œil vigilant de son géniteur, Philippe referma ses mâchoires autour du cou de Duncan et tira d’un coup sec, le décapitant à la vue de Forrester et Locatelli qui allaient être bientôt à portée de tir. Les trois métriacanthosaures se tournèrent vers les deux cavaliers, se préparant à leur faire face mais quand ils entendirent le bruit sourd de l’hélicoptère qui approchait du nord, le même qui leur avait tiré dessus lors de leur évasion à peine un quart d’heure plus tôt, Boomer grogna et lui et ses deux fils disparurent dans la poussière qui lorsqu’elle se dissipa, révéla l’herbe piétinée et maculée de sang du champ de bataille jonché des cadavres de deux des chevaux ainsi que de Martel, Singh et du lieutenant Glenmore dont on ne retrouva la tête couverte de bave que plus tard, à mi-chemin de la lisière de la jungle au sud.
Forrester et son collègue eurent beau balayer la prairie du regard, ils ne virent que quelques dinosaures herbivores au loin qui avaient observé avec méfiance le combat tandis que les mugissements et les cris résonnaient encore sur le Plateau. Par contre il n’y avait pas l’ombre du camion et des passagers, juste des traces de roues menant en direction des arbres touffus de la jungle.
En levant les yeux, Selma vit un urubu à tête rouge tourner dans le ciel au nord, au-dessus même de l’endroit où l’I.rex avait attaqué le convoi tandis que l’un des drones Farfadet survolait la prairie et que le Pegasus allait y atterrir.

Durant tout le temps de la débandade, l’attention des techniciens s’était dirigée vers la zone zoomée du plan du parc sur le grand écran où l’amas de petits points correspondants aux herbivores pourchassés par les Metriacanthosaurus s’était déplacer de manière coordonnée et rapidement, à la manière d’un tourbillon. Sur l’écran, ils avaient également vus les signes vitaux de plusieurs rangers s’éteindre un par un, y compris ceux du lieutenant Glenmore, en dernier.
Quand les animaux impliqués dans la débandade s’éparpillèrent sur l’écran, les images filmées par le drone dépêché sur les lieux en vitesse leur parvinrent, montrant l’un des camions rouler au milieu du troupeau, tel un navire en papier emporté par un torrent, et des corps tomber des falaises, droit vers les rochers coupants situés en contrebas, ou encore un coin de la prairie situé au sommet du Plateau, rougie par le sang des chevaux et des rangers. Mais malgré leur nature, ce n’étaient pas ces images qui les choquèrent le plus. En survolant la piste quelque part entre le limes et le Plateau, le drone filma une masse blanche se déplaçant furtivement sous le feuillage. Quand les techniciens firent un arrêt sur image et zoomèrent, ils reconnurent directement celle qu’ils avaient passé la matinée à traquer.
L’Indominus était entrée dans la réserve. Comment ?
Malgré le fait que des hommes avaient été envoyés patrouiller le long du limes et garnir ses portes, elle avait quand même trouvé le moyen de pénétrer dans la réserve alors qu’aucune attaque de sa part n’avait été signalée tandis que les capteurs le long de la clôture indiquaient qu’aucune anomalie n’était survenue.
Quoi qu’il en soit, l’Indominus venait de frapper par surprise au cœur du parc en leur portant un gros coup par l'occasion et ils déduisirent rapidement que ça devait être elle qui était à l’origine de la panique soudaine du Mamenchisaurus, créant ainsi l’effet domino qui aboutit à la débandade du troupeau.
- Hamada et Brunet sont en route pour évaluer les dégâts. Annonça Bradford après avoir écouté attentivement ce qu’on lui disait à l’oreillette.
En brisant le silence religieux qui régnait dans la pièce, il sortit Claire de sa rêverie. Sa supérieure était complètement abasourdie et atterrée par les images qu’ils recevaient.
Quand Claire se décida enfin à se retourner pour étudier la réaction de Masrani, elle s’aperçut que celui-ci était parti sans dire un mot, probablement accablé par les événements et énervé par les propos qu’elle avait tenu un peu plus tôt. Elle réfléchit pendant un petit moment en regardant ses pieds puis elle releva la tête et fixa l’écran où était affiché entre-autres le nombre de visiteurs dans le parc.
- Évacuez la réserve ! Ordonna-elle d’une voix blanche.

- Mesdames, Messieurs, votre attention s’il vous plaît. En raison de difficultés techniques, nous sommes au regret de vous informer de la fermeture temporaire de l’attraction Expedition : Lost World ainsi que de l’ensemble du secteur quatre. Si vous vous trouvez au sein de celui-ci, veuillez écouter les consignes des agents de sécurité et vous rendre à la station de monorail la plus proche afin de procéder à l’évacuation du dit secteur le temps de que nos équipes règlent la situation. Pour toute question ou requête, n’hésitez pas à vous adresser à l’un de nos employés. C’est avec plaisir qu’ils vous répondront.  Nous nous excusons pour le désagrément encouru et nous vous remercions pour votre compréhension. Merci.    Déclara la voix synthétique dans tous les haut-parleurs du village safari, y compris celui se trouvant à côté du Gertie’s Safari Bar and Restaurant, un bâtiment tout en longueur recouvert d’un toit de chaume.
Quand il entendit le message, l’un des serveurs alla à la terrasse ombragée qui bordait la réserve et expliqua la situation aux clients.
Zara Young, calée dans un canapé à l’autre bout, referma son roman, le fourra dans son sac à main, mit ses lunettes de soleil et abandonna sa tasse de café à moitié vide sur la table basse. Elle suivit les autres clients en dehors du restaurant et en l’espace de moins d’une minute, la terrasse fut désertée, laissant seul l’apatosaure qui se nourrissait des feuilles d’un arbre juste à côté.
Lorsque Young franchit le pas du bâtiment, Dearing l’appela et elle décrocha.
- Zara, est-ce que Zach et Gray sont avec toi ? Lui demanda la directrice.
- Non. Ils doivent être encore quelque part dans la Réserve. Pouvez-vous me dire pourquoi le village est évacué ?
Claire lui apprit à propos de l’évasion des Metriacanthosaurus et la panique qu’ils semèrent au sein de l’un des troupeaux mais concernant l’Indominus, elle ne lui dit pas le moindre mot.
- Quand est-ce que mes neveux ont embarqué ?
- Il y a un peu plus d’une heure et quart environ.
- Une heure et quart ? Ils étaient quelque part à mi-parcours… Entendit-elle Claire déduire. Lorsqu’ils reviendront, pourrais-tu les ramener au resort ?
- Ok. Je les attendrais à la sortie de la station. 
Young raccrocha et prit la direction d’Expedition : Lost World, allant à contre-courant du flot de visiteurs qui remontait l’allée vers le village pour gagner la station de monorail.
- Excusez-moi madame, la héla un des agents de sécurité. Vous ne pouvez plus aller par là. Vous devez suivre le reste des visiteurs à la station de monorail.
- Je suis une collègue. Répondit Zara en lui montrant son badge.
- Zara Young, lut l’agent. Le corbeau de Dearing, murmura-il tout doucement.
Sur Isla Nublar, certains surnommaient Zara Le corbeau de Dearing à cause d’une part de la couleur de ses cheveux mais aussi parce c’était souvent elle qui transmettait les messages de la directrice au parc à qui de droit, occupant ainsi un rôle de messager à l’instar des corbeaux dans certaines cultures ou de ceux de la célèbre saga littéraire Le Trône de fer auxquels la plupart faisaient plutôt référence quand on parlait de l’assistante de Claire.
- Veuillez excusez ma mégarde mais tous les employés à l’exception des agents de sécurité, des soigneurs et des vétérinaires doivent également évacuer les lieux. Ajouta-il.
- La directrice Dearing m’a chargé personnellement de récupérer deux visiteurs en particulier à la sortie d’Expedition : Lost World. S’expliqua Young. Vous n’aimeriez pas qu’elle apprenne que Hilary de la sécurité se soit mis en travers de ses ordres. Dit-elle en réprimant un rictus face au nom féminin que portait l’agent sur son uniforme, pourtant un homme au physique athlétique et qui transpirait une part non négligeable de virilisme. Il serait regrettable que vous soyez affecté à la surveillance de nuit des enclos de quarantaine.
A cette mention, l’agent blêmit comme si cette perspective ne l’enchantait pas du tout, voir l’effrayait. Il s’avoua vaincu.
- Bon ok, vous pouvez rester mais ne vous éloignez pas. 
- Mademoiselle, vous travaillez ici ? Demanda un touriste dont les deux jeunes enfants étaient limite accrochés chacun à une jambe de son short. Pouvez-vous nous dire pourquoi le safari a fermé et pourquoi nous devons quitter le village ? Ma famille et moi sommes arrivés ce matin juste à temps pour fêter Noël ici et on aurait aimé…
Young ne lui prêta aucune attention.
- Oh ! Vous répondez quand je vous parle ? L’apostropha le touriste en lui saisissant le bras.
Young se retourna et retira brusquement son bras
- Premièrement mon vieux, vous allez baisser d’un ton. Deuxièmement, je ne suis pas en mesure de vous répondre. Troisièmement, je me fous de votre vie et quatrièmement, ce n’est pas une façon de se comporter devant ses propres enfants.  Alors faîtes pas chier et aller faire la queue à la station comme tout le monde ! S’emporta-elle. Merci.
Ne s’attendant pas à une réponse si virulente et humiliante de la part d’une employée du parc, le touriste resta planté sur place la bouche entrouverte avec un air stupide, regardant Young continuer son chemin, accompagnée de l'agent de sécurité.

Dernière modification par The Geeky Zoologist (21-07-2017 20:05:02)


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#71 22-07-2017 07:38:43

JurassicOne
"La Grande"
Lieu : Jurassic World
Inscription : 24-03-2016
Messages : 1 058
Site Web

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Toujours aussi bien écrit, très détaillé ! wink
Par contre...c'est moi ou ça devient vachement gore ?  yikes  hmm

Dernière modification par JurassicOne (22-07-2017 08:11:46)


tumblr_nvml24WdVO1u5tn07o3_400.gif

Hors ligne

#72 23-07-2017 10:56:20

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

JurassicOne a écrit :

Par contre...c'est moi ou ça devient vachement gore ?  yikes  hmm

devil
Je peux comprendre que ça peut rebuter certains lecteurs mais c'est un parti pris que j'assume complètement.
Après tout le roman JP est loin d'être pour les enfants de chœur comme l'atteste le passage de la mort de Nedry qui niveau gore est quand même au moins un ou deux crans au-dessus de ce que j'ai pu écrire jusqu'à maintenant bien que je peux déjà vous dire que certains futurs passages seront glauques.

Sinon qu'as tu pensé de l'attaque du camion et de la course-poursuite au milieu du troupeau ?


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#73 23-07-2017 16:23:10

JurassicOne
"La Grande"
Lieu : Jurassic World
Inscription : 24-03-2016
Messages : 1 058
Site Web

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

The Geeky Zoologist a écrit :

qu'as tu pensé de l'attaque du camion et de la course-poursuite au milieu du troupeau ?

L'attaque du camion est bien décrite, bien menée. Du côté de la course-poursuite, celle-ci est franchement palpitante, pleine d'action, et sa description permet de parfaitement visualiser la scène dans notre esprit, comme tout le reste de ta fic en fait ! Et c'est ce que j'apprécie le plus. Et la description détaillée de chaque lieux, chaque scène, c'est ce que j'aime le plus dans ta fic.  wink

Tu fait du bon boulot ! Continue comme ça !  smile


tumblr_nvml24WdVO1u5tn07o3_400.gif

Hors ligne

#74 23-07-2017 17:20:23

tyeo30
Mosasaurus badass
Inscription : 21-05-2017
Messages : 5 074

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Moi personne ne lit ce que je poste sad


Winter is coming.

Hors ligne

#75 23-07-2017 19:12:41

wolfrex
"La Grande"
Lieu : isla sorna /Belgique
Inscription : 12-01-2015
Messages : 1 747
Site Web

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

The Geeky Zoologist Il te reste combien de chapitre ?

Hors ligne

#76 23-07-2017 19:29:43

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

@Wolfrex
Après la publication de la dernière partie de Bataille sur le Plateau, il me restera douze chapitres à écrire.


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#77 26-07-2017 14:27:04

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonjour,

Voici la quatrième et dernière partie de Bataille sur le Plateau.
Mine de rien, je me rends compte que ce chapitre est encore plus long que le précédent : il fait trente-huit pages et demie sur mon document word, soit cinq de plus que le précédent.
J'ose espérer que la plupart des chapitres ne seront pas aussi long sinon je risque de me retrouver avec une fic avec autant de pages qu'un tome de A Song of Ice and Fire. Chaud ^^

Sur ce je vous souhaite une bonne lecture, en attendant impatiemment vos retours.


                                                                         Bataille sur le Plateau
                                                                                 (partie 4/4)

- Je crois qu’on les a semés. Vous pouvez ralentir maintenant. Conseilla l’un des passagers du premier rang à celui qui conduisait le camion.
Mais le conducteur ne réagit pas. Son regard était toujours fixé droit devant lui alors que le camion roulait à tombeau ouvert au milieu de la végétation.
- Vous roulez trop vite monsieur ! Vous allez nous faire percuter un arbre ! Lui dit le premier.
- On a surtout loupé la piste.  Ajouta un autre passager.
Depuis qu’ils avaient laissé derrière eux la prairie où les métriacanthosaures avaient abandonné leur poursuite pour attaquer les cavaliers à la place, ils n’avaient pas retrouvé de piste qu’ils pourraient suivre pour retourner à la station. Cela faisait plus d’un kilomètre et demi qu’ils roulaient à l’aveugle et alors qu’ils continuaient droit vers ce qu’ils pensaient être le sud, une trouée lumineuse dans la végétation apparut au loin.
Quand ils furent suffisamment près pour voir ce qui s’y trouvait, l’un des touristes s’exclama :
- Précipice droit devant ! Tournez !
Le conducteur braqua le volant à gauche et ils évitèrent de justesse le bord du précipice mais en voulant faire un demi-tour vers une petite clairière dont une partie bordait le précipice qu’ils venaient d’éviter, le camion prit un virage trop large et faillit percuter les arbres qui leur masquait en partie la vue de la clairière. En les évitant, le camion roula par-dessus une racine épaisse et les roues arrière se retrouvèrent bloquées alors que le chauffeur accélérait à fond. Puis le moteur cala.
- Et nous revoilà bloqués par une racine ! Bon sang de bonsoir, si l’autre avait fait attention, nous serions revenus sur la piste et en route vers la Civilisation. Se plaignit une vieille dame.
Elle désignait le tronçon de piste situé droit devant eux à l’autre bout de la clairière, non loin de la ligne des arbres et les passagers reconnurent les lieux : Ils étaient revenus au bord de la combe.
En jetant un regard par-dessus son épaule, le conducteur vit que sur les quarante visiteurs ayant embarqués à bord du camion, vingt-trois étaient encore en vie.
- Calmez-vous madame. Nous sommes tous à cran à cause de ce qui vient de se passer mais il faut garder la tête froide et nous organiser en attendant les secours. Lui dit une femme métisse d’une trentaine d’années, assise aux côtés de son mari et de son fils à la rangée devant celle de la dame qui se plaignait.
- C’est facile à dire pour vous ! Votre mari et votre fils sont toujours en vie ! Le mien s’est vidé de son sang à cause de ce satané stégosaure avant de faire un arrêt cardiaque. Rétorqua la vieille dont le regard était mêlé de tristesse et de colère.
- Et le monstre qui nous a tendus une embuscade m’a ravi ma copine. Ajouta quelqu’un d’autre avant que plusieurs ne fasse état des proches qu’ils ont perdu.
- Qu’est-ce que c’était d’ailleurs ? Demanda quelqu’un. On aurait dit un tyrannosaure blanc.
- Vous avez vu les bras de ce truc ? Ceux du T.rex sont justement connus pour être ridiculement petits. Interjeta un autre.
- Et la longueur ne correspond pas du tout, sans compter de ce que j’ai pu voir de son apparence. Les T.rex les plus grands font autour des treize mètres de long, soit un petit peu plus que la longueur du camion. Le dinosaure blanc en revanche le dépassait largement lorsqu’il s’est arrêté à côté de nous. Je dirais plutôt qu’il faisait dans les quoi ? Quinze ? Seize mètres ?
- A peu près oui. Mais le guide dit que le T.rex est la plus grosse espèce de carnivore terrestre du parc. Celui-là n’y figurait pas la dernière fois que j’ai vérifiée.
- Parce qu’ils ne l’ont pas encore mis dedans. C’était censé être la nouveauté de l’an prochain. La directrice du parc a annoncé hier son nom sur twitter : l’Indominus rex. Leur apprit le frisé.
- Je n’ai jamais entendu parler de cette espèce de dinosaure.
- J’ai beau être un fan de ces animaux et avoir des dizaines de bouquins sur le sujet, moi non plus. Avoua le frisé. Je ne sais pas comment il s’est retrouvé dans la Réserve par contre puisque d’après la bande-annonce et les visuels préliminaires diffusés, son enclos est supposé être à côté du Mont Sibo, à plusieurs kilomètres du lieu de l’attaque.
- Ce monstre s’est échappé et ils l’ont laissé se balader dans l’île ? Les gens à la tête de ce parc sont des inconscients ou quoi ?
- Je pense plutôt qu’ils ont voulu étouffer l’affaire et ne pas créer une panique générale. Ils n’ont pas pensé qu’elle pouvait franchir une clôture électrique de six mètres de haut couronnée de barbelé.
- Quoi qu’il en soit, il faut trouver un moyen de contacter les secours. J’ai essayé avec mon portable mais je n’ai pas de réseau. Qu’en est-il de vous ?
- Pareil. Je n’ai plus de barres.
- Si on ne peut pas téléphoner, utilisons une radio. Ce véhicule doit en avoir une, non ?
- En effet mais notre guide, Walter, l’avait en main quand il a été dévoré.
- Merde.
- Qu’allons-nous donc faire sans réseau et avec la radio dans le ventre de l’Indotruc ? Des signaux de fumée ? Hurler à l’aide à plein poumons et attirer l’attention de la meute de methri…metriaokan…bref le machin appelé Boomer et sa petite famille, histoire qu’ils aient droit à un buffet self-service ? Fit sèchement la vieille dame dont le mari avait été tué par le stégosaure.
S’ensuivit un brouhaha où chacun voulut faire valoir ses positions et ses idées pour se sortir de là et auquel Zach ne prit aucune part, n’ayant pas la moindre solution à proposer et même dans le cas il en avait une, il était certain que personne ne l’écouterait.  A ses côtés, Gray était encore en état de choc et des larmes coulaient sur ses joues alors qu’il sanglotait. Prenant exemple sur le frisé au fond qui était en train de réconforter ses deux amies, Zach tenta de lui adresser des paroles rassurantes mais rien n’y fit.
Un homme assez âgé, grand, au visage fin et aux cheveux blonds en brosse, se leva et prit la parole. Bien que son anglais fût très bon d’un point de vue grammatical et syntaxique, certains de ses mots étaient prononcés avec un accent scandinave.
- Ecoutez tout le monde.  Nous venons de subir un grave accident et certains d’entre-nous viennent de perdre leurs proches mais nous devons…
Le brouhaha continua quand même.
- Monsieur, ça n’en vaut pas la peine. Le coupa un homme assis derrière lui, un français ou un belge à en juger par son accent. Vous vous faites du mal. Ce genre de discours motivant, ça ne marche que dans les films américains. Regardez-les ! Ils seraient prêts à s’entretuer si on leur annonçait que seuls quelqu’un d’entre eux pourraient être sauvés. Dit-il alors que deux des passagers étaient en train de s’insulter et menaçaient d’en arriver aux poings.
- Il faut bien que quelqu’un prenne les devants. Répondit le scandinave.
- Je suis d’accord mais vous vous y prenez mal. Rétorqua un homme charpenté d’une vingtaine d’années assis non loin.
Celui-ci se leva et tapa du poing sur le toit du véhicule
- Oh ! Fermez tous vos gueules ! Beugla-il.
Ceux qui débattaient encore sursautèrent et se turent.
- Puisque nous ne pouvons communiquer avec les secours, il faut songer à sortir de ce pétrin par nous-mêmes. Le camion est encore en état de marche et la seule chose qui nous empêche de partir, c’est cette racine et contrairement à la première fois, nous n’avons pas de tricératops pour nous aider. Ces véhicules sont tout-terrains mais ça ne le rend pas à l’abri de se coincer dans une ornière par exemple. Ils ont surement un treuil dont on pourrait tirer le câble, l’enrouler autour d’un des gros arbres en face de nous, puis l’actionner afin que l’on soit tiré vers lui, permettant aux roues arrière de passer par-dessus la racine et d’enfin quitter cet endroit. Leur proposa-il.
- Imaginons qu’il y a un treuil. Il faudra quand même que quelqu’un prenne le risque de descendre du camion pour le trouver, tirer le câble et l’enrouler autour de l’arbre. Si un animal attaque depuis les fourrés durant le processus, il n’aura pas le temps de se mettre à l’abri. Lui rappela-on.
- Je me porte volontaire pour prendre ce risque. Se proposa le charpenté. Où est passé le pistolet que le ranger nous a presque jeté à la figure ?
- Il est à mes pieds. Répondit une femme à l’avant du camion.
- Pour maximiser nos chances, il faut que quelqu’un se sachant servir d’une arme vienne avec moi pour assurer mes arrières, de préférence un militaire ou un policier s’il y en a parmi vous. J’ai peur qu’un chasseur du dimanche ne se chie dessus au moindre bruit bizarre et ne me tire dans le derche par mégarde.
Il vit la femme métisse lever la main.
- Vous faîtes quoi dans la vie ? Lui demanda-il.
- Je suis policière. Répondit-elle.
- C’est parfait. Passez-lui le pistolet. Quel est votre nom ?
- Jemma.
- Moi c’est Dom. Nous y allons dès que vous êtes prête.
Après un petit échange avec son mari et son fils, Jemma se leva et commença à enjamber les banquettes la séparant de la cabine. Lorsqu’on lui passa le pistolet, elle l’inspecta brièvement et vérifia le chargeur avant de rejoindre Dom qui se tenait à côté du conducteur. Elle le vit donner une petite tape sur l’épaule de celui-ci.
- Bien joué l’ami. Sans vous on y serait resté. Lui dit-il.
Lorsqu’elle les rejoignit, Dom ouvrit la porte côté passager et lui et Jemma descendirent du camion en regardant attentivement les environs.
Dans cette partie de la jungle, les oiseaux et les insectes chantaient toujours et on entendait au loin le bavardage de quelques singes. Jemma et Dom allèrent devant le camion et cherchèrent le crochet du treuil sous le pare-buffle. Quand ils le trouvèrent, Dom l’empoigna et tira dessus, déroulant le câble petit à petit.
Tandis que Dom le tirait en direction d’un arbre au tronc épais à l’orée de la clairière, Jemma balayait la jungle du regard et tendait l’oreille à l’affût du moindre bruit suspect. Lorsqu’un toucan s’envola précipitamment de la cime d’un arbre situé plus profondément dans la jungle, Jemma fit signe à Dom de s’arrêter et ils attendirent quelques instants avant de continuer. Ils franchirent la piste et arrivèrent au niveau du gros arbre. Dom en fit le tour avec le câble et accrocha le crochet à celui-ci puis resserra le câble autour du tronc, s’assura qu’il soit bien tendu avant de se retourner et de faire signe au conducteur.
Celui-ci redémarra le moteur, enclencha la première vitesse et poussa l’accélérateur mais les roues arrières n’arrivaient toujours pas à passer entièrement par-dessus la racine malgré le déploiement du treuil. Il demanda alors à ce que l’on pousse le véhicule de derrière et plusieurs des passagers, y compris Zach, sortirent pour le faire. Alors que ceux-ci poussaient le véhicule de toutes leurs forces et que le moteur vrombissait, Jemma tapota l’épaule de Dom qui avait le regard tourné vers le camion pour lui pointer quelque chose à l’ombre des arbres sur leur gauche. Quand Dom le vit aussi, il fit des signes de bras croisés en direction du camion et pointa en direction de la jungle tandis que Jemma mit son index devant la bouche pour inciter les autres à se taire. Le conducteur éteignit le moteur en voyant à son tour de ce qui s’était présenté aux abords de la clairière.
- Que personne ne fasse le moindre bruit ! Chuchota le frisé, Chris qu’il s’appelait, aux autres qui poussaient le camion avec lui.
Tout le monde se figea et se tut, le regard tourné vers la trouée dans le feuillage d’où un dinosaure les observait.
Il était corpulent avec une longue queue aplatie latéralement et faisait à peu près la même taille que l’Indominus mais contrairement à elle, sa peau était aussi noire que l’ébène et sa bouche était terminée par un bec légèrement aplati dépourvu de dents, indiquant aux visiteurs qu’il s’agissait d’un herbivore. L’animal appartenait à une espèce que les passagers avaient vue de loin lors de leur traversée de la vallée : c’était un Shantungosaurus et en le regardant longuement, ils reconnurent l’individu qu’ils avaient devant eux car celui-ci était assez célèbre sur internet.
- Tu crois que c’est … Demanda l’amie de Chris dans son oreille.
- Bucéphale.  Termina Chris tout doucement. Oui, c’est lui.
- Nom de dieu, ce truc serait capable de tuer un T.rex… Murmura quelqu’un.
Quand Bucéphale fit quelques pas dans la clairière, il découvrit ses pattes rayées de blanc et les touristes remarquèrent que chez les Shantungosaurus, les pattes antérieures n’étaient pas aussi solidement bâties que les postérieures, très musclées. Lorsque l’un de ceux qui poussaient le bus marcha sur une brindille, l’hadrosaure releva vivement la tête et regarda en direction du camion en dilatant ses narines.
En voyant l’un des touristes vouloir remonter dans le camion pour se mettre à l’abri au cas où l’hadrosaure les chargerait, Chris le retint par le bras.
- Ne bougez pas ! Si on reste immobile, il ne devrait pas nous attaquer. Lui intima-il.
Eux, Dom et Jemma restèrent immobiles ainsi jusqu’à ce que Bucéphale ne se désintéresse d’eux et ne quitte les lieux.
Lorsque les bruits de ses pas s’estompèrent dans le concert de la jungle, Dom et Jemma soufflèrent et l’un d’eux fit signe au conducteur qu’ils pouvaient reprendre.
A l’arrière du camion, on se remit à pousser en ahanant et tandis que Dom accourra pour prêter main forte, Jemma se positionna à quelques mètres devant le camion pour continuer à faire le guet.
Quand les roues arrière passèrent enfin au-dessus de la racine qui les bloquaient, les touristes poussèrent des cris de victoire et de soulagement.
Une fois l’euphorie passée, Jemma remarqua que la jungle était devenue silencieuse tout à coup et lorsqu’elle se retourna vers Dom pour le lui faire remarquer, elle vit qu’il était en train de marcher vers l’arbre afin de décrocher le câble du treuil.
C’est alors que des fourrés à l’ombre des arbres se mirent à bouger.
Jemma cria pour avertir Dom mais il fut trop tard.
En le temps d’un battement de cil, l’un des Metriacanthosaurus subadultes qui les avait poursuivis tout à l’heure surgit des fourrés, fonça sur Dom et le plaqua au sol à l’aide de l’une de ses pattes postérieures avant de refermer ses mâchoires sur sa tête. Jemma braqua le pistolet sur le dinosaure mais au même moment, un autre des subadultes et l’un des adultes surgirent des côtés pour foncer droit sur elle. N’écoutant que son instinct, Jemma se retourna et courut à toutes jambes vers le camion, poursuivie par deux des trois théropodes, le troisième étant occupé à lacérer l’abdomen de Dom.
Tous remontèrent à bord du camion en vitesse et Jemma sauta dans la cabine au niveau de la portière passager puis referma celle-ci juste devant les mâchoires des carnivores. Elle voulut ensuite aller rejoindre sa famille mais les passagers étaient en train de converger vers l’avant du véhicule et elle fut bousculée. Jemma ne parvint pas à les retrouver parmi la nasse et en se retrouvant à l’arrière de celle-ci, elle vit les métriacanthosaures tenter de pénétrer à l’intérieur du camion. Au niveau des portières arrachées, le subadulte avait beau gigoter, il ne parvint qu’à introduire que l’avant de son corps mais à l’arrière, l’adulte avait entrepris de s’attaquer à la neuvième banquette dans le but de l’arracher et de se frayer un passage vers les visiteurs qui hurlaient au conducteur de démarrer.
Il s’exécuta et le camion partit mais il était toujours retenu par le câble du treuil à l’arbre. Tout ce que le véhicule put faire c’est de glisser sur les côtés, gênant au passage le métriacanthosaure qui dévorait Dom en le touchant avec le câble.
Ne pouvant pas s’enfuir et profitant du fait que les métriacanthosaures soient à portée, Jemma visa les carnivores et tira. Sur les trois balles tirées, seule une fit mouche en s’enfonçant dans la mâchoire du subadulte, lui soulevant un grognement de sa part. Lorsque Jemma voulut tirer une quatrième fois, elle entendit un déclic. Le chargeur était vide.
Jemma jura et recula elle aussi alors que le métriacanthosaure adulte s’apprêtait à s’engouffrer dans le trou qu’elle a créé dans la neuvième banquette.
En leur feulant dessus, le dinosaure effraya encore plus les touristes qui en reculant, allèrent s’agglutiner dans la cabine mais ce faisant ils écrasèrent le conducteur contre le volant et la tête celui-ci, dans la confusion, appuya sur le klaxon. Pendant plusieurs secondes, le bruit de celui-ci emplit la clairière et le métriacanthosaure penché au-dessus du corps de Dom bondit de surprise en regardant, la gueule rouge de sang, le camion d’un air qu’on aurait pu qualifier d’effrayé.
Le conducteur chercha à enlever sa tête du volant mais il ne pouvait pas à cause du passager qui l’appuyait contre. En poussant celui-ci, il put enfin enlever sa tête du volant et le bruit cessa.
Pendant ce temps, l’adulte, voyant que cela lui prendrait trop de temps d’arracher les banquettes une par une, vint auprès de son congénère pour l’aider à arracher la portière droite de la deuxième rangée et ainsi agrandir le trou laissé par celle de la troisième. Les deux mordirent les barreaux et reculèrent d’un coup sec, sortant la portière de ses gongs et le subadulte monta dans le camion. Une patte posée sur la banquette et l’autre dans l’allée, le métriacanthosaure morda et griffa au hasard. Il parvint à attraper l’un des passagers par le bras et le tira hors du camion mais alors qu’il s’apprêtait à lui tordre la nuque, l’adulte le poussa brutalement et lui ravit sa proie. Regardant la scène avec horreur en s’interposant devant son frère, Zach vit le subadulte tenter de mordre une jambe alors que le touriste bougeait encore mais quand l’adulte lui grogna dessus, le plus jeune des carnivores recula et le contourna avec soin avant de retourner vers le camion pour aller saisir une nouvelle proie alors qu’un gros animal semblait s’approcher à en juger le mouvement de la végétation de la jungle environnante.
Quelques instants plus tard, un Shantungosaurus déboula de la jungle en courant sur ses deux pattes arrière et quand il s’arrêta et se remit à quatre pattes en voyant les métriacanthosaures, les passagers y reconnurent Bucéphale et pensèrent alors que les bruits de klaxon l’avait ramené dans la clairière et certains se souvinrent des propos tenus par Walter à propos des bruits de klaxons et des Shantungosaurus mâles :
- …s’il y a une chose à ne pas faire en présence d’un Shantungo mâle, c’est klaxonner. Il prend ça comme une provocation et autant dire que cela revient à signer votre arrêt de mort.
Craintif, le métriacanthosaure le plus proche de la jungle s’éloigna à reculons du shantungosaure et rejoignit les deux autres près du camion qui se détournèrent des visiteurs pour faire face à l’hadrosaure géant.
Celui-ci soufflait et raclait le sol avec l’une de ses pattes antérieures, tel un taureau énervé, tout en regardant le camion et les trois carnivores. Malgré le fait qu’il ait eu un regard bovin assez inexpressif, ceux dans la cabine virent tout de même de la colère dans les yeux de Bucéphale. Un grondement parcourra les entrailles de l’herbivore et celui-ci émit un beuglement dans leur direction
En réaction, le Metriacanthosaurus adulte grogna à son encontre et les deux subadultes situés de part et d’autre de lui, juste devant le dernier humain qu’ils ont tué, suivirent son exemple.
Mais Bucéphale ne se laissa pas impressionner et racla le sol avec encore plus d’ardeur avant d’émettre un nouveau beuglement, plus fort que le précédent, et de marcher vers le camion, laissant les rayons du Soleil exposer les reflets argentés de son dos.
Le Metriacanthosaurus adulte fit quelques pas en arrière tandis que les visiteurs piégés à l’intérieur du camion ne savaient pas quoi faire et redoutaient un affrontement entre le trio et Bucéphale dans lequel ils seraient pris.
Quand l’adulte vit que l’un des subadultes s’était éloigné de lui pour longer l’herbivore à bonne distance par son flanc gauche, l’adulte lui adressa un grognement réprobateur mais il ne remarqua pas tout de suite que l’autre avait contourné le camion pour approcher le shantungosaure par son flanc droit.
Soudain, emportés par leur fougue, les deux jeunes métriacanthosaures s’élancèrent vers Bucéphale et l’adulte fit de même alors qu’il avait fait preuve de prudence jusque-là.
Chacun des subadultes sauta sur un flanc et s’empressèrent de griffer et de mordre Bucéphale qui mugissait de douleur. Voyant l’adulte courir en direction de sa tête et de son cou, le shantungosaure se dressa alors sur ses pattes postérieures et battit l’air de ses pattes antérieures. Le prédateur adulte évita un coup de patte et recula mais au même moment, Bucéphale se remit sur ses quatre pattes, lui donna un violent coup de tête et le métriacanthosaure fut projeté avec force jusqu’à la cabine du camion. Ce qui restait du pare-brise se brisa sous l’impact et le carnivore sonné se laissa glisser sur le capot.
Le shantungosaure parvint à se débarrasser des prédateurs agrippés à son dos en faisant volte-face brusquement, ce qui eut pour effet de leur faire lâcher prise. Dans sa manœuvre, la queue de Bucéphale frappa la cabine et lorsqu’il se retourna, l’hadrosaure se retrouva juste au-dessus du métriacanthosaure adulte qui était en train de regagner conscience peu à peu.  Bucéphale posa alors une patte sur le cou du prédateur et une autre au niveau de sa cage thoracique, le maintenant au sol alors que le métriacanthosaure gigotait et geignait. Puis il se dressa et laissa retomber ses pattes là où elles étaient et recommença l’opération à plusieurs reprises, jusqu’à ce que l’on entende les os du Metriacanthosaurus craquer. Malgré le fait qu’il les avait attaqués sans relâche, une partie des visiteurs eurent pitié du prédateur et trouvèrent sa mise à mort difficile à supporter, celui-ci ayant lancé un hurlement déchirant tout au long. Ce n’est qu’en assistant aux premières loges à cette scène qu’ils réalisèrent à quel point Bucéphale était sans pitié et certains le trouvèrent même cruel et sadique, chose qu’ils n’avaient jamais imaginé chez un dinosaure herbivore.
Dans la plupart des mediums, les dinosaures herbivores étaient montrés comme étant aussi placides que des vaches, passant leur temps à se nourrir, à s’occuper tendrement de leurs petits et parfois à être victimes de carnivores affamés. Dans les films pour enfants, le héros au grand cœur bravant tous les dangers était quasiment toujours un herbivore là où les carnivores étaient relégués aux rôles de méchants et dans les cas où les dinosaures étaient doués de la parole, il n’y avait que les herbivores qui parlaient, les carnivores étant alors dépeints comme des êtres barbares et vicieux ne s’exprimant que par cris et rugissements. Mais comme Bucéphale venait de leur montrer, la nature n’était en rien manichéenne. Il n’y avait pas les gentils herbivores d’un côté et les méchants carnivores de l’autre, non. Juste des animaux suivant leurs instincts respectifs et luttant pour leur survie, quitte à se montrer parfois cruels et impitoyables.
Après avoir tué ainsi le métriacanthosaure, l’hadrosaure enjamba le câble puis en longeant le camion, il regarda les passagers avant de, sans crier gare, donner un violent coup de tête dans le véhicule, puis un autre, repoussant ainsi le camion en direction de la combe. 
- On recule droit vers le précipice ! Il faut sortir de là ! Hurla l’un des touristes.
Bucéphale donna un autre coup.
- Il va nous tuer, et les deux autres aussi ! Rétorqua un autre en pointant les métriacanthosaures subadultes qui revenaient à la charge.
- Entre une mort certaine en tombant de la falaise et une petite chance de survie en sprintant vers les bois, je choisis la seconde. Dit l’une des passagères.
- Moi aussi. Enchérit quelqu’un.
Bien que la plupart des passagers étaient si terrorisés qu’ils n’osaient plus bouger, quelque uns approuvèrent cette proposition, descendirent du camion et partirent dans la direction opposée à celle où se trouvait le shantungosaure. Cependant l’un des prédateurs vit cela et au lieu d’aider son congénère à terrasser le bec de canard géant, il fonça vers les touristes, des proies certes plus modestes mais bien plus faciles à tuer.  Ceux qui étaient descendus rebroussèrent chemin et s’enfuirent dans la direction opposée, vers Bucéphale. Pensant qu’il ne les remarquerait pas car occupé à lutter contre le métriacanthosaure juché sur son dos, ils pensèrent qu’ils pourraient passer à côté sans qu’ils les remarquent. Grave erreur.
En même temps qu’il faisait subir au métriacanthosaure ce qu’on aurait pu rapprocher à du rodéo, il attaqua les touristes qui passèrent trop près de lui. D’un coup de tête, Bucéphale projeta violemment contre le toit du camion celle qu’il ignorait comme étant une fan de lui et l’amie aux cheveux auburns de Chris tomba sans vie sur le sol, les yeux ouverts et la colonne brisée. Un autre eut le crâne brisé d’un coup de patte et sa troisième victime fut projetée au loin d’un puissant coup de queue. Seul un des fuyards parvint à esquiver ses coups et à disparaître dans la jungle où il disparut à jamais.
Pendant la tuerie perpétré par l’hadrosaure, Zach avait sorti son portable pour voir si jamais il avait du réseau afin d’appeler les secours même s’ils n’arriveraient jamais à temps et quand il vit deux barres dans le coin supérieur droit de son écran, il composa sans plus attendre le numéro de Claire. Alors qu’ils roulaient lentement vers le bord de la falaise, elle décrocha enfin :
- Zach ! Où êtes-vous ?
- Le précipice ! Hurla-il afin de se faire entendre par-dessus les cris des autres passagers et du combat entre les deux dinosaures.
A ce moment-là, ils entendirent l’un des métriacanthosaures pousser une plainte avant que quelque chose de gros n’atterrisse sur le toit en le raclant et suite au choc, Zach lâcha son portable. Bucéphale venait de saisir le métriacanthosaure agrippé à son dos en lui mordant le bout de la queue, broyant quelques vertèbres caudales au passage, pour le jeter telle une poupée de chiffon sur le toit du camion.
- Quel précipice ? Demanda Claire. Zach ? Zach !
A l’entendre, Zach savait que sa tante devait être complètement affolée et elle entendait surement les mugissements du shantungosaure et les grognements des métriacanthosaures.
Alors qu’il avait aperçu son portable au milieu de l’allée dans laquelle il se tenait et qu’il s’était penché pour le récupérer, il tomba sur ses genoux lorsque le shantungosaure donna un coup de tête contre le capot, ce qui fit reculer le camion de quelques mètres. Puis l’hadrosaure géant appuya sa tête contre le parechoc et poussa le véhicule droit vers le précipice tout en grognant dans son avance.
Le métriacanthosaure tomba du toit et se retrouva sur le chemin du camion. Le prédateur essaya de se relever mais encore étourdi, il se laissa retomber à l’arrière du camion, là où se trouvait auparavant la dixième banquette mais quand il sentit ses pattes arrières perdre le contact avec le sol, le métriacanthosaure se mit à pousser des glapissements de panique. Quand les visiteurs entendirent les roues arrières passer le rebord de la falaise, ils surent que l’arrière du véhicule était au-dessus du vide. Le carnivore avait beau enfoncer ses griffes à l’intérieur, il était en train de lâcher prise et ce n’est qu’en mordant fermement qu’il s’empêcha de tomber mais ce faisant, il constituait un poids qui tirait encore plus le véhicule en arrière.
Lorsque l’avant du véhicule se souleva, Bucéphale redoubla d’effort pour les faire tomber et poussa un mugissement si assourdissant qu'il effraya les oiseaux perchés dans les arbres aux alentours et ceux-ci s’envolèrent. Les passagers eurent l’impression que leurs tympans allaient exploser tandis le métriacanthosaure qui avait vu son frère disparaître derrière le camion et qui assistait à la scène à bonne distance secoua vivement la tête, visiblement lui aussi incommodé par le son.
- Accrochez à tout ce que vous pouvez ! Hurla Chris une fois que le mugissement eut perdu en intensité.
Alors que le camion basculait en arrière, Zach parvint à rattraper son portable de justesse et les passagers allèrent vers les barreaux qui subsistaient pour s’y agripper tels des singes sur des parois rocheuses. Collé contre une portière en étant debout pieds joins sur le dossier d’une des banquettes, une main agrippée autour d’un barreau et l’autre tenant son portable, Zach tenta de renseigner leur localisation à Claire :
- On est au-dessus d’une rivière au sud du Plateau ! Précisa-il en regardant les eaux rugissantes de La Bruyante en contrebas, au-delà du métriacanthosaure qui gesticulait. Il est en train de nous faire passer par-dessus bord ! Ajouta-il en regardant Gray, accroché à la portière d’en face.
- Qui ça il ? Demanda sa tante avec insistance au téléphone alors que le camion, toujours retenu par le câble tendu du treuil, se mit à la verticale, parallèle aux parois rocheuses.
Penché au-dessus du rebord, Bucéphale regarda le camion suspendu dans le vide ainsi que le métriacanthosaure accroché à celui-ci. Il grogna puis releva la tête et se détourna d’eux, quittant les lieux la tête haute de droite en marchant de manière impérieuse, tel un seigneur victorieux après une bataille. Le dernier métriacanthosaure qui restait le regarda avec crainte, émit un petit cri à peine audible et détala aussitôt dans la jungle, abandonnant son congénère.
Si celui-ci continuait à gesticuler, il allait entraîner le camion encore plus en bas et la pression exercée sur le câble serait telle qu’il se romprait. Quelque uns des passagers prirent alors l’initiative de lui faire lâcher prise en lui balançant toutes sortes d’objets à la tête. Mais en voulant jeter une chaussure, l’un d’eux perdit l’équilibre et tomba. A la stupéfaction de tous, il parvint à s’accrocher à l’une des pattes du dinosaure, ce qui ne fut pas au goût de celui-ci qui la secoua vivement. Le touriste lâcha prise et alla se briser le dos contre l’une des branches de l’arbre situé en dessous qui poussait au bord même de rivière de manière oblique vis-à-vis de celle-ci. Le métriacanthosaure tomba à son tour mais contrairement au touriste qui s’était accroché à lui, il tomba d’abord sur la cime de l’arbre puis dans la rivière.
Les passagers regardèrent son corps inconscient être entraîné par le courant mais d’un coup, le camion descendit brusquement de plusieurs mètres en fonçant sur l’arbre. Le câble s’était rompu.
Quand le camion atterrit au sommet de l’arbre, se coinçant au niveau de la cime entre plusieurs grosses branches, les passagers furent fouettés par le feuillage alors qu’ils retombaient dans les banquettes après avoir été méchamment secoués. Pendant quelques instants, ils n’osèrent plus bouger, conscients de l’équilibre précaire dans lequel se trouvait le véhicule, puis, voyant qu’il ne se passait rien et que rien ne pourrait les atteindre là où ils se trouvaient, ils se détendirent mais quand quelqu’un se leva à l’arrière, le véhicule bascula légèrement par effet de contrepoids et les roues à l’avant passèrent au-dessus d'une branche puis le camion recula brutalement et tomba de l’arbre, droit dans la rivière en emportant avec lui branches et feuilles.
Alors que les roues raclaient le fond rocailleux, le véhicule menaçait d’être emporté par le courant et l’eau s’infiltra rapidement dans les allées en passant par les grilles des portières. Très rapidement, les passagers se retrouvèrent avec de l’eau au niveau de la taille et le camion se mit à flotter avant d’être emporté au milieu de l’écume. La cabine faisant face à l’amont, ils virent entre les éclaboussures la falaise de laquelle ils étaient tombé et l’arbre les ayants retenu s’éloigner alors que le courant se faisant de plus en plus fort et qu’un grondement se faisait de plus en plus audible.
Au détour d’un méandre, ils passèrent devant le corps du métriacanthosaure échoué contre un rocher sur la berge sud avant que quelqu’un ne crie « Oh, merde ! Merde ! Merde ! » après s’être retourné. Derrière eux, le paysage encaissé de la combe s’élargissait soudainement au niveau d’une étroite cascade flanquée de deux gros rochers.
Alors qu’ils crurent que le courant allait les précipiter du haut de la cascade, le camion pivota au gré du courant et se retrouva de manière perpendiculaire face au courant. On entendit à nouveau les roues racler le fond et le camion perdit suffisamment en vitesse pour ne pas s’approcher trop rapidement de la cascade, dont la largeur était en fait inférieure à la longueur du camion comme certains le remarquèrent lorsqu’ils furent à proximité. Ainsi, les deux rochers situés de part et d’autre de la cascade vinrent les bloquer et ils furent stoppés dans leur progression mais ce faisant, le véhicule se mit à agir comme un barrage et du côté de l’amont, le niveau de l’eau montait petit à petit.
Cherchant une échappatoire, les passagers regardèrent tout autour d’eux. La cabine s’étant retrouvée du côté de la berge sud, les portières de droite donnaient sur le sommet de la cascade. A ce niveau, il n’y avait qu’une bande si étroite de rochers plats et glissants que seuls deux hommes auraient pu y marcher de front si les conditions étaient moins hasardeuses. En empruntant cette voie pour rejoindre l’une de deux berges, ils prendraient le risque de glisser et d’aller se fracasser contre les rochers au pied de la cascade à environ vingt-cinq mètres plus bas. De chaque côté du véhicule, les rochers qui les retenaient étaient beaucoup trop abrupts et lisses pour qu’ils tentent de grimper jusqu’à leur sommets et à partir de là, les redescendre pour rejoindre l’une des rives. Alors qu’il regardait l’espace laissé par le pare-brise, le conducteur eut une idée et en fit part aux autres :
- Et si quelqu’un de grand escaladait le siège afin de monter sur le toit puis d’aider les autres à monter…
- Ça pourrait marcher. Fit Jemma avec assurance.
- On pas le temps de penser à autre chose. Le niveau de l’eau est en train de monter très rapidement. Ajouta Chris en jetant un regard inquiet en direction des remous qui se formaient du côté gauche du camion.
Le conducteur demanda au scandinave d’aller sur le toit et celui-ci ne perdit pas de temps et monta d’abord sur le siège, puis posa un pied après l’autre sur le haut de celui-ci et attrapa la barre latérale avant de se hisser son corps sur le toit et d’aider le suivant à monter. Les survivants se regroupèrent au niveau de la cabine et un par un, ils montèrent sur le siège de conducteur et attrapèrent l’une des mains qu’on leur tendait pour qu’on les hisse.
Une fois sur le toit, on leur indiquait de se rendre sur la berge nord où ils comptaient se rassembler avant de déterminer de la marche à suivre mais pour cela, ils devaient d’abord ramper sur le toit jusqu’au rocher, monter au sommet de celui-ci puis enfin redescendre sur la berge.
Un peu plus de deux tiers des survivants était parvenu à grimper sur le toit quand Jemma, dont le mari était en train de passer leur fils à Chris en l’élevant par les aisselles, vit une masse verte apparaître derrière le méandre au loin. C’était la cime d’un arbre, celui sur lequel le camion avait atterrit et visiblement, leur chute l’avait suffisamment endommagé  pour que son tronc ne se soit brisé en deux après qu’ils soient partis. Chris, qui aidait le scandinave à remonter les autres, l’avait remarqué aussi et il pressa alors les autres passagers de monter plus rapidement.
Cependant quand il avait jeté un regard en direction du morceau d’arbre, quelque chose d’autre l’avait perturbé : Le corps du métriacanthosaure n’était plus là où il était, en amont sur la berge sud.
- L’avez-vous vu Sven ? Demanda-il inquiet au scandinave.
- Il n’est plus là ? J’aurais juré qu’il y était il y a même pas deux secondes.
Entre l’endroit où le métriacanthosaure était étendu et le rocher qui retenait le camion au niveau de la cabine, il y avait plusieurs autres rochers suffisamment gros pour dissimuler un prédateur de six mètres de long et d’un mètre quatre-vingt de haut. Déjà que lui et ses congénères s’étaient montrés discrets dans leur approche plus tôt, les touristes ne l’entendraient pas venir vers eux à cause du grondement de la cascade.
Même quand le camion était tombé dans la rivière en soulevant une grosse gerbe d’eau, Zach avait tenu à maintenir son portable loin de l’eau afin de maintenir la contact avec Claire et que l’on puisse peut-être tracer son appel. Cependant la voix de sa tante avait laissé place et des grésillements ponctué de morceaux de mots prononcés de manière hachées, telle la voix d’un robot. Le jeune homme en déduisit que son portable avait dû être malgré tout endommagé mais il pensa que peut-être Claire l’entendait plus clairement et il lui décrivait la situation, dans l’espoir qu’elle puisse envoyer des secours adaptés. Quand la femme dénommée Jemma monta à son tour sur le siège, il emmena Gray dans la cabine pour qu’il se prépare à monter.
Jemma se hissa sur le toit et suivit son mari et les autres devant eux qui marchaient à quatre pattes sur le toit afin de pouvoir avancer assez rapidement tout en ne prenant pas le risque de tomber.
Sur la rive nord, les premiers passés marchaient en file indienne vers un point où la berge était suffisamment large pour qu’ils puissent tous s’y rassembler. Soudain, l’un d’eux se retourna, pointa juste au-dessus de la cabine, vers le rocher, et cria. Jemma se retourna et vit le métriacanthosaure se tenant au sommet du rocher, prêt à bondir.
Gray sursauta quand il entendit le grognement provenant du haut du rocher et par sécurité, retourna plus profondément dans le véhicule, suivi des passagers qui restaient encore.
Le dinosaure sauta sur le toit alors que Jemma et sa famille ainsi que Chris se dépêchaient de rejoindre le rocher. Pour trouver un équilibre, le prédateur s’accroupit quelques instants mais lorsqu’il se releva, il reçut un puissant coup de pied dans les mâchoires donné par Sven.  Décontenancé, le métriacanthosaure recula et tomba dans la cabine alors que Sven rejoignait les autres.
L’eau était montée suffisamment haut pour qu’elle entre dans le camion par jets entiers, éclaboussant les quelques passagers qui restaient à bord et qui entendaient les rochers écorcher la carrosserie au fur et à mesure que davantage d’eau passait par les grilles des portières. Au niveau de la cabine, le métriacanthosaure leur barrait et la route tandis qu’à l’arrière, c’était le rocher. Il y avait bien un maigre espace entre celui-ci et le montant à travers duquel ils pouvaient se faufiler mais aussitôt dans l’eau, le courant les coinceraient sous le camion, les condamnant à être écrasés lorsque la partie supérieure de l’arbre dérivant vers eux au gré du courant allait bientôt les percuter de plein fouet et pousser le camion du sommet de la cascade.
Le Metriacanthosaurus se releva en grognant et marcha vers les passagers regroupés à l’arrière du camion en franchissant les banquettes qui les séparaient du prédateur. Zach s’interposa entre le dinosaure et Gray puis il hasarda un regard en direction des portières arrachées pour éventuellement fuir par là mais celles-ci donnaient alors presque sur le vide lui-même, sans compter le rebord glissant duquel ils tomberaient à coup sûr. Ils étaient pris au piège et l’arbre fonçant vers eux tel un bélier s’apprêtant à enfoncer une porte allait sceller leur sort d’ici quelques secondes.

Lorsqu’elle avait pris l’appel de son neveu, Dearing était partie aux toilettes situées à quelque pas de la salle de contrôle pour aller directement s’isoler dans l’une des cabines. La directrice avait fait cela car elle craignait de se montrer émotive devant les techniciens et elle avait vu juste. Rien qu’à écouter impuissante assise sur le trône le grondement de la rivière, les bruits du métriacanthosaure et les hurlements des touristes lui parvenant par bribes entrecoupées de parasites, elle en avait la gorge serrée. 
- … arbre ! Il … droit … nous. ..ite, sort.. ! Entendit-elle quelqu’un crier par-dessus le grondement de la rivière.
- Zach ! Fit la voix du cadet de ses neveux, complètement paniqué.
- Accr….-..oi, Gray ! Lui demanda son frère.
Puis leurs voix disparurent dans le bruit du bouillonnement de la rivière et on entendit plus que le bruit de l’eau. Puis quand uniquement des grésillements parvinrent aux oreilles de Dearing, elle raccrocha son portable et le remit dans sa poche en tremblant des mains puis se releva. Mais ses jambes flageolaient et elle dut s’adosser contre la paroi de la cabine pour ne pas s’effondrer.
Sentant tout à coup un immense poids s’abattre sur ses épaules, elle se laissa glisser jusqu’à ce qu’elle soit assise sur le carrelage froid, les jambes repliées contre son torse, et leva ses yeux embués au plafond.
En l’espace d’une matinée, sa vie avait basculé. Celle qui allait propulser sa carrière, l’Indominus, s’était retournée contre elle en s’enfuyant et l’organisation de sa traque avait suscité des tensions entre elle et Masrani. En à peine une heure, ses relations avec le magnat indien s’était considérablement dégradées et lorsque Dearing insulta la mémoire de Hammond dans la salle de contrôle, elle savait qu’elle avait atteint un point de non-retour à ce moment-là. Suite à cet outrage, elle ne serait guère étonnée si Masrani proposait le licenciement de Claire au conseil d’administration d’Ingen, conseil qui la tiendrait à coup sûr responsable des dégâts matériels, des pertes dans le cheptel préhistorique de la compagnie ainsi que des deux-douzaines de morts qu’ils avaient déjà comptés, sans compter la disparition d’un camion de touristes dans la jungle de la réserve, celui à bord duquel étaient ses neveux. 
Les derniers sons qu’elle entendit de l’appel de Zach fut le coup de grâce. Ses neveux devaient en train de se noyer dans La Bruyante ou pire, être mis en pièces par un métriacanthosaure particulièrement énervé, voir les deux à la fois. Ils étaient censés être sous sa responsabilité. Qu’allait-elle dire à leur mère ?
La coupe étant pleine, elle craqua.
- Putain de merde ! Jura-elle en donnant plusieurs coups de pied dans la paroi d’en face.
Puis elle fondit en larmes.


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#78 08-08-2017 17:20:38

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonsoir,

Voici la première partie du Chapitre 10 : Sur les Traces, un chapitre qui sera plus court que les deux précédents et aussi plus calme, ce qui vous permettra de décompresser vis-à-vis de la course-poursuite et des deux attaques sur le camion du dernier chapitre, mine de rien assez intense.


                                                                         Sur les Traces
                                                                            (Partie 1/3)

- Vous allez bien Claire ? Demanda la voix de Vivian en brisant le silence régnant dans les toilettes.
Dearing, encore assise sur le sol de la cabine, renifla.
- Ça va, merci. J’avais juste besoin de m’isoler quelques instants. Je reviens dans deux minutes.
- Entendu. N’hésitez pas à me le dire si vous avez besoin de quelque chose.
Elle entendit la technicienne quitter les toilettes et attendit encore un peu, le temps de sécher ses larmes, avant de sortir de la cabine pour aller se rafraîchir à l’une des vasques situées en face. Elle but deux gorgées d’eau puis releva la tête pour se regarder dans le miroir.
Elle s’aperçut que son visage était tout empourpré et qu’avec les larmes, une partie de son maquillage avait coulé en laissant des sillons noirs sur sa peau. A l’aide d’un mouchoir, elle les fit disparaître puis rouvrit le robinet et passa la main sous l’eau dans le but de se réhydrater le visage en le tapotant avec sa main humide. Se fixant elle-même dans le miroir, elle inspira et expira longuement plusieurs fois avant de partir.
Lorsque Dearing revint dans la salle de contrôle, Masrani n’y était toujours pas revenu et l’un des techniciens écoutait attentivement ce qu’on lui disait dans son oreillette.
- Hélicoptère en approche, CR-1017. Temps d’arrivée estimé cinq minutes. Annonça-il.
- CR-1017 ? C’est l’hélico de liaison avec nos locaux à San José. Se rappela Dearing. Qui est-ce que ça pourrait être ?
- Aucune idée. Le pilote ne m’a pas précisé qui était le passager. Répondit le technicien.
- Qui que ce soit, vous lui direz que je suis sur le terrain. Annonça la directrice.
Tous les techniciens à portée de voix de Claire interrompirent leurs activités et se retournèrent pour la regarder d’un air stupéfait.
- Sur le terrain ? Déjà qu’en temps normal la réserve n’est pas un endroit où l’on peut faire des promenades de santé mais dans le cas présent, c’est de la folie. Lui dit Lowery. Si vous êtes devenue suicidaire tout à coup, jetez-vous donc de la falaise, ça sera plus rapide et moins douloureux.
- Les dieux viennent de me pisser à la raie mais je ne suis pas au bord du suicide, Lowery ! Précisa Dearing. Du moins pas encore. Ajouta-elle à mi-voix. Je compte juste me rendre sur le site de l’incident. Voir ça de mes propres yeux et non pas au travers d’un écran.  Je vous demande quand même de garder le navire en mon absence et si notre invité demande quand je reviendrais, dîtes-lui que je reviendrais dans moins d’une heure.
- Et à propos de l’hélico de San José, on fais quoi ? Lui demanda Lowery.
Ne s’étant pas attardée davantage, elle avait déjà tourné les talons. Cruthers n’eut aucune réponse de sa part et malgré ses supplications, elle quitta la salle.
- Et là voilà qui nous abandonne…Lança l’un des techniciens.
- Vous y croyez à cette histoire de se rendre sur le terrain ? Si ça se trouve, elle nous a pondu cette excuse pour foncer chez elle, faire ses bagages, sauter dans le premier bateau venu, prendre un vol, changer d’identité et partir s’exiler au fin fond de l’Alaska pour élever des chiens de traineau. Fit Bradford, sceptique.
- J’avoue que c’est parfois une sacrée connasse, reconnut Lowery, mais elle est trop attachée à son job pour tous nous larguer comme des merdes dans un cas comme ça au risque de le perdre.
- Vu ce qu’elle a dit tout à l’heure à monsieur Masrani, elle pourra pointer au pôle emploi dès la fin de la journée, ajouta Bradford, à la condition qu’elle revienne entière et en vie de sa petite escapade dans la réserve et non pas en cinq ou six morceaux dans un sac poubelle. 
- Ses neveux sont en visite dans le parc, leur rappela Vivian, les abandonneraient-elle eux aussi ?
- Tout dépend si elle peut les blairer ou pas. Dit Bradford.
- Vous ne pouvez pas juste la fermer ? Leur pria la technicienne en charge de la réserve, à bout de nerfs. Des gens sont morts et vous êtes là à faire les commères comme s’il ne s’était rien passé de grave. Auriez-vous ne serait-ce qu’un semblant de décence ?
- Tu nous excuseras Adamson mais chacun essaye de faire face aux événements actuels comme il le peut et si faire les commères comme tu le dis peut nous empêcher de craquer psychologiquement et de nous mettre en position latérale de sécurité, alors on le fait. Rétorqua Bradford. Bon ce n’est pas tout mais je vais aller faire du café. Beaucoup de café car je sens qu’on va en avoir besoin. Ajouta-il en se levant.
- Il faudrait aussi que quelqu’un aille chercher des snacks. Vu le boulot qu’on doit se taper, c’est mort pour aller au RA. Dit Krill. A moins que l’on ne commande des pizzas ?
Les techniciens approuvèrent cette proposition de la part de Vivian et chacun écrivit sa commande sur une feuille qu’ils firent passer dans la salle. Alors que Bradford était partit préparer plusieurs cafetières à la salle de repos la plus proche, le technicien qui avait informé Dearing de l’arrivée de l’hélicoptère fit afficher les images de vidéosurveillance de l’hélisurface sur l’écran principal. Ils virent un hélicoptère Agusta A109A gris avec des bandes bleues et arborant le logo d’InGen y atterrir et alors que les pales tournaient toujours, une figure bedonnante vêtue d’un polo beige et d’un pantalon noir ouvrit la porte de l’habitacle pour descendre de l’appareil.
- Oh, oh. Alerte au con, c’est Hoskins. Fit Lowery en reconnaissant le passager déposé par l’hélicoptère.
- Je le croyais déjà reparti chez lui pour fêter Noël. Dit Vivian. Pourquoi il revient maintenant ?
-  Probablement à cause de tout ce qui s’est passé depuis ce matin et à en juger par sa démarche, il semble énervé. Observa Lowery en constatant la mine d’Hoskins et son pas rapide alors que celui-ci laissait derrière lui l’hélisurface et l’Agusta en train de décoller.
Derrière eux, les techniciens entendirent le bip électronique produit lorsque quelqu’un passait son badge dans la fente. En se retournant, ils virent Henry Wu arriver dans la salle.
- Claire n’est pas là ? Demanda-il.
Il fut suivit par Hoskins que le vigile salua d’un « Monsieur » respectueux auquel le directeur de la division sécurité ne répondit que par un hochement de tête alors qu’il entrait à son tour.
- Messieurs dames, bonjour ! Les salua-il sèchement. Professeur. Fit-il à l’égard de Wu, se tenant à côté de la porte. Ne prêtez pas attention à mon air furieux, ma colère n’est pas dirigée contre vous. Précisa-il aux techniciens. Par contre j’aimerais savoir juste une chose : Où est Dearing ?
- C’est la question que je me pose aussi. Lui dit Wu.
- Elle est allée sur le terrain. Leur répondit-on.
- Elle sera de retour dans moins d’une heure. Ajouta Cruthers.
- Claire ? Sur le terrain ? S’étonna le généticien. Voilà qui est inédit, elle qui est du genre à rester ici bien au chaud, enfin au frais plutôt vu le climat local.
- Les rapports et observations sur le comportement du personnel la concernant que j’ai lus vont dans ce sens également. Ajouta Hoskins. J’ai à une discussion sérieuse à avoir avec elle ! Il y a un problème de sécurité majeur au sein de nos installations et elle ne contacte ni le siège à Palo Alto, ni nos bureaux de San José et surtout même pas moi ? Dire que je si j’étais resté dans l’ignorance, j’aurais enregistré mon billet, pris le vol de ce matin pour rentrer au pays à temps pour fêter le réveillon avec ma fille et son copain avant que ce moment convivial en famille ne soit gâché par un appel urgent me disant que Jurassic World a sombré dans l’anarchie en l’espace d’une journée, tout ça parce que je n’aurais rien fait pour réparer les conneries de Dearing. Heureusement, j’ai des yeux et des oreilles en ces murs…
Ces mots jetèrent un malaise dans la salle. Certains des techniciens ayant parlé à plusieurs reprises de la direction d’InGen en des termes pas très élogieux furent pris par un sentiment de paranoïa et et on les surprit à fouiller discrètement leur propre bureau à la recherche de micros ou à regarder au plafond ou vers les écrans, comme s’ils comptaient y apercevoir la lueur à peine perceptible de la diode d’une micro caméra. Cruthers se demanda quel genre de vidéos et de bandes sonores Hoskins devait avoir sur son ordinateur et leur utilité, s’il s’agissait d’une mesure pour contrer l’espionnage industriel ou pour espionner les employés eux-mêmes…

    Laissant le bâtiment administratif derrière elle, Dearing suivait la route qui descendait en allant vers l’ouest. Peu après être partie, elle passa devant une sortie sur sa droite et elle arriva à un croisement, situé en vue du pont jeté en travers de la rivière qui permettait d’entrer dans la réserve. Une route venant du Zoo dans la vallée à l’est coupait sa voie pour se perdre dans un défilé au milieu d’un massif montagneux, menant à une vieille hélisurface située au pied d’une grande cascade. Mais Claire continua tout droit afin de prendre une sortie sur sa gauche un plus loin et qui lui faisait longer la haute clôture bordant la rivière.
Elle passa devant la clôture délimitant la propriété autour de la caserne de la Garde et continua sa route jusqu’à pénétrer dans un lotissement construit entre les rives du long lac et les pentes forestières du sud-ouest, le second village des employés.
Il y avait une cinquantaine de bungalows bâtis sur pilotis et qui de par leur toit de chaume, n’était pas sans rappeler ceux que l’on trouvait dans certains centre de vacances costaricains. On y trouvait également quelques courts de tennis et autres terrains de sport à la périphérie ainsi qu’un petit bar-restaurant au centre du lotissement, à côté du bâtiment faisait office à la fois d’épicerie et de station-service. A ce niveau, se situait un croisement où Claire prit sur sa droite pour s’engager sur la route qui passait derrière les bungalows bordant le lac. Elle ne s’arrêta qu’au bout du chemin pour se garer devant le bungalow d’Owen Grady.
Elle trouva la jeep de celui-ci garé devant la remise où il entreposait sa Triumph ainsi que ses outils de jardinage et Dearing pensant qu’il devait être là, sortit de son véhicule et prit la direction du porche, accessible depuis la terrasse qui formait un L renversé autour de son bungalow. Alors qu’elle s’apprêtait à en monter les marches, elle vit un boa constrictor de plus de deux mètres cinquante enroulé autour de la rambarde en bois à quelque mètres de la porte.
Bien que Claire n’aimait pas les serpents et qu’elle surveillait le reptile avec appréhension du coin de l’œil, ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait ici puisqu’il avait des alentours du bungalow de Grady son terrain de chasse, chassant les rats qui avaient le malheur de s’aventurer par là. Sa présence n’avait pas dérangé Owen le moins du monde lorsqu’il avait emménagé dans cette bicoque. Ayant vu qu’il s’agissait d’une femelle, il l’avait même appelée Eve et du point de vue de Claire, c’était limite s’il la traitait comme son animal de compagnie.
Tout en gardant un œil sur Eve, elle toqua à la porte.
Pas de réponse.
Elle appela Owen.
Toujours pas de réponse.
En saisissant la poignée, elle s’aperçut que la porte était ouverte. Elle hésita quelques instants puis pénétra dans le bungalow.
Contrastant avec l’impression de netteté, de modernité et d’ordre régnant chez Claire, l’intérieur du bungalow d’Owen était plus surchargé et une grande partie du mobilier était plus rustique et fait de bois. A gauche de Claire, il y avait une table à manger carrée, séparant la cuisine du salon ; à sa droite, il y avait le salon lui-même avec un divan, une table basse, le meuble tv, des bibliothèques croulant presque sous les poids des livres et dont les étagères étaient décorées de figurines d’animaux, et sous un poster du film King Lear avec Arnold Schwarzenegger, le bureau qui bien que lui aussi assez surchargé, présentait un minimum d’organisation contrairement à celui de Lowery.
Dearing eut beau regarder autour d’elle, le maître des lieux n’était visible nulle part.
- Il est où ce con ? Murmura-elle.
- Qui est là ? Demanda la voix suspicieuse du locataire du bungalow, à moitié étouffée à cause de la porte derrière laquelle Grady se trouvait, celle de la salle de bain.
La porte s’ouvrit et Owen sortit, les cheveux mouillés et des gouttes d’eau ruisselant sur son corps, uniquement recouvert par une serviette enroulée autour de sa taille.
- Ah c’est toi. Dit-il en constatant que l’individu qui s’était introduit dans son bungalow n’était autre que Claire.
Cependant le ton de sa voix laissait transparaître qu’il n’était pas nécessairement heureux de la voir.
- Excuse la tenue, je sors de la douche. N’Ajouta-il que par pure politesse à l’égard de celle qu’il avait beaucoup tendance à oublier qu’il s’agissait de sa supérieure. Sinon j’ai une question : Qu’est-ce que tu viens foutre chez moi ? Il y aurait pas plus urgent des fois ?
- Tu n’es pas au courant de ce qui vient de se passer à la réserve ?
- Euh non. Répondit-il.
A l’intonation de Dearing, il sut tout de suite que c’était grave.
- Si on m’a appelé, repris-il, je n’ai pas entendu le téléphone sonner car comme je te le disais, j’étais sous la douche à tenter d’enlever cette foutue odeur d’essence. Qu’est-il arrivé ?
Elle lui raconta tout ce qui était arrivé depuis le moment où le Mamenchisaurus a paniqué jusqu’à l’interruption de l’appel de Zach alors qu’il se noyait dans La Bruyante.
- Tu crois qu’ils ont été emportés ? Demanda Grady alors qu’il enfilait des vêtements de rechange, un pantalon de chasse et un T-shirt vert olive.
- Oui, avant d’aller de tomber d’une cascade et de se noyer. Répondit Dearing, la voix serrée.
Elle s’était assise entretemps dans le divan et en voyant des larmes couler sur ses joues, Grady déposa une boîte de mouchoirs sur la table basse devant elle.
- Merci. Le remercia-elle.
Elle prit deux mouchoirs : l’un pour s’essuyer les yeux et l’autre pour se moucher.
- J’ai besoin d’aller là-bas pour avoir le cœur net sur ce qui leur est arrivé. Reprit-elle quelques instants plus tard. Je pourrais très bien emprunter l’une des jeeps ainsi qu’un fusil au cas où et aller là-bas toute seule mais les rangers, suivant à la lettre les protocoles de sécurité, ne me laisseront pas aller ainsi dans la Réserve. Je sais que tu es plutôt ami avec eux et c’est surtout pour ça que je te demande de m’accompagner, histoire qu’ils voient quelqu’un de confiance jouer les chaperons pour cette frêle et stupide chose qu’est Claire Dearing, la directrice casse-bonbons du parc.
- Soit. Répondit Grady. Vu que tu m’as mis au courant, j’y serais allé de toute manière pour proposer mon aide à Hamada dans la traque des metris donc on peut dire que t’as de la chance. Par contre j’aimerais te dire un mort à propos de ta tenue : Alors autant je peux totalement comprendre ton empressement et que tu n’aies pas pris le temps de revenir chez toi pour changer de haut et de pantalon, auquel cas tu assumeras de prendre le risque de les détériorer mais concernant tes chaussures, on ne peut pas faire l’impasse. Ces sandales sont inappropriées pour déambuler dans la jungle, même le temps d’une dizaine de minutes, car le terrain est traître en de nombreux endroits. Je doute que tu aimerais glisser et de te casser une jambe ou pire... T’as déjà eu assez d’emmerdes pour la journée je pense.
Grady alla dans la pièce qui lui servait de placard ainsi que parfois, de chambre d’ami. Dearing l’entendit fouiller parmi ses affaires et il revint avec une vieille paire de chaussures de randonnée qu’il posa sur la table basse.
- Normalement elles sont à ma sœur mais elle les a oubliées quand elle est venue en vacances ici l’été dernier. Lui apprit-il alors que Dearing regardait les chaussures d’un air incertain. Elle a de plus grand pieds que toi mais en serrant bien les lacets, tu ne devrais pas les perdre.
Claire enleva ses sandales et mit les chaussures de la sœur d’Owen. Comme il le lui avait dit, elle remarqua qu’elles faisaient deux tailles au-dessus de ce qu’elle chaussait habituellement.
- Tu peux laisser tes sandales ici, tu pourras les récupérer en revenant. Dit-il lorsque Dearing était en train de terminer ses lacets.
Elle laissa ses sandales à côté de la table basse et se leva pour rejoindre la porte d’entrée.
- Tiens, voilà les clés de la jeep.
Il les lui jeta et Claire les rattrapa au vol d’une seule main.
- Attends-moi y le temps que je prenne mon barda. Ajouta-il.
Dearing sortit du bungalow et alla s’installer au siège passager de la jeep.
Grady vint la rejoindre deux minutes plus tard, un sac à dos vert kaki dans une main et sa carabine Marlin modèle 1895 dans l’autre. Il les déposa derrière son siège puis alla dans la remise et ressortit avec une machette qu’il rangea sous son siège. Il s’installa au volant et fit démarrer la jeep. Elle recula jusqu’à la route où s’ils s’engagèrent, la suivant dans le sens inverse par lequel Dearing était venue.
Ils sortirent du village et arrivèrent au portail barrant l’entrée du pont et de la réserve. Là, les gardes en faction leur demandèrent de s’arrêter mais quand Grady et Dearing eurent finit de leur expliquer la situation, l’un des gardes passa un appel radio tandis que l’autre ouvrit le portail pour les laisser passer.
La jeep passa le pont et suivit la piste les emmenant vers le nord.

Cela faisait plus de trente-cinq minutes que Young attendait devant la station de débarquement d’Expedition : Lost World et le camion dans lequel les neveux de Claire étaient montés n’était toujours pas revenu. Tous les autres camions l’étaient déjà et elle avait vu les différents groupes de visiteurs quitter la station la mine concernée, ne sachant pas pourquoi on avait coupés court à leur safari et qu’ils devaient quitter le village. Hilary, l’agent de sécurité qui l’avait accompagné à la station, était en train de s’entretenir avec le contrôleur pour savoir si tous les camions étaient rentrés. Quand elle le vit revenir, Young l’interpella :
- Alors qu’en est-il ?
- Je viens de parler au contrôleur. Tous les camions sont rentrés sauf un, celui impliqué dans l'accident. Je crains que les visiteurs que vous attendez figurent parmi les victimes ou dans le cas où ils soient encore en vie, se soient perdus dans la jungle. Il vaut peut-être mieux que vous rentriez au Resort, mademoiselle Young. Si jamais ils se présentent au village, nous vous en informerons.
De l’ « accident », Hilary et Zara ne connaissaient que les grandes lignes de ce qui était arrivé, ayant écouté les messages radios faisant état du camion pris dans la débandade du troupeau et du champ de bataille laissé par l’affrontement entre les rangers montés et les métriacanthosaures.
Young sentit alors son portable vibrer dans son sac à main et le sortit.
- C’est la directrice Dearing ? Demanda l’agent.
- Oui. Répondit Zara en ouvrant le message envoyé par Claire. Elle a du nouveau à propos du camion disparu : il est tombé dans La Bruyante.
- Ils ont dû se noyer. Pauvres âmes… Je suis sincèrement désolé.
- Je les connaissais à peine. Fit Zara bien que la mort probable de Zach et Gray l’attristait un peu. Vous avez fait ce que vous avez pu mais merci pour l’aide, Hilary. Plus rien ne me retient ici. Je vais rentrer au resort.
- Sage décision. Cet endroit de l’île n’est plus sûr pour des civils. Avec la Garde aidant à l’évacuation, on croirait qu’il y a une catastrophe naturelle ou une guerre. Dit-il en regardant les deux rangers qui ordonnaient à un groupe de randonneurs à la traîne de se rendre à la station de monorail. Prenez soin de vous.
- Vous aussi et bonne chance, vous en aurez besoin.
- Merci.
Young prit congé d’Hilary et commença se diriger à son tour vers la station de monorail. Sur le chemin, elle dut s’écarter pour laisser passer un groupe d’une douzaine de cavaliers.
- Faîtes place ! Fit l’agent de sécurité à l’encontre des piétons qui s’écartèrent pour laisser passer les rangers montés qui trottaient au milieu de l’allée.
Parmi ceux-ci, figuraient non seulement Selma Forrester et Locatelli mais aussi ceux qui étaient en train de patrouiller dans d’autres parties de la réserve lorsque l’Indominus a attaqué le camion. Ils suivirent l’allée jusqu’à la place du village où ils mirent pied à terre et attachèrent leurs chevaux à une barrière tandis que certains de leurs collègues aidaient les agents de sécurité à canaliser le flot de visiteurs, guidés également par la voix dans les haut-parleurs.
- Selma ! La héla l’un des rangers. Vous devriez aller voir Niall, il est au quai.
Selma passa sous la sculpture représentant les deux hadrosaures en train de se battre et se fraya un chemin parmi les touristes jusqu’à la station, ne se préoccupant guère du regard qu’ils portaient à son uniforme maculé de sang, celui de ses propres collègues dont elle avait contribué à rassembler les corps pour les mettre hors de portée des charognards.
Quand elle pénétra dans la station, elle vit que son mari la cherchait du regard au milieu de la masse qui occupait l’intégralité du quai. Quand il la vit, il fut soulagé de la voir en vie et quand ils se retrouvèrent au milieu de la foule, il ne manqua pas de l’embrasser à plusieurs reprises sur la bouche et le front.
- Loué soient les esprits, tu n’as rien. . J’ai appris à propos de ce qui est arrivé. Combien des nôtres sont tombés ?
- La moitié du peloton. Répondit Selma. Dire qu’on tenait l’I.rex. Cette salope a préféré se barrer que de nous affronter !
- Et Duncan ?
- Philippe l’a occis. J’espère que Katashi, Gilbert, Patience et les autres lui réglerons son compte, à lui, son frère et son père s’ils les retrouvent. Dit-elle, pleine de ressentiments à l’égard des métriacanthosaures.
Le monorail arriva et se rangea le long du quai. L’un des agents disposés entre les touristes et le bord du quai, prit la parole et déclama d’une voix de stentor le message qu’il avait déjà adressé aux précédents groupes d’évacués :
- Ok, les gens ! Ce monorail contient trois cent soixante places. Les familles avec des jeunes enfants montent en priorité ! Ne vous inquiétez pas, ajouta-il lorsqu’il vit le reste de la foule devenir nerveuse, vous êtes en sécurité ici et vous serez tous évacués donc faîtes preuve de patience ! Le prochain départ sera dans dix minutes. Dix minutes !
Les portes du monorail coulissèrent sur les côtés et les agents s’écartèrent, laissant entrer les visiteurs dans les wagons.


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

#79 12-08-2017 12:49:11

Monsieur ADN
Mothafuckin' T.rex
Lieu : Dans ton sang
Inscription : 02-01-2014
Messages : 17 963

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Ça fait un moment que j'ai pas lu un nouveau chapitre, je profiterai de mes congés pour rattraper mon retard. ^^


"Dans d'autres siècles, les êtres humains voulaient êtres sauvés, ou améliorés, ou libérés, ou éduqués. Mais dans le nôtre, ils veulent êtres divertis. La grande peur de notre siècle n'est pas la maladie ou la mort, mais l'ennui. Un sentiment de temps libre entre nos mains. Un sentiment de ne rien faire. Le sentiment de ne pas être divertis."
Michael Crichton

Hors ligne

#80 12-08-2017 15:56:35

The Geeky Zoologist
"La Grande"
Inscription : 02-06-2016
Messages : 1 545

Re : Jurassic World (par The Geeky Zoologist)

Bonjour à tous,

Voici la deuxième partie de Sur les Traces

                                                                          Sur les Traces
                                                                             (Partie 2/3)

Le trajet jusqu’à la combe s’était fait en silence.
Alors que la piste longeait le crêt nord, Owen jetait de temps à autre un regard dans la combe pour tenter d’apercevoir d’éventuels rescapés de la chute du bus voulant rejoindre la piste en suivant le cours de la rivière mais la végétation était beaucoup trop dense, cachant le fond de la combe et tout ce qui pouvait l’arpenter, sans compter le fait qu’elle était particulièrement large au niveau de l’amont.
Cependant, plus ils roulaient en direction de l’aval, plus la combe devenait étroite et ils arrivèrent à un niveau où Grady ne vit que les eaux de la rivière et ses berges rocailleuses dans le fond. Un peu plus loin, il vit que l’un des arbres bordant la rive s’était brisé en deux et que sa partie supérieure était absente, probablement emportée par le courant lorsqu’elle est tombé dans la rivière. En ramenant le regard au niveau de la piste, il vit devant eux la clairière où le camion s’était retrouvé au piège.
Le peloton de Brunet y avait garé ses véhicules et Grady remarqua que les rangers avaient rangé leurs casques ainsi que leurs armes les plus encombrantes. Quand ceux-ci virent la jeep d’Owen faire son entrée dans la clairière pour se garer à côté de l’un des Marauder, une grande figure munie d’une barbe rousse et arborant le drapeau norvégien sur son épaulière gauche vint à la rencontre de Grady et de Dearing.
- Madame la directrice, Owen. Les accueillit le sergent Drekanson.
- Salut Leif. Répondit Grady. Quelle est la situation concernant l’I.rex et les metris ?
- L’I.rex a été vue pour la dernière fois dans le nord du plateau et sur les sept metris, quatre sont morts : Philippa piétinée sur la route longeant les falaises, Sheala abattue, Priscilla les os brisés par un shantungo à en juger par la nature des traces trouvées autour, Bucéphale très probablement, et le camion est tombé sur Kenny.
Grady prit son fusil et balaya la clairière des yeux. Il vit le corps désarticulé de Priscilla vers le milieu de celle-ci et alors qu’il marchait vers le prédateur mort, Dearing demanda à Drekanson où était le camion, ne l’ayant pas vu en contrebas. Le ranger lui répondit qu’il était passé par-dessus la cascade et que ceux qui étaient piégés à l’intérieur ont été soit tués lors de l’impact, soit se sont noyés.
Sans en demander d’avantage, elle laissa Drekanson et entreprit de traverser la clairière. En se dirigeant vers le rebord, elle passa à côté d’Owen agenouillé auprès du métriacanthosaure. Il lui demanda où elle allait mais Claire ne répondit pas et elle disparut dans les fourrés. Ayant entendu la conversation qu’elle avait eu avec Drekanson, il savait qu’elle allait à la cascade dont le grondement était perceptible aux abords de la clairière. Quand le bruit fut si fort qu’il en devint presque assourdissant, Dearing se mit à trottiner et elle s’arrêta au bord de la paroi.
A moitié immergé au centre de la cuvette qui recevait les eaux de la cascade, le camion était allé s’écraser en plein sur des rochers et il s’était retrouvé les roues en l’air. Le sergent Drekanson avait dit vrai : Le toit s’était déformé lors de l’impact sur les rochers et si ceux il y avait des passagers encore en vie suite à l’impact, ils se sont noyés en étant ainsi pris au piège. Si Zach et Gray étaient encore dans le camion lorsque celui-ci est tombé, ils étaient morts.
Sur les berges de la cuvette ainsi qu’en haut de la cascade, elle vit d’autres rangers en train d’inspecter les lieux. Dearing vit l’un d’eux attirer l’attention de son collègue pour lui pointer le sol alors qu’un drone faisait du surplace à leurs côtés.
- …ils ont longé la berge. Entendit-elle parmi leur conversation.
Un mince espoir s’empara de Claire. Certains des passagers avaient réussi à s’extirper du camion à temps, peut-être que ses neveux faisaient partie de ceux-là.
Quand elle et Grady arrivèrent sur la berge où une partie des rangers étaient affairés, Dearing alla voir le capitaine Hamada.
- Claire. On m’a informé que vous viendrez.
Les autres rangers se tournèrent vers la directrice et certains lui lancèrent des regards hostiles.
- Capitaine. J’aimerais savoir si vous avez trouvé les corps d’un jeune homme de dix-huit ans et d’un garçon de douze ans parmi les victimes ? Lui demanda-elle. Ce sont mes neveux. Ajouta-elle.
Hamada comprit qu’il s’agissait de proches à Claire.
- Vous avez une photo d’eux ?
Dearing sortit son portable et chercha les deux photos que leur mère lui avait envoyée quelques jours avant leur arrivée. Elle les montra à Hamada.
- Ils ne me disent rien.
Hamada héla le lieutenant Brunet pour lui montrer la photo.
- Je ne les ai pas vus. Du moins, Ils ne figurent pas parmi ceux retrouvés. Répondit le français. Vos neveux sont probablement avec le groupe qui est en train de remonter le cours de La Bruyante comme les traces trouvées le long de la berge l’indiqueraient. 
- J’aimerais beaucoup le croire mais comment en être certaine ? Fit Dearing, en proie au doute. Et à l’intérieur du camion, vous avez vérifié au moins ?
- Oui. Répondit sèchement Brunet. Il n’y a qu’un couple de retraités et quelques autres victimes mais aucune d’entre elle n’a l’âge de vos neveux.
C’est alors qu’elle vit l’une des rangers revenir du pied de la cascade, un Panasonic lumix cabossé dans la main. Claire reconnut l’appareil photo.
- Cet appareil photo, où l’avez-vous trouvé ? Demanda-elle.
- Au pied de la falaise là-bas. Répondit la ranger, en pointant une paroi rocheuse de leur côté de la cuvette à quelques mètres de la cascade, juste en dessous de l’un des deux gros rochers qui avaient momentanément retenu le camion avant sa chute.
- Qu’a-t-il en particulier ? Demanda Grady.
- C’est celui de Gray, le cadet. Je l’ai vu dans ses affaires et il y a ses initiales cousues sur la sangle : G.M.  Fit observer Dearing en leur montrant les lettres sur la sangle.
Elle s’avança vers la falaise désignée par la ranger et remarqua que l’enchevêtrement de plantes grimpantes recouvrant la paroi dissimulait une corniche étroite courant sous le rocher. Claire s’imagina un scénario dans lequel son neveu avait réussi à sortir du camion au niveau des portières arrachées, progressant vers le rocher en s’agrippant aux barreaux puis se laisser tomber et d’attraper une ligne avant de poser pied sur la corniche et de la longer. A partir de ce point, son scénario bifurquait dans deux directions possibles que Grady cita :
- Après avoir sauté, soit il a rejoint les autres, soit il s’est enfui dans la jungle. La première solution semble plus plausible.
- Qu’est-ce qui te fait dire que la seconde ne soit pas tout aussi plausible ? Lui demanda Claire.
- S’il est malin, il cherchera à bénéficier de la sécurité du groupe. Expliqua Grady. Après tout l’Homme est un animal grégaire. Du moins, c’est ce qu’on dit...
- J’espère pour vous de tout cœur que son frère s’en est également sortit, Claire. Dit Hamada. S’ils se présentent à l’un des points de passage en amont, je vous tiendrais au courant. Des hommes sont en train d’être déployés là-bas et de leurs positions, ils ne pourront pas manquer les survivants remontant le cours de La Bruyante en direction de la piste.
Ils revinrent vers les autres rangers rassemblés sur la berge et prêts à repartir.
- Il vaut peut-être mieux que vous rentriez à l’administration, reprit le capitaine, je pense qu’on a davantage besoin de vous là-bas. Nous devons vous laisser, les métriacanthosaures courent toujours.
Grady et Hamada se dirent adieu d’un signe de tête et le capitaine commença à remonter la pente à la suite de ses hommes.
- Je refuse de rester le cul assis sur une chaise à hocher de la tête ! Répondit Dearing. Je souhaite prendre part aux recherches.
Comme pour leur montrer qu’elle était prête à les suivre, elle retroussa les manches de son chemisier et de son pantalon.
Les rangers se regardèrent les uns les autres et Dearing entendit l’un d’eux souffler à l’oreille de son compagnon « Mais elle est folle celle-là ! ». Si ils n’avaient pas perdu certains de leurs collègues et amis plus tôt, la directrice était certaine qu’ils lui auraient volontiers rit au nez. Hamada, sur le point de perdre patience, se retourna pour lui répondre.
- Au cas où vous ne m’auriez pas compris, nous allons partir à la traque de trois métriacanthosaures dont un adulte dans la force de l’âge. Si jamais une confrontation a lieu, ça risque de devenir sanglant très rapidement. Je n’aimerais pas me montrer brut de décoffrage mais je crains qu’en plus d’être un appât ambulant avec vos habits clairs, vous ne soyez qu’un fardeau pour nous. Repartez ! Dit-il sur un ton autoritaire. Il en va de votre sécurité.
- Ce que Katashi essaye de vous dire, ajouta Brunet, c’est que la jungle n’est pas un endroit pour les princesses dans votre genre.
A en juger par leurs regards, l’intégralité des rangers présents, hommes et femmes confondus, approuvèrent les propos d’Hamada et de Brunet, bien que la recrue Durant sembla surprise par la dureté et l’emportement dont fit preuve son capitaine, d’ordinaire plus calme et plus posé. Puis ils se détournèrent de Dearing qui se sentit ridicule sur le coup et reprirent leur ascension pour regagner la clairière où étaient garés leurs véhicules.
Claire se retourna vers Owen qui regardait la rive opposée de la cuvette. Tandis que les rangers avaient inspecté les lieux, des Compsognathus s’étaient rassemblés sur la berge, surveillant les mouvements des Hommes. Grady savait pourquoi les petits dinosaures verts étaient là, ils étaient attirés non seulement par les corps des touristes à l’intérieur du camion mais surtout par celui du métriacanthosaure sous le toit et dont le sang avait éclaboussé les rochers. Un urubu à tête rouge s’y était déjà posé d’ailleurs, passant sa tête et son cou sous le camion pour en ressortir avec des morceaux de chair dans son bec. Au moment où les rangers disparurent dans la végétation, les Compsognathus gazouillèrent et s’élancèrent tous dans l’eau tel des nageurs de compétition et nagèrent vers le camion en ondulant frénétiquement pour lutter contre le courant.
- Et pour les corps toujours à l’intérieur ? On devrait appeler quelqu’un pour les sortir. Suggéra Dearing.
- Une opération de désincarcération prendrait du temps or tu penses bien que tant que l’I.rex arpentera librement la réserve, personne n’osera venir ici. C’est malheureux mais les macchabées seront à la merci des charognards pour un moment.
Alors que les premiers Compsognathus atteignaient le camion, Dearing et Grady se mirent à gravir la pente à leur tour.
- Brunet ne manque pas d’air. Me traiter de princesse… Ce vieux singe capitulard bouffeur de fromages est un dinosaure au sens figuré du terme ! Rumina la directrice, encore consternée par les propos du ranger français. 
- Tu insinuerais que Gilbert est macho ? Tu te trompes sur son compte. Il respecte ses collègues féminins et les traites en égaux. Tu sais c’est qui il a le plus confiance dans son peloton ? Nat. Et oui malgré le fait qu’il l’engueule de temps à autre. Comme il le fait avec tout le monde d’ailleurs….
Tu sais, sa réflexion à ton égard aurait très bien être tenue par Patience et encore la connaissant, elle aurait pris moins de pincettes que Gilles, pourtant pas connu pour être un grand diplomate. A réagir comme ça, tu me fais penser à ces gringalets fragiles qui militent contre le patriarcat et qui se font coffrer par des flics femmes.
- Ah non ! Ne me compare surtout pas aux Social Justice Warriors ! Rétorqua Dearing sur un ton offensé. Je hais ces gens-là !
- Ça nous fait un point commun dans ce cas. Lui confia Grady à voix basse.
- Sans déconner ? S’estomaqua Claire.
- Quoi ? Tu partais du constat que parce que j’étais l’ami des animaux, pro protection de la nature, anti brevetage du vivant et compagnie que cela faisait forcément de moi un hippie gauchiste ? Si c’est le cas, c’est une vision bien binaire que tu as car la réalité est tout autre et crois-moi, les SJW voudraient me lyncher si je faisais de certains de mes opinions politiques et sociétaux en leur présence. Bref, fin de la parenthèse.
Tu as entendu Hamada ? T’es peut-être la patronne de ce parc mais la jungle et ses dinosaures sont au-delà de ton contrôle et avec l’Indominus et trois Metriacanthosaurus libres comme l’air, tu serais peut-être plus à l’aise à la salle de contrôle.
- Je ne retournais pas au resort sans mes neveux quel que soit leur état ! Insista Dearing.
- Qu’est-ce tu veux faire ? Suivre les rangers en filature dans leur recherche ? Sois raisonnable un instant…
Ils étaient parvenus au sommet de la pente et en s’arrêtant là, Grady remarqua du coin de l’œil un objet noir en partie dissimulé sous les feuilles mortes. En se rapprochant, il vit qu’il s’agissait d’un smartphone.
- Owen, qu’est-ce que… ?
Dearing s’approcha elle aussi mais en voyant la couleur et la taille du portable, elle crut reconnaître celui de Zach mais en voyant que son écran était fissuré et qu’il gisait au milieu d’une empreinte tridactyle de trente centimètres de long laissée dans le sol meuble, celle de l’un des deux métriacanthosaures survivants, elle s’affola :
- Non, non, non…
Elle s’agenouilla pour le saisir. En le prenant dans sa main, elle sentit qu’il était humide et elle tenta de l’allumer. L’écran resta noir, ce qui ne lui permettait pas d’être totalement sûre qu’il s’agissait de celui de Zach mais le fait qu’ils aient retrouvé l’appareil photo de Gray plus tôt en bas de la falaise et que le smartphone qu’elle tenait était identique à celui de Zach le laissait fortement suggérer.
- Il y a deux séries d’empreintes humaines : celle d’un adulte ou d’un ado plutôt grand et d’un enfant de dix-douze ans à en juger par la taille de la pointure. Observa Grady. Je pense que c’est eux.
Il désignait des empreintes de basket de tailles différentes et se chevauchant. A côté de l’empreinte du dinosaure, il y avait également celles laissées par une main plutôt petite, celle de Gray. 
- Je pourrais les suivre afin de savoir ce qui leur est arrivé. Reprit-il. Voyons-voir si mes connaissances acquises lors d’un séjour en Afrique ne sont pas rouillées…
Grady se redressa et entreprit de remonter la piste.
- Elles vont dans cette direction… Lui fit remarquer Claire en pointant leur sens de progression.
- Je sais. Mais il faut revenir près de la cascade afin de reconstituer l’ensemble de la scène.
Ils suivirent les traces en sens inverse jusqu’au bord d’une falaise non loin de la cascade. A ce niveau, quelqu’un avait enfoncé ses mains dans la terre entre deux racines noueuses descendant le long des parois avant de se hisser. Les neveux de Claire étaient remontés à cet endroit.
Grady balaya les environs du regard et vit que des morceaux de terre s’étaient détachés d’une pente à quelques mètres de là et il vit deux longues traînées, celle d’un gros animal ayant glissé sur la pente. A partir de ce point, ils revinrent sur leurs pas pour suivre les traces et s’imaginèrent la scène qui devait avait avoir eu lieu au fur et à mesure de leur progression.
Peu après qu’ils se soient hissés sur le bord de la falaise, Zach et Gray avait momentanément cherché une voie pour remonter en direction de la clairière mais ils furent surpris par un métriacanthosaure qui se mit à dévaler la pente pour les rattraper alors qu’ils fuyaient. Dans leur fuite, Gray tomba et en l’aidant à se relever, Zach perdit son portable qui fut écrasé sous le pied du théropode.
- Il y a d’autres empreintes tridactyles ici. Fit Dearing, plus en avant sur le long de la piste.
Grady vint auprès d’elle, il s’agissait des empreintes de l’autre subadulte qui avait rejoint dans son frère dans la chasse. Owen remarqua que les foulées des garçons rétrécissaient et il en déduisit qu’ils étaient en train de fatiguer. Devant, il y avait un cours peu profond dans lequel les traces se perdaient et dont le niveau de l’eau n’atteignait même pas leurs chevilles.
D’instinct, Grady le traversa pour aller voir s’il n’y avait pas des traces sur la rive opposée mais au lieu d’y trouver celles des neveux de Claire, il vit celles du métriacanthosaure adulte, orientées vers la rivière. Il pensa que, acculés, Zach et Gray avaient soudainement bifurqués vers l’aval, courant droit vers le haut d’une cascade. Dearing et Grady allèrent se pencher prudemment par-dessus le bord de celle-ci, juste à côté d’un rocher sur lequel de la bave de métriacanthosaure avait séchée au soleil.
- Tu crois qu’ils ont sauté ? Demanda Claire.
- C’est ce que j’aurais fait si j’avais trois metris au cul.
La cascade se jetait dans La Bruyante qui après la cuvette où le camion s’était écrasé, reprenait son cours vers l’ouest. En contrebas, les remous étaient nombreux et le courant puissant et rapide étant donné l’étroitesse de la rivière à ce niveau, guère plus large qu’une quinzaine de mètres.
Ils regardèrent attentivement les berges mais ils ne virent pas les neveux de Claire et ils en déduisirent que le courant avait dû les emporter bien plus loin.
- Les rangers pensent qu’ils sont avec les autres en amont, se rappela Claire, on est les seuls qui peuvent les aider.
- Retournons à la jeep avant. Je dois prendre mon sac à dos et ma machette. Il faut aussi que je te briefe deux trois trucs.
Lorsqu’ils retournèrent à la jeep, ils s’aperçurent que les véhicules des rangers étaient partis et ils en conclurent que les Metriacanthosaurus devaient être loin. Grady donna ses consignes concernant le périple qu’ils allaient entreprendre :
- Alors je ne sais pas si tu as déjà fait de la randonnée dans des contrées sauvages mais il y a un certain nombre de règles à respecter : On ne fume pas, on ne crie pas, on met les portables en silencieux et on ne fait des arrêts que quand c’est nécessaire. Capisce ?
- Compris.
Il sortit une boîte métallique dont il entrouvrit le couvercle afin de mettre deux de ses doigts à l’intérieur. Lorsqu’ils en ressortirent, Dearing vit qu’une matière visqueuse blanche maculée de noir les recouvrait.  Quand Grady étala cette matière inconnue sur son visage, son cou ainsi que ses habits, elle ne put s’empêcher de le regarder bizarrement. Quand il le lui passa la boîte pour lui demander de s’en mettre également, Dearing fit instinctivement quelques pas en arrière.
- Aller, ne fais pas l’enfant et mets-toi en pour masquer cette odeur de parfum à la…vanille, c’est ça ? J’aime bien l’odeur de vanille.
A contrecœur, Dearing entrouvrit la boîte et en regarda le contenu avec un air méfiant. La matière dégageait une odeur âcre.
- C’est quoi ça ? Un onguent chamanique à base de plantes dont tu as seul le secret ? Demanda-elle. En tout cas ça une de ces odeurs et la texture n’est pas des plus ragoûtantes.
Grady attendit qu’elle s’en mette sur le visage et le cou avant de lui répondre.
- Pas du tout. C’est de la fiente de T.rex.     
Dearing grimaça de dégoût. Elle s’aperçut en effet que ça ressemblait beaucoup à de la fiente d’oiseau.
- C’est un vieux tuyau de survie de la Garde grise. L’odeur éloigne les autres dinosaures. La plupart d’entre eux du moins... Lui expliqua Owen.
- C’est à se demander comment ils se sont aperçus que ça marchait. Enfin, si ça peut augmenter nos chances de survie. Fit Dearing en haussant les épaules.
A la surprise d’Owen, elle replongea ses doigts dans la fiente et s’en étala sur sa gorge et ses habits avant de repasser la boîte fermée à Grady qui la remit dans son sac. Il s’essuya les doigts avec un mouchoir et en passa un à Dearing pour qu’elle en fasse autant.
- Ce n’était pas la peine d’en mettre autant. Lui confia-il avec un certain degré d’amusement. Avec tout ce que tu t’es badigeonnée, l’odeur mettra des jours à partir, même si tu prends une douche. T’est prête ?
- Je pense que oui.
- Alors en route.
Grady mit son sac à dos, rangea la machette dans le fourreau accroché à sa ceinture et saisit son fusil.
- Euh Claire ? Passe-moi ta flasque s’il te plaît. Lui demanda-il alors qu’ils n’avaient marché que quelques mètres.
Il avait remarqué que Dearing avait sa flasque dans la poche de son pantalon. Elle le sortit et la lui tendit. Lorsqu’elle le vit l’ouvrir pour en vider le contenu par terre, elle écarquilla les yeux de surprise et de colère.
- La bouteille entière m’a coûté quarante dollars !
- Écoutes, je sais que tu es en train de vivre une sale journée mais je ne veux pas prendre le risque que tu te bourres le gueule, surtout là où on va ; et en vidant la bouteille en plus de te la prendre, je ne serais pas tenté de boire moi aussi. Dit-il en mettant la flasque vide dans son sac à dos. Tous nos sens doivent être en éveil pour réagir le plus rapidement et efficacement possible face au danger. Il faut être aware comme dirait cette fameuse star d’action belge. Avec tout ce qu’il y a dans cette jungle, tu me colles aux basques d’ac ?
- D’ac.
- On ne devrait pas rencontrer les metris en allant vers l’aval mais ils sont loin d’être les seuls dinosaures capables de tuer un homme adulte facilement. Et il n’y a pas que les dinosaures qui sont dangereux… Vu ce qu’on peut rencontrer sur le sol forestier, t’es bien mieux dans ces chaussures qu’en nu-pieds ou en talons car il y a des serpents venimeux, des plantes capables de t’injecter une toxine rien que si ta peau frôle leurs feuilles, des hordes de fourmis légionnaires qui ont déjà été vues en train d’attaquer et de dévorer vivant des dinosaures à peine sortis de l’œuf… Bref, c’est tout un monde qui vit entre les pattes des dinosaures et auquel il faut prendre en considération donc fais-attention où tu mets les pieds et les mains.
- Compris, Allan Quatermain. Rétorqua Dearing de manière sarcastique.
- Allan Quatermain ? Mais mais… C’est que madame connait ses classiques. Fit Grady, agréablement surpris. Il est vrai que le côté baroudeur qui emmène une femme citadine au cœur de la brousse rappelle pas mal certains vieux romans ou films d’aventure.  J’ai l’impression d’être le personnage campé par Michael Douglas dans A la Poursuite du Diamant Vert.
- Ce qui me mettrait dans le rôle tenu par Kathleen Turner ?
- Hormis certains détails, quelque chose comme ça oui. Du moment que tu ne te comportes pas comme Willie Scott dans Le Temple Maudit, ça devrait le faire. Elle est la raison pour laquelle ce film est celui que j’aime le moins de la saga Indiana Jones. Et oui je lui préfère même Le Royaume du Crâne de Cristal. Traites-moi d’hérétique si tu veux.
Ils retrouvèrent les traces et les suivirent en direction du point où ils pensaient que Zach et Gray avaient sauté.
- Merci au fait, de prendre le temps de m’aider. Je te revaudrais ça en nature. Déclara Dearing.
Grady haussa un sourcil.
- En me payant un dîner copieux au restaurant ? J’espère que tu connais des adresses sur le continent car négatif comme je suis, je ne pense que ce parc soit encore debout d’ici la fin de la journée.
- Je reconnais avoir mes propres doutes à ce sujet également… Avoua Dearing.
- Et ne me remercie pas tout de suite. On ne sait pas encore s’ils seront encore en vie quand on les retrouvera.
Il avait parlé trop vite et en se retournant, il constata que Dearing avait repris son air attristé.
- Désolé, se reprit-il, j’ai manqué de tact.
Ils arrivèrent au bord de La Bruyante et entreprirent d’en longer le cours vers l’aval, là où la rivière s’engageait dans une gorge étroite au milieu des montagnes.
- Quand j’ai évoqué la possibilité de venir ici seule avec un fusil, dit Dearing, tu ne m’as même pas demandé si je savais m’en servir d’un ?
- Je suis déjà venu dans ton bureau rappelles-toi. J’ai vu les trophées sur les étagères. Championne du comté de Dane 1999.
- C’est ça en plus. T’as le sens de l’observation.
- Une qualité nécessaire pour bosser sur le comportement animal.

Guidés par Bradford qui leur communiquait par radio les coordonnées émises par les puces des Metriacanthosaurus, les rangers suivirent la piste pendant un moment avant d’en sortir et de rouler à travers la jungle. Quand la végétation fut trop dense devant eux, les véhicules s’arrêtèrent et les rangers, ayant remis leurs casques pendant le trajet, en descendirent.
Comme Hamada l’en avait informé à Dearing, ils avaient déployé une partie des effectifs du peloton de Brunet plus en amont en envoyant une équipe de quatre rangers à chacun des trois points de passages permettant de sortir de la combe, ce qui faisait qu’il n’y en avait que quinze, en comptant Hamada, aux véhicules. Parmi eux, il y avait également Velasquez qui était revenu entretemps et qui leur avait rapporté les propos tenus par l’ouvrier. Tout comme Forrester, les autres rangers ne les comprirent pas.
Concernant l’incursion de l’I.rex, certains blâmèrent Velasquez, Tian et Turner de l’avoir laissée entrer par le portail qu’ils étaient supposés garder et d’être ainsi responsable indirectement des morts qu’il y eut par la suite. Les trois recrues leur assurèrent alors qu’ils l’auraient vue si c’était le cas et les images vidéo des caméras de surveillance confirmèrent leur version des faits, leur retirant toute responsabilité potenitelle.
Sur le moment, on émit alors l’hypothèse que l’Indominus avait empruntée un quelconque passage inconnu. Cependant, la plupart trouvaient cela improbable et le mystère à propos de la manière dont la chimère était passée entre leurs mailles les mettait hautement mal à l’aise. Comme s’il se doutait que Henry Wu connaissait une partie de la réponse à leurs interrogations, le lieutenant Brunet avait dit à voix haute de manière sardonique :
- Wu peut déjà préparer le café et les sucres. Une petite visite de notre part s’imposera une fois ce bordel réglé.
Les rangers s’armèrent et se mirent en marche en formant une file indienne.
En bout de file, Durant marchait aux côtés du sergent Drekanson.
-  Je n’ai jamais vu le capitaine parler ainsi. Lui murmura-elle, faisant référence à la discussion tendue qu’il avait eue avec Dearing plus tôt.
Elle regarda en direction de la tête de file et vit Hamada regarder sans cesse les alentours et tendre l’oreille d’un air nerveux. Durant n’avait jamais vu son capitaine être ainsi.
- D’ordinaire il est bien plus flegmatique et posé. Fit-elle remarquer, toujours à voix basse. Je n’aimerais pas m’avancer mais il n’a pas l’air lui-même.
- Vous ne vous avancez pas. Lui répondit finalement Drekanson au bout d’un silence. Disons que la mort de plusieurs de nos frères et sœurs et le fait qu’il y ait un grand théropode se baladant librement dans cette jungle a remonté de mauvais souvenirs, du temps où il était affecté à Sorna.
- Est-ce que ça a un lien avec la dague ? Celle dont le manche est une dent ?
- En effet.
- Sans indiscrétion, pouvez-me dire quelle histoire se cache derrière cette dague, sergent ?
- Je le pourrais. Mais promettez de ne pas l’ébruiter.
- Je le jure.
Drekanson la regarda longuement dans les yeux comme pour juger de sa bonne foi.
- Il n’y a qu’Erin, Gilbert, le commandant Störmer et moi qui la connaissions.  Elle a eu lieu alors qu’on achevait la construction de Caer Draig, le capitaine Hamada n’avait que le grade de sergent à l’époque. Lors d’une patrouille en hummer, son véhicule a été attaqué par un spinosaure. Un grand mâle, un œil vert comme l’émeraude et l’autre opaque. Sa voile était partiellement endommagée et toute une partie de son flanc était couverte de brûlures, acquise lors de circonstances inconnues.
- Sobek, le roi fou du Marais Noir. L’adjudant Laurence m’en a parlé une fois. On dit même qu’il aurait tué un T.rex une fois.
- Une bête redoutable et implacable, l’un des adversaires les plus redoutables et les plus craints que la Garde ait jamais connu. Les compagnons d’Hamada, dont les noms sont gravés sur le manche, furent tués et il n’échappa que de justesse aux griffes et à la longue mâchoire de Sobek, disparaissant au milieu des terres sauvages d’Isla Sorna. Sur le moment, on le crut mort et on perdit la trace de Sobek. La présence de celui-ci ne se manifesta que dix jours plus tard, au milieu d’une nuit d’orage lors de laquelle on entendit à l’une des tours de garde ses rugissements parmi les coups d’éclairs. Hamada se présenta le lendemain à cette même tour, si affaiblit qu’il s’effondra sur le sol mouillé avant même d’en atteindre le pied, tenant fermement dans sa main l’une des dents de Sobek.
Celle qui est devenue le manche. En conclut Durant dans sa tête.
- Il était grièvement blessé et au seuil de la mort. Reprit Drekanson. Pendant sa convalescence, on retrouva le corps du roi fou dérivant au large, pourrissant sous le soleil et en proie aux mouettes et aux requins, gisant à moitié immergé sur un radeau de troncs emportés par une crue. Avant qu’il ne coule vers les profondeurs, sa dépouille fut récupérée et dorénavant, son crâne trône dans le grand hall de Caer Draig, nous fixant de ses orbites vides lors des repas ou des réunions alors que sa légende retentit encore aujourd’hui entre ses murs, semblant nous juger lorsqu’on prononce son nom lors de discussions autour de l’âtre.  En ce moment, je crois qu’Hamada voit en l’Indominus une ombre du passé, celui de Sobek, voir comme une réincarnation de celui-ci mais ce sont deux bêtes bien dissemblables, aussi bien sur le plan physique que comportemental : Sobek était un va-t-au combat notable là où l’I.rex est plus réfléchie dans ses actes comme feu Duncan et les autres ont pu le voir lorsqu’ils l’ont vue aux prises avec le camion. Dès qu’elle a su qu’elle était à son désavantage, elle a préféré prendre la fuite tandis qu’à sa place, Sobek aurait attaqué même si il y avait un régiment entier face à lui. J’espère que Katashi a en conscience mais je crains qu’il ne commette une erreur pouvant s’avérer lourde en conséquences en voulant éviter que les événements de son passé ne se produise à nouveau.
Une fois que Drekanson eut finit de raconter l’histoire d’Hamada, Durant le remercia d’un hochement de tête pour lui en avoir fait part et elle reprit sa place dans le file silencieuse.

Installé dans un coin à une petite table qu’il était allé chercher lui-même dans le débarras du bâtiment administratif, Hoskins mangeait une part de pizza tout en regardant les techniciens affairés et Wu faire nerveusement les cent pas quand il n’était pas adossé à l’un des murs, l’air songeur. Quand ils avaient entendu le lieutenant Brunet mentionner de manière sardonique d’aller rendre visite au généticien, Hoskins avait vu le généticien gagner en nervosité comme si il appréhendait cette situation.
- Allons donc Professeur, je comprends que la situation ne vous mette pas à l’aise mais détendez-vous et aller chercher de quoi vous restaurer.
- Je n’ai pas faim.
- Soit, c’est vous qui voyez.
Hoskins regarda sa montre. Elle affichait midi cinquante.
- Ça fera plus d’une heure que je suis là et Dearing n’est toujours pas rentrée. Constata-il.
Il sortit son téléphone et composa le numéro de la directrice du parc. Ignorant qu'elle marchait au même moment dans un endroit où son portable ne captait pas, il tomba sur son répondeur et Hoskins retenta de l’appeler. Il n'eut aucune réponse.
- Elle ne répond pas ? Très bien, j’appelle la sécurité. De gré ou de force, elle ramènera ses miches ici !
Deux minutes plus tard, un agent de sécurité vint se présenter auprès d’Hoskins.
- Je veux que vous envoyiez quelqu’un au domicile de la directrice Dearing ainsi qu’aux docks d’embarquement et à la Marina au cas où elle voudrait prendre la tangente sans dire au revoir.
- Bien, monsieur.
- Vérifier les bars et les caves à vin ! Lui conseilla Wu
En d’autres circonstances, plus d’un aurait pouffé de rire face à cette remarque.
Le penchant de Dearing pour l’alcool n’était pas un secret et de temps à autre dans le cadre de discussions à son sujet, on aimait rappeler l’épisode où lors d’un dîner de gala donné dans la salle de bal du Grand Nublarian, Dearing était ivre alors qu’elle donnait un discours et certains disaient l’avoir vue à la fin de la soirée en train de vomir dans un buisson, les cheveux retenus en arrière par son assistante.
Mais personne n’avait le cœur à rire et Hoskins regarda le généticien en secouant la tête comme pour dire que ce n’était pas le moment pour faire de l’esprit.

Cela faisait environ une demi-heure que Dearing et Grady longeaient La Bruyante, marchant sur la rive caillouteuse.
Là où Owen déambulait avec une aisance relative, Claire avait plus de difficultés de par le fait qu’elle n’était pas habituée à progresser sur un terrain aussi difficile mais aussi parce que ses chaussures étaient trop grandes. Elle buta plusieurs fois contre un caillou et quand le relief les poussa à longer de très près de la rivière, elle lutta pour maintenir son équilibre alors qu’ils marchaient sur les rocs.
Ils arrivèrent en vue du bout de la combe où l’eau de La Bruyante, recueillie dans un bassin se jetait d’une cascade de quatre-vingt-onze mètres de haut avant de rejoindre l’océan un demi-kilomètre plus loin.
Dans son journal, le conquistador Diego Fernandez avait donné pour nom à cet endroit Le créneau sur le lointain en raison des parois quasi verticales qui encadraient la cascade, tels les merlons d’un créneau donnant sur l’ouest, sur l’océan.
Au-dessus de celui-ci, loin au large, des nuages gris s’amoncelaient.
Grady regarda le ciel au-dessus de la cascade. N’y voyant aucun urubu ou autre oiseau charognard tournoyer dans les airs, il était quasiment certain que les neveux de Dearing n’étaient pas passés par-dessus-bord et la profondeur du bassin vers la cascade était trop faible pour laisser des corps être emportés et si Zach et Gray s’étaient noyés, ils les auraient retrouvés, que ce soit retenus par un rocher ou échoué sur la rive.
C’est alors qu’en regardant attentivement le bord situé devant eux que Grady vit une zone où la boue avait été piétinée récemment, à côté d’une grosse branche échouée et juste avant un ruisseau qui se jetait dans le bassin. Quand ils se rapprochèrent ils virent des empreintes de mains et les mêmes empreintes de basket similaires à celles vues plus tôt. Grady et Dearing furent soulagés d’avoir retrouvé la piste de Zach et Gray.
Ceux-ci s’étaient traînés sur le bord avant d’aller asseoir sur une souche à quelques mètres de là pour très probablement reprendre leurs esprits et se reposer un peu avant de repartir.
Mais étant donnés qu’ils sont vivants, où sont-ils partis ? Réflechit Grady car s’ils avaient remontés La Bruyante, ils les auraient rencontrés à coup sûr.
Puis il se rappela avoir entendu de la bouche de quelqu’un qu’il y avait tout un réseau de grottes en grande partie inexploré s’étendant sous les montagnes et une grosse partie de l’île. La réponse se trouvait devant eux sous la forme du ruisseau et en effet, les traces le longeait jusqu’à l’entrée d’une grotte situé dans un renfoncement.
- Bingo ! Fit Grady.
- Tu sais où elle mène ? Lui demanda Dearing.
- Aucune idée. Je ne suis jamais venu dans ce coin de la Réserve.
Owen sortit une lampe torche de son sac à dos.
- Partante pour un peu de spéléo ?
En guise de réponse, Claire haussa les épaules d’un air incertain et ils s’avancèrent vers l’entrée.

- Tu es sûr que c’était une bonne idée de venir ici ? Rebroussons chemin et longeons la berge. Je suis sûr que les secours sont au niveau du camion. Dit Gray.
- Et prendre le risque de tomber sur les dinos qui nous ont poursuivis jusqu'à ce que l'on saute ? Nous aurions été pris au piège entre les parois et la rivière en remontant.
Ils marchaient au milieu de l’obscurité de la grotte en n’étant éclairé que par la petite lueur qu’était la flamme produite par le briquet de Zach.
Il était midi et demie passée et leurs estomacs gargouillaient. Après s’être hissés hors du bassin, ils s’étaient reposés un peu car le transport par le courant de la rivière sur plus d'un kilomètre les avait épuisés. Ils avaient également profiter de cet instant pour tenter d’essorer leurs habits et pour manger le peu de nourriture contenu dans la banane de Gray. Il y avait quelques bonbons ayant ramollis au contact de l’eau ainsi qu’une barre chocolatée qu’ils avaient partagé en deux donc autant dire qu’après ce maigre repas, leur estomac criait toujours famine.
Comme seul bruit dans la grotte, il n’y avait que le ruissellement de l’eau sur la roche et ils continuèrent de progresser en silence jusqu’à ce qu’ils entendent un « crac » et que Gray bondisse de surprise en arrière.
Zach abaissa son briquet à l’endroit où le craquement s’était produit.
Son frère venait de marcher sur un crâne. Un crâne humain, orienté face contre terre. Zach passa le briquet au-dessus du corps à lequel appartenait le crâne. A la lumière de la flamme, ils virent qu’une armure de plates recouvrait les ossements d’un homme de moyenne stature.
- Un conquistador… Murmura Gray en reconnaissant le type d’armure. Qu’est-ce qu’il fait sur cette île ?
Ils remarquèrent également les deux pointes de flèches fichées dans les vertèbres cervicales.
- T’as pas lu les panneaux au Centre de la Découverte dans la section consacrée à l’histoire de l’île ? Les espagnols avaient bâti une ville près du volcan et déporter des centaines d’indiens du continent pour qu’ils travaillent comme esclaves dans les mines. Lorsqu’une éruption a ravagé la colonie, les esclaves se sont révoltés et enfuis dans la jungle avant de donner naissance à la tribu qui vivait ici jusqu’au milieu des années 80. 
- T’as retenu tout ça ? Fit Gray, étonné.
- Quoi tu me prends pour un débile qui ne s’intéresse à rien et qui ne fait qu’écouter de la musique et draguer des meufs ?
- Non, non. Juste que tu me surprends. Répondit Gray. Euh Zach… Il y a un autre squelette.
Gray pointait un pied sectionné attaché à un tibia et un péroné, à la limite de la zone éclairée par le briquet. En se rapprochant, ils virent que le squelette en question n’était ni celui d’un conquistador, ni celui d’un Tun-Si et à vrai dire, il n’était même pas du XVIème siècle mais beaucoup plus récent. Zach passa le briquet à son frère et se pencha au-dessus du squelette pour ramasser une arme à feu de conception relativement moderne, un Heckler & Koch HK91A2.
- Un fusil automatique… Définitivement pas du seizième siècle. Dit Zach.
- Je ne comprends pas, il y a marqué InGen sur son uniforme.
Zach reposa le fusil et regarda le logo cousu sur l’uniforme couvert de poussière et en lambeaux, jadis de couleur bleu-marine mais déteint depuis.
- C’est pas l’entreprise qui bâti le parc ? Celle pour laquelle Claire travaille.
- Si, exactement. Mais son uniforme et son équipement n’est pas le même que celui des rangers.
- Parce que c’en est pas un et la Garde grise est plus une organisation paramilitaire gérée par un partenariat public-privé entre les Nations Unies et la compagnie du milliardaire indien, le proprio du parc, Maserati ou quelque chose comme ça.
- Masrani. Corrigea Gray. Encore une chose qui tu as lue au Centre ? Ajouta-il avec une pointe de dédain, comme si cela le gênait que son frère se mette aussi à jouer les intellos.
- Pas tout à fait. Je tiens ces infos de collègues à Claire avec qui j’ai parlé hier soir. Le gars devant nous devait faire partie de la milice privée de la compagnie, engagé pour faire le sale boulot. Fouillons-le ! Il pourrait y avoir des trucs utiles dans son sac ou ses poches.
Il vit Gray hésiter un peu à l’idée de fouiller le squelette.
- Il est mort et oublié depuis des années, ne sois pas gêné. Vide carrément le contenu du sac sur le sol. On fera le tri.
Gray s’exécuta et vida le sac avec sa main libre, leur révélant son contenu à la lueur de la flamme du briquet qui commençait à perdre en intensité.
- Zach, la flamme faiblit.
- Faisons des torches dans ce cas.
Ils arrachèrent les jambes et les bras de l’uniforme et tandis que Gray les déchiraient en plusieurs morceaux à l’aide d’un couteau trouvé dans l’une des poches, Zach désolidarisait les fémurs du reste de squelette en piétinant au niveau du col du fémur et de la patella. Ensuite, ils enroulèrent fermement des bouts d’uniforme arrachés autour de l’extrémité de chaque fémur et les allumèrent à l’aide du peu de feu que produisait encore le briquet.
Quand le tissu de l’uniforme s’embrasa, ils purent mieux étudier le contenu du sac.
Il y avait une boîte en plastique contenant probablement de la nourriture mais qu’ils n’osèrent pas ouvrir de peur de libérer une odeur infecte de pourriture dans l’air raréfié de la caverne, une gourde, une radio cassée, des chargeurs de fusil, une machette, une carte topographique de l’île ainsi qu’un magazine Playboy datant d’octobre 2002 aux pages rendues collantes par l’humidité comme Gray s’en aperçut lorsqu’il l’entrouvrit avant que son frère ne le lui prenne des mains pour le jeter plus loin d’un air de dire « pas pour toi ». De tous ces objets, Zach ne prit que la gourde, la machette et la carte pour les remettre dans le sac à dos qu’il passa par-dessus son épaule.
A la lumière de leurs torches, ils s’aperçurent qu’ils étaient au pied d’une paroi de laquelle le soldat d’InGen ainsi que le conquistador étaient tombés.  En regardant sur leur gauche, ils virent que l’érosion avait creusé des marches dans la roche où un filet d’eau coulait en cascade. Ils les gravirent en faisant attention de ne pas glisser, parvinrent au sommet de la paroi et passèrent sous la voûte marquant l’entrée d’un tunnel qui montait en décrivant des lacets.
Dix minutes plus tard, la lumière du jour apparut à un détour et ils jetèrent leurs torches. En sortant, leurs yeux mirent quelques secondes pour se réhabituer à la lumière du jour alors qu’ils gravissaient un talus situé devant l’entrée de la grotte. Arrivés en haut, ils eurent une vue sur un val étroit au sol rocailleux et fortement pentu au milieu duquel coulait un ruisseau, coulant en direction des arbres d’une forêt dense plus bas. Assoiffés, les deux frères allèrent au ruisseau pour se désaltérer ainsi que nettoyer et remplir la gourde qu’ils avaient récupéré.
- Où est-ce qu’on est ? Se demanda Zach.
- Toujours dans la Réserve, je crois qu’on est dans les montagnes à l’ouest de la vallée qu’on a traversé en camion. Répondit Gray, ayant visiblement arrivé à cette conclusion en analysant le paysage devant eux qui ne pouvait correspondre à celui de la côte ouest.
Comme en guise de confirmation, ils entendirent au loin un barrissement de dinosaure provenant de cette direction.
- Il faut rentrer au resort. Déclara Zach. Le village est notre ticket de sortie le plus proche mais où est-ce qu’il est putain ?
Gray fouilla la poche de son short et en sortit la carte du parc, obtenue la veille et flétrie suite au contact de l’eau.
- Au sud d’après la carte. Dit-il en pointant un dessin représentant un ensemble de bâtiments au toit de chaume sur la carte, près du centre de celle-ci, au pied de la chaîne de montagnes qui courait tout le long de la côte ouest.
Zach se pencha au-dessus de celle-ci.
- Le problème de cette carte c’est qu’elle est cartoonesque et oublie trop de détails. La combe dans laquelle on est tombés n’y figure même pas. Fit-il remarquer. Si on s’y fie, on risque de se paumer.   
Zach avait raison. Il n’y avait que les reliefs les plus importants de représenté sur la carte et la Réserve n’y était qu’une immense tache verte sombre parsemée d’espaces verts clairs correspondant aux espaces dégagés peuplé de silhouettes de dinosaures.
- On pourrait utiliser la carte du soldat, il y avait le relief et des routes dessus. Se rappela Gray à propos de la carte qu’ils avaient trouvé parmi les effets du squelette.
- Pas con.
Zach sortit la carte du sac, la déplia et l’aplatit au milieu des rochers à leurs pieds. Il regarda l’année d’édition : 1993.
Il y avait un certain nombre de bâtiments nommés « Centre des visiteurs/Administration », « Electricité », « Résid. Hammond », « Bunker », « Pavillon Safari », « Centrale géothermique », «Dessalement », «Quarantaine» et «Docks de l’Est ». Zach distingua un réseau de routes, des tunnels et des bâtiments isolés ça et là dans le tiers oriental de l’île, généralement à côté de vastes zones aux contours arrondis, chacune désignée par un ou plusieurs codes :

TYRA, DILO, VELO, PROC, BRAC, GALL, TRIC, PARA, STEG, PTER, METR, BARY, HERR, SEGI

Les deux frères étudièrent ces grandes zones, séparées des routes par des fossés de béton et/ou des clôtures portant une pancarte figurant un éclair. C’étaient les enclos de l’ancien parc, maintes et maintes fois mentionné dans les médias.
Au centre de l’enclos le plus au sud, dont le code avait été rayé au feutre, on avait tracé un grand cercle noir annoté « CHANTIER PRINCIPAL (Camp de Base) », à l’endroit même sur la carte de Jurassic World qui correspondait au resort.
Près du volcan ainsi que sur l’une des montagnes à l’est, des petits cercles rouges pointés par des flèches partant d’une annotation elle aussi en rouge « Des horreurs sont tapies dans les profondeurs » tandis que dans un marais dans le sud de l’île, on avait écrit « Ici vivent les trois putes de cracheuses ». Mais l’annotation qui attira le plus son attention, écrite en petit dans le bas de la carte, était la suivante « La nuit est sombre et pleine de terreurs… ».
Ces mots disaient quelque chose au jeune homme qui aurait juré les avoir déjà lus ou entendus quelque part mais cette annotation ainsi que toute les autres, écrites du temps de la construction de Jurassic World, avaient un caractère mystérieux et inquiétant et celui qui les avait écrites devait être terrifié par quelque chose qui sévissait sur l’île à cette époque mais depuis la construction avait été achevée et personne n’avait été tué dans l’enceinte du parc jusqu’au deuxième jour de leur visite. Quel que soit leur nature, ces « horreurs » avaient disparu depuis bien des années, comme s’ils n’avaient jamais été rien d’autre qu’une légende et les deux Mitchell ne se préoccupèrent pas plus des annotations.
Zach réfléchit alors à l’itinéraire qu’ils pourraient emprunter.
- Je propose que l’on rejoigne la vallée située derrière les arbres en contrebas, que l’on bifurque au sud puis que l’on traverse la rivière pour rejoindre cette vieille route et qu’on la suive le long de la combe. On devrait revenir à la piste safari qu’il suffirait de suivre et on devrait être ainsi revenir tôt ou tard au village situé dans ces environs. Qu’est-ce t’en pense ?
Mais son frère ne répondit pas.
- Gray ?
Zach se retourna et vit que son frère avait pris un caillou pointu et traçait des traits sur une paroi. Il avait commencé à représenter des montagnes ainsi que le cours de La Bruyante ou du moins tel qu’il se l’imaginait.
- T’est sérieux ? On n’a pas le temps pour ça. Le réprimanda Zach.
- Si quelqu’un a retrouvé nos traces, il saura par où l’on passera.
- Gray. Claire dois nous croire morts. Avança Zach sur un ton grave. Personne ne pourrait croire qu’on est arrivés à s’en sortir après ce qui est arrivé. J’ai cru moi-même qu’on allait mourir à l’intérieur de ce camion et si je n’avais pas eu l’idée désespérée qui nous a permis d’en sortir, on y serait resté ! On ne peut compter que sur nous-mêmes pour s’en sortir. Viens ! J’aimerais être rentré au resort avant la tombée de la nuit.
Avant qu’il ne lâche sa pierre, Gray signa rapidement son œuvre inachevée de son nom et de celui de son frère. Celui-ci avait surement raison et il se pourrait que personne ne tombe sur la carte dessinée mais au fond de lui, il savait qu’il y avait une petite chance que quelqu’un ait retrouvé leurs traces.
- Gray !
- J’arrive ! Répondit l’intéressé en lâchant sa pierre.
Alors qu’il trottinait pour rejoindre son frère qui marchait le long du ruisseau, il s’arrêta derechef lorsqu’une forte secousse parcourra le sol et fut ressenti dans toute l’île.
- Éloignes-toi des parois ! Lui cria Zach en voyant des pierres se décrocher des parois et dégringoler.
Celles-ci glissèrent le long de la pente et les deux frères s’écartèrent sur leur chemin et se rejoignirent sur un gros roc sur un terrain relativement plat au milieu du val le temps que la secousse ne se stoppe et que toutes les pierres ne soient arrêtés, la plupart en se fracassant en plusieurs morceaux plus bas.
- Une autre secousse. Dit Gray, inquiet.
- Aussi forte que celle d’hier soir. Je n’aime pas ça. Raison de plus pour quitter cet endroit au plus vite.
Ils attendirent quelques instants puis reprirent leur route tout en jetant un regard attentif à leur environnement.
- C’est un peu comme dans Game of Thrones. Déclara Gray.
- Comment ça ?
- Quand Bran Stark doit aller au-delà du Mur pour aller voir la Corneille à trois yeux.  Tout comme lui, on doit traverser une terre dangereuse au péril de notre vie malgré notre âge. Expliqua.
- Sauf que contrairement à lui, tu n’es pas handicapé et il n’y pas de neige pour nous gêner donc notre voyage devrait être plus facile que le sien et celui de ses compagnons. Du moins je l’espère. Et à y réfléchir, je ne sais ce qui est le pire entre les morts-vivants et les dinosaures.
- Les morts-vivants clairement. Les dinosaures ne te ressuscitent pas après t’avoir tué, eux.
- C’est pas faux.
Plus ils avançaient, plus la rocaille laissait place à de la végétation et ils sentirent de nouveau l’herbe leur fouetter les mollets.
- Je doute que ça plaise maman que tu regardes ce genre de série, c’est assez hard par moments. Repris Zach peu après.
- Ce qu’on a vu et vécu tout à l’heure était hard aussi… Rappela Gray d’une voix faible.
- Pas faux. Avoua Zach sur un ton neutre. J’ai une de ces dalles…Je tuerais pour un burger avec des frites. Pas toi ? Fit-il tout à coup sur un ton un peu plus enjoué comme pour changer de sujet et éviter d’évoquer les horreurs liées au camion.
- Pareil.
Avant de pénétrer dans la jungle, Zach ramassa un bout de bois et le pesa dans sa main, comme pour vérifier sa solidité. Jugeant qu’il était assez solide pour s’en servir de moyen de défense, il le garda dans sa main droite. Il intima son frère à le suivre de très près en restant derrière lui et ils passèrent sous l’ombre des arbres.




@Monsieur ADN

En effet oui.^^
Avec les trois chapitres suivant le dernier que tu as critiqué, je penses que t'auras pas mal de lecture.

Dernière modification par The Geeky Zoologist (12-08-2017 15:58:19)


"I'm a simple man. I like pretty, dark-haired women and breakfast food" Ron Swanson, Parks and Recreations

"I have come up with a plan so cunning you could stick a tail on it and call it a weasel." Black Adder the Third

Hors ligne

Pied de page des forums